Agression — Aria & Flynn

Je suis Flynn dans le jardin, j’irai mettre mon dos nu une fois la conversation terminée, il y a des priorités quand même.

— Hey vous deux, ça à été le tennis… oula ? Tu t’es cassé un truc ? T’es tombée ?

Je regarde mes vêtements et, en effet, on dirait que Parker m’a trainé par terre. D’ailleurs, il fonce sur Flynn.

— Nan c’était pas au tennis en fait. Mais après. On a voulu me voler ma voiture.

Je vois Adriel se tendre d’un coup.

— C’est lui qui t’as fais ça ? Ça va ma belle ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Papa pose son bouquin dans la seconde et est déjà auprès d’Aria, prêt à l’aider au besoin. Je déglutis et je compte jusqu’à trois tout en caressant vaguement la tête de Parker.

— Ouais c’est lui qui lui a fait ça. Aria m’a appelé alors que j’étais pas encore à ma voiture alors je suis venu l’aider. Je l’ai défendu et j’ai frappé le gars en question.

Je suis fier d’avoir défendu Aria et pourtant, même avec tout ce qu’elle m’a dit en voiture, ma voix baisse un peu de peur qu’ils m’en veuillent.

— On revient du commissariat.
— Quoi ? Mais pourquoi ? Il a porté plainte ce con ?
— Non papa ça va. Enfin peut-être qu’il aurait voulu je sais pas, mais il a pas eu le temps.

Et quitte à y être, je leur raconte tout. Que j’ai appelé Luke, qu’Aria a appelé ses parents, qu’on était tous au commissariat et que finalement, celle qui a porté plainte c’est Aria.

Adriel reste droit comme un I dans son siège. Je vois qu’il écoute avec attention mais je vois aussi qu’il est perturbé. Il a besoin que Keziah le touche pour revenir à lui. C’est discret mais je sais que je ne suis pas la seule à le remarquer.

Finalement, il se lève pour aller faire un câlin à Flynn. Il le serre hyper fort dans ses bras et je me retrouve happée dans le câlin moi aussi.

— Tu vois pourquoi c’est important que tu saches te défendre ?, dit Adriel. Peut-être qu’il voulait simplement la voiture mais ça aurait pu être pire. Et t’as pu arrêter ça. C’est bien.

Il nous relâche. Son regard est moins perdu dans le vide que tout à l’heure.

— Ça va ma belle ? T’as besoin de quelque chose ?
— Ça va.
— Ok. Flynn, ça va ? C’est pas toi le méchant de l’histoire juste parce que tu as eu le dernier mot, ok ?

Et vu comme il le dit, c’est quelque chose qui raisonne fort en lui.

Je me colle dans les bras de mon père encore une fois, tellement soulagé d’entendre ça. Tellement soulagé que de lui-même, il me félicite d’avoir protégé Aria et d’avoir su m’arrêter.

Je relève les yeux vers mon autre papa, qui me sourit avec tendresse et hoche la tête en venant me faire un énorme bisou.

— T’as rien à te reprocher. T’as réagi face à une situation forte et t’as choisi de protéger Aria, c’est normal. Si je pouvais j’aurais fais pareil. Je suppose que si Aria pouvait elle ferait pareil aussi ?

Il lui sourit à elle aussi, avec un sourire de papa. Je me sens tellement chanceux de les avoir.

— J’avais peur que vous soyez déçus… Parce que si Aria avait pas été là, je sais pas si je me serai arrêté tout seul et parce que je l’ai quand même bien amoché.

Ça me fait de la peine qu’il pense vraiment qu’il aurait pu tuer quelqu’un. J’aime pas la façon dont il se perçoit et peut-être qu’il faudrait qu’il arrête les entraînements avec Alessandro. S’il se voit comme un tueur, je trouve ça effrayant.

— T’es pas non plus un assassin, faut pas exagérer… c’est qu’une bagarre que t’as gagné…

Je tente quand même. Peut-être que je minimise mais ça me pèse sur le cœur de savoir qu’il se voit de manière aussi sombre.

