Help me leave behind some reasons to be missed.

Il ferme les yeux et je vois qu'il ne se sent vraiment pas bien ; j'ai juste le temps de me garer sur le parking de l'hôtel et de courir faire le tour de la voiture pour lui ouvrir.

— Viens. Je vais dormir avec toi, ok ? Ça va aller.

Je passe une main dans son dos, comme si ça pouvait le soulager.

— Tu veux vomir ?

On arrive et quand il ouvre ma portière, j'ai du mal à tenir debout. Je comprends pas, je me sentais trop bien et là plus du tout. J'ai envie de pleurer. Ça arrivera pas. Je secoue la tête. Je regarde autour de nous et j'essaie de me détacher de lui.

— Trop cher.

Je secoue la tête.

— Non, j't'assure que c'est bon. T'as besoin de t'allonger un peu..

J'arrive pas à débattre. Il me traine à l'accueil et le gars nous regarde mal. Je me sens comme un minable, il me regarde comme les gens regardent ma mère.

Quand on arrive à l'accueil, le mec qui est là nous regarde de travers et ça m'agace.

— Qu'est-ce que t'as connard ? T'as jamais fait la fête, toi ?

Je lui arrache la clé des mains avant de rejoindre l'ascenseur en lui faisant un énorme doigt d'honneur. Les gens sont vraiment des grosses merdes, c'est insupportable.

— Allez, c'est à gauche !

Austin sort de l'ascenseur et tourne à droite ; je ne sais pas pourquoi, mais j'éclate de rire.

— Non, mais l'autre gauche !

Il fait un fuck au gars et moi je récite la bible dans ma tête pour lui. J'ai beau ne pas être croyant, à force de vivre avec les Saint-Clair et d'entendre Gabriel la lire, j'en connais des morceaux par coeur. Je marmonne un truc incompréhensible avant de râler.

— Mais laquelle ? La tienne ou mienne ?

— Mais celle-là !

Je dis en riant et en l'entraînant du bon côté. Je le conduis jusqu'à la chambre et j'ouvre rapidement la porte.

— Allez, entre. Par-là.

Il est complètement désorienter, j'ai du mal à me retenir de rire.

On arrive dans la chambre, je m'étale sur le lit, mauvaise idée.

— Ça tourne.

Je dis paniqué et je me mets à trembler.

— C’est normal.. ça va passer. T’as vraiment beaucoup bu.

En attendant, j’ose pas m’asseoir à côté de lui. La dernière fois qu’on s’est vu, j’ai pas oublié qu’il n’en a rien eu à foutre de savoir que je partais et là, il ne voulait pas rentrer à l’hôtel avec moi. Je n’ai pas envie qu’il dise que j’ai profité de lui quand il était bourré.

— Attends.

Je vais dans la salle de bain faire couler de l’eau fraîche sur une petite serviette et je la dépose sur son front quand je reviens près de lui.

J'ai des nausées, je tremble, j'ai froid, j'ai chaud, j'ai envie de vomir. Il pose quelque chose sur mon front.

— Reste avec moi...

Je me sens pas bien et ça me fait peur.

— Je reste là, oui. Je vais m’asseoir ici.

Je tire un gros fauteuil à travers la pièce pour m’installer près de lui.

— Repose-toi, je reste là.

Je secoue la tête, erreur, ça tourne encore plus. Je me relève rapidement, il m'indique la salle de bain et j'y cours, j'ai à peine le temps d'arriver à la cuvette que je vomis.

Il se lève pour vomir et ça me soulage, il va se sentir mieux après ça. Je me lève pour aller près de lui, lui servir un verre d’eau s’il en a besoin.

— Ça va ..?

Je secoue la tête, j'ai même pas le temps de lui répondre que non, ça va pas, que je vomis encore. Même quand j'ai plus rien. Quand ça s'arrête enfin, je suis complètement vidé. Je me laisse tomber par terre contre le mur.

— Merci.

Je dis en prenant le verre qu'il me tend. Je bois doucement.

— C'est toujours comme ça ?

Je secoue la tête.

— Non, c’est comme ça quand on dépasse notre limite et qu’on ne sait plus s’arrêter...

Je dis en riant un peu ; ça m’arrivait souvent ces derniers temps.

— Puis on dit souvent que c’est la dernière fois. Jusqu’à la fois suivante... mais ça va aller maintenant que t’as vomi.

Je ferme les yeux, ça tourne toujours mais moins. Je suis encore bourré, je le sens.

— Je crois que j'comprends pourquoi maman boit.

Je fronce les sourcils.

— Pourquoi ?

Je suis encore bourré, c'est clair parce que j'arrive à parler.

— Parce que je me suis senti bien dans la forêt, j'avais plus de soucis, ça faisait bien. Du.

Je m'y reprends à deux fois.

— Du bien.

— Ouais. Sauf que le moment où on redevient lucide fait mal. Ta mère elle boit parce qu’elle a laché prise et qu’elle est lache. C’est plus facile pour elle de jamais voir la merde dans laquelle elle vous fout. Genre c’est pas de sa faute la pauvre, elle est encore pétée. Te compare pas à elle, ok ?

Ça m’effraie de l’entendre dire qu’il a bu pour oublier. Je déteste ça.

— Je veux pas lui ressembler.

Je lutte tous les jours pour pas être comme elle, mais ça reste ma mère.

— Je l'aime tu sais ?

— J’en doute pas. N’empêche que vous seriez mieux ailleurs que chez elle.

Je propose plus chez moi car, apparemment, c’est pas assez bien. Moi, sa mère, je l’aime pas. Je la connais à peine, je sais juste que, quand on était petit, on devait attendre dans la voiture pendant des heures à cause d’elle car quand ma mère allait chercher Austin, elle se retrouvait toujours à essuyer son vomi. Il avait tout juste un an et elle se prenait déjà des cuites de dingue au moins une fois dans le mois. Une fois, Austin n’a pas mangé pendant presque 24 heures. Il devait avoir 3 ans.

— Tu veux te rallonger ?

— Je sais.

Je hoche lentement la tête. Il m'aide à me relever.

— J'boirais plus jamais de ma vie.

— J'espère bien oui, sinon, qui va me ramener chez moi, hein ?

On retraverse la chambre et je l’aide à s’allonger. Je lui retire ses chaussures.

— Tu devrais retirer ton jean, tu seras mieux.

Avant, je l’aurais fait pour lui. Je l’aurais mis à l’aise avant de le border, mais aujourd’hui, je ne veux pas déboutonner son pantalon et le mettre mal à l’aise.

Je gesticule comme je peux pour retirer mon jean et je me rallonge.

— T'as dit que tu dormirais avec moi.

Je dis quand je le vois se diriger vers le fauteuil.

— Je suis là, oui.

Je dis en m’assayant sur le fauteuil, après l’avoir aidé à se mettre sous la couette.

— J’ai pas envie de te mettre mal à l’aise.