Travel the World - Maximilien & Luke

Je lui souris. J’ai bien fait de tout lui dire de moi. Je sais qu’il fait ses choix sans risquer d’avoir de mauvaises surprises.

— Alors j’espère que j’aurais l’occasion de te faire découvrir un ballet dans ce lieu magique.

Je réponds avant de lui faire signe de me suivre.

— Le restaurant n’est pas loin. C’est une brasserie, en fait. Rien de mieux pour découvrir la nourriture française.

Puis c’est pas trop luxueux. Je n’aime pas vraiment ça.

— J'espère bien que le plus Parisien des anglais pourra me montrer encore bien d'autres choses. La ville à l'air tellement belle.

Et c'est sincère. Ça me donne envie d'en voir beaucoup plus de Paris et si ça pouvait être avec Maximilien, ce serait encore mieux.

— Tant que je me retrouve pas à manger un fish and chips, ça me va ! Tu me conseilleras un plat à prendre ?

— Non les brasseries c’est pas comme à Londres ici, il y en a de très chic ! Y a rien de mieux pour manger une bonne viande, des frites maisons et un bon vin. À cet époque de l’année, on va même pouvoir déguster un excellent foie gras en apéro.

Je lui souris.

— Je dois rentrer rapidement après le mariage parce que je dois être sûr que le chantier de la chambre de mon frère et Romie soit terminé à leur retour. Mais on pourra revenir, si tu en as envie ? Et le temps, surtout. Visiter Paris dans les règles de l’art.

— Du foie gras en apéro ? Merde, tu l'as quand même un peu le côté aristo finalement.

Je le taquine, parce qu'il m'a plus d'une fois dit qu'il n'était pas forcément à l'aise avec ça.

— Tu pars du principe que j'en aurais forcément envie ? C'est une bonne chose ça, ça veux dire que t'as compris que je ne cherche pas seulement à m'amuser. Loin de là.

Je lui souris, attendri, et je finis par ne plus me retenir. Je passe un bras autour de sa taille, juste pour l'avoir un peu plus proche de moi. Et parce que j'en crève d'envie depuis qu'on est sorti.

— C’est pas aristo ici... tout le monde mange du foie gras pour les fêtes.

Je dis en riant. Pour une fois que ce n’est pas typiquement aristocratique, je suis bien content de lui faire découvrir ça.

— Je te demandais si tu en avais envie, oui... ? Mais c’est rassurant de savoir que tu ne cherches pas à t’amuser. J’aurais été déçu...

— Vous êtes bizarre vous les français. Et oui, t'en est un peu un !

Je rigole franchement. J'ai l'impression de ne pas vivre ma vie, à flanner dans Paris avec lui, alors qu'hier je le demandais encore s'il accepterait vraiment de me voir en rentrant de son voyage.

— Tu ne le seras pas. Pour preuve ma présence. Si j'avais seulement voulu jouer, je ne serai pas ici. Je suis venu plus pour toi que pour le mariage, tu sais.

J'avoue non sans mal.

Je pique un fard lorsqu’il finit par l’admettre et je souris bêtement.

— On ne le dira pas à Romie alors...

Je dis en souriant. Il a son bras autour de ma taille, mon cœur cogne comme un fou, mon corps est en feu. J’ai du mal à penser à autre chose qu’à lui et à son attitude envers moi. Et pour moi.

— Je suis content que tu sois là. Je crois que j’avais peur de franchir le pas.

Mais je me blottis franchement contre lui pour lui montrer que je ne regrette pas du tout qu’il l’ait fait.

—Je crois qu'elle s'en doute déjà...

Quand il se blottit contre moi en avouant qu'il est content que je sois là, mon cœur rate un battement. J'essaie de ne pas trop m'emballer, mais je suis comme un ado qui découvre ses premiers émois. J'avais pas ressenti ça depuis une éternité.

— Moi aussi ça me faisait peur. J'avais jamais appris à connaître quelqu'un à travers un téléphone, de cette façon, et je me disais que t'étais peut-être différent en vrai. Ou que y'aurait une barrière. Ou que je saurais pas quoi te dire. Ou que je te ferais chier.