— Flynn…

Adriel soupire et il échange un regard avec Keziah.

— Peut-être que j’ai été trop loin avec ces histoires d’autodéfense et je suis désolé, ok ? J’ai transposé sur toi toutes mes craintes parce que j’avais peur qu’il t’arrive quelque chose et chez les parents sans SSPT, arriver quelque chose c’est… j’en sais rien, un vol, du racket… je sais pas ce qu’ils imaginent. Moi c’est Andreas et j’ai jamais réussi à doser et ton père pouvait pas constamment faire tampon et je vois bien que j’ai raté quelque chose parce que t’es même pas content d’avoir défendu ta copine, t’as peur de nous décevoir comme si on risquait de voir un monstre ou t’as peur d’avoir été trop loin, d’être incapable de t’arrêter mais jusqu’où ? La mort ?

C’est bizarre de l’entendre comme ça et effrayant.

— Si tu crois vraiment que t’as pété un cable tout à l’heure, demande à Will ce que c’est que je pète un câble, moi. Ou demande à Tristan et Ania. À ton père…

Bizarrement, je ne me sens pas trop à ma place dans cette conversation. Je vois qu’Adriel n’est pas à l’aise et je jette un oeil à Keziah pour savoir si je dois aller dans la chambre.

— Je suis content qu’Aria aille bien ! Et sans me battre ça aurait pas été capable. Mais j’aurais pas supporté si vous aviez été déçus que je l’ai protégé en choisissant de me battre.

Peut-être parce que, oui, j’associe le fait de l’être battu à une perte de contrôle. Alessandro m’apprends le self control depuis que je suis tout petit et j’ai eu l’impression de le perdre, face à ce gars.

— A Will ? Pourquoi à Will… ?

Je demande, un peu écrasé par le poids de ses paroles. Je veux pas que mon père s’en veuille. J’entends vaguement papa proposer à Aria d’aller boire un thé et je comprends que lui aussi, il agit pour protéger la personne qu’il aime. Comme j’ai fais avec elle.

Keziah propose à Aria un thé et j’aurais préféré qu’il reste là mais je n’ai pas pour autant envie qu’elle entende tout ça. Même Flynn, je n’ai pas envie qu’il l’entende, en fait. Je soupire.

— Parce que quand que je suis revenu de ma captivité, j’étais vraiment pas bien. Je ne me sentais pas à l’aise avec les gens autour de moi, j’étais pas tellement comme tu me connais. Aujourd’hui je saurais même pas l’expliquer mais par moment j’avais des réactions excessives et j’ai déjà débarqué chez Kit et Rose pour tout casser dans un élan de colère.

Will était là, évidemment.

— Ça c’était de la perte de contrôle. J’ai sauté de la voiture alors que ton père était en train de rouler… j’ai fait des trucs vraiment… bref. J’crois pas que ça fait de moi quelqu’un de mauvais ou de décevant. C’est ce que je voulais dire. Je pense vraiment avoir fait des trucs de tarés et je suis pas quelqu’un de mauvais. Faut que tu te sortes ça de la tête. Tu as défendu ta copine. C’est pas de la perte de contrôle, c’est de la légitime défense. C’est comme ça. J’aurais tellement aimé avoir su me défendre à ce moment-là… t’as pas idée à quel point.

J’arrive pas du tout à imaginer mon père en colère à ce point, débarquer chez mon oncle pour tout casser, et même devant Will. Je pensais pas qu’il avait pu voir mon père comme ça.

— Je savais pas tout ça… Évidemment que ça fait pas de toi quelqu’un de mauvais papa !

Avant même que j’assimile tout le reste, mon père est de retour et je vois à la manière dont il se tient qu’il est là pour papa. Pour la protéger, à sa façon à lui.

Papa et moi, aujourd’hui, on est capable de donner des coups.

Papa et Aria, eux, ils nous protègent en étant là pour nous à chaque seconde de nos vies. J’ai pas été aussi loin que mon père, mais on a tous les deux des gens merveilleux à nos côtés.

