Who let the dogs out - Adam & Gabou

— M'en parle pas ! Je vais plus m'arrêter de bosser. Puis je vais avoir des stages en plus ! Et si je peux en trouver un génial, chez qui je fais une impression de malade, et qui pourrait garder mon dossier pour une embauche future, je vais mettre toutes les chances de mon côté !

J'ai hâte de reprendre les cours je crois. Ça me manque, aussi fou cela soit il.

— Alors je sais que tu veux réussir par toi même mais c’est sûr que les parents de Max connaissent des gens dans le milieu, non ? Ils sauraient peut-être capable de te dire chez qui tu ferais les meilleurs stages, qui serait le plus susceptible de te garder ensuite ?

— Je suppose oui. Entre le boulot et les contacts, c'est même certain. Mais au delà de vouloir réussir par moi-même... Je suis mort de peur du jour où je vais les revoir. Alors leur demander une telle chose. Et c'est pas le genre de choses pour lequel j'accepterais de passer par Max, c'est pas mon comis.

Je rigole, mais c'est sérieux tout ça.

— Je me souviens pas trop d´eux.. ils sont pas sympa ?

— Très ! Mais de ce que j'ai compris, ils voyaient pas ça d'un très bon œil que Max revienne ici... Pas à cause de moi, mais à cause de l'état dans lequel ça l'a mis quand on s'est séparé. Alors j'appréhende un peu de les revoir, surtout maintenant que je suis fiancé à leur fils tu vois.

Je hausse les épaules.

— Bah... de toute façon c’est avec toi qu’il fait sa vie, alors tu t’en fous un peu, non ?

Je m'étouffe à moitié.

— Mais bien sûr que non ! Je pourrais pas vivre en sachant que mes beaux parents m'aiment pas ! C'est incompatible avec Adam Saint-Clair !

— Ah. Bah heureusement que t’as pas les miens alors...

Je dis en riant.

— Enfin.. on n’est pas fiancés ni rien alors ils le seront peut-être jamais mais... voilà.

J'eclate de rire, même si ce n'est pas drôle dans le fond, mais je saisi où il veux en venir et c'est cocace.

— Heureusement ! Je préférerais encore qu'ils soit décédés ou qu'ils aient plus de contacts. Là c'est... Merde, mais t'es obligé de les detester et de pas t'entendre avec eux !

Je souris quand il parle du futur.

— Vous n'y êtes pas encore, vous avez le temps pour tout ça. Vous êtes encore au tout début de votre histoire, même si toi t'es cœur et âme dedans depuis bien plus longtemps ! Qui sait où ça vous mènera !

Je hausse les épaules.

— Je sais que ça ne nous mènera nulle part. Il va me quitter à un moment ou à un autre. Ou alors la vie nous forcera à le faire. Moi j’ai envie de parcourir le monde, de voyager pendant des mois, d’enchaîner les missions humanitaires et j’aimerais qu’il fasse ça avec moi. Qu’on ait une vie d’aventure sans savoir où on ca dormir, ce qu’on fera le lendemain. J’ai envie d’apprendre plein de langues, de vivre dans des cultures différentes. Mais bon. Je crois que je le ferai tout seul.

On est trop différent avec Austin. Jamais il ne voudra quitter une vie stable à cause de sa sœur. Et je doute qu’une relation à distance lui convienne. Ça ne me conviendrait même pas. Je m’en rends compte maintenant que je suis en couple. J’ai envie de tout partager avec lui. Tout le temps. Pour tout. J’ai envie de le toucher, d’être avec lui, de l’entendre parler, rire — même s’il le fait rarement. Je soupire tristement.

— J’ai peur de m’enterrer ici par amour. Je vais mourir si je reste là. Pas physiquement, mais...

J’ai la gorge nouée de réaliser tout ça. On n’y arrivera pas.

Sans attendre, je l'attire contre moi, de façon à poser sa tête sur mon épaule.

— Un jour, le meilleur petit frère du monde m'a dit que je devais suivre mon cœur, mais que ça devait pas m'empêcher pour autant de penser à moi...

Ça me rends triste pour lui qu'il soit déjà en train de penser à toutes ces choses là. Et en même temps, à être enfermé ici, ça lui laisse le temps de penser à tout ce qu'il voudrait faire une fois libre.

— Vis ta vie au rythme où elle vient. Profites d'Austin, profites de son amour, du tien. Vivez tout ce que vous pouvez vivre. Et si un jour ça ne te corresponds plus, si un jour tu sens que la flamme n'est plus assez forte pour te satisfaire, là peut être qu'il sera temps de partir... Logan me disait souvent que je ne devais pas me brader, et il avait raison, c'est comme ça qu'il m'a poussé à m'inscrire à Londres.

Je soupire, ça semble si loin.

— Pour l'instant c'est loin d'être le cas, mais au moment venu, même par amour, ne te brades pas Trésor... Vis pour toi et tes rêves.

Je l’écoute attentivement et je crois que ça me rassure un peu. Je dois vivre l’instant présent et arrêter de me projeter pour l’instant parce qu’on n’y arrivera pas autrement.

