Bad news. — Charlie et Alexis

J'ai su que cette journée serait mauvaise lorsque je l'ai commencé en me cognant le doigt de pied sur le coin du lit dont je sortais à peine. J'aurais bien réveillé Charlie pour avoir un câlin et un bisou avant que je parte, mais il a passé un week-end de dingue : un mariage à n'en plus finir et un shooting de quatre heures avec des gens peu agréables. Alors j'ai préféré le laisser dormir.

Contre toute attente, la journée n'a pas été si terrible et, lors de ma pause de midi, j'ai pris le temps de téléphoner à mon amoureux pour lui proposer un japonais ce soir. J'ai cru voir qu'il m'avait envoyé plusieurs SMS, mais je les ai supprimé sans faire exprès. Je n'ai pas eu de portable avant mes 19 ans – cadeau de Charlie – et je ne m'y suis jamais faite. J'appuie sur le 8 pour lui téléphoner, c'est tout ce que j'ai besoin de savoir.

Il ne me reste plus qu'une heure de boulot quand je prends le temps de me faire un café en salle de pause. Je suis à peine installée que ma chef de service m'interpelle.

— Il y a une femme qui demande à te voir à l'accueil.
— Ah ? Elle s'est présentée ?
— Elle prétend que c'est ta mère.

En moins d'une seconde, je me décompose. Je deviens certainement livide.

— Alexis, tout va bien ?

J'acquiesce en silence. Je me mets à trembler sans comprendre pourquoi.

— Elle n'a pas l'air d'être dans son état normal, on peut la faire sortir, si tu veux ?
— Non, ça va aller. J'y vais.

Je prends sur moi parce que je n'ai pas envie qu'elle vienne tout gâcher ici. Je respire un bon coup puis je me reprends. Je n'ai pas vu ma mère depuis au moins cinq ans. J'espère simplement qu'elle n'est pas là pour faire de vagues mais... lorsque j'arrive au rez-de-chaussée, je l'entends hurler comme une hystérique. J'ai honte. J'ai vraiment honte. J'hésite à dire que ce n'est pas ma mère, en arrivant, mais on se ressemble beaucoup trop pour que je puisse prétendre le contraire. Quand elle me voit, elle me reconnaît immédiatement.

— Lexie !! Bon sang ! Dis-leur que t'es ma fille, enfin ! Il me faut une ordonnance, tu comprends ? Il me faut des médicaments ! Tu vas m'en donner, hein ? Tu vas pouvoir faire ça pour moi ? Regardez, c'est ma fille ! Elle est certainement médecin maintenant !

Elle est maigre comme un clou, son regard est perdu dans le vague et il n'est pas difficile de deviner que tout l'argent qu'elle a, elle le dépense en drogue. Ses fringues sont trouées, ses cheveux sont sales, en bataille. Je m'approche pour éviter l'esclandre.

— Maman... je suis infirmière et... t'as pas le droit de venir ici.
— J'ai besoin de médicament, tu comprends ? Il me faut des trucs pour calmer la douleur !
— Si tu as mal quelque part, il faut voir un médecin.
— Mais tu vas me filer quelque chose espèce d'ingrate ?
— Il faudrait que tu partes, maintenant.
— Pourquoi ça ? Tu as honte ? Honte d'être une mauvaise fille ? Tu vois ta mère en souffrance et tu l'envoies dehors ? T'es toujours un poison, Alexis ! Toujours ! J'ai tout fait pour toi et c'est comme ça que tu me remercies ? Tu n'es qu'une pute ! Grosse et laide !

Elle crache à mes pieds. Je suis figée, incapable de bouger, comme lorsque j'étais plus jeune et que j'encaissais ses insultes sans jamais broncher.

— Jamais j'aurais dû te mettre au monde ! Tu n'es qu'une erreur et tout le monde le sait aujourd'hui ! Tout le monde !

Je crois qu'une larme échappe à ma vigilance.

— Regarde-toi ! Gros tas que tu es ! Maintenant que madame a la belle vie, elle se prendrait presque pour une bourgeoise ! Mais tu n'es rien d'autre qu'une merde. Une merde que refuse d'apporter de l'aide à celle qui l'a élevé !

