I was the man who never lied until today - Adam, Gabriel & Logan #7

Je lui rends son câlin parce qu'il a l'air d'en avoir vraiment besoin. Je caresse tendrement l'arrière de son crâne.

— Oui, on a même le temps de manger un bout à midi. Vu l'heure, je n'arriverai pas avant la sieste.

Et, aujourd'hui, j'ai vraiment envie de profiter de chaque seconde avec lui – et de le câliner encore. Je me sens bien quand il est contre moi.

Je rigole quand il me parle de vendredi. J’ai vraiment hâte de goûter ce qu’il va me préparer.

— Non, non. On va commander un truc et éviter de bouger au maximum. On va traîner et ne rien faire du tout.

J’attrape la télécommande pour allumer la télévision. Il a installé Netflix la dernière fois alors je le laisse faire.

— Je te laisse gérer, ok ?

— Papi !

J'affiche un air outré avant d'écraser gentiment sa tête dans son oreiller. Il me demande si je connais des films qui traitent du kick-boxing ou du MMA et j'attends de savoir s'il plaisante ou pas avant de lui répondre.

— Ouais, j'en connais. Mais j'sais pas si t'as envie de voir ça.

Mais comme il insiste, on cherche et on trouve un film qu'il lance rapidement. Je crois que ça me fait plaisir qu'il s'intéresse à ça, au fond. Même si ça semble bien loin de ses véritables passions.

Je ris un peu quant à son interrogation ; c'est vrai qu'on a tendance à penser que, dans un film, tout est exagéré. Mais... un coup, ça reste un coup. S'il est bien placé, alors il fait très mal.

— C'est une question d'entraînement. Le mental joue beaucoup, mais l'adrénaline camoufle bien des douleurs. C'est pas le jour même qu'on a mal, c'est le lendemain.

— Ouais... si on veut.

Je sais pas si c'est le meilleur exemple pour moi, mais il est clair que, pour lui, une dispute c'est forcément douloureux. Je note ça dans un coin de ma tête ; pas que j'ai l'intention de me disputer avec lui, mais j'ai l'impression qu'il faut que je m'en souvienne.

— J'espère bien, ouais. Puis y a rien qui fait plus mal que le nez. C'est une douleur qui s'explique même pas.

Rien que d'y penser j'en ai des douleurs fantômes qui me font plisser les yeux.

— Y'a rien qui t'as fais plus mal que ça ? Alors que tu te l'ai cassé plusieurs fois ?

Je frissonne parce que je n'ose même pas imaginer à quel point ça peut faire mal. C'est sûr qu'à lire des bouquins tout au long de mes journées, je prends bien moins de risques.

— C'est même plus de mental là...

Je gigote contre lui avant de reporter mon attention sur le film. Ma main vient se glisser juste sous son t-shirt, là où je peux caresser sa peau avec tendresse.

— Ouais, c'est affreux. Car il faut le remettre en place la plupart du temps. Une fois, j'ai carrément perdu connaissance.

Je dis en riant. J'étais jeune et je pense que c'est ce souvenir-là qui fait qui attise toutes ces douleurs insupportable. Il glisse sa main sous mon t-shirt et je dépose un baiser sur son front.

— En fait, chaque fois que quelque chose est démis ou déboité, c'est affreux. Parce qu'il faut le remettre en place avant l'immobiliser. Et la plupart du temps, on est conscient. Quand j'étais gamin, je me suis déboité l'épaule en jouant avec un voisin. Je me souviens être tombé d'un arbre, d'être rentré chez moi avec l'épaule en arrière, complètement désaxé. J'avais mal, mais quand les pompiers m'ont maintenu pour remettre mon épaule, c'était la pire sensation du monde.

— Oh putain mais c'est pas possible ! J'ai jamais vu ça ailleurs que dans des films ! Déjà petit t'étais incontrôlable en fait !

Je ne veux même pas imaginer les états dans lesquels ses parents ont du finir parfois. Il a dû leur en faire voir autant que Gabriel l'a fait chez nous. Instinctivement, ma tête se dépose sur son épaule, comme si ça pouvait guérir une vieille blessure.

— Tu m'étonnes que tu t'es mis aux arts martiaux, y'avait que ça pour te canaliser ! C'était une idée de toi ?

— C’était une idée de mes profs, en fait.

J’avoue en riant.

— Et c’était plutôt pas mal parce que je me suis calmé ensuite. J’étais pas si turbulent que ça à l’école.

Je n'ai aucun mal à imaginer un enfant casse cou, mais sans pour autant être méchant. C'est un peu ce qu'il est toujours aujourd'hui, en fin de compte.

