Because it's you - Romie & Edouard

Venir ici ce soir c'etait à double tranchant. Ça emmerde une part de moi, mais ça flatte également l'autre. Être arrivé avec Romie à mon bras a fait son petit effet et je suis ravi d'avoir pu présenter ma femme à des gens avec qui j'ai, pour certains, travaillé très longtemps.

— Ça va mon amour ?

Je ne quitte presque pas Romie une seule seconde, parce que j'ai besoin d'être près d'elle et de la savoir à mes côtés. Et aussi parce qu'elle me l'a demandé. Ce n'est pas un milieu qu'elle connait et je crois que ça l'effrayait, au début.

— Si tu veux boire ou manger quelque chose dis le moi surtout.

Je lui souris tendrement, en serrant mon bras autour d'elle, alors qu'un énième gars vient serrer la main du patron et de sa femme. Tout ça en nous racontant des trucs dont on doit se foutre tous les deux.


@Romie Bonaparte

C’est ma toute première soirée d’entreprise et je dois avouer que j’étais assez inquiète de faire bonne impression. J’ai rejoint Edouard à son bureau parce qu’il était déjà sur place et nous nous sommes rendus tous les deux à la soirée, quelques étages plus haut, dans la salle de réception qui donne sur les toits de l’immeuble.

Quand sa secrétaire vient le saluer en grande lèche botte qu’elle est, j’ai bien envie qu’elle se torde la cheville sur ses talons hauts, mais bon. Moi, même si j’ai mis une belle robe de soirée comme Edouard les aime - assez courte et moulante - je suis en basket. J’ai vu sa tête quand je suis arrivée avec mes escarpins et qu’il m’a dit « tu sais, c’est que des collègues ». J’avais prévu le coup. Au cas où. Ça casse un peu l’effet sexy.

On grignote un peu quand sa secrétaire revient à la charge. Cette fois-ci elle captive vraiment son attention avec un véritable problème et il s’excuse un milliard de fois parce qu’il doit prendre un appel.

— Ça va mon amour. T’inquiète. Je reste près du buffet.

Maintenant que j’ai vu à quoi ça ressemble, je suis un peu moins intimidée. Edouard s’éclipse et un homme s’approche, tout sourire.

— Alors, pas trop dur de vivre au quotidien ?
— Mon mari ? Non, pas du tout. Il est génial ! Il est moins rigolo au travail je suppose ?
— C’est pour ça que sa boîte fonctionne même s’il est moins présent. Il vire tous les branleurs.

Je rigole.

— Et qu’est-ce qu’elle fait de beau, Mme Bonaparte ?
— Nous sommes en train de nous lancer dans plusieurs chambre d’hote. Je supervise tout ça avant de m’en occuper !
— C’est vrai ? Ma sœur possède un gîte !
— Ah oui ? Vous avez des conseils à me donner ??

Je demande, très intéressée.

Même en soirée le boulot doit passer avant, c'est affolant. Parfois je me demande même comment ils font pour s'en sortir sans moi quand je ne suis pas là.

— Laurène, j'aimerais assez que vous comme moi on puisse profiter de cette soirée. Les autres aussi. Mais demain à la première heure, vous réglez le cas de Tuscon. J'en veux plus dans le coin, si c'est pour faire des conneries pareilles !

Je quitte le hall pour rejoindre la salle de réception et dès que Romie entre dans mon champs de vision, je file directement la rejoindre pour me calmer. Et aussi pour éviter qu'elle reste seul avec mon collègue. J'ai beau bosser avec et le connaître, je n'en suis pas moins moins craintif pour autant.

— J'ai envie de tous les claquer, c'est affolant.

Je glisse à son oreille, sans me soucier qu'elle soit avec du monde.

Quand Edouard me rejoint, je m’affale volontiers contre lui mais je continue d’écouter son collègue parce qu’il me parle de clientèle.

— Du coup vaut mieux mettre un truc familial ?
— Oui parfois les jeunes ruines tout, c’est déconcertant !
— C’est bon à savoir ! J’etudierai les profils !

J'arrive et Romie ne me calcule pas. Enfin, si, mais juste pour s'affaler contre moi. Madame préfère discuter avec mon responsable des ressources humaines plutôt que de me répondre. Ok.

— Ton canapé va faire un tour ailleurs.

Je grogne en m'éloignant sans même la retenir.

— Ok !

Je réponds avec un sourire avant de poursuivre ma conversation une bonne dizaine de minutes. On est ensuite interpellé par un autre homme qui est ravi de me rencontrer enfin et j’en profiter pour prendre conger.

Je cherche Edouard et il est en pleine conversation avec plusieurs personnes alors je viens près de lui sans l’interrompre.

Son ok est encore pire, parce qu'elle s'en branle littéralement et qu'elle le fasse devant un mec ça m'agace encore plus. La plupart des gens avec qui je travaille sont des crevards, on sait tous à quoi ils pensent et elle, bien à l'aise, vas-y qu'elle m'ignore. Très bien.