Je ne sais pas qui prend la décision de la faire sortir, mais lorsque deux de mes collègues l'empoignent, elle devient complètement hystérique et hurle toutes les pires insultes que je n'ai jamais entendu. Je suis une pute, une chienne, je suis laide, obèse, je suis une toxico qui se prend pour une riche avec mon mec de merde, ma vie de merde, Charlie est un enculé, il a toujours aimé les grosses et les filles faciles. Quand ils arrivent à la faire taire, je suis presque en état de choc et ma chef de service m'appelle un taxi pour que je puisse rentrer chez moi.

Je ne pleure pas, je ne comprends simplement pas ce qu'il vient de se passer, comment est-ce qu'elle a su que je travaillais ici, pourquoi est-ce qu'elle est venue me demander des médicaments ? Mon passé me saute à la gorge et je réalise que je n'étais pas prête. Peut-être même pas guérie.

Quand je rentre, j'entends Charlie sous la douche alors je vais directement m'allonger dans notre lit, camoufler sous la couette en espérant m'endormir rapidement.

Alexis est partie sans me réveiller ce matin. Je lui ai envoyé quelques messages en me levant et finalement, sur sa pause du midi, elle m'a téléphoné. Ça m'a permis de faire une pause parce que maintenant que le mariage de ces connards est passé, j'ai toutes les retouches à faire sur les photos. Ça va me prendre un temps fou, mais au moins, ca paye super bien.

Est venu le moment où j'en pouvais plus, alors j'ai joué un peu de musique, avant de filer sous la douche. Après je pourrais me poser tranquillement et attendre que mon bébé rentre. Mais quand je suis sous l'eau, j'entends du monde dans l'appartement et personne d'autre qu'elle n'a les clés. Je l'appelle, mais avec le bruit de l'eau elle ne doit pas m'entendre.

Je me dépêche de finir, curieux de savoir pourquoi elle rentre plus tôt que prévu et en rentrant dans notre chambre, je la vois rouler en boule sous la couette. Ca n'annonce absolument rien de bon. Peut-être qu'un chouette patient à elle est décédé...

— Bébé ?

Je demande en me glissant sur le lit, alors que je suis encore nu comme un ver.

— Tu veux parler de quelque chose ?

Charlie arrive et si, en temps normal, je me serais volontiers blottie contre lui, aujourd'hui, je n'y arrive pas. Je reste cachée en silence. S'il me prend dans ses bras, il va se rendre compte que j'ai grossi ? Est-ce qu'il va être dégoûté ? Je crois, oui. Je n'ai plus le temps d'aller faire du sport, peut-être que je devrais m'y remettre ? Déjà, je devrais arrêter de manger n'importe quoi.

Mais je ne suis pas aussi grosse que ça. Elle ment. Elle sait que ça va me faire de la peine, c'est tout. Elle sait que j'ai eu des troubles alimentaires. C'est pour ça qu'elle a dit ça. Charlie ne va pas me mentir, lui. Il a promis.

— Est-ce que je suis trop grosse ?

J'ose demander, sans pour autant sortir ma tête de là où je suis.

Je ne m'attendais pas à ce genre de questions et ça me laisse sur le cul quelques secondes. Alexis a eu une très mauvaise période concernant son poids, il y a quelques années, mais ce genre de questions n'avaient plus franchis sa bouche depuis longtemps.

— Absolument pas Lexie Tu n'es ni trop grosse, ni trop maigre. Tu es belle, tu as des formes là où il le faut, tu as des jambes digne d'un mannequin. Et tu as déjà posée quelques fois d'ailleurs, ne l'oublie pas.

Je voudrais la prendre contre moi, mais elle est toujours cachée sous la couette, alors je me contente de poser ma main là où je crois deviner son bras.

— Qu'est ce qui t'as mis ça en tête ?

J'essaie d'intégrer ce qu'il me dit, mais pour la première fois depuis longtemps, j'ai du mal à le croire. Il veut être gentil, lui. Ma mère, elle n'a aucune raison d'être gentille, elle ne prend pas de pincettes pour dire la vérité. Elle fout la merde dans ma tête et je n'arrive plus à y voir clair.

— Ma mère m'a rendu visite au travail aujourd'hui. J'pensais qu'elle était morte. Mais elle est venue sur mon lieu de travail pour me demander des ordonnances et des médicaments.