— Merci Adam.

J’accepte son câlin et Balthazar me marche dessus pour se rouler en boule et se coucher.

— Je vais arrêter de me faire peur. Je suis amoureux alors.. autant vivre ça à fond, non ?

Je lui souris.

— Exactement.

Je souris sincèrement, alors que lui et Balti sont roulés l'un contre l'autre.

— Vivez ça comme si demain n'avait pas d'importance. Profitez des moments ensembles, n'ayez pas peur de sortir un peu des sentiers battus et faites vous plaisir. C'est comme ça que vous vivrez le mieux votre histoire !

J’acquiesce.

— Oui. Merci, Adam. C’est juste que j’ai peur de le perdre alors.. enfin bref. C’est déprimant. Vaut mieux qu’on n’en parle plus, après je rumine pendant des heures.

Je caresse doucement mon chien.

— Au moins il va me tenir compagnie maintenant.

— C'est quelque chose de génétique chez les Saint-Clair je crois, d'avoir peur de perdre les gens qu'on aime.

J'espère simplement que la vie ne le mettra pas devant le fait accompli. Moi j'ai perdu une fois Max et ça a été terrible. Et ne parlons pas de la perte de Logan, qui a brisé une partie de moi.

— Ce chien est déjà fan de toi. Vous allez devenir inséparables !

— Je l’emmènerai partout avec moi. Lui aussi, il va voir du pays. C’est le meilleur cadeau qu’on pouvait me faire un jour. Alors merci. J’arrive toujours pas à croire que j’ai un chien.

— Occupe toi bien de lui ! C'est tout ce qu'il mérite et c'est la seule façon dont tu peux me remercier.

Je caresse Balti et rigole.

— Il a déjà tes oreilles et tes poils. Manque plus qu'il aboie sans mordre et ça sera un jumeau pour toi !

J'eclate de rire, sous son regard blasé.

Je lui fais un doigt d’honneur.

— Fais pas le beau gosse parce que quand je t’avais mordu dans la baignoire, t’avais chialé comme une fillette, ok ?

Je me souviens de ce jour-là. Il crânait trop à faire des bulles et je voulais qu’il arrête, il faisait exprès de continuer alors je l’ai mordu. J’étais en train d’apprendre à lire et c’était la première fois que je lisais la bible à haute voix dans les escaliers.

Le souvenir est vieux et je l'avais oublié jusqu'à ce qu'il le rappelle à moi.

— Mais tu m'avais fait mal aussi ! T'étais un sauvageons ! T'avais finis par lire la bible alors que t'avais quoi ? Six ans !

Je rigole, parce que si c'est très peu arrivé à Marie, ça n'est arrivé à moi que très tard. Y'a que Gabriel qui a fait ça presque toute sa vie, en fait.

— Mais comment la vie aurait été moins drôle sans un petit frère aussi relou ! Quand je suis rentré au collège, j'avais fais un cahier ou je comptais les fois où tu lisais en haut de l'escalier. T'étais mon attraction préférée !

— Ah, ah, ah.

Je dis avec un air blasé.

— Y a des passages entiers que je connais par coeur. Genre la Genese. Des psaumes. Je suis profondément traumatisé.

— Vois le bon côté des choses. Tu pourras toujours rentrer dans les ordres au besoin.

J'eclate de rire en l'imaginant, lui, dans les ordres. Impossible. Absolument impossible.

— Si je rentre là-dedans, t’imagines même pas les scandales sexuels qu’il y aurait. Putain le kiffe ultime de coucher avec un mec qui veut rentrer dans les ordres.

Je dis en riant.

— Le mec tu lui brises sa carrière. Mais j’trouve ça con que les prêtes puissent pas se marier et coucher et ainsi de suite. Fin j’sais pas, ça devrait être eux qui montrent l’exemple d’aimer son prochain, de fonder une famille et tout ça.

— Je suis entièrement d'accord...

C'est un sujet un peu difficile à aborder avec certains catholiques, mais je sais que mon frère et moi en pensont la même chose. Peut être même les parents, ils ont bien accepté notre homosexualité après tout.

— T'as qu'à écrire au Vatican et leur demander pourquoi les prêtres ont pas les mêmes droits familiaux que les pasteurs ou les diacres ! Monte un combat tiens, t'as quatre mois pour les faire tourner chèvres.

— Si ça ne risquait pas de porter préjudice à maman, je le ferai. Mais elle aime trop toute son activité à l’église.

Avant je l’aurais fait sans y penser mais je crois que j’ai grandi malgré tout... Je n’aI plus envie de provoquer inutilement ma mère, ça lui fait mal.

Avant, il n'aurait même pas eu la réflexion de penser à la conséquence de ses actes. Je le regarde comme maman doit nous regarder parfois, empli de fierté et avec l'impression de voir un des êtres le plus cher à mon cœur devenir un homme.

— T'as raison va. Entraîne plutôt Balti à trouver à manger et à te rapporter tes chaussons ! Ça risque moins.