Help me leave behind some reasons to be missed.

Le trajet se passe dans le plus grand des silence et je ne quitte pas la fenêtre des yeux parce que des larmes m'échappent régulièrement. J'en peux plus de cette situation, j'en peux plus d'être avec lui et que ça ne se passe pas comme je l'imagine. C'est trop difficile et trop douloureux et si je pouvais me casser en Colombie maintenant, je le ferais sans hésiter.

Quand je vois qu'il se gare devant chez lui, je me tourne vers lui, sans même chercher à masquer ma gueule éclatée.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Ce n'est que quand il tourne la tête vers moi, que je réalise qu'il a pleuré. Ça me tord le ventre, il pleut averse, maintenant.

— Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, je suppose.

Je descends de la voiture, je la contourne pour ouvrir sa portière, je suis déjà trempé.

Je secoue la tête.

— Non, Austin. J’ai pas envie qu’on y aille parce que tu t’y sens obligé et que je t’ai demandé... s’il te plaît, ne me fait pas me sentir mal à l’aise. S’il te plaît.

Je le regarde perdu, là je ne comprends plus rien. Rien du tout.

— Ne pleure pas s'il te plaît...

Quand il me demande de ne pas pleurer, c’est l’effet inverse qui se produit et j’éclate en sanglots.

— Je voulais pas te forcer.

Ça me brise complètement le coeur, j'en oublie la pluie.

— Viens-là...

Je dis en l'attirant à moi, sans réaliser qu'il peut me repousser.

Cette fois-ci, c’est un câlin et je n’hésite pas pour une seconde pour passer mes bras autour de sa nuque et me serrer contre lui.

Je referme mes bras sur son dos, ça me fait étrange, on a jamais eu ce genre de contacts tous les deux. L'un comme l'autre, on est loin d'être câlins, même vraiment très loin. Il m'a fallu du temps pour accepter que Jenny m'approche car je ne suis pas quelqu'un de tactile, hormis avec Darcy. Pourtant ce n'est pas dérangeant, c'est douloureux à cause de la situation.

— Je ne supporte pas l'idée que tu penses qu'on est pas proches.

Car si je ne suis pas proche de lui, alors je suis proche de personne.

Je m'accroche à lui et je cache ma tête dans son cou. Ça me fait beaucoup de bien et tant pis s'il étouffe.

— Je sais plus comment me positionner.

Je sens rapidement que le câlin n'est plus un câlin amical, pourtant je n'arrive pas à le repousser, je n'en ai pas envie.

— Qu'est ce que je peux faire pour t'aider ?

Je me détache de lui pour le regarder ; on est vraiment proches maintenant et quand nos regards se verrouillent, je ne sais pas quoi lui répondre alors je hausse simplement les épaules. Mon coeur bat la chamade sans que je ne sache pourquoi.

— T'es trempé.

Je murmure en réalisant qu'il pleut encore à torrent.

Il se détache de moi, on est proches, vraiment proches. Je peux presque sentir son souffle sur mon visage. La pluie dégouline sur son visage et quand je ressens quelque chose d'étrange dans mon ventre, je me recule.

— Austin !

Je me retourne, ma mère est sur le perron, elle se tient à l'embrasure de la porte une cigarette à la main. Je réalise maintenant à quel point c'était stupide de venir ici.

— Monte dans la voiture s'il te plaît.

Je lui demande avant de me diriger rapidement vers ma mère et de l'attraper par le bras pour la faire rentrer à l'intérieur.

— T'es à moitié à poils.

Je ferme sa veste, elle pu l'alcool.

— C'était Gabriel dehors ?
— Oui.
— Il a bien grandi.

Elle dit en essayant de regarder par la fenêtre. Je tire le rideau.

— Arrête maman.

Elle se laisse retomber sur le canapé.

— Elle est où ta soeur ?
— À l'école.

Elle pouffe de rire. Alors que moi j'essaie de ranger les bouteilles qui trainent. Je jette tout et je repars au moment où elle s'allume une autre cigarette.

Je remonte dans la voiture, et pose mes mains sur le volant, le temps de retrouver mes esprits et de ne pas penser à la honte que je ressens, je ne sais pas ce qu'il m'a pris de l'emmener ici.

Sa mère débarque et Austin change complètement de comportement. L'espace d'une seconde, j'ai cru qu'on allait s'embrasser. J'y ai tellement cru que la chute est rude. Mais elle est logique. Je sais maintenant qu'il ne se passera jamais rien entre nous parce que tout le monde s'acharne à me faire comprendre que ça ne doit pas arriver. Alors je laisse tomber. Je sens mon coeur se briser comme jamais ce n'était arriver avant ; je me fais simplement une raison.

Sa mère est dans un état pitoyable et il disparait à peine cinq minutes avant de revenir s'installer derrière le volant.

— On ferait mieux de rentrer, tu vas être malade.

Je lui dis. J'ai pas de commentaire à faire sur ce que je viens de voir parce que ce ne sont pas mes affaires. Peut-être même qu'il préférera ignorer ce qu'il s'est passé.

Je hoche la tête et je démarre. Je n'ai pas envie de rentrer car je sais qu'il va partir dans sa chambre mais je ne sais pas comment lui dire. J'ai l'impression que tous les moments que l'on passe ensemble restent inachevés. Et que nos problèmes sont toujours là, quoi qu'on fasse. Quand je me gare devant chez lui, je ne coupe pas le contact.

Il se gare devant chez moi et j'ouvre la portière pour descendre. Il pleut encore comme jamais et je préfère la neige, putain.

— Tu viens pas ?

Il est toujours assis et il n'a pas coupé le contact.

Je secoue la tête.

— Je crois que je vais aller nager un peu.

Je me retiens de lui demander s'il veut m'accompagner.

— Ok.

D'façon, j'crois qu'on n'a plus grand chose à se dire, maintenant.

— Nage bien, alors. On s'voit plus tard.

J'sais qu'il doit venir manger chez nous bientôt. Je claque la portière et je rentre rapidement chez moi. Je suis resté sous la douche pendant presque une heure – parce que c'était le seul endroit où je pouvais me faire croire que j'étais pas en train de chialer.

Je nage plus d'une heure, je revois son visage proche du mien, et la pluie qui tombe sur lui. Je n'arrive pas à sortir ce moment de ma tête. Le soir Darcy et moi on part dormir à l'hôtel car je ne veux pas rentrer à la maison et que je n'ose pas aller chez les Saint-Clair.