Je m'arrête une seconde, avant de demander histoire d'être sûr.

— Je suis pas encore trop chiant, ça va ?

Je lui adresse un sourire radieux.

— Pas du tout pénible, au contraire. En fait... j’avais simplement peur que tu sois déçu parce que je suis réservé ou pas très expensif. Mais t’es là et c’est encore mieux que ce que j’avais espéré.

Je ne regrette pas qu’on ai mis aussi longtemps à se voir parce que parler par message ou au téléphone nous a permis d’aborder beaucoup de sujet que je n’aurais jamais abordé de vive voix. Je me sens apaisé pour la première fois depuis longtemps.

— Je savais déjà que que t'étais réservé, ça fait parti de ce qui m'a plu chez toi. Je l'ai su dès la première fois qu'on s'est appelé, t'avais une petite voix et j'ai trouvé ça vraiment attendrissant.

Je n'ai pas envie qu'il pense que c'est un défaut, au contraire. Les gens qui n'aiment pas n'ont qu'à passer leur route, moi ça me va amplement.

— Et t'en fais pas, je suis assez expensif pour nous deux.

Je rigole en le serrant contre moi, histoire qu'il voit ce que je veux dire.

— Mais si ça devenait être trop, tu me le dis d'accord ?

J’affiche un petit sourire satisfait. J’ai l’impression que Romie ne veut pas être toute seule dans son compte de fée et je la remercie de m’y entraîner. Depuis qu’elle est là, elle a tout chamboulé, de toute façon. Je n’imagine pas Edouard avec quelqu’un d’autre qu’elle. Elle est parfaite pour être sa femme, ma belle-sœur.

— Ce ne sera jamais trop.

Je réponds sincèrement avant de chercher son regard. Et quel regard, on pourrait s’y perdre.

— On est arrivés !

Pendant un instant je me perds dans son regard et je me rends compte que j'ai envisagé plus. C'est infernal, parce que je le connais déjà si bien que j'ai l'impression qu'on n'a pas besoin de plus pour franchir le cap qu'il reste. Et en même temps, j'ai tellement peur de le braquer et de tout faire foirer...

— C'est adorable !

Je réponds en voyant la devanture de la fameuse brasserie.

— Tu es mon sauveur pendant ce repas, si tu me laisses seul, je me retrouve complètement perdu, je comprends vraiment pas un mot de français !

— Je serais ton traducteur si tu veux mais ici tout le monde parle anglais. Donc tu devrais t’en sortir...

On franchit la porte du restaurant et c’est le chef de salle qui nous accueille. Il m’adresse un large sourire.

— Mr Bonaparte !
— Weaver.

Je lui souffle en riant. Avant de préciser que la personne qui m’accompagne parle uniquement anglais.

— J’avais une chance sur deux !

Il plaisante en anglais.

— Pour deux ?
— S’il vous plaît, oui.

Il me fait signe et on s’avance dans le restaurant jusqu’à notre table.

On nous installe à une table sympathique et en effet, je suis rassuré de voir que l'anglais semble plutôt bien connu ici.

— Il t'a confondu avec ton frère c'est ça ?

Je demande en souriant quand nous sommes enfin seuls.

J’acquiesce en souriant.

— Oui, on vient souvent ici. Mais pour sa défense, on est des jumeaux parfaits alors tel que tu me vois là, tu vois mon frère.

— Parfait parfait ? Y'a pas une différence de carrure, de coupe de cheveux ou un de vous deux qui a une cicatrice visible que l'autre n'a pas ?

Je demande, sur le cul. Les jumeaux identiques à tous points ça me fascine. Et je crois bien que là, ça va me donner du fil à retordre.

— De carrure, bientôt, je pense. Étant donné qu’il s’entraîne pour devenir pompier. Mais autrement, non... c’est vrai qu’on a la même coupe de cheveux et on a tous les deux une cicatrice sur le genou.