J'attrape une énième coupe de champagne pour aller me calmer dehors, mais je suis arrêté par d'autres collègues - encore - et on se retrouve vite à parler de boulot. J'ai même pas envie, mais bon, je me prends vite au jeu.

C'est seulement dix bonnes minutes plus tard que Romie arrive à mes côtés sans un mot et la seule chose qui me retient de lui demander si elle a perdu son pote, ce sont mes employés.

— Messieurs vous m'excuser, il fait un peu chaud ici et j'irais bien prendre l'air. On se parle plus tard !

Je leur souris comme je sais si bien le faire en affaire, avant de me casser sans accorder la moindre attention à Romie. J'ai pas envie de la laisser seule avec d'autres mecs et en même temps, ça ne semble pas la déranger plus que ça.

Edouard prend congé de ses collègues et aussi de moi, apparemment. Il m’ignore et me plante là. Tout le monde échange un air gêné et je me sens vraiment mal à l’aise. Ces collègues me regardent avec empathie et je ne sais pas ce qu’ils se disent sur Edouard et je n’ai pas envie qu’ils pensent du mal de lui.

Alors je leur souris avant de sortir à mon tour. Il fait hyper froid.

— Tout va bien mon amour ?

Romie arrive à peine dehors qu'elle frissonne et je sais pertinemment qu'elle aurait déjà ma veste sur les épaules si je n'étais pas piqué à vif comme je le suis.

— T'es pas avec ton pote toi ?

Je fronce les sourcils.

— Quel pote...?

— Bah je sais pas, celui que t'as essayé de choper pendant vingt minutes là. Il t'as promis quoi ?

Surtout qu'il n'a absolument rien de plus que moi.

— Mais j’ai dragué personne ! Qu’est-ce que tu racontes ? Il m’a donné des conseils pour la maison d’hôte !

— Mon RH te donne des conseils de merde et toi t'es pendue à ses lèvres, Romie !

Je soupire en buvant cul sec ce qu'il reste dans ma coupe.

— On se serait cru dans un téléfilm à la con ! Le chef d'entreprise qui se fait voler sa meuf par son employé ! Je sais pas auquel de vous deux je dois donner une médaille !

— Mais personne va me voler. J’suis ta femme déjà, pas ta meuf. J’essaie de m’intégrer et il était sympa !

Il termine sa troisième coupe cul sec et je soupire.

— C’est toi qui est partie ! J’allais pas rester comme une plante au milieu de la salle !

— T'es ma femme quand ça t'arranges en fait ?

Je rigole sarcastiquemement.

— Quand c'est pour me snobber et faire comme si j'existais pas, t'as pas besoin d'être mariée avec moi !

Je lève les yeux au ciel avant de frapper contre la baie vitrée pour appeler un serveur qui passe par là.

— J'en veux une autre. Merci.

J'exige en lui donnant ma coupe vide.

— Mais je t’ai pas snobé ! Ça va pas ou quoi ?! Quand t’es arrivé je t’ai fait un câlin et t’es parti !

Il redemande un verre et le serveur lui en ramène un directement.

— T’es pas obligé de boire tout ça...

— Tu parles d'un câlin. Vas y que je te réponds pas, mais que je m'adosse à toi comme je le ferais sur un vieux canapé.

Sa remarque sur ma descente m'agace et juste pour la faire chier, je rebois le tout presque d'une traite.

— Pourquoi ? Tu vas aller demander à ce con des conseils pour m'empêcher de le faire ?

Je soupire.

— Non mais je comprends même pas pourquoi t’es énervé. Franchement j’ai rien fait du tout !

— Et tu veux que je fasse quoi ? Tu veux un schéma avec des couleurs ?

Je laisse mon verre là, décidé à rentrer.

— Mais tu sais quoi, vas y, fais ce que tu veux ! T'as qu'à aller le retrouver, lui ou n'importe qui après tout. C'est pas comme s'ils attendaient tous de te foutre dans leur pieu !

— Mais tu me prends pour qui ? T’as cru que j’étais une pute ou quoi ?

Je demande avec agacement.

— On est mariés !

— Et alors ?

Je demande, ne voyant pas ce que ça vient foutre ici.

— C'est pas ça qui retient les gens à priori. Ça se saurait si le mariage permettait à tout le monde d'être honnête et respectueux.

— Ça veut dire quoi ça ? Que t’es parti baiser ta secrétaire pendant dix minutes là ? C’est un message caché ??

— Putain mais comment t'as fais pour deviner ? Je la trouve tellement bonnasse en plus !

Je demande, plus sarcastique que jamais.

— Si t'avais daigné m'écouter, tu saurais ce que j'ai fais avec elle !

Je m’attendais à tout sauf à cette réponse et ça me désarme complètement. Je pensais qu’il allait travailler et lui, il est parti coucher avec sa secrétaire. Bah je comprends pourquoi elle lui tournait autour depuis notre arrivée.

— J’suis pas comme toi, moi. J’vais pas coucher avec n’importe qui.

— Mais t'es conne ou quoi ?

Je demande, complètement soulé.

— Je peux rien pour toi si t'es pas capable de comprendre.