Just married ! - Adam & Logan

Je n’hésite pas plus d’une seconde.

– Vas-y, ouvre-la !

À l'instant où j'ai son feu vert, je me lance sans plus tarder. Mais comme si j'avais le bien le plus précieux du monde entre les mains, j'en sors son contenu avec une délicatesse non feinte.

— Je crois que je vais pleurer...

Je laisse entendre alors que je pose les échographies entre nous deux. Là, en effet, je n'ai plus aucun doute.

Quand il pose l’échographie entre nous deux, c’est trop tard, je sais que, ces bébés, j’ai envie de les élever. C’est une chance qui ne se reproduira sans doute jamais, pas aussi vite en tout cas. On nous a brièvement décris la maman : trop jeune, caucasienne, chatin aux yeux verts. Puis je lis le post-it collé sur l’une des échos.

— Ce sont des faux jumeaux ! À priori, une fille sur et l’autre serait peut-être un petit gars !

Je lui tends le papier, quasiment les larmes aux yeux.

Voir Logan aussi ému me touche encore plus et sans que je ne le sente, une larme m'échappe. Je lis a peine ce qui est écrit sur le post it, je ne fais qu'écouter mon mari et regarder ce qui s'offre à nous.

— On voulait une petite fille, on est sûr de l'avoir ! Le second, peu importe le sexe, tant qu'il va bien. On l'aimera tout aussi fort. Et puis si c'était un garçon, ce serait génial d'avoir les deux. Pas vrai ?

Mon regard tombe dans celui de Logan et j'y lis tellement de choses que j'aimerais ne jamais en sortir.

— Je n'ai plus aucun doute. Je veux avoir ces deux petits bouts avec toi.

— Ok, mon bébé. Alors on se laisse la journée et la nuit pour ne pas avoir l’air de nous précipiter et si demain rien ne change, alors on appelle pour accepter. Ça te va ?

— Ça me va !

Je souris tendrement.

— Elle est enceinte de seulement six mois de toutes façons. Même si on appelle que demain, on ne verra pas les petits plus rapidement, alors autant faire ça dans le calme.

Même si je suis tout sauf calme. Mon cœur bat toujours très fort. Dans quelques mois, on va être papas.

— Oui, enfin... si la situation est urgente c’est aussi parce que les grossesses gémellaires vont rarement jusqu’au terme...

Je dis avec un petit sourire.

— Mais oui, jusqu’à demain, ça devrait aller ! Même si c’est grisant, effrayant, tout à la fois. J’arrive même pas à y croire. On dit rien à ta famille avant d’être sûr, hein ?

Je secoue vivement la tête.

— Non ! Ni à Livie, ni Charlie et Alexis ! On garde ça pour nous tant que ce n'est pas définitif. Histoire d'être certains, et de pouvoir en profiter aussi tous les deux ...

Je réponds avec un sourire qui veux dire beaucoup de choses. J'ai hâte, je suis heureux, excité. Mais moi aussi j'ai peur. Alors on peut bien se poser quelques jours pour être dans notre bulle.

— Si vraiment on veux en parler, on a Poisson et Pandore ! Ils vont sans doute avoir encore de nouveaux parents !

Je ris doucement.

— Si jamais tu as besoin d’en parler, tu sais que je suis là. C’est effrayant parce que c’est rapide, mais je connais déjà tout ça. On va être dépassés plein de fois par les événements, ça ne veut pas dire que tu es nul alors.. ne pense pas que je vais te prendre pour un imbécile si t’as des questions ou des peurs qui te semblent idiotes.

Je sais que je devrais le lui répéter plusieurs fois, mais ce ne sera jamais trop.

— Faudrait peut-être que tu rappelles ton frère, un de ces quatre ? Ça fait des semaines que ça dure.

— Je sais que c'est inévitable et que je me trouverais stupide sûrement sur plein de points. Mais je sais que toi tu seras là pour me montrer et me dire comment faire les choses au mieux... Je ne pouvais pas rêver meilleure personne que toi pour élever mes enfants. Et pour le reste aussi, bien sûr ! Mais tu vois ce que je veux dire.

Je souris, et je rougis sans doute aussi un peu au passage.

— Et lui dire quoi ? Coucou Gabou, maintenant que je vais être papa, est-ce que t'acceptes de me reparler et de me pardonner ? Il n'a pas envie de m'écouter, et je lui en veux pas.

Je m'en veux à moi, parce qu'après toutes ces années à se déchirer, je pensais qu'on avait trouver un équilibre lui et moi, un lien qu'on ne pourrait plus briser. Mais j'ai tout fait foirer et ça fait mal.

