Reprendre contact - Adam & Austin.

Je ne sais pas si venir directement au lycée était la meilleure solution. Maximilien m'a conseillé d'envoyer un message à Austin avant de faire quoique ce soit, mais je n'ai pas fais ce qu'il m'a dit. J'avais peur qu'Austin ne me réponde même pas et ça m'aurait bloqué pour venir. Et comme chez lui, c'est l'endroit ou Gabriel est bloqué à cause de son bracelet, je ne pouvais pas simplement frapper à sa porte.

J'ai zieuté sur l'emploi du temps de Gabriel pour savoir quand il finissait ce soir et finalement, je suis comme un con adossé à ma voiture devant l'établissement. C'est bizarre d'être ici sans Max, en fait.

Lorsque je vois des élèves commencer à sortir, je laisse mon regard planer un peu partout et quand je le repère, tout seul, je me relève. Il me voit directement, alors je lui souris doucement. Maintenant, je n'ai plus qu'à espérer qu'il comprenne que je suis là pour lui.


Austin Anderson

15h, je sors du lycée. Quand j'aperçois Adam sur le parking, je m'arrête quelques secondes, je regarde autour de moi, comme s'il pouvait attendre quelqu'un d'autre. Il me sourit, je rajuste mon sac et je le rejoins.

— Tout va bien ? Il s'est passé quelque chose ?

— Non, rien de grave non !

Je dis rapidement, pour le rassurer. Déjà il me parle, c'est un grand pas. Rien que ces quelques mots à deux, on ne les as plus échangés depuis longtemps.

— T'as le temps de discuter un peu ? Autour d'un café ? J'aimerais bien parler un peu de Gabou et à la maison, c'est pas évident...

Il me rassure tout de suite et quand il me propose d'aller boire un café, je mets plusieurs secondes à répondre. Je ne sais pas ce qui me bloque, je pense à toute cette distance entre nous qui nous sépare. Je hoche la tête et je le suis au café qui est à côté du lycée, pas le Starbucks, je n'y ai pas remis les pieds depuis ce soir-là. On s'installe à une table un peu en retrait, je réalise que même avant, on n'avait jamais fait ça.

Il y a un froid évident entre nous, mais je suppose qu'après des mois sans se parler, je ne pouvais pas en espérer plus. On s'installe à l'écart et je ne perds pas de temps pour me lancer, j'ai peur de ne plus y arriver après.

— Ça va mieux, ton épaule ?

Je demande sincèrement, même si je demande régulièrement à Gabriel et que je sais ce qu'il en est vraiment.

Non. Mais je ne peux pas lui dire ça, je ne peux pas lui répondre oui non plus car je n'aime pas mentir.

— J'essaie de la préserver.

Et ça ce n'est pas un mensonge, malgré la natation, j'essaie du mieux que je peux de ne pas me blesser.

— J'ai appris pour ton mariage, félicitations.

Je dis sincèrement.

Déjà il ne me ment pas, et j'apprécie le geste. Je sais pertinemment qu'il a toujours mal et qu'en plus, il continue de nager ce con.

— J'espère, oui.

Quand il me félicite pour le mariage, je me rends compte que rien que ça, ce n'est pas normal. Comment il peut m'en vouloir autant de mes mots, au point de ne plus vouloir avoir à faire à moi et au point de n'avoir même pas appris de ma propre bouche mes fiançailles ? C'est plus dur que je ne le pensais, d'être en face de lui.

— C'est pas pour tout de suite, mais merci, c'est gentil.

On commande rapidement un truc à boire et un blanc s'installe.

— Et avec Gabriel, ça va ?

Plus nul que ça en manière d'approche, tu meurs.

Et je le regarde, et c'est vrai, Gabriel a raison, il a l'air vraiment heureux. Je suis vraiment content qu'il ne soit plus avec Mr Wheeler, il méritait mieux que ça. On commande et un blanc s'installe, je n'ai jamais été bavard alors je crois que ça me gène moins que lui. On récupère nos boissons, avant de nous asseoir. Quand il me demande si ça va avec Gabriel, je fronce les sourcils, méfiant.

— Pourquoi, il t'a dit quelque chose ?

— J'ai pas besoin que mon petit frère me parle pour voir qu'il va mal.

Je soupire tristement, puis je me rends compte que ça pourrait être mal interprété.

