Comme un roc - Adam & les jumeaux.

Je lui souris et de toute façon, l'approbation de son Dieu, on l'a déjà. Il est supposé aimé son prochain et c'est ce qu'il fait. Personne ne lui a précisé de quel genre devait être son prochain. Moi, je ne suis pas croyant. Peut-être un peu spirituel, mais je crois surtout en lui et s'il a besoin de la bénédiction de son Dieu, je la lui donne.

— Je suppose qu'on détourne les règles à notre manière.

Je lui dis dans un sourire.

— Ce que je suis en train de te dire c'est que j'ai envie qu'on transforme cette église en foyer et qu'on devienne une famille. Une famille qui a une chambre pour un enfant. J'ai déjà fait des dessins, mais ton avis compte bien plus que le mien.

— T'as déjà fais des dessins pour la chambre de notre futur enfant ?

Je reste bouche bée et je suis sûr qu'il peut voir des étoiles dans mes yeux sans avoir à s'approcher. Tendrement mes lèvres viennent chercher les siennes et je n'ai plus envie de quitter ses bras. Merde... J'ai même plus envie de partir ce soir, à cet instant précis.

— Je veux qu'on fonde cette famille. Qu'on construise un foyer confortable, aimant et protecteur. Bordel. Je te vois tellement bien en papa poule...

Il fait au moins vingt degrés, peut être même plus, mais je frissonne dans ses bras. Ca m'émeut et ça me compresse l'estomac. On va être heureux toute notre vie.

J'embrasse ses lèvres à plusieurs reprises et j'ai du mal à réaliser qu'il soit aussi emballé que moi. Mon coeur cogne fort et je suis sûr qu'il peut le sentir. Moi aussi, je l'imagine très bien en papa poule. Il est né pour être père, je le sais, il n'y a qu'à voir la manière dont il agit avec son petit frère ou ses nièces. Il est complètement gaga et c'est exactement dans cet esprit que je veux qu'on ait notre famille.

— Tu veux que je te montre ? Les dessins. J'ai besoin de ton avis parce qu'on part à deux dans l'aventure alors...

— Je t'aime...

Je l'embrasse avec un amour évident et j'en oublie tout ce qu'il pourrait se passer autour de nous. On se retrouve à peine, mes parents ne sont même pas officiellement au courant de notre relation et on part sur quelque chose de tellement énorme qu'on ne peut pas voir au dessus. Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus emballé, entre mes poils se herissant et son cœur battant la chamade.

— Viens me montrer ça ! Je veux voir comment t'as imaginé l'endroit !

Je ne lui laisse même pas le choix, je pars déjà vers le mobile-home.

Je le suis en serre ses doigts entre les miens et on va directement dans mon bureau. Il laisse sa valise dans l'entrée et je fouille immédiatement dans la pochette des projets en attente et j'en sors plusieurs grandes feuilles.

— Tiens, il y a trois choses complètement différente. C'est juste l'aménagement qui change, sauf ici où je réduis un peu la taille de la chambre mais pour créer une banquette sur la fenêtre et quelques rangement pour des livres. Et... du coup, le clocher trouverait une utilité parce qu'on pourrait en faire une salle de jeux.. comme une cabane. Qu'est-ce que t'en penses ?

Je regarde ce qu'il a dessiné et je trouve ça beau, comme toujours. Son imagination et son sens de la création me fascine et je le regarde avec un sourire bienveillant.

— J'en penses que c'est génial... Cet enfant aimera forcément lire, y'aura des livres partout, alors le canapé à la fenêtre je dis oui ! Même en réduisant la chambre, c'est pas si grave comme la salle de jeu sera là. Ce sera plus une pièce de nuit, quelque part !

Nous sommes loin de vivre dans l'église, loin d'être parents aussi, et pourtant j'imagine déjà cette vie proche de la perfection.

— C'est émouvant...

Je savais que c'était la chambre qu'il préfèrerait. Je passe un bras autour de sa taille pour le serrer contre moi.

— T'as pas idée à quel point j'ai hâte que les travaux commencent. J'ai envie de voir tout ça prendre vie. J'ai envie qu'on prenne possession des yeux, qu'on décore, qu'on amène nos cartons.

Je cherche ses lèvres pour les embrasser amoureusement.

— T'es sûr que tu ne veux pas rester ce soir ?

— Je crois que j'ai une petite idée oui, je souris. Tout est déjà génial et plus ça va aller, mieux ça va être... Et on aura un enfant.

Je couine alors que son baiser me fait chavirer.

— Non je suis pas sûr. Pas sûr du tout... J'ai même plus envie de partir là. Mais je veux pas que tu te retrouves à devoir compter les points entre ton frère et le père de ton futur enfant.

J'embrasse sa joue en riant, même s'il est vrai que je ne veux pas le mettre en mauvaise posture.

— Alors ne pars pas.

Je fais une petite moue qui est supposée le convaincre.

— Je ne compterai pas les points parce qu'il va passer à autre chose et que je lui dirais qu'il est chez nous et qu'il doit respecter ses hôtes. Les deux. On va lui préparer des spaghettis bolognaise et il n'aura plus rien à redire parce qu'il aime trop ça pour parler.

J'embrasse ses lèvres à plusieurs reprises.

— Reste, s'il te plaît.

Ma volonté est aussi grosse que les ailes d'une mouche et sa petite moue est tellement adorable que je me laisse convaincre en seulement quelques mots et baisers.

— Si je reste, tu me donnes quoi en échange ?

Mon sourire est taquin au possible et je relève mes sourcils pour lui montrer que j'attends impatiemment sa réponse.

