Black out — Romie et Edouard

On commence à discuter en chuchotant Logan et moi, mais il a à peine le temps de terminer sa phrase que Romie m'appelle. Et ni une ni deux, j'y vais sans réfléchir.

— T'as besoin d'aide avec les bandages ?

Je demande en entrant, sans fermer la porte derrière moi, moi non plus.

— C'était pas une mauvaise idée mes boxers, non ? C'est un peu grand, mais au moins ça te fera pas mal.

Je souris en le sortant et en l'aidant à enlever la blouse qu'on lui a filé pour tout vêtement.

— Bah c’est surtout pour lever les bras que ça me fait mal !

Il passe ma tête dans ma robe et je le laisse la descendre jusqu’en bas.

— Dommage que j’en ai qu’une ! Mais c’était une bonne idée. Je vais pas acheter de culotte du coup, je vais mettre ça ! C’est mieux, non ? C’est un peu grand. Puis t’en as assez pour m’en prêter !

— On ira t'en acheter d'autres si tu veux. Ou les commande en rentrant et on fait livrer en express !

Je souris en sachant pertinemment qu'actuellement, sous sa robe, elle porte mon propre boxer.

— C'est parfait. Et oui à priori avec le nombre que j'ai à la maison, tu vas pouvoir te servir.

J'embrasse ses lèvres tendrement avant qu'on ne ressorte de la salle de bain.

— On prends un taxi jusqu'à la caserne, puis on te ramène avant d'aller chercher Loki ? Que tu puisses rentrer rapidement pour gérer Adam.

— Bah sinon on envoie Elisabeth ? Comme elle va faire les courses demain...

C’est la femme de ménage et elle nous fait aussi nos courses parfois. Là c’est l’occasion. Sinon je mettrai des grands t-shirt à lui. On ressort, Logan est sur son portable.

— Ouais, ça va. Il dort.

Il nous montre le téléphone et, en effet, on voit Adam dormir.

— J’ai mis le babyphone des jumeaux. Il saura même pas que je suis parti.

— Oh oui pas bête ! Elle fera d'une pierre deux coups.

Quand on arrive dehors et que Logan tends son portable vers nous, je nous demande ce qu'il peut bien nous montrer. C'est déjà dur de ne pas rire en voyant Adam la dessus, mais alors quand en plus Logan nous dit avec conviction qu'il a mit ça sérieusement, je pouffe.

— Mais pourquoi t'as fais ça ?

Je lui demande sans comprendre.

— S'il se réveille tu vas faire quoi de plus avec ta caméra de 10 megapixels ?

Mon frère le dévisage, mi-surpris mi-agacé.

— J’en sais rien. Lui envoyer un message, le rassurer. C’est pas tellement un truc qui me fait rire que mon mari soit en difficulté pour respirer. Personnellement, j’en dors pas de la nuit donc j’me rassure comme je peux. Mais au moins je l’ai sous les yeux et j’peux faire ce qu’il faut s’il a un problème.

Il range son portable et il me regarde avec douceur.

— Viens, on y va. Le taxi nous attend. Edouard va s’occuper de tes papiers le temps qu’on s’installe.

Je reprends la veste d’Edouard pour sortir et je suis mon frère après avoir fait un bisou à mon mari.

Ok, celle là, je ne l'ai pas volé. Il prends la peine de venir jusqu'ici alors qu'Adam va vraiment mal et j'aurais sûrement pu m'y prendre autrement. J'aurais dû, même. Parce que je me sens vraiment comme un con et le moi de maintenant aurait presque envie de demander pardon.

Je me dépêche de m'occuper des papiers de Romie et quzn je sors, je peux voir qu'ils ont envahi la banquette arrière du taxi et que je n'ai plus qu'à monter devant. Logan n'a pas du en faire exprès. À peine...

— On va à la caserne des pompiers, s'il vous plaît.

J'annonce des que je monte dans la voiture.

— Et comment il va Adam, d'ailleurs ? Un peu mieux ?

Je demande pour essayer de détendre un peu les choses.

— Pas mieux.
— Logan...

Mon frère supporte pas qu’on tourne en ridicule l’amour et l’attention qu’il porte à Adam et comme il est malade c’est encore pire. Il a pas de patience là-dessus.