Je dis en riant.

— Je suis tombé en faisant de la trottinette une fois alors il a fait pareil pour que je suis pas tout seul à avoir mal. Donc... identique en tout point. Même voix, même ADN. Tout. Sauf nos empreintes digitales.

Je dis en riant un peu. Je crois que j’envie Edouard parce que Romie ne s’est jamais trompée. Elle sait de qui elle est amoureuse et ce n’est pas de moi. Elle nous différencie sans aucune hésitation.

— Putain, ça doit être sympa de vous avoir tous les deux l'un à côté de l'autre. Romie elle s'est jamais trompée ? Elle sait lequel de vous elle épouse vraiment ?

Je taquine, avant de voir qu'il semble ailleurs pendant un instant.

— Ça ne va pas... ?

Je lui souris pour le rassurer.

— Si, tout va bien.

Je dis avec un sourire sincère.

— Romie ne s’est jamais trompée. Jamais. C’est dingue. Tous nos exs ne faisaient pas la différence mais elle, elle sait à qui elle parle. Jamais elle ne se trompe.

— Même pas Adam ?

Je demande, surpris. Ils allaient quand même se marier eux aussi, quand il est parti. Et si je comprends que ça doit être dur, il doit bien y avoir quelque chose qui fait que Maximilien est Maximilien, non ? Surtout après autant d'années ensemble.

— Toi aussi tu le trouveras celui qui arrivera à savoir que c'est toi au premier coup d'oeil. Il suffit de tomber sur la bonne personne.

Mon sourire est sincère. C'est ça dont il doit rêver et c'est surtout ce qu'il mérite. Ça doit être difficile d'être toujours un temps soi peu dans l'ombre de son jumeau, même en amour.

— Il lui arrivait de nous confondre. Puis il ne s’entendait pas avec Max... c’était une ambiance particulière.

Je dis dans un soupir.

— Mais oui, peut-être que cette personne existe.

Et quand je pose mon regarde sur lui, ça veut clairement dire que j’espère que ce sera lui. Vivre seul devient difficile, surtout lorsqu’on cohabite avec le couple parfait.

Le serveur arrive et nous dépose tout un tas d’entremets. Ça me fait sourire. Une fois qu’on a passé commande pour les boissons, on nous donne les cartes des plats, je sais déjà ce que je prends. Mais je le laisse regarder. Tout est écrit en anglais en-dessous.

— J'imagine que te retrouver entre lui et ton frère, ça ne devait pas être facile. Mais c'est de l'histoire ancienne, tu vas pouvoir avancer.

Je lui souris, peut-être un tantinet charmeur. Je suis ici en connaissance de cause : je connais son histoire avec Adam, son accident avec Louise, la façon dont il ne s'en est toujours pas vraiment relevé. J'y ai longtemps songé ces dernières semaines, au fil de nos discussions, et je crois que j'aimerais sincèrement pouvoir panser ses blessures. Même un peu.

— Tu me conseilles quoi ? Sachant que je suis pas trop poisson, mais que je suis un gros mangeur de viande !

— C’est du passé, oui. Je veux avancer. Avec toi, si possible.

Je glisse du bout des lèvres avant de regarder rapidement ma carte.

— Alors... je te conseille une bonne côte de bœuf ! Bleu, bien sûr.

Je dis avec un sourire rayonnant.

Sa façon de baisser les yeux pour ne pas croiser mon regard me fait fondre encore un peu plus.

— Ça semble bien parti pour être possible.

Et comme il a les yeux plongés sur sa carte, ma seule façon à moi de lui faire comprendre que je suis sincère, c'est d'attraper sa main.

— Je te fais confiance, je suppose que ça va bien se marier avec ce qu'on a prit à boire ?

Je sens mon cœur battre un peu plus fort et quand je lève les yeux sur sa main dans la mienne, puis je lie nos doigts.

— Très bien oui, je ne t’imaginais pas prendre autre chose que de la viande rouge. Tu as me choix avec des frites de patates douces ou des pommes de terre normales.