Je sors la tête un petit peu. Elle ne va pas m'avoir, je vais lutter un peu mieux que ça. Je sors entièrement de ma cachette pour aller me blottir contre mon amoureux.

— J'ai refusé et elle a pété un câble, devant tous mes collègues. Je suis restée pétrifiée comme la reine des dindes et maintenant j'ai l'impression d'être une pute obèse. Mais bon, j'suis rassurée, d'après ma mère, t'aimes bien les grosses.

J'essaie d'en rire, mais au fond, je crois que ça m'effraie. Je n'ai pas envie de vivre comme avant. Je n'ai pas envie que tout ça recommence.

Je la serre contre moi dès qu'elle pointe le bout de son nez et ça m'aide à rationaliser. Sa mère n'était pas revenue dans sa vie depuis bientôt cinq ans et putain, on s'en portait tous beaucoup mieux. J'ai envie d'encastrer sa tête dans un mur, d'oser ressurgir de nulle part, simplement pour insulter Lexie et lui demander ses conneries de medocs !

— On pensait tous qu'elle était morte. Même elle, parfois, quand elle voit sa dégaine, elle doit y croire.

Je suis acerbe, mais je m'en fous. Sa mère est la personne que je déteste le plus au monde, plusieurs fois j'en suis venu aux mains avec elle, et ça me retourne de voir que ses mots touchent toujours autant mon petit bébé.

— T'es ni une pute, ni obèse, ni toutes la merde qu'elle a du te dire. Elle n'a plus d'emprise sur toi Lexie, d'accord ? je demande tendrement. Tu as un appartement, un travail qui te plaît, un petit ami qui est beau comme un dieu et rends jalouse toutes tes copines... Même Adam il est jaloux je suis sûr.

J'essaie de la faire rire, mais autrement qu'en lui laissant entendre que sa mère pourrait avoir raison. Jamais !

Je pouffe de rire. Je ne sais pas si je suis rassurée mais entre ses bras, je me sens en sécurité

— C’est vrai que t’es tres beau... Puis que mes amies son jalouse.

J’affiche un sourire sincère.

— Ça va aller... j’ai juste eu un moment de panique... elle arrive toujours à viser juste alors...

Je soupire tristement.

— J’espère qu’elle ne compte pas rester dans le coin... fais moi des câlins, c’est une urgence. En plus je me suis cognée l’orteil dans le coin du lit ce matin...

J'ai toujours adoré cette sincérité chez Alexis. Il n'y a pas de faux semblant, tout coule de source auprès d'elle.

— Moi aussi il lui est arrivé de me blesser, et ce n'est pas ma mère pourtant. Alors c'est normal que tu paniques, tu n'as pas à te sentir coupable...

J'embrasse tendrement ses lèvres.

— T'es quand même pas en train d'essayer de gratter un massage juste parce que tu t'es défoncé dans le pieu y'a plusieurs heures de ça ?

Je rigole en l'emprisonnant dans mes bras et en déposant plein de bisous sur son visage.

J’éclate de rire avec tous ses baisers, j’essaie de me défaire de lui mais il m’emprisonne et ça me fait encore plus rire.

— Arrête !!

Je dis en riant comme une folle. Quand il se stoppe, je reprends mon souffle en me blottissant contre lui.

— J’veux pas un massage, je veux juste un énorme câlin.

Je dis en m’accrochant à lui comme un koala, mes jambes autour de sa taille.

— Hey mais t’es complètement à poil !

Elle s'offusque et je rigole non sans la maintenir contre moi malgré tout.

— Je venais secourir ma demoiselle en détresse, j'avais pas le temps de chercher un boxer dans la pile de linge propre.

Je l'embrasse, bien plus tendrement cette fois.

— Mais bon, si tu préfères que j'aille m'habiller, je peux toujours briser notre énorme câlin et ne revenir qu'après...

— Oh non, non ! Reste. D’façon j’aime bien quand t’es tout nu. T’as un charme fou là, avec tes petites fesses rebondies.

Je dis en éclatant de rire.

— Merci d’être là, chéri.

Je reprends plus sérieusement.

— Ça m’a vraiment mis un coup au moral.