— T'as des photos de toi gamin encore ? J'aimerais beaucoup voir ta tête à cette époque là !

Je souris.

— Ouais. Et avec un peu de chance, y en a ici. Attends...

Je me détache un peu de lui pour pouvoir me lever. Je vais fouiller dans un meuble de l'entrée – le seul endroit où il reste des affaires de mes parents – et, exactement comme je m'en souvenais, il y a un album photo jusque là. Je retourne près de lui et je me recouche dans le lit.

— Tiens.

J'ai l'impression d'avoir le Graal entre les mains. En ouvrant l'album, je pousse un petit couinement et je rigole gentiment.

— Mais tu étais trop chou ! Avec ta petite salopette et cheveux en bataille ! Un vrai petit mec !

Je tourne les pages, alors qu'il m'explique le pourquoi du comment de certaines photos et en tombant sur un portrait, je suis frappé d'une évidence.

— Olivia te ressemble tellement...

Quand il me dit que ma fille me ressemble, ça me touche beaucoup et ça m'arrache un sourire fier.

— Tu trouves ? Tout le monde dit tout le temps que c'est le portrait craché de sa mère.

— Bah je ne connais pas sa mère, mais en voyant cette photo de toi petit, je trouve qu'elle ressemble beaucoup à son papa. Je l'ai pas vu énormément, mais... Elle a tes yeux c'est évident. Et je sais pas, sa bouille c'est toi là !

Je lui montre ses joues et son sourire, qui sont les mêmes que ceux d'Olivia. Comment elle peut ressembler à sa maman en ayant autant de Logan ?

Je souris vraiment.

— C'est un super compliment, merci beaucoup.

— T'as pas à me remercier ! Ça aurait pas été le cas, j'aurais rien dit. Là c'est qu'une question de réalité.

Je souris, parce que je vois bien à quel point ça fait plaisir à Logan. Un instant je me dis que je ne connaîtrais jamais ça, moi, d'avoir un enfant qui me ressemble, mais je laisse ça dans un coin de ma tête. Il y a plus triste dans la vie.

— Vous pouvez être fier de vous monsieur Wheeler, c'est du bon travail !

Je me marre et j'embrasse ses lèvres à plusieurs reprises.

— J'le suis, merci. Je crois que c'est vraiment ce dont je suis le plus fier dans ma vie.

— Je crois que je commence enfin à comprendre pourquoi, oui !

Je ne suis plus rien au film, je peux même dire que j'en suis à un point ou je m'en fous. Alors je tourne complètement le dos à la télé pour venir l'embrasser à mon tour, tout en passant mes mains dans ses cheveux.

— Ah oui, tu comprends ?

Je demande en riant avant de répondre à son baiser. Je dégage l'album photo pour éviter qu'on l'abîme et l'intensité qu'il met dans ses gestes fait battre mon coeur d'une manière que je ne pensais pas possible. Il y a beaucoup de choses que je suis incapable d'expliquer dans ma vie, mais je ne pensais pas qu'être incapable de décrypter mes propres émotions m'arriverait un jour. Je ne sais pas si c'est une bonne ou une mauvaise chose, je sais simplement que lorsque je suis avec Adam, à son contact, je me sens bien. Vraiment très bien.

Tout est électrique autour de nous. C'est une sensation tellement grisante que j'ai l'impression que ça ne durera jamais assez longtemps. Ça fait battre mon cœur bien plus vite et trembler mon corps d'une manière trop innabituelle. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit quand je me suis lancé dans cette histoire avec Logan. Si j'avais eu une once de jugeote, j'aurais tout arrêté quand j'ai appris pour sa femme, mais j'en ai été incapable et maintenant, il est trop tard.

— On a encore du temps devant nous, c'est bien ce que tu disais ?

Un sourire sincère appuie mes mots alors que mes lèvres viennent retrouver les siennes et mes mains ne laissent pas trop de place à l'imagination quant à ce que j'ai en tête.

Je crois que, de toutes les fois où on a pu se retrouver depuis qu'on se connaît, celle-ci marque un véritable tournant dans notre relation. C'est fini maintenant, on n'a plus rien de deux personnes qui se retrouvent comme ça, juste pour passer du bon temps. On est impliqués de bien des manières et ça ne m'effraie même pas. Au contraire. J'ai l'impression d'un renouveau dans ma vie, comme si un tout autre avenir se dessinait et ça me fait beaucoup de bien.

Je souris contre ses lèvres et tant pis si on ne voit pas la fin du film ou si j'arrive un tout petit peu moins tôt que prévu... Mon coeur s'emballe sous les caresses que je lui rends et je cesse complètement de réfléchir.