UN PETIT CHIEN - Romie & Edouard

— Personne ne me touche. Je suis mise en garde.

Je réponds en souriant.

— Faut pas t’inquiéter mon amour. D’accord ? On va installer tout ça ? Je crois qu’il a hâte de dormir un peu !

Loki somnole déjà la tête sur les pieds d’Edouard.

— Je m'inquiète pas de toi. C'est aux autres que je fais pas confiance.

Loki est déjà fatigué, mais toujours aussi beau, alors je suis Romie et on lui installe tout ce qu'il faut.

— Tu crois qu'ils vont bien s'entendre avec Zombie ?

— J’en suis sûre ! C’est un bébé alors Zombie va bien s’occuper de lui !

Je dis avec conviction.

— C’est Logan qui me l’a dit !

— Logan ? J'ai jamais vu de chat trainer chez eux.

Je demande sans comprendre, avant de me rappeller qu'Adam est parti avec Moon et qu'elle est forcément quelque part dans la maison. Sûrement cachée quand moi je viens.

— Ouais sûr ? On doit faire les présentations en étant avec eux tu crois ? Pour être sûrs qu'ils soient gentils ?

Ni elle ni moi n'avons jamais eu de chien, mais maintenant je sais qu'on peut toujours demander à Logan.

— Je pense qu’on peut présenter Loki à Zombie mais j’crois qu’il s’en fout... puis, c’est le chat de Max, non ?

Je demande avec une petite moue. Je sens qu’il va bientôt vouloir qu’on s’en aille et on partira forcément sans le chat.

— Ça t’inquiète pas de pas savoir où on va aller quand il voudra qu’on parte ? Vous en avez déjà parler ? Si ça se trouve ils n’osent pas nous dire qu’il veut récupérer l’église...

— Oui je lui ai offert pour lui, mais quand même...

Je l'aime bien Zombie moi, à force.

— J'y penses parfois... Je me dis qu'il n'a pas fait construire la salle de sport pour nous mettre dehors, et en même temps, ca semble aller assez vite entre Luke et lui, alors je sais pas trop.

Je grimace, espérant que Max oserait mele dire si on le dérangeait. Mais je le connais, je suis venu ici parce qu'il avait besoin de moi et aujourd'hui qu'il va mieux, j'ai peur qu'il n'ose plus me dire qu'il est prêt à vivre sa vie. Sans moi, ni ma femme. Il en aurait besoin, de vivre pour lui pleinement.

— Tu crois que je devrais en parler avec lui ? Amorcer les choses ? S'ils décident de s'installer ici Luke et lui, je sais qu'ils nous laisseront rester le temps qu'on trouve que chose...

Et pourtant, j'ai un pincement au cœur a l'idée de devoir quitter cet endroit.

— Au moins le rassurer en lui disant que s’il a un jour envie de s’installer et d’avoir son intimité avec Luke, on ne s’y opposera pas.

Je caresse la joue d’Edouard avec tendresse.

— Moi aussi, je l’aime cet endroit. Mais je sais que peu importe où je me trouverais, je me sentirais chez moi si tu y es aussi.

— J'avais pas pensé à amener les choses comme ça. Merci mon Chat. Je vais en parler avec lui quand ils rentreront et que Luke sera au boulot.

Je ne veux pas non plus mettre Luke mal à l'aise. Tout ce que je veux, c'est le bonheur de mon frère.

— Moi aussi je m'en fous. Tant que tu te sens à l'aise, en sécurité et qu'on reste à White Falls pour être auprès de ta famille.

— Et de Max.

Parce que je sais que c’était dur pour lui d’en être séparé.

— Oh et Logan m’a dit que c’était bon pour Noël ! Ça va être génial !

— Ouais, aussi. J'ai réussi à vivre loin de Max quand il est revenu ici, mais je sais pas si j'arriverais à être séparé de lui de nouveau. On est encore plus proche qu'avant, maintenant.

Je lui souris, ravi de la nouvelle.

—C'est évident que Max aussi ! Il en a parlé avec Luke, qui apparemment était gêné à l'idée de venir avec ses parents. Alors ils ont fait une sorte de paris : si Max arrive à convaincre lui même ses parents, il vient avec eux !

Il lui reste juste à les rencontrer, en fait.

— Wow la pression de dingue... je me serais évanouie !

Je dis avant de réaliser que non, moi je m’en fiche.

— Enfin, si j’étais Max. T’en avais parlé à tes parents toi ?

— Tu crois que Max ne va pas s'évanouir ?

Je demande en riant aux éclats.