— Hm... la télécommande pendant un mois.

Je dis dans un sourire. Je caresse son nez du bout du doigt.

— En plus d'accepter que tu t'endormes sur moi encore un peu, vu que c'est ta nouvelle position pour t'endormir. T'imagines pas la gymnastique que tu me fais faire pour pas te réveiller quand j'ai besoin de bouger un peu.

Je souris doucement et papillone des yeux.

— C'est pas de ma faute si t'es confortable aussi. En plus t'es tout chaud ! Et ça me berce que ton ventre se gonfle au rythme de ta respiration !

Ok, je suis peut-être une véritable plaie, mais je m'en moque. Je sais qu'il aime ça sûrement presque autant que moi.

— Mais je peux aussi m'endormir tout seul au bout du lit si tu préfères, c'est pas grave. Et tu seras pas obligé de faire du sport comme ça !

Je secoue la tête et je l'attire contre moi pour lui faire un énorme câlin, mes bras autour de son cou.

— Certainement pas. Je viendrai faire les courses avec toi, si tu veux.

Et ça, c'est un effort presque surhumain car je déteste ça et que, généralement, je me fais livrer.

— Je suis obligé d'avouer que c'est bien plus que je n'en demandais !

Je note sincèrement l'effort et je réponds à son câlin, en venant en plus déposer des bisous dans son cou tout chaud.

— Je crois que t'as gagné le plaisir de me voir rester chez nous ce soir... Et puis aussi demain soir, parce que je suis un fou !

Je ris doucement, mais je ne le lâche pas pour autant.

— Alors tu défais ta valise ? Dans ton propre dressing ?

C'est un geste banal à première vue, mais pour lui comme pour moi, je crois que ça signifie le premier pas de nombreux autres.

— Pour l'instant j'ai genre deux pantalons, trois t-shirts et un polo ! T'as conscience que tu voudras même plus de moi, quand j'en ramènerais plus ?

Et bien entendu, je pense à la quantité astronomique de bouquins dont je vais être incapable de me séparer.

— Mais c'est déjà beaucoup plus que rien du tout. J'ai commandé une bibliothèque rien que pour toi, il y aura juste la place qu'il faut dans le bureau.

Parce que je sais très bien que sa valise de livres sera plus conséquente que sa valise de fringue.

— Je la monterai, ne t'inquiète pas.

Mes yeux doivent déborder d'amour, tellement il me connaît et tellement ça me touche.

— T'es un peu trop parfait pour être réel.

Je touche dramatiquement ses cheveux, puis ses joues et ses bras.

— Embrasse-moi, juste que je sois certain...

Je lève les yeux au ciel.

— Je suis pas parfait. Je te connais et je t’aime, c’est tout.

Mais ça ne m’empêche pas de sourire et d’embrasser ses lèvres avec tendresse.

— Tout c'est le plus important.

Je réponds à son baiser et on se dirige vers ma valise, prêts à faire prendre une nouvelle vie à son contenu.

— Bon, maintenant que je reste et que c'est pas ce soir que je vais annoncer notre couple à mes parents, tu accepterais de m'accorder quelques heures une fois Édouard parti ? je demande avec une petite moue. Histoire que je leur présente mon petit ami.

J'acquiesce.

— Oui. Tu peux toujours aller les voir pour leur dire et... si tu veux, on les invite à déjeuner ? Ce sera peut-être mieux s'ils voient qu'on ne va pas vivre dans une caravane, non ?

— C'est vrai que ça risque d'être plus rassurant pour eux. Ils vont pas avoir peur que des rats grignotent mon duvet la nuit, je rigole. Ca me ferait vraiment génial qu'on les invite ici, oui.

Je l'embrasse tendrement avant de souffler un grand coup et de déposer ma valise dans le dressing.

— C'est la première pierre à l'édifice, hein ?

— Alors on les invitera.

Ce sera l'occasion de faire les courses et de râler dans son dos à cause de tout le monde qu'il y a au supermarché. Je veux leur prouver que je vais vraiment prendre soin d'Adam et le rendre heureux. Je veux qu'ils voient où on vit, où on va vivre. Qu'ils voient nos projets et qu'ils ne doutent pas que tout est réalisable.

Je suis Adam dans le bureau, puisque c'est là qu'est son dressing, et lorsqu'il y pose sa valise, mon coeur s'emballe comme jamais.

— Tant que c'est pas la seule et unique, ça me va.

— J'ai hâte qu'ils voient tous ça et qu'ils comprennent que c'est pas un délire qu'on aurait pu avoir à seize ans...

Ça fait chaud au cœur d'imaginer mes parents ici et je ne le dis pas, par peur de ce qu'il pourrait en advenir, mais j'espère que ses parents pourront venir aussi et qu'ils voient vraiment tout ça d'un bon œil.

— Il y en aura tout un tas, tu n'as pas à t'inquiéter pour ça.

Je souris, en m'attelant à ma maigre tâche, mais si significative.

Je le regarde installer les quelques affaires qu'il a ramené et je ne peux pas m'empêcher de sourire en grand. Ça y est. Il s'installe et tout devient réel. On devient une famille et si je m'écoutais, j'irais lui acheter un chiot dans l'heure.

— Je vais pouvoir déballer ta chaise de bureau. Et... bon sang, j'arrive pas à croire que tu t'installes pour de vrai. Tu pourras ramener ce que tu veux en élément de déco pour te sentir vraiment chez toi. Des draps.. je sais pas. Si tu veux qu'on aille faire les boutiques ou..? Enfin, pas forcément tout de suite, mais... voilà.