C'est toujours flatteur d'entendre qu'après tant de temps, je lui plais toujours physiquement. Elle aurait pu se lasser, ou moins j'aurais pu, mais il n'en est rien et c'est bon de s'en rappeler.

— Je suis là depuis plus de la moitié de notre vie...

Je souris en caressant son beau visage. Elle mérite tout le bonheur du monde et même si on a été très long à admettre notre attirance l'un pour l'autre, je suis le plus heureux des hommes à ses côtés.

— Alors je compte bien être là pour tout ce qu'on a encore à vivre. Dans le meilleur comme le pire.

— Plus de la moitié !

Je me détache de lui pour rouler sur le dos et étendre mes bras comme une étoile de mer.

— Tu te rends compte que quand on aura des enfants, eux n’auront connu que nous toute leur vie, alors que nous... on aura vécu avant. C’est dingue, non ?

Mais si n’ai des enfants, je vais gonfler comme un ballon.

Je rigole en entendant son raisonnement. Il n'y a qu'elle pour penser ainsi. Qui d'autre va s'imaginer ces choses là ?

— C'est dingue Bébé, je te l'accorde. Tu te rends compte même que nos enfants, un jour ils auront des enfants et qu'on aura vécus mille vies avant que nos petits enfants naissent ?

Je la taquine en venant décoiffer ses cheveux. Même comme ça, elle est magnifique.

— Tu es belle Lexie, vraiment très belle...

Je murmure en caressant sa joue.

— Mais oui.. c’est dingue.

Il se moque, je sais. Mais pas méchamment, jamais d’ailleurs. Il est le seul qui ne se moque jamais et qui m’accepte exactement comme je suis. Et qui me trouve belle, en plus. Je souris pour le remercier.

— J’ai vu que tu m’avais envoyé des messages tout à l’heure mais j’sais pas ce que j’ai fait, j’ai tout supprimé. J’ai pas voulu demander à mes collègues si on pouvait les récupérer, ils allaient encore se marrer.

Je dis en riant un peu. J’ai bien conscience que je suis hors du temps sur pas mal de choses mais bon, je n’en ai pas honte et je ne prends pas mal les railleries à ce sujet.

Alexis est à la masse totale concernant l'électronique, la téléphone et toutes ces choses là. Sûrement parce qu'elle n'a pas grandie avec comme nous, avec sa mère ce n'était pas évident. Mais ça la rends unique en son genre et moi, je l'aime mon Alexis.

— C'était un montage des connards du mariage de ce week-end. J'avais déconné un peu et quelque peu transformé sa photo de mariage en bal morbide. Je voulais avoir ton avis !

Je rigole, en cherchant du regard ou est mon portable. Je dois encore avoir ça dans mes messages envoyées. J'ai préférée ne pas la garder sur mon ordinateur pro, au cas où je l'envoie par erreur.

— Tiens, regarde ça !

Quand il me montre la photo, je pouffe de rire.

— C’est tellement bien fait qu’on dirait que c’est réel. T’as bien avancé ? Ça va ? T’as les yeux explosés.

— J'ai arrêté parce que je ne voyais plus devant moi.

J'avoue en détournant le regard. Je sais qu'elle n'aime pas que je fasse ça, parce que justement, ça abîme mes yeux.

—Mais ça avance pas mal ! Je devrais pouvoir lui rendre dans les temps qu'il m'a demandé à la base, alors ça lui évitera de trop me faire chier. Qui sait, avec un peu de chances, il me recommandera !

— Bien sûr qu’il va te recommander ! Tout le monde le fait, Charlie. T’es excellent et t’es obligé de refuser des gens si tu veux avoir une vie... imagine !

Je suis vraiment fière de lui parce qu’il s’est battu pour y arriver, mais il a un style tellement unique que les gens le veulent – et deviennent de plus en plus exigent.

— T’es là jeudi et vendredi, hein ?

Ce qui est bien avec nos boulots, c’est qu’on a aucun mal à s’accorder ; on travaille souvent les week-ends et quand il travaille de nuit, j’accepte de faire des gardes de nuit. Je n’aime pas trop être là toute seule. Ça me fout le cafard. Je n’aime pas être seule, de toute façon.