— Luke le sort un peu de ses retranchements, je trouve ça bien.

Je souris, content pour lui. Moi je suis pas trop comme ça. Je ne l'étais pas, du moins. Mais maintenant, je suis vraiment content de bien m'entendre avec la famille de Romie.

— De quoi ? De Noël tous ensemble ici ? Faudrait que je les aient au téléphone pour ça.

— Oui mais il ne faudrait pas trop le brusquer non plus...

Parfois j’ai peur qu’il n’ose pas dire ses limites à Luke et qu’il se retrouve submergé.

— Bah quoi ? Tu veux que j’appelle ta mère ?

Je demande, comme si c’était compliqué d’avoir quelqu’un au téléphone.

— Je ne pense pas qu'il le soit. Il a pas l'air de l'être en tout cas. Et j'espère vraiment pour eux qu'il n'a pas peur d'imposer ses limites. Ça commencera mal sinon.

Luke a l'air de réellement faire attention à ce que souhaite Max, alors j'espère que ce n'est pas qu'en apparence...

— T'en as envie ? Parce que si je le fais pas, c'est que j'ai pas envie qu'elle m'emmerde.

— Luke va gérer. Il a l’air de savoir s’y prendre. Sois pas inquiet.

J’embrasse ses lèvres.

— Bof, mais bon faut bien le faire alors vas-y, envoie ton portable !

— Au besoin, j'en parlerais avec Max en abordant l'église.

Je réponds à son baiser en lui tendant mon portable.

— Elle va pas être déçue du voyage, de son Paris bobo !

Je rigole d'avance en imaginant rien que sa tête quand elle va décrocher en croyant que c'est moi, alors que non.

Je prends le téléphone et quand ça sonne, ça décroche presque instantanément ; comme si elle attendait ce coup de fil depuis longtemps.

— Allô, Chéri ?? Comment tu vas ?
— Euh.. bonjour, c’est Romie.
— Ah. Bonjour. Tout va bien ?
— Très bien, oui. On est en train de discuter avec Edouard et on se demandait si vous aimeriez venir faire le réveillon à White Falls ? On invite tout le monde cette année, un peu pour nous excuser auprès des gens qui eux souhaitaient venir mais qui n’ont malheureusement pas eu la chance de le faire.

Je l’entends marmonner un truc qui semble être une insulte en français mais je ne dis rien. Je mets le haut parleur pour qu’Edouard puisse quand même entendre.

— Eh bien... c’est un peu soudain. Noël c’est très bientôt alors...
— Je vous invite simplement. Vos fils seront là. Ainsi que ma famille. Mais vous n’êtes pas contrain de venir.
— Max aussi sera là ?
— Bien sûr, où voulez-vous qu’il aille ?

Il y a un léger silence.

— Eh bien, je suppose que c’est une bonne idée.
— Super ! Je pense également inviter vos parents ! À ce propos, je pense que nous allons les héberger en retour de leur hospitalité lorsque nous sommes venus vous rendre visiter. L’église ne possède que trois chambres viables mais... enfin on peut tout a fait mettre un matelas gonflable dans le bureau de Max ou dans l’une des chambres en travaux de la cave.

Là aussi, elle parle en français et je ne sais absolument pas ce qu’elle dit.

— Pardon ?
— Je pense que nous irons à l’hôtel.
— Vraiment ? C’est dommage !
— Romie, Edouard est-il présent ?
— Non, il est sous la douche.
— Ah. Est-il au courant que nous serons contraint d’aller à l’hôtel ?
— Non, bien sûr. Puisque c’est de votre fait, il n’imaginait pas que ce serait votre choix. Mais je vais l’en informer. Je dois le rejoindre, il m’attend !

Elle ne répond pas et ça me fait sourire.

— Nous vous tiendrons au courant de l’heure.
— Bien. Merci. Et Romie ?
— C’est MON fils.
— Ouais. Dommage que vous ne lui ayez pas accorder toute votre attention plus tôt, hein ? Bonne journée. J’ai hâte de vous recevoir ! À très vite.

Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre et je tends son portable à Edouard.

— Du coup, tes parents viennent.

J'écoute Romie attentivement, ainsi que ma mère, et plus d'une fois j'ai envie de dire que je suis là. Surtout quand elle commence à parler français pour s'énerver sur ma femme. MA FEMME.

Mais Romie ne se laisse pas démonter, elle reste droite jusqu'au bout et quand la conversation se termine, je crois que ma mère est bien plus sous terre que ne peut l'être ma femme. Je crois Je je suis encore plus amoureux d'elle maintenant !

