I'm back.

Je souffre tellement le martyr que j’ai du mal à entendre ce que dit Austin. Mais vu la tête de ma mère, je n’ai pas de mal à deviner. Quand ils ont terminé, j’ai les larmes aux yeux. Je suis soigné au maximum et j’ai juste envie qu’ils se cassent.

— C’est pas grave, qu’il porte plainte, je m’en fous.

C'est dur de pas m'approcher de lui, et quand le médecin termine, j'en oublie même qu'il y a ses parents et je vais me blottir contre lui, autant que je peux avec ce harnais qui me gêne.

— Je suis désolé...

Je le prends dans mes bras pour lui faire un câlin.

— C’est pas de ta faute. Et je regrette pas. Je m’en fiche.
— Gabi.. tu vas avoir de vrais problèmes.

Ma mère est tellement inquiète que ça me fait de la peine.

— Ça va aller, maman. C’est pas grave.

Si c'est de ma faute, j'aurais dû défendre, mais quand il m'a attrapé par le coup, j'ai eu l'impression d'être revenu 7 ans en arrière, quand j'étais petit et j'ai eu peur, je m'en veux. Je relève les yeux vers Madeleine.

— Je suis désolé, je ne sais pas comment il m'a trouvé, je ne lui rien dis, j'ai plus de contact avec lui depuis qu'il est parti, je suis désolé.

Ma mère s’approche pour caresser les cheveux d’Austin.

— Ne t’inquiète pas, trésor. On va faire ce qu’il faut. Ça va aller.
— Ne dites rien à Adam pour l’instant, ok ? Vous l’appelez pas tout de suite, hein ?

Je ne veux pas qu’il s’inquiete.

— Je vais me faire arrêter ?
— On va discuter avec le chef de la police dehors, ok ? On va voir ce qu’il en est.

J’acquiesce et ils sortent vite. J’ai vraiment mal à la main, j’crois que j’ai même plus de sang dedans.

Quand ses parents quittent la pièce, je me tourne vers lui. Je n'arrête pas de secouer la tête.

— Je suis désolé, je suis désolé. Si tu vas en pri-

Ma voix se bloque.

— Je peux pas te laisser aller en prison, je le déteste.

— J’irai pas. J’t’assure. Ça va aller. C’est pas de ta faute alors t’excuse pas.

Je crois que je réalise pas pour l’instant. Ça peut pas être aussi grave.

J'ai dû mal à réaliser ce qu'il s'est passé, j'ai du mal à réaliser ce qu'il se passe. J'ai l'impression de sentir quelque chose se fermer en moi, comme si j'étais en état de choc.

- Je me sens pas bien.

— T’as mal quelque part ? Tu veux que j’appelle quelqu’un ?

Je secoue la tête.

— Il est revenu pour gâcher ma vie, j'ai peur pour toi.

Je vois sa main.

— Tu as mal ?...

Je tremble mais je ne m'en rends pas compte. Tout me semble irréel.

— Il ne va rien gâcher parce que t’es en sécurite dans ta nouvelle maison.

Je regarde ma main et je hausse les épaules.

— Non, ça va. C’est... en fait je sais pas. J’ai eu l’adrénaline et là j’ai des médicaments. C’est pas très agréable. Mais ça va. Et toi ? Tu as mal ?

— Bien sûr que si, il va réussir à tout gâcher, tu vas avoir des problèmes à cause de lui. Pourquoi tu as fait ça ?

Je dis en embrassant plusieurs fois ses lèvres, une boule au ventre tellement j'ai peur pour lui.

— Pourquoi j'ai fait ça ? Mais parce que c'est un putain de connard ! J'veux plus qu'il s'approche de toi. Quand je t'ai vu par terre, plein de sang, j'ai été incapable de me contrôler. Puis ce connard était en train de fanfaronner dans un bar. J'me souviens à peine de ce qu'il s'est passé, je sais juste qu'il chialait pour qu'on m'arrête. C'est le gars qui était assis sur moi qui me l'as dit.

— Je t'aime.

Je réalise à quel point c'est vrai, à quel point je l'aime fort et à quel point il est tout pour moi et je pensais pas lui dire, je ne pensais pas le ressentir à ce point, mais c'est sorti et ce qu'il a fait ce soir...

— Merci.

Ses mots ont impact tellement puissant sur moi que la haine que je ressentais pour son père se dissipe. Au fond, je m'en fous de son père, ce qui m'importe c'est lui et sa sécurité et, lui, il m'aime. Peu importe ce qu'il va se passer maintenant, Austin m'aime et il vient de me le dire. Il n'a pas idée à quel point ça compte pour moi et à quel point je me sens un peu moins minable que d'habitude.

— Si c'était à refaire, je referais exactement la même chose.

Il va retirer sa plainte, j'en suis sûr. Je sens qu'il n'ira pas au bout parce que c'est un lâche et que les flics sauront le convaincre de ne pas me poursuivre. Alors, je ne suis pas inquiet.

— Je viendrais te chercher à ton travail tous les jours, s'il le faut. Je ne laisserai plus rien t'arriver.

Je colle mon front au sien et je ferme les yeux.

— Je lui ai dit que s'il ne portait pas plainte contre toi, je ne porterais pas plainte contre lui.

— Même s’il ne portait pas plainte, tu devrais le faire. Faut plus qu’il s’approche. Faut plus laisser ça comme ça.

Je caresse tendrement son nez avec le mien.

— Ça va aller, d’accord ? Pour une fois, les flics sont de mon côté.

Je frole ses lèvres avant de secouer la tête.

— Si ça peut éviter que tu aies des ennuies, c'est tout ce qui compte pour moi. Ils vont te ramener au poste ?...

— Oui, je pense. Car j’ai pas grand chose finalement. Je pense que je pourrais sortir demain et on verra... et toi ? Tu restes là ? Tu rentres ?

— Je sais pas.

Je me recule un peu et regarde autour de moi.

— Le médecin doit repasser.

Je n'arrive pas à penser à ça maintenant, je pense aux flics qui vont le ramener et je veux pas et je peux rien faire et mon père est là, à seulement quelques pièces de nous, après presque 8 ans. Il est là et il s'est passé tout ça. J'ai du mal à rassembler tous mes esprits.

— D’accord. Je vais me plaindre de mon dos pour rester avec toi, alors.

Je lui fais un câlin pour le rassurer. Je n’ai pas du tout envie de le quitter.

— Quand j'ai demandé aux policiers qu'ils te détachent, ils m'ont dit qu'ils l'ont fait une fois et qu'ils l'ont regretté... qu'est ce que tu as fait ?

— C’est parce que ton père était là, il m’a dit des trucs genre... j’ai carrément pété un plomb et je suis retourné lui foutre une patate alors qu’il était menotté.

Ma gorge se serre.

— Qu'est ce qu'il a dit ?

— De la merde, je suppose. J’avoue j’ai pas tout compris, j'étais pas trop là... j’ai entendu ton prénil et je veux pas qu’il le prononce.