— Jeudi, vendredi et même dimanche si tu rentres pas trop tard! Samedi aprem j'ai un enterrement de vie de garçon qui risque de finir tard dans la nuit, d'après ce que m'a dit le meilleur pote du futur marié. Je sais pas ce qu'il lui ont prévu, mais pour avoir les moyens de se payer un photographe pro, ils ont dû y aller fort !

Je ne fais pas souvent d'evjg, parce que c'est souvent des choses plutôt bateau qui ne payent pas assez. Mais là, on m'a proposé un contrat conséquent et on m'a fait comprendre que si les clichés plaisaient, j'étais engagé pour le mariage par la suite. Alors j'ai accepté. Ça peut être bien sympa.

— On se prévoit un truc ? On pourrait aller passer la journée à Londres jeudi ! Histoire de faire un peu les magasins et de profiter de la vie !

— Un enterrement de vie de garçon ?

Je fais un peu la moue.

— Ça sent les stipteaseuse à plein nez ça ! Et le vomis et les mecs bourrés qui se bastonnent pour rien. T’as intérêt de faire attention...

C’est déjà arrivé que des gars qui ont un peu trop bu lors de soirée le fasse chier parce qu’il prend la fille qu’il ne fallait pas prendre en photo. Y a toujours un mec con qui a l’alcool mauvais. Puis... Charlie, il fait peur aux autres garçons parce qu’il est vraiment beau alors...

Quand il me parle d’aller à Londres, j’hésite longuement.

— Je sais pas... on va pas être fatigué ?

Moi je suis extrêmement casanière et lui il a toujours envie de sortir. À nous deux, on s’équilibre vraiment. L’idée de rester chez nous me fait vraiment envie, tout comme l’idée d’aller me balader avec lui pour faire du shopping.

— Si on y va... on pourra faire les touristes et prendre le bus, là, qui montre tous les monuments ?

— Promis, je ferais attention ! Je resterai à l'écart de ceux qui sont un peu trop cons après avoir bu et si ça tourne mal, je dirai que j'ai plus de pellicule et que c'est l'heure pour moi de partir.

Je souris, espérant en faire apparaître un sur son visage, un sourire.

— Et je m'en fous des stripteaseuses ! Sauf si tu deviens ma stripteaseuse personnelle, que je ne prête à personne d'autre.

Mes lèvres se lient aux siennes avec une légère pression, qu'Alexis comprenne bien qu'il n'y a qu'elle qui compte. Il n'y a qu'elle depuis des années.

— On risque d'être fatigué, oui... Mais je te propose un truc !

Elle me lance un regard sceptique, mais hoche la tête.

— Jeudi on va à Londres. On fais les boutiques, on traine, on prends ce bus génial que tu vas adorer, j'en suis certain, et on rentre mort de fatigue. Et pour compenser tout ça, vendredi on ne sort pas de chez nous. On traine au lit jusqu'à pas d'heure, on fais l'amour pour se mettre en forme et on glande devant des films ! Bon programme ?

Je souris même si j’espère qu’elles ne seront pas trop jolie, ces filles. Il est séduisant malgré lui et ce n’est pas rare que des filles viennent le draguer ou flirter avec lui, parfois juste sous mon nez. Il ne réalise pas toujours, lui, mais c’est régulier.

— Tant que tu n’es pas dans une bagarre alors ça va.

J’écoute attentivement sa proposition et cette fois-ci il m’arrache un large sourire.

— Excellent compromis ! Je bosse de nuit ce week-end. Vendredi, samedi et dimanche, je crois. Sinon je suis là la journée.

S’il n’est pas là, je ferai certainement des heures supp. Même s’il n’aime pas du tout que je fasse ça.

— Jamais de bagarre, sauf pour sauver ton honneur !

Je rigole en levant les mains en l'air pour plaider coupable.

— Alors on aura tout notre temps comme seul mon samedi va être pris ! Et dimanche, je bosserai de nuit sur mes photos comme ça la journée on pourra en profiter tous les deux!

J’affiche un large sourire.

— C’est parfait.

Je me redresse lentement et je constate que c’est le bordel partout dans la chambre. Mes fringues trainent dans tous les recoins.

— Eh bah.. j’vais ranger tout ça, je crois.

Je me lève en traînant des pieds. Et si je traîne assez, on n’aura certainement plus le temps d’aller au restaurant.