— Je suis quasiment sûr qu'il ne decrochera pas si j'appelle. Et que si je me pointe chez Austin et lui, il lui dira de me dire qu'il n'est pas là...

— Mais il faut que t’essaies, mon bébé. Pas forcément pour lui dire que tu vas être papa, mais pour essayer ? Il va s’épuiser, à force. Je suis sûr qu’il ne sait déjà plus pourquoi il est fâché...

J’attrape sa main.

— Essaie, mon bébé. Jusqu’à ce que ça change.

Moi je n'en suis pas si sûr. Il a la rancune tenace et il est capable de se souvenir de mes mots exacts.

— Tu seras là pour me faire des câlins si je finis par déprimer de toute façon ?

Je demande avec un petit sourire. C'est pas gagné cette histoire.

— Évidemment. Et pour t’encourager à ne pas baisser les bras. Même si c’est long et que ça te peine. Je ne veux pas que tu abandonnes.

Sous entendu, comme moi j’ai pu le faire. Même s’il est évident que mon choix, je ne le regrette pas. Je sais que c’est différent pour Adam.

— C'est déjà beaucoup trop long. Jamais j'aurais pensé qu'il refuserait de me parler pendant si longtemps.

Que dire de plus ? Les faits sont là et ça, personne ne peut rien y changer.

— J'essaierais de l'appeler en rentrant. On ne sait jamais.

— Oui. Ou de le croiser chez tes parents ?

Le serveur nous apporte nos boissons et je le remercie.

— Il serait tellement content de voir ces échos !

— Y'a plus que le dimanche que je peux le croiser là-bas. Il doit pas y passer beaucoup en semaine, entre les cours et le reste. Et même si ma mère a bien du comprendre qu'on se parlait plus, j'ai pas envie qu'elle assiste au spectacle si j'essaie de lui parler et qu'il m'envoie chier comme personne.

Je soupire, conscient qu'il y a mille moyens de faire, mais que j'ai surtout peur de me retamer avec chacun d'eux.

— Gabou qui serait content de les voir ? J'en doute pas. Mais lui montrer en étant fâché avec lui, c'est comme s'il avait été mon témoin en me détestant. Mais bon, a l'évidence, va falloir que j prenne le taureau par les cornes si je ne veux pas pleurer dans vingt ans parce que j'ai perdu mon petit frère.

— C’est une vraie tête de con, tu le sais. Alors si tu n’insistes pas, c’est terminé.

Et je suppose que ce n’est pas ce qu’il souhaite.

— Parle à Austin, sinon ? Y a bien quelqu’un qui va lui faire entendre raison ?

— Bah techniquement, j'ai pas beaucoup plus parler à Austin depuis qu'on s'est engueulé avec mon frère.

Je grimace en haussant les épaules.

—On s'était déjà pas mal éloigné, alors imagine maintenant que mon frère me parle plus parce que je l'ai engueulé d'avoir trompé Austin, justement.

À croire que les mauvaises actions restent plus longtemps en mémoire que les bonnes...

— Mais non, je pense que le mieux c'est de passer directement par lui. D'essayer jusqu'à l'épuisement !

— D’accord. Alors en fin de journée tu lui envoies un message, ok ?

— Je finis de ranger nos valises et une fois qu'on est posé, je me lance.

Finalement, mon esprit se divise en deux. La joie de ces bébés et l'appréhension de ce que je vais pouvoir dire à Gabriel.

— On rentre, non ? J'ai envie de crier comme un fou sans que les gens pensent que j'en suis un !

— On rentre, oui.

Même si je crève d’envie d’aller dire à l’assistante sociale qu’on signe tout de suite, qu’on devient papa et qu’on va acheter immédiatement leur premier cadeau. Putain, qu’est-ce que j’ai envie d´appeler Charlie !

— Je t’aime, mon bébé. Je ne te l’ai pas dit aujourd’hui.

Je fonds devant les mots de Logan et, même au milieu d'un café, je n'ai aucun mal à venir déposer mes lèvres contre les siennes.

— Aujourd'hui plus que jamais, je le sais.

Je souris a son attention. On ne ferait pas tout ça ensemble si on ne s'aimait pas. Notre histoire n'a rien à voir avec elle qu'il a eu avec Moïra. Ces enfants ne vont pas sceller ce dont on ne rêve pas, ils vont nous épanouir plus encore que nous ne le sommes déjà.

— Je t'aime aussi.