— En général, je veux dire ! Pas entre lui et toi, c'est pas ce que j'insinue ! Au contraire, il semble heureux de t'avoir près de lui de cette façon là.

Je me prends une claque, quand je prends conscience que je n'ai plus parlé à Austin depuis que moi frère et lui se sont mis ensemble, finalement. Soit plusieurs mois.

— Mais ça va pas, et je peux pas le laisser comme ça.

Quand il dit en général, et pas entre Gabi et moi je me sens soulagé, je crois que j'aurais eu beaucoup de mal à parler de mon couple. J'estime que c'est privé et que si on avait des problèmes, c'est entre nous qu'on devrait les régler. Je baisse les yeux parce que je sais que Gabriel va mal, et c'est mon père le responsable. J'éprouve toujours ce sentiment de honte et de culpabilité.

— Je sais, je ne sais pas quoi faire pour l'aider à aller mieux.

Gabriel ne me dit pas qu'il va mal, mais je sais que c'est vraiment dur pour lui d'être enfermé comme ça.

— Il te parle à toi ? Il te dis un peu ce qu'il ressent ? Vis à vis de tout ça, de sa remise en question perpétuelle et tout ça ?

Je demande sans trop d'espoirs, parce que j'imagine qu'il ne doit pas beaucoup plus parler à Austin qu'à nous autre, mais bon.

— Vous arrivez à passer du temps ensemble quand même quand t'as pas cours ? Pardon, ça fait flic, mais j'essaie de comprendre comment on peut faire.

Je secoue la tête, non, il ne me parle pas de tout ça.

— Oui, on passe presque tout notre temps ensemble quand je suis à la maison. Je rentre tous les jours dès que j'ai terminé au lycée.

Je ne sors que quand j'y suis forcé car je trouve ça injuste pour lui.

— Lui avoir offert Balthazar lui a fait beaucoup de bien. Mais il ne supporte pas d'être enfermé, et jusqu'à la fin de son assignation à domicile, je ne sais pas si on pourra l'aider à aller mieux.

— C'est bien, ça ! Gabriel le dit pas et fais comme si ça l'atteignait pas, mais il a besoin de voir et entendre qu'on est là pour lui. Besoin d'entendre qu'on l'aime et qu'il est pas tout seul. Je m'en veux d'être parti de la maison à ce moment là... Mais ça me rassure que tu sois là.

Je lui souris sincèrement, parce que Gabriel est heureux lorsqu'on parle d'eux deux. Il est amoureux, ça y'a pas à en douter et j'espère qu'Austin ressent aussi cela pour lui. Je l'espère de tout cœur.

— Balti va l'occuper suffisamment. En plus il a obligation de le dresser avant de pouvoir sorties alors il va en avoir des choses à faire. T'as pas une idée de ce qu'on pourrait faire ? Je sais pas, il laisse pas échapper des trucs parfois, dans votre intimité, qui pourrait l'aider ?

- Il s'en occupe déjà très bien, il ne cède pas même quand Paul lui dit qu'il peut monter sur le canapé. Et ta mère craque déjà pour lui, même si elle ne le dira pas.

Je bois une gorgée de mon chocolat.

- Je ne sais pas, il ne dit rien de spécial, rien qui pourrait me faire savoir ce qui pourrait lui faire du bien. Il ne peut pas sortir et je ne sais pas s'il a envie de voir des gens du lycée.

Quand on était à Londres il m'a confié qu'il n'avait pas d'amis, alors j'imagine qu'il n'a pas envie que des gens se ramènent sous son toit pour lui parler de son bracelet electronique.

— Je ne pense pas qu'il ai envie non, je soupire. Il connaît plus de gens à la fac qu'au lycée déjà, donc je le vois mal trainer avec des gars de là-bas.

Je prends mon mal en patience, j'essaie de chercher ce qui pourrait l'aider, ce qu'on pourrait faire son petit ami et moi pour le faire voyager sans bouger.

— Samedi soir t'as un truc de prévu ?

Je demande un peu sur la réserve, pas sûr qu'il accepte ce que je vais lui proposer.

Je secoue la tête. L'après-midi j'ai entrainement, mais ça je ne peux pas lui dire, mais le soir je n'ai rien de prévu.

— Tu as une idée ?

— Je sais que toi et moi... Tu vois... On a plus vraiment de...