— Je sais pourquoi tu m’as poussé à savoir me défendre et je t’en serai toujours reconnaissant. Moi aussi j’aurais voulu que tu saches le faire…

Parce que Andreas lui aurait pas fait autant de mal. Je me rapproche d’eux pour me blottir dans leur bras. Ce sont les modèles, tous les deux, peu importe les crises de nerfs.

— Tu sais, il m’est arrivé exactement le même genre de situation qu’Aria avant qu’on t’ai; raconte mon père. Je sortais du supermarché, on m’a demandé l’heure, j’ai été gentil et un peu naïf… Sans ton père, peut-être que je me serai fais casser la gueule pour mon portable et mon portefeuille. Moi aussi je lui ai dit d’arrêter, mais parce que je voulais qu’il soit en sécurité lui aussi. Ça a pas fait de lui un monstre, loin de là. A mes yeux c’était plutôt mon héros qui m’avait sauvé. Alors te vois pas autrement que comme ça chéri.

Je serre Flynn contre moi alors que Keziah raconte ce qu’il s’est passé quand il s’est fait agresser et il ne parle pas de Luke. Je crois que je l’en remercie parce que j’ai pas envie que le regard de Flynn change trop. J’ai été un connard, j’ai disparu, j’ai été complètement taré… maintenant que je suis à peu près stable alors je préfère qu’il ait cette image de moi. Parfois, je me demande si Will a oublié et, dans certaines de ses réactions ultra bienveillantes à mon égard, je sais que non. Qu’il n’en ait jamais parlé à Flynn en dit long sur l’amitié qu’ils entretiennent et je suis vraiment fier de les savoir aussi proches.

— Ton père à raison. C’est une vraie bonne action que t’as fait. Ne pense jamais le contraire.

— Merci papa.

Je reste blotti contre lui un moment. Je suis grand, mais dans ses bras je me sens encore un bébé. Son bébé.

— On sera toujours fiers de toi chéri. T’as pas à avoir peur de nous décevoir, ok ?

C’est rassurant de l’entendre malgré tout. Je veux les rendre fier toute ma vie et leur rendre tout ce qu’ils m’ont toujours donné.

— Et j’devrais pas dire ça mais, tout à fait entre nous, j’espère que tu lui as bien éclaté sa tronche.

Je lui ébouriffe les cheveux histoire de détendre l’atmosphère.

— Matthew et Gabriel vont t’envoyer des fleurs ou un truc dans le genre. De la nourriture, peut-être. T’es génial, mon cœur. L’oubli pas.

— Il arrivait même plus à marcher ce con.

Je réponds en pouffant. C’était vraiment la peur de lire la déception sur leur visage qui me retournait.

— C’est parce que j’ai les meilleurs papas du monde, vous devez jamais oublier non plus.

— Ouais. On fair ce qu’on peut.

Enfin, surtout moi. Luke ne m’aurait jamais laissé être présent pour Flynn si je ne l’avais pas menacé et, parfois, ça me saute au visage. Ma vie aurait été drôlement sombre, sans lui.

— On prenait le thé dehors, vous vous joignez à nous ou… vous voulez déjà repartir ?

— On reste un peu ici, ok ira chez Aria ce soir. Pour être un peu avec ses parents. Mais on dit va pas dire non au thé ! Je vais chercher Aria. Vous avez faim ?
— Demande à un aveugle s’il veut retrouver la vue.

Réponds papa en riant, comme si c’était évident.

— On arrive avec tout ça !

Je rentre dans la maison et aussitôt, j’appelle Aria.

— Mon Coeur ? T’es où ?

De la cuisine, j’entendais encore alors je suis allée dans la chambre de Flynn. De toute façon, fallait que je mette un dos nu… c’était un peu douloureux de retirer le t-shirt mais j’ai connu pire. Là, au moins, je suis tranquille.

— Je suis là ! Je me suis changée !