— Ma mère est définitivement une grosse malade, mon père a déteint sur elle, y'a pas à chier, mais elle est devenue aussi mauvaise que lui.

Je réponds en récupérant mon portable.

— Tu sais que je t'aime ? Et que t'es la seule personne à avoir dit ce genre de chose à ma mère pour moi ?

Je l'embrasse encore et encore.

— Et t’inquiète pas. Je vais continuer jusqu’à ce qu’elle soit fatiguée et qu’elle devienne gentille.

Je réponds en lui faisant un énorme câlin.

— Vu les enfants qu’ils ont, tes parents sont pas mauvais, c’est impossible. Ils vous ont élevé et vous êtes géniaux. Toi plus que Max mais j’suis ta femme, c’est normal que j’te trouve mieux que lui...

Je dis en riant.

— Mais ce que je veux dire, c’est qu’ils ont juste oublié qu’ils pouvaient se détendre et lâcher prise. Alors j’vais être désagréablement polie jusqu’à ce qu’ils se fatiguent. Voilà. En plus elle va vouloir se mettre entre nous et elle va être gentille avec toi.

— Ils sont pas horribles, juste profondément ancrés dans leurs traditions et leurs visions fermées de l'éducation et de la vie.

Je lève les yeux au ciel, avant de lui sourire.

— Mais t'as raison, s'ils voient qu'ils risquent de perdre leur fils, ils vont finir par se calmer. Ma mère surtout. Sa jalousie là, c'était merveilleux. Mais qu'elle essaie de se mettre entre nous, je l'attends. Ce sera drôle.

Je lie nos lèvres avec amour.

— J'ai déjà tellement hâte de lui dire que oui, c'est vrai, ils vont dormir à l'hôtel !

Je souris de toutes mes dents.

— Tu sais à quoi j’ai pensé pendant que je disais à ta mère que les chambres du bas était en chantier ? Que Max pourrait amenager quelques chambres d’hôte ! Non ? Ils auraient accès à la salle de sport et rentrerait par en bas. Ce serait vraiment atipique comme lieu, je suis sûre que ça fonctionnerait ! Et je m’en occuperai moi ! Je pourrais le faire ? J’aurais un vrai métier quand Charlie serait pas là !

— Y'aurait que moi, je te dirais oui tout de suite ! Ça pourrait être vraiment génial !

Je grimace, pas sûr que ce soit la façon de penser de mon jumeau.

— Mais je sais pas si l'idée d'avoir des inconnus chez lui plairait à Max. Il est pas comme nous, il est timide. Il a un bon contact avec les gens, mais faut encore qu'il ose aller vers eux.

Je la prends dans mes bras.

— Mais si c'est quelque chose que t'as envie de faire, on pourrait rechercher une maison atypique, pour nous. Un endroit où on pourrait faire ce genre de chose !

Quand il dit ça, je réalise que je l’aime vraiment, cette église. J’arrive pas à me voir ailleurs et ça me fait un peu peur de devoir partir.

— Bah... c’est mieux dans l’église. En plus s’il fait une cuisine en bas, il les verra jamais. Que moi qui vais préparer les petits déjeuner ! C’est une bonne idée, tu trouves ? J’aimerais vraiment faire ça !

— Je sais mon Chat, mais moi tu m'as déjà convaincu. C'est a lui qu'il faut parler de ça maintenant ! Qu'on reste ici longtemps, ou pas.

C'est étrange de me dire qu'il va sûrement falloir quitter cette église un jour. J'y ai tellement de souvenirs, dont tout veux que j'ai construit avec Romie.

— On en parle tous les deux avec lui dès qu'il rentre ? Ça te va ? Faut juste pas qu'il se sente attaqué ! Parce que c'est pas du tout le cas.

— Parle-lui en tout seul ! Moi j’ai rien à dire, d’abord. Je suis simplement ta femme. Pas que ce soit pas important, hein, mais je préfère quand même que vous en parliez tous les deux. Et pas des trucs d’hôtes, seulement de ce qu’il va se passer si ça devient sérieux avec Luke. Enfin, c’est déjà sérieux...

Je dis. Je suis surexcitée mais en même temps c’est la panique. J’ai pas envie de partir. Quand on entend la porte s’ouvrir, Loki se réveille en sursaut et court directement en bas. Il tombe dans les escaliers car il rate des marches.

— Merde !
— Edouard ? Romie ? Pourquoi y a un chien ?!
— Vas-y mon amour. Je vais prendre une douche.