— Son état stagne, ça s’améliore pas pour le moment. Il esr épuisé. Si d’ici vendredi ça ne va pas mieux, il se fait hospitaliser.
— T’aurais pas dû venir...
— Bien sûr que si. Et si y a des jours où tu veux venir, tu sais que tu peux.

— Je pensais pas que ça allait toujours aussi mal.

J'avoue sans peine, alors que je peux voir sur le visage de Logan qu'il est vraiment inquiet. Et je peux comprendre, je serai tout aussi mal en point.

— Mais c'est un battant au fond Adam, ça va aller. On peut te garder aussi un peu les enfants si ça peut te soulager...

Je fais un câlin à mon frère comme si ça pouvait l’aider à moins s’inquiéter et il fait un bisou sur mon front.

— T’as déjà un emploi du temps chargé et Mimie a besoin de se reposer. Ça fait du bien à Madeleine et Paul de les avoir.

— Oui j'imagine, ils doivent être aux anges. Petits enfants comme grands parents !

Je souris tendrement en voyant Romie essayé de réconforter Logan. Ça doit pas être facile pour lui non plus en effet, d'être dans un suspens comme ça à propos de la santé de son mari.

— Mais au moins vous savez où vous tourner si jamais ils ne pouvaient plus pour quelques raisons.

On arrive rapidement à la caserne et après avoir payé le taxi, je me dépêche d'aller chercher ma voiture. Après avoir affirmé à David qui passait par là que ça allait aller, je suis venu retrouver Logan et Romie, prenant enfin conscience dans l'histoire que j'étais toujours en tenue.

— Allez montez. On file te redeposer chez toi.

Je souris à Logan, espérant enterrer la hache que j'ai déterré de moitié.

Je vais m’installer derrière avec Logan. Il aime pas trop trop la voiture et il est venu vite rien que pour moi. Maintenant que la pression retombe, je sens la fatigue me tomber vraiment dessus et j’espère au moins dormir un siècle. Chez moi. En sécurité. D’un coup, j’aime plus trop la forêt, moi.

Quand on se gare devant chez Logan, il me fait un bisou et me fait promettre d’appeler au moindre truc puis il sort de la voiture et il serre la main à Edouard à travers la vitre ouverte.

— Dis-moi si y a du nouveau. Ok ?

Moi je reste derrière mais je passe directement mes bras autour du coup d’Edouard.

— Je te tiens au courant. Luke est sur l'affaire, il va sûrement pas laisser ça passer lui non plus.

Logan sait comme moi l'attachement particulier que Luke a avec Romie, et il ne va certainement pas laisser à cet enfoiré l'occasion de filer.

— Merci encore.

Logan rentre chez lui, et avant de repartir, je me retourne vers Romie.

— Je suis votre mari madame Bonaparte, pas votre taxi. Alors devant, tout de suite !

Je souris en embrassant tendrement ses lèvres.

Je grimace parce que j’avais vraiment pas envie de sortir ; me contorsionner partout ça me fait mal et en plus pour m’asseoir tout à l’heure Logan m’a aidé parce que ça me brûlait de trop. Je pensais qu’en lui faisant des câlins ça passerait mais faut croire que non. J’ai bien envie de lui dire que j’ai trop mal mais j’ai pas envie de l’énerver.

Je me détache de lui et j’ouvre la portière. Je sors comme je peux et j’essaie de faire vite avant de faire le tour et de me réinstaller. Ça me lance tellement que j’ai les larmes au yeux. Mais c’est bon, je suis devant comme il veut. J’ai vraiment hâte de m’allonger sur le ventre pour toujours.

Mettre ma ceinture c’est carrément l’Enfer parce que je tire sur ma peau en me tournant mais c’est bon.

— J’ai hâte de rentrer.

Je dis, la gorge serrée.

Je la vois se tendre de partout et je reconnais tout de suite sa voix en peine quand elle le dit qu'elle a hâte de rentrer.

— Romie, sur une échelle de 1 à 10 t'as mal à combien ?

Parce que tout à l'heure quand je lui ai demandé, elle paraissait bien plus proche des 5 que des 10 et là, ça semble plus du tout pareil.

— Parce qu'ils m'ont donné aucuns médicaments, mais je suis plus autant convaincu que t'en n'ai pas besoin...

— Ça va...

Je lui assure tout de suite.

— C’est juste de bouger comme ça qui me fait mal. Et me tordre. J’ai hâte de rentrer.