Je la retrouve dans ma chambre, déjà dans un dos nu pour laisser respirer sa peau.

— Ça va ? T’as pas eu trop mal ?

Je demande en la tournant avec délicatesse pour vérifier que rien ne s’est accroché dans son dos.

— Pardon, je pensais pas que la conversation prendrait un tel tournant.

Je lui glisse en embrassant sa joue. Meme si je sais qu’elle comprend et qu’elle nous en veut pas.

— Moins qu’un bras cassé, autant qu’une petite brûlure… en fait, c’est comme une petite brûlure. T’oublies pas que c’est là. Mais à l’air comme ça, c’est mieux. Je veux bien que tu mettes un peu de crème encore s’il te plaît ?

Il regarde de lui-même. Il doit avoir l’habitude.

— T’excuses pas. C’était le moment. Ça va toi ?

— Assis toi, je te mets ça et on va prendre un goûter ça te dit ?

Je lui propose en embrassant sa joue. J’ai de la crème ici, alors je lui en sors tout de suite.

— Ça va mieux, oui. Je suis rassuré et en même temps, je m’attendais pas à entendre certaines trucs. C’est cool qu’on aille prendre le goûter chez Will demain, j’ai besoin de parler un peu de mon père avec lui.

— Oui.

Je m’installe pour qu’il puisse mettre de la crème et je l’écoute attentivement.

— D’accord. Je suis soulagée si tu vas mieux, c’est le principal. Je suis sûre que Will va terminer de te rassurer.

— Je me demande surtout pourquoi il m’a jamais parlé de tout ça. Enfin pas parce que je lui en voudrais, mais parce que je me demande s’il s’en souvient ou pas. Tu vois ?

S’il m’en a pas parlé, c’est sûrement parce qu’il considérait que c’était pas à lui de le faire. Je le connais et je vois aucune autre raison qui l’aurait poussé à me cacher ça, si ce n’était pour mon bien être. J’aurais fais la même chose pour lui.

J’essaie de passer de la crème à Aria sans lui faire mal et au bout d’une grosse minute, je referme tout.

— C’est fait mon amour !

— Je suis sûre qu’il y a une bonne raison et qu’elle vise certainement à te protéger !

Connaissant Will, ça ne peut pas être autre chose.

— Merci.

Je vais me blottir contre contre lui.

— Merci pour aujourd’hui. J’ai eu peur et t’étais là.

— Je t’en pris. Je serai là chaque fois que c’est possible et dès que je suis dans les parages, tu peux compter sur moi mon amour.

J’embrasse sa tempe longuement, avant de trouver ses lèvres.

— Je sais qu’on dirait pas, mais je suis content d’avoir fait ce que j’ai fais pour te protéger. Je recommencerais sans hésiter. Ta sécurité ça passe avant tout le reste.

Je lui souris en attrapant sa main.

— Tu veux manger un truc avec ton thé ? Cookies ?

— J’ai de la chance de t’avoir.

Je ne sais pas ce qu’il me serait arrivée aujourd’hui autrement. C’est assez effrayant. Je serre sa main avec un sourire.

— J’ai vu que ton père a fait un carrot cake, je veux bien ça ? J’aime bien…

Le banana bread je suis moins fan.

— On a tous les deux de la chance.

Je lui souris en resserrant sa couette sur le haut de sa tête.

— Ah génial ! Il va être trop content de voir que t’aimes ça !

Je rigole un peu.

— Je leur ai dis que ce pour ce on repartait chez toi. Oh et je me rappelle qu’on va manger mexicain en plus ! On va oublier cette journée nulle avec les quatre meilleurs papas du monde.

— Les cinq hommes de ma vie.

Je dis avec un grand sourire en arrivant dans la cuisine. On récupère nos tasses et le gâteau et on rejoint Adriel et Keziah dehors. Adriel a l’air d’avoir retrouvé ses esprits.

— Y a des cookies, si tu veux, Aria !
— Non mais j’aime bien ça.
— Sérieux ? C’est noté !