Je perds mes mots, dire tout ça à haute voix c'est dur. Je détourne le regard, gené.

— Bref, je comprendrais que t'ai pas envie, mais je sais que c'est dur pour Gabriel. De voir qu'on se parle même plus et... Je me disais que je pourrais peut être vous inviter à manger dans le jardin des parents ? Genre tous les trois. Ou tous les quatre meme, avec Max ! Ça pourrait lui faire plaisir, je crois.

Moi aussi je détourne le regard quand il parle de nous deux. Même si j'ai conscience qu'il fait ça pour Gabriel, il est en train de faire un énorme pas pour nous, un pas que j'aurais été incapable de faire. Et je lui suis reconnaissant pour ça.

— Ça me ferait plaisir de revoir Max.

C'est ma façon de faire un pas vers lui moi aussi.

Je souris doucement et le remercie d'un regard. C'est sa façon à lui de me dire qu'il accepte et ca ôte un gros poids de mon estomac.

— Tu pourrais organiser ça un peu comme une surprise tu crois ? Genre... Le retenir au sous sol avec toi à partir dune certaine heure ? On pourra demander à maman de garder Darcy. Et comme ça, Max et moi on pourra venir faire à manger ici, ou au moins venir tout installer. Ça y est, je stress déjà putain.

Je rigole nerveusement.

— Merci de faire ça pour lui Austin.

Je secoue la tête.

— Ne me remercie pas, c'est toi qui organise tout ça. Je le retiendrai autant qu'il faudra dans le sous-sol.

Lui a été capable de vouloir arranger les choses entre nous pour Gabriel, pendant que moi j'en étais incapable.

— Si, quand même. Depuis notre dispute tu refuses le moindre contact avec moi et j'accepte les chose, c'est comme ça. Mais c'était loin d'être gagné que tu acceptes une telle chose, du coup. Alors oui, merci de faire ça pour lui.

Je souris sincèrement. Ça me rassure que Gabriel soit avec quelqu'un qui sache le faire passer en priorité lorsqu'il y en a besoin.

Je soupire et m'enfonce un peu plus dans mon siège.

— Ce n'est pas que j'évite chaque contact avec toi...

Je baisse les yeux sur ma tasse, je suis mal à l'aise.

— Ça s'est juste fait comme ça.

Plus nul je n'aurais pas pu trouver.

J'aurais compris qu'il ne veuille pas en parler. Mais le fait qu'il me mente sans aucun scrupule, ça, c'est autre chose.

— Ça c'est ''fait comme ça'' chaque fois que j'ai passé la porte d'entrée et que tu as couru au sous sol ? Ou chaque fois que je suis descendu de ma chambre et que tu as quitté la maison ? Ou peut être aussi quand tu refusais de monter manger avec nous, sauf quand je n'étais pas là...

Je soupire, me mordant les lèvres parce que c'est douloureux.

— T'es pas obligé de faire semblant Austin. Je pense qu'on se connait assez pour ne pas avoir besoin de faire ça. T'as tous les droits de ne plus vouloir me voir, je respecte ton envie. Mais viens pas me mentir et me dire que si on se parle pas depuis des mois, c'est juste parce que nos chemins ne se sont pas croisés...

Je relève les yeux vers lui. Ce n'était pas un mensonge, mais il a raison peut être que c'est mieux de se dire honnêtement les choses.

— J'avais l'impression de ne plus être à ma place quand tu étais là.

Et ça fait mal de l'admettre, autant que d'avoir pu le ressentir. Et je crois que ça joue dans le fait que j'ai encore du mal à me sentir totalement chez moi, chez lui.

— J'espère pour toi que jamais vous ne vous disputerez avec Gabou. Parce que si prends comme ça au pied de la lettre tout ce qu'il te dit quand il est énervé, ça risque de voler en éclats.

Je bois une gorgée de mon thé, parce qu'il va finir par refroidir et je garde ma tasse avec moi. Comme un réconfort.

— Mes mots ont dépassé ma pensée Austin, je te l'ai dis et redis. Cette maison à toujours été la tienne. Et aujourd'hui que j'ai déménagé, elle l'est même plus que chez moi...

Dire ça, par contre, c'est vraiment très bizarre. Je n'ai pas envie que ce ne soit plus ma maison, alors que j'en ai une autre maintenant.