Castle on the Hill - Romie & Édouard.

Ce qu’il me dit me ferait presque rougir. J’ai l’impression d’être importante et ça ne m’était pas arrivé depuis un moment avec un garçon. C’est mon premier petit ami et il est vraiment génial.

— On va apprendre ensemble. C’est moins effrayant comme ça.

Je dépose un baiser sur son front avant de me redresser lentement.

— Attends. Installe-toi bien sur le dos.

Je me tortille pour retirer mon t-shirt et le balancer à travers sa chambre. Puis je me couche sur le ventre, à moitié contre lui, nos jambes entre-mêlées et je remonte la couverture sur nous.

— Voilà. Essaie de te reposer maintenant.

Je dis en reprenant mes papouilles.

— Beaucoup moins effrayant, oui.

Je la regarde faire et jeter son t-shirt au loin. J'aurais sûrement été un gros forceur avec n'importe qui d'autre, mais je me sens bien et apaisé avec Romie et je n'ai pas envie qu'elle voit cette partie là de moi.

— Si je m'endors, tu as le droit de partir tu sais. Je t'en voudrais pas... T'as sûrement autre chose à faire que de veiller ton petit-ami malade.

Je rigole en venant embrasser ses lèvres. Même ça, ça fait du bien.

— Pourquoi je partirais ? Si je suis venue c’est pour te veiller et rester avec toi sinon... sinon je serais restée chez moi.

Son baiser m’électrise de par sa tendresse. Je n’imaginais pas qu’il soit ce genre de garçon et il n’en est que plus attachant.

— Puis j’ai rien d’autre à faire. C’est une priorité ça. Ton statut de petit te hisse en haut de ma pyramide des priorités.

Je souris.

— Tu trembles moins.

— En haut de la pyramide ? J'en ai de la chance !

Je rigole contre elle.

— Ta technique est vraiment bien ! J'ai froid, mais c'est supportable.

Je continue de caresser sa peau, toute chaude.

— Je vais t'engager à plein temps comme radiateur !

— Ça me convient très bien. En plus, j’adore les câlins.

Je fais plusieurs bisous dans son cou.

— Est-ce que tu travailles demain ? Et si oui, à quelle heure ?

— Moi j'aime bien quand c'est toi qui me les fais.

Je me resserre encore plus contre elle.

— Malheureusement oui. J'ai une réunion importante à 11 heures, je dois prendre le train de neuf heures trente max. Ca me fait déjà chier.

Je grogne. Y'a des jours ou j'aime ce que je fais et d'autre ou je ne supporte plus ce boulot de merde.

— Alors j’irais te préparer un petit déjeuner. Et je t’accompagnerai à la gare. Enfin si tu veux parce que si je suis envahissante, il faut me le dire.

J’ai déjà envie d’être tout le temps avec lui, c’est vraiment bizarre.

— T'es envahissante.

Je rigole.

— Mais j'aime bien ça, alors tant mieux. Je mange des pancakes le matin, on va voir si tu peux me battre.

Je souris.

— On ira en taxi alors, comme ça il pourra te ramener chez toi dans la foulée.

— Je suis pas une cuisinière hors pair alors j’espère que tu ne seras pas trop déçu.

Je continue de caresser son visage. Ses yeux se ferment tout seul.

— Je rentrerai à pied. J’aime bien marcher.

— T'es sûre ? Ca fait une trotte de traverser la ville quand même...

Je réponds, sans plus vraiment être présent. Je me sens trop bien pour ne pas laisser le sommeil me posséder.

— Au pire, je prendrais le bus.

Je caresse ses yeux avec douceur. Pour qu’il s’endorme. Il ne tremble plus maintenant, mais je ne m’éloigne pas. Au contraire.

— Bonne nuit, Édouard.

Quand je me réveille, j'ai l'impression de m'être pris un parpaing sur la gueule. J'ai mal au crâne, j'ai transpiré comme un bœuf et Max est déchaîné dans la cuisine. J'entends que lui, même du premier etage, et je vais me faire un plaisir de lui demander s'il peut pas être moins chiant de si bonne heure. Merde alors.

Je me suis réveillée assez tôt, j’ai profité pour faire quelques câlins à Édouard avant de me lever, j’ai renfilé mon t-shirt et mes chaussettes et j’ai regagné la cuisine pour préaprer les pancakes. Par chance, c’est rangé comme chez moi alors je trouve tout facilement.

Je suis bien concentrée, je fais des beaux pancakes bien ronds et je les dispose dans une assiette au fur et à mesure.

En caleçon et enroulé dans ma couette, je descends les escaliers au ralenti.

— Max putain, tu devrais faire plus de bruits encore...

Je grogne, jusqu'à arriver dans la pièce de vie et voir que c'est pas du tout Max dans la cuisine. Je ne sais pas si j'avais oublié, si je pensais que j'avais rêvé ou si je la croyais repartie, mais je ne m'attendais pas à voir Romie ici. Et ça me touche plus que ça ne devrait de la voir dans ma cuisine, en train de préparer à manger, sûrement un peu pour moi.

— Salut toi.

Sans perdre une seconde, je viens l'enrouler dans ma couette et je dépose un énorme baiser sur sa tempe.

— T'as bien dormie ? J'ai pas été trop chiant ?

Quand j’entends Edouard, je me retourne. Au début il n’a pas l’air content mais son visage change complètement et il m’enroule dans sa couette. Je fonds complètement devant son baiser, son attitude.

— T’as été adorable, très câlin. Et toi ? T’as bien dormi ?

Je presse mes lèvres contre les siennes à plusieurs reprises.

— J’espère que t’as faim. J’en ai aussi fait pour ton frère.

