I'm back.

Je ne sais pas si c'est vrai, ou s'il ne me dit rien pour me préserver. Ses parents reviennent à ce moment-là dans la chambre avec les policiers.

— Alors ? Vous allez pas l'emmener, il peut rester ici ?

Je demande tout de suite.

— Il reste.

Un policier s’approche même de moi pour me détacher et je récupere tout de suite mon poignet pour le frotter.

— Demain t’es au poste à 10 heures sans faute, ok ?
— D’accord, oui.
— T’es majeur, t’as déjà un casier et tu sais très bien ce qui te pend au nez.

J’acquiesce.

— C’est une agression très violente. Il a deux dents cassées et même s’il mérite d'être défiguré, au yeux de la loi, tu n’avais pas le droit de faire ça. Tu en as conscience ?
— Oui.
— On va tout faire pour que ça se passe bien pour toi. On négociera avec le procureur s’il le faut. Prenez soin de vous, et à demain.
— Merci. Merci beaucoup.

Ma mère le remercie encore mille fois et ils s’en vont. Il ne va rien arriver, j’ai confiance en la police.

Je ressens tellement d'émotions différentes en même temps que j'ai du mal à tout encaisser.

— Darcy est chez Marie ?

Toutes mes pensées et mes questions veulent sortir en même temps.

— Oui. Elle dort là-bas. Marie dormira avec elle cette nuit, ne t’inquiète pas.

C’est ma mère qui lui répond.

— Gabriel, c’est grave ce qu’il se passe, tu comprends ?

Le ton de mon père le fait réaliser que, en effet, c’est grave. Je me sens mal, soudain.

— Mais je vais rien avoir !
— Si, Gabriel. C’est très grave. Ça aurait pu mal finir.
— Il a laissé Austin pour mort dans une ruelle !
— Tu es majeur, Gabriel. Ce n’est pas la première fois que tu te bats comme ça. Il y a déjà eu des plaintes.
— Mais c’était pas moi !
— Peu importe. Dans ton casier, c’est toi. Tu comprends ? Ils vont demandé à ce qu’un jugement soit prononcé rapidement pour ne rien faire trainer. Comme tu es à l’école, ils vont demander une assignation à résidence.
— Pardon ?
— C’est ça ou la prison. T’avais déjà du surcis. On en saura plus demain.

J'écoute dans un état second.

— Assigné à domicile ? Il va avoir un bracelet électronique ?

Je me relève.

— On peut pas laisser faire ça, je dois voir mon père. Je dois le convaincre de retirer sa plainte.

— Ton père ne retirera pas sa plainte, tu le sais.

Je réponds en me redressant aussi.

— Il est où Adam ? Il est chez Max ?
— Oui. Est-ce que tu veux qu’on l’appelle ?

J’hésite. J’ai vraiment envie de voir mon frère autant que j’ai envie de m’isoler. Alors je secoue la tête.

— J’ai envie d’être tout seul.

Je me tourne vers lui.

— Tu ne restes pas avec moi ? Et moi est ce que je reste ici ? J'ai le droit de sortir ?

— Je sais pas.

Je suis complètement paumé et je panique et quand je panique, j’ai envie de partir. Là je panique beaucoup. C’est beaucoup à encaisser d’un coup.

Il sait pas. Le médecin arrive à ce moment là. Il prend de nos nouvelles, voit que Gabi n'a plus de menottes et il m'annonce que j'ai un léger traumatisme crânien et qu'ils vont me garder juste cette nuit pour s'assurer que tout va bien.

- Et mon épaule ?

Je vois dans son regard que c'est pas bon.

- Nous allons faire d'autres examens demain matin, pour l'instant il faut que tu te reposes.

Il s'adresse à Gabriel.

- Et toi nous allons faire des radios pour ta main, tu viens avec moi ?

— Non mais j’ai pas besoin !

Puis quand je la regarde vraiment, que je vois que c’est tout violet, que je réalise ce qu’il s’est passé, c’est comme si mon cerveau m’aidait à ne plus être là. Je perds totalement connaissance.

Il s'évanouit, je me précipite mais le médecin m'écarte. Il prend son pouls, regarde ses yeux.

— C'est juste un malaise, ne vous inquiétez pas.

Il appuie sur un bip et deux infirmiers le rejoignent. Ils soulèvent Gabriel et l'installe sur un brancard.

— Je vais quand même lui faire passer une radio pour m'assurer que tout va bien.

Il rassure Madeleine et Paul.

— Ne vous inquiétez pas, sa main me préoccupe plus que ce malaise, je reviens rapidement vous donner des nouvelles.


*******
5h du matin.

Gabriel a la main cassée, c'était celle qui était déjà blessée, ils venaient de lui retirer son attelle pas longtemps avant, elle était encore fragile. Il dort dans le lit à côté du mien, assis, je suis incapable de trouver le sommeil, je le regarde. Ses parents sont partis il y a deux heures à peu près, mais ils seront là demain à la première heure. Il commence à bouger, je sens qu'il se réveille, les médicaments qu'ils lui ont donné ne doivent plus faire effet.

Quand j’ouvre les yeux, il fait complètement nuit. J’ai mal partout mais surtout à la main et je crois que c’est ce qui me réveille. Je me redresse doucement sans réaliser où je suis.

— Hey...

Il a du mal à retrouver ses esprits. Je vois qu'il regarde son plâtre.

— Elle est cassée...

— Cassée ? Mais non...

Je grimace parce que rien que d’y penser, j’ai vraiment mal. J’aimerais que mon frère soit là, ma mère et mon père aussi, mais surtout mon frère.

— Tu dors pas ? Il est quelle heure ? Je peux sortir demain ?

J'attrape mon portable sur la table de chevet.

— 5h. Oui, tes parents seront là demain matin très tôt.

Je soupire.

— Et toi, comment ça va ? Tu vas pouvoir sortir demain ?

— Je sors en même temps que toi et je t'accompagne au commissariat. Mais comment je vais,

Je secoue la tête.

— Je sais pas.

Je n'ai pas fermé l'oeil une seule seconde, je ressasse tout ce qu'il s'est passé dans ma tête en boucle, encore et encore. Et le vide que ça laisse en moi est horrible.

Je secoue la tête.

— Je veux voir mon frère. Je veux qu’il vienne me chercher et j’irai tout seul au commissariat. J’ai pas envie que quelqu’un soit là.

J’ai trop honte. Mais je veux voir mon frère. J’ai besoin de le voir et qu’il me rassure. Mais je voulais qu’il passe une bonne nuit. Et j’avais honte.

Il me rejette.

— J'y vais pour porter plainte contre mon père.

— D’accord, d’accord. Alors on ira tous les deux mais je veux voir mon frère.

J’ai presque envie de pleurer. Il va me détester de pas avoir été prévenu. Je suis paumé et j’ai peur. J’ai pas envie d’aller en prison. Je vais même pas pouvoir être médecin, maintenant. Tout fout le camp.

Je lui tends mon téléphone.

— Tes parents sont partis avec tes affaires.

— Ils m’ont pris mon téléphone ? Mais pourquoi ?

Je réfléchis, j'essaie de me souvenir. Je fronce les sourcils.

— Je crois que l'écran était complètement cassé, avec des bouts de verre qui sortaient.

— D’accord.

J’essaie de me recentrer et de me calmer un peu. Il est encore tôt et Adam ne pourra pas venir tout de suite. Je me lève et je m’approche de son lit.

— Je peux venir ?

Je hoche la tête et je me décale avant de m'allonger, il s'allonge contre moi, du côte de mon épaule non blessé.

- Tu ne l'appelles pas ?