Je viens tout de suite caresser ses cheveux et je m'en veux de l'avoir fait bouger comme ça. Je ne pensais pas que ça la gênait autant.

— Tu veux que je te dépose à l'église avant d'aller chercher Loki ?

Je lui demande, parce qu'on risque d'y passer un peu de temps s'il n'est pas au meilleur de sa forme.

— Max est là, tu ne serais pas toute seule mon Chat.

J’hésite parce que j’ai vraiment envie de retrouver Loki mais j’ai l’impression que je pourrais pleurer à chaque secondes tellement je suis fatiguée.

— Surtout tu l’emmènes chez le vétérinaire, d’accord ? Et tu le félicites bien.

Rien que de me dire que je vais enfin rentrer, je pleure presque de soulagement.

— J’ai vraiment envie de dormir. Et de me reposer. Et retrouver mon mari et notre bébé chien. Tu peux me ramener alors ?

— Promis je passe chez le veto avant de rentrer.

Ne serait-ce que pour être certain que notre bébé va bien. J'embrasse ses lèvres, juste ne surface, tendrement.

— Je te ramène, je te porte jusque là-haut, je te borde et je serai revenu avec Loki avant même que tu ne t'en rende compte.

Il fait tout comme il a promis. Finalement Max est sorti vite fait et il va rentrer mais ça ne me gêne pas. Pour rentrer ici c’est impossible et y a plein d’alarme et de caméras. Ça ne m’effraie pas. Après un dernier câlin, je m’endors vraiment très vite.

Finalement, on mets une grosse heure à rentrer Loki et moi. Il n'a pas la patte cassé, mais il y a quand même une grosse fragilité et le vétérinaire lui a fait un sorte de strap pour que ça lui maintienne un peu la patte pendant quelques jours.

Je envoyé un message à Luke pour savoir s'il avait des nouvelles du gars, mais il me réponds seulement un ''On est dessus'' quand on rentre à la maison. J'espère qu'ils vont le retrouver vite cet enflure.

Il y a du bruit dans la cuisine, mais je me rends rapidement compte que c'est Max et non Romie, et je vais volontiers le rejoindre pour prendre un petit café avant de monter.

— Mon bébé dort !? Tu l'as vu depuis que t'es rentré ?

MAX

Quand je suis rentré, je suis directement monté voir Romie et elle dormait à poings fermés, toute camouflée sous la couette et avec un sweat d’Edouard en guide de doudou. Ça m’a rassuré alors je suis redescendu. J’ai rangé un peu ce qui traînait en regardant mon portable toutes les cinq minutes ; j’ai eu droit à un message de Luke qui me disait qu’ils pensaient l’avoir et c’est vraiment une bonne chose. Des malades comme ça, ça ne devrait pas exister.

Edouard arrive enfin avec Loki ; il a la patte bandé alors je me penche vers lui pour le caresser.

— Bah alors mon pépère ?! T’es le meilleur chien du monde, tu le sais ça ? Tiens.

Je lui donne le gâteau que j’étais en train de manger. Il mérite bien ça.

— Elle dort bien, oui ! Comment elle va ? Et toi ?

Loki est tout content de son biscuit et tout de suite, il remue la queue contre Max. Il va être couvé par tout le monde pendant des jours.

— Ça va plutôt bien, mentalement. C'est déroutant. Elle est fière de l'avoir d'air fuir, mais pas traumatisé de ce qu'il a fait. Elle est tellement forte.

Je suis encore bluffé de sa façon de voir les choses.

— Moi j'ai envie de butter quelqu'un. J'ai eu tellement peur quand je suis arrivée sur place et que j'ai vu que c'était elle...

— J’imagine même pas.

Je m’approche pour le serrer contre moi quelques instants.

— Tant mieux si ça va pour elle. Elle a tellement une autre vision de la vie que nous. C’est fou. Mais si ça la protège alors c’est ce qui compte. Ça a été Logan ?

Même quelques instants, ça fait du bien de sentir qu'il est là.

— Ouais ça a été. Il a vu comment sa sœur réagissait, alors ça l'a aidé à mieux vivre ça aussi. Il a pensé au bien-être de Romie avant sa colère. C'est bien. Par contre envers moi.

Je lève les yeux au ciel.

— J'ai eu le malheur de plaisanter alors qu'Adam à une pneumonie et il l'a pas vraiment bien pris. Je comprends, mais je crois que je l'ai un peu énervé du coup. On adore...