Who let the dogs out - Adam & Gabou

Elle soupire de nouveau.

— Il est à l’essai. Si Gabriel ne l’a pas éduqué correctement avant qu’on lui retire son bracelet, il repartira avec toi, d’accord ? Ton frère va avoir beaucoup de chose à gérer cette année.

Elle regarde malgré tout son fils avec fierté.

— Merci d’avoir fait ça pour lui, mon ange. J’espère vraiment que ça lui rendra le sourire. Ça m’inquiète beaucoup de le voir dépérir comme ça. Il mange à peine, parfois il est silencieux, perdu dans ses pensées.

— Je m'engage à ce qu'il fasse ça bien maman. Son éducation, sa propreté, il va s'en occuper comme d'un père le ferait de son enfant, j'en suis sûr !

Je suis en train de faire des promesses qui ne sont pas de ma responsabilité, mais qu'importe. J'ai confiance en Gabriel et en l'amour qu'il porte déjà à Balthazar.

— J'ai remarqué oui. Je l'appelle tous les jours tu sais... C'est dur de plus vivre avec lui. Enfin, avec vous aussi ! Mais Gabou, c'est différent... Surtout quand je vois dans quel état il est. Il méritait pas ça...

Je soupire, toujours dans les bras de ma maman.

— Mais Balthazar va l'aider, c'est sûr. Et il est remotivé pour les cours et le reste. Ça va aller maman, il va tenir bon.

Elle acquiesce silencieusement. Elle est un peu perdue face à cette situation et, pour une fois, accepte de se laisser guider par l’un de ses enfants.

— J’espère que ça lui redonnera le sourire. C’est drôle qu’il ait choisi ce prénom car ton père voulait que tu t’appelles comme ça !

Elle ajoute en riant.

— Mais je préférais Adam, j’ai eu gain de cause. Allez, va lui dire qu’il peut garder son chien, je suis sûre qu’il prie dans sa chambre actuellement.

— C'est une blague ?

Maman me regarde, pas sûre de comprendre, et moi je rigole en levant les yeux au ciel.

— Tu veux rire encore plus ? C'est moi qui ai eu l'idée de ce prénom !

On rigole tous les deux, elle me taquine et finalement, non sans la remercier de nous faire confiance à lui et moi, je cours rejoindre Gabou dans sa chambre.

— Je suis ton héros ! je jubile en venant caresser Balthazar encore dans ses bras.

— Non, sérieux ??

J’attendais sur mon lit avec Balti, complètement stressé à l’idée que maman ait le dernier mot.

— Mais elle n’a même pas lutté un peu ? Pourquoi ? Comment t’as fait ?? Elle veut bien qu’il soit dans la maison ?

— Elle a un petit peu discuté, mais il faut croire que j'ai su trouver les mots.

Je vois la joie dans son regard se raviver. C'est une merveilleuse idée. Ma mère ne va pas en revenir.

— Par contre, tu as un temps limité Gabou ! Maman m'a dit que si quand on t'enlevait ton bracelet Balti n'était pas propre, pas dressé ou quoique ce soit, je repartais chez moi avec lui. Alors bouge toi ! Parce que je n'ai aucune envie de te reprendre ce cadeau si mignon.

— Pff mais il va me falloir moins de quatre mois pour le dresser !

Je dis, confiant.

— Mais c’est trop bizarre que maman se soit laissée convaincre. Marie est allergique aux chats, toi aux lapins, moi aux rongeurs... fin j’sais pas... Elle a pitié, c’est ça ?

— Elle est d'accord avec moi sur le fait que tu passes tes journées tout seul et que c'est long et ennuyant. Après, j'ai peut être promis quelques petits trucs sur tes aptitudes à gérer ce chiot. Alors gères !

Je rigole.

— Hors de question qu'on ai été allergique toute notre vie et qu'aujourd'hui, tu ruines nos chances d'être saufs !

Je souris un peu parce que, en effet, elle a pitié. Comme Adam et comme tout le monde. J’essaie de faire de mon mieux pour qu’ils ne s'inquiètent pas, mais visiblement je suis vraiment nul.

— Je vais bien m’en occuper, t’as ma parole.

Hors de question que je déçoive mon grand frère.

— Et je vais bien m’en occuper toujours. Pas juste les 4 mois où je suis enfermé.

— J'espère ! C'est un engagement à long terme dans lequel je viens de te lancer là, t'en as conscience ?

Je fais oui de la tête. Le seul engagement qui ne me fait pas peur.

— Merci de me faire confiance.

Je passe mon bras autour de son épaule pour le serrer contre moi brièvement.