— J'ai l'impression d'avoir dormi trois jours d'affilé, ça doit être les médocs.

Je me sers dans ce qu'elle a déjà fait et je mords dedans sans attendre.

— J'avais hyper faim, ça tombe bien !

Je rigole, avant de me poser sur une des chaises.

— Max aussi va être ravi, lui qui se nourrit de café et encore de café. Ça va le changer ! Et c'est très bon, mais t'as pas la touche Édouard qui te manque !

Je souris, taquin.

— Je t’avais prévenu que j’étais pas très douée...

Pendant qu’il va s’asseoir, je retourne terminer les pancakes.

— J’ai préféré ne pas faire de café parce que je sais que j’aurais raté.

Je suis de dos quand j’entends chuchoter dans mon dos.

. . .

Max.

J’ai travaillé toute la nuit et je me suis endormi dans mon bureau. C’est une bonne odeur qui me réveille alors quand j’arrive dans la cuisine, je suis pressé de manger les pancakes d’Édouard, mais il est assis à table et en m’approchant, je vois que son regard attendri est dirigé vers la jeune fille d’hier. Elle est aux fourneaux, en string et en t-shirt. Je crois que c’est la première fois de ma vie que je vois une copine d’Édouard comme ça.

— Ça va ? Tu te rinces l’oeil ?

Je lui chuchote avant qu’elle se retourne.

— Salut, je m’appelle Romie. Je suis la petite amie d’Édouard et j’ai fait des pancakes.
— Une petite amie ? Qui fait des pancakes ? Eddie ?
— Oh Eddie ! C’est trop mignon !
— J’ai vu tes fesses.
— C’est grave ?

Je me tourne vers Édouard.

— C’est grave ?

Je rigole devant cet échange complètement surréaliste.

— T'es le plus gay des gays Max, en quoi c'est grave, si elle trouve pas ça grave ?

On sait tous que Louise était une erreur de parcours à cause de son chagrin pour Adam.

— Et en plus il paraît qu'elle sait déjà nous distinguer, alors y'a pas de danger que je sois jaloux de toi.

Je souris en coin à Romie.

— Goute plutôt ses pancakes ! Ils ont pas ma touche perso, mais ils sont meilleurs que les tiens je t'assure.

Max me regarde avec un air vraiment surpris, puis il regarde son frère et encore moi. Puis il se sert dans les pancakes.

— Bon bah.. merci.
— De rien.

Je dis avec un large sourire. Quand j’ai terminé, je ramène tous les autres pancakes et je sors le jus d’orange du frigo. Je sors des verres aussi et puis je me débrouille pour me trouver une place sur les genoux d’Édouard, sans tourner le dos à Max et je m’enroule aussi dans la couette.

— Tu t’es réveillé trop vite. Je voulais t’amener ça dans ta chambre.

Je dis en attrapant un pancake avant de me blottir entièrement contre lui.

Elle fait comme si elle était chez elle et ça me fait rire dans ma barbe. Si ça c'est pas être à l'aise, rien ne l'est.

— C'est gentil, mais c'est bon ici aussi ! Une prochaine fois peut-être ? À priori, on est sûrs qu'il y en aura.

Je souris en enroulant plus encore la couette autour de nous.

— Alors, comment tu les trouves ces pancakes ?

Je demande à Max, pour qu'il ne se sente pas de trop. Je peux voir à son regard qu'il ne comprends pas ce qui est en train de se passer sous ses yeux. Mais tant mieux. S'il marche, tout le monde marchera. Je crois que même moi je vais marcher, tel que c'est parti.

Max nous dévisage comme si c’était une situation vraiment anormale et je commence à me dire que je les dérange, d’une façon ou d’une autre. C’est assez désagréable comme sensation.

— Ils sont très bon. Merci Romie.

Il se lève et se prépare une assiette avec plusieurs pancakes.

— Je me suis endormi. J’ai encore du boulot alors je vous abandonne mais... enfin.. c’est cool de te voir comme ça, Édouard. Bizarre, mais cool. Alors.. bah à plus Romie.

Tu m'étonnes, que c'est bizarre. C'est pas la première fille qui vient ici, quoiqu'il n'y en ai pas eu beaucoup, mais une fille qui reste pour le petit déjeuner, qui le rencontre et avec qui j'avais comme ça... C'est la première fois que ça arrive. De ma vie entière.

— Il est un peu plus sauvage que moi. Et il a pas l'habitude de me voir comme cas, surtout. C'est pas contre toi tu sais.

Je souris à l'attention de Romie, un nouveau pancake dans la bouche.

— D’accord. Ça me rassure un peu, alors.

Moi aussi, je prends un pancake.

— Il travaille toujours autant ? Parce que... il a une petite mine. Il se tient différemment de toi. Comme s’il avait un poids sur les épaules. Il a l’air malheureux.

— Il est malheureux, alors il se noie dans le boulot.

Je soupire. Même elle, qui le connait à peine, elle peut le voir. J'aimerais tellement lui arracher toute sa peine. En prenant soin qu'il ne puisse pas entendre, je poursuis.

— Il a construit cette église pour un garçon, qui est parti avec un autre. C'était y'a longtemps, mais il est toujours amoureux comme au premier jour. Son fantôme est dans toutes les pièces. C'est pour ça que je suis revenu en Angleterre, je pouvais pas le laisser tout seul...

— Oh... le pauvre. Ça doit être horrible. Il faudrait qu’il rencontre quelqu’un d’autre, ça lui rappelerait qu’il peut encore tomber amoureux et être heureux.

Je caresse son visage, admirative.

— C’est beau ce que tu fais pour ton frère. Tu peux être vraiment fier de toi.