— Balti va être le plus heureux des chiens. Je le sais.

Je fais oui de la tête parce que j’en suis sûr. Je vais vraiment tout faire pour. Je fais quand même un énorme câlin à mon frère.

— T’es le meilleur des frères. Je remercie le Seigneur de m’avoir guider vers vous parce que j’ai la meilleure famille du monde. Je ne pouvais pas espérer mieux. Je sais que je suis pénible, mais j’espère que je le suis moins qu’avant.

Certainement que je suis un peu moins malheureux qu’avant alors je n’ai plus à être en colère sur tout et tout le temps.

Les larmes me montent aux yeux, parce que c'est pas le genre de choses qu'on entends souvent ici. On sait qu'on s'aime tous très fort, mais parfois les mots font aussi beaucoup de bien.

— Tu as mûri Gabou. Tu es en couple, tu as une perspective d'avenir, tu vas t'occuper d'un chien... Personne y aurait cru il y a quelques années, pas même toi. Moi je suis fier de toi, on est tous fier de toi, alors même si t'es chiant parfois on s'en fout.

Je finis en le taquinant.

— Puis t'es le meilleur des petits frères du monde alors bon, je préfère encore que tu sois pénible plutôt qu'on t'echanges avec un autre.

Je lui souris.

— Je sais que je suis le meilleur des petits frères. T’aurais jamais survécu sans moi.

Même si j’ai bien entendu tout le reste, je ne veux pas qu’on s’t attarde trop. Il sait que je l’aime, c’est suffisant pour aujourd’hui.

— Le pire c'est que t'as même pas tort.

Je soupire, en pensant à tout ce qu'il a fait pour moi dernièrement. Au soutien sans failles qu'il a été, et qu'il est encore

— Bah, c’est normal. Y a que moi qui ait droit de te faire chier. Les autres ils n’ont pas le droit, c’est comme ça.

Puis j’irai toujours dans son sens, peu importe ses choix. C’est ça la famille. Marie s’est mariée avec un mec débile qui parle que de foot et genre qui pense qu’être cultivé c’est avoir lu un shakespear et connaître la bible par coeur... bon, j’aurais rêvé un peu mieux pour elle, mais elle est contente comme ça alors tant pis. Je l’aime pareil.

Je ris de bon cœur.

— Je n'en doute pas une seconde. On prends soin les uns des autres à notre façon à nous !

J’acquiesce.

— Tu penses que je suis une bonne personne alors.. ?

La question ne se pose même pas, dans mon esprit, et pourtant il semble sérieux quand il me demande ça.

— Évidemment que tu es une bonne personne ! Gabriel ! On fais tous des conneries dans notre vie, certains plus que d'autres. On a tous fais des choses dont on est plus ou moins fiers, c'est pas pour autant qu'on est des mauvaises personnes. Et t'en ai vraiment pas une !

Je l’écoute, j’acquiesce. J’ai du mal à me voir comme quelqu’un de bien ou d’intéressant. Je suis un peu perturbé et j’ai beaucoup de temps pour y penser en ce moment. Alors ça m’effraie. Parce que j’ai bien mérité tout ce que j’ai vécu avant alors pourquoi d’un coup tout s’arrange ?

— D’accord. Mais c’est parce que t’es mon frère que tu dis ça ?

— Promis.

Je lui souris sincèrement.

— Ce n'est pas parce que tu es mon frère que je suis fier du jeune homme d'à peine dix huit ans qui est parti risquer sa vie pour celles d'autres gens. Ce n'est pas non plus parce que je suis ton frère que je trouve ton engagement envers les autres beau ! Ou encore que ton dévouement pour Dieu en est véritable. Tu es quelqu'un de bien Gabriel, vraiment.

— D’accord. Merci Adam. Quand maman le dit, j’ai du mal à la croire parce que... c’est ma mère.

Je dis avec un sourire. Bon, lui c’est mon frère, alors j’y crois pas non plus. Mais c’est agréable à entendre.

— Donc tu croiras jamais personne ? Ta mère, ton frère, ton mec... Je sais pas moi, essaie d'entendre ce que le Seigneur peut te dire de tout ça ?

Je sais qu'il est une bonne personne, il reste à Gabriel de le comprendre aussi.

Je hausse les épaules.

— Mais j’essaie d’y croire. Mais si vous y croyez c’est le plus important, c’est pour ça que je demande. C’est vous que j’ai pas envie de décevoir. Les autres, c’est pas grave, je les connais pas vraiment.

C’est le seul point positif à être enfermé ici : je n’ai plus peur de croiser des gens que j’ai fréquenté avant, maintenant que je suis en couple.