Be Curious - Adam et Logan.

— Attends mais t’as vraiment regardé ? Genre là, je t’ai balancé mon portable en mode énervé, et t’as regardé dedans pendant que je me douchais ? Putain je rêve, là ! J’m’en fous que tu recommences pas, c’est le geste !

Je m’emporte.

— Si j’allais sauté la voisine et que je te disais « pardon mais c’est rien je vais pas recommencer » tu ferais quoi ? Hein ? Alors ouais c’est qu’un portable, mais si moi j’me mettais à fouiller dans le tiens, tu remarquerais vite que c’est pas une bonne idée.

— Mais compare pas ça putain ! J'ai pas été sauter le gars d'à côté en effet ! On peut pas vraiment dire que l'impact sur notre couple va être le même ! Non mais tu t'entends ?

Je m'exclame.

— Tu m'a jeté ton téléphone dessus, j'allais pas fermer les yeux !

C'est l'excuse la plus merdique du monde, mais je m'en balance.

— Et t'as pas l'air de comprendre que moi je m'en fous ! Franchement, mais fouille si ça peut te faire plaisir et que tu te sens vengé !

— J’ai pas besoin d’me venger, j’ai besoin d’avoir confiance en toi, putain ! À quel moment t’es venu me demander pour les paris ? Hein ? Jamais ! T’as préféré fouiller dans mon portable comme un ado débile, là. Tu m’saoules.

— Si t'as plus confiance en moi juste parce que j'ai osé regarder dans ton téléphone tu veux que je te dises quoi ? Ça sert à rien de m'excuser, ça va rien changer à la chose.

Je lève les yeux au ciel en soupirant.

— Et me prends pas pour un con ! Tu m'aurais rien dit si j'étais venu demander, on le sait tous les deux. Quand j'ai essayé de tâter le terrain après le combat, tu m'as bien fait comprendre que tu m'en parlerais pas.

Il me gonfle. Là, tout de suite, il me gonfle. Il ne voit pas où est le mal, y a pas de soucis. J’le prends pour un con, d’accord.

— T’sais quoi ? Termine de faire à manger et me parle pas.

— T'en fais pas. Ça fait déjà deux semaines que je ne parle plus à mon frère, alors si maintenant c'est ton tour, je devrais m'en sortir.

Je ne le regarde même pas, je me remets à mon poisson et mes légumes.

— Puis tu m'as pris pour ta bonne ou quoi ? Fais à manger et tais toi ?

Je lui fais remarquer sans arrêter de préparer le dîner pour autant.

— Pauvre con.

J'ajoute en grognant dans ma barbe.

— Tu vas m’insulter, en plus ? Genre ça y est, tu recommences et t’as pas compris que ça me faisait péter un cable ?

Je demande sans me contrôler.

— Me pousse pas à bout Adam, ça va mal finir. Et tu pourrais lui parler, à ton frère, si tu prenais ton putain de portable pour lui envoyer un message !

— Et donc je peux pas t'insulter, mais tu peux me considérer comme ton chien ? Ça va dans les deux sens le respect, merci !

Au pire, quoi ? Il va courir ? Qu'il fasse, ce serait pas là première fois. Je soupire en l'écoutant parler de Gabriel.

— J'ai pas envie de parler de Gabriel. J'ai bien compris que j'étais un con, pas besoin d'en rajouter.

— Mais c’est pas question d’être un chien, putain ! T’es en train de faire à manger, j’t’ai juste dit de poursuivre pour plus t’entendre, c’est tout ! Si t’as pas envie d’me faire à manger, tu le fais pas. Ça aussi, tu sais bien le faire.

Je le regarde longtemps sans comprendre, puis je fais tilt.

— T'es en train de ressortir un truc qui a des mois là ? On vivait encore dans l'appartement de tes parents bordel ! T'es resté en rage parce que je me suis ramené à manger et pas à toi, t'es complètement parti !

Je rigole jaune.

— Il est loin le mec qui disait avec Charlie y'a quelques jours qu'une fois l'embrouille passait on n'en parlait plus. T'es encore plus rancunier que moi putain !

— Ouais, c’est ça. Allez, bonne soirée.

Ça sert à rien d’essayer de discuter, tout me gave et ça va vraiment mal finir. J’attrape mon portable et je sors par la baie vitrée pour regagner le jardin et prendre un peu l’air.

— C'est ça, va dehors !

Je crie pour être sûr qu'il entende. Puis je soupire et je rage dans mon coin tout en continuant de faire à manger. Presque vingt minutes passent, il n'est toujours pas rentrer et je n'ai aucune envie de l'appeler pour qu'il vienne. Qu'il aille voir ailleurs s'il trouve un homme à tout faire.

Je me sers, le sers, mais je mets son assiette dans le micro onde et hop. Je vais dans le canapé pour manger, parce que manger seul assis à table comme un con, il ne faut pas pousser non plus. La télé sera meilleure compagnie que le vide.

Je traine jusqu’à avoir trop froid pout rester dehors et quand je rentre, je fonce directement dans la chambre pour aller me coucher.

J'ai finis de manger depuis longtemps quand Logan rentre. Je lui dirais bien que je lui ai laissé une assiette, mais apparemment il s'en fout.

Je traine encore un bout de temps devant la télé. Assez pour en avoir marre cent fois, mais je n'ai pas envie d'aller au lit. Je file prendre une douche, j'y traine aussi longtemps que devant la télé, et finalement, je finis par me décider à aller me coucher. Logan doit dormir depuis tout ce temps.

Adam met tellement de temps à venir se coucher que je me demande s’il ne va pas dormir sur le canapé. Alors quand il entre, j’allume immédiatement la lumière pour qu’il ne se cogne pas ou qu’il ne trébuche pas.

Mais en fait, il ne dort pas. Il a de tout petits yeux à cause de la pénombre, mais j'ai à peine fait un pas dans la chambre qu'il allume la lumière.

— Merci.

Je fais le tour du lit pour aller me coucher.

— Pour la lumière.

J’éteins la lumière dès qu’il est couché.

— De rien.

J'ai à peine le temps de m'allonger qu'il éteint déjà la lumière. J'ai pas envie de m'excuser encore, ni de lui parler. Je crois. Pour lui dire quoi ? Que je lui ai laissé une assiette au micro onde qu'il pourra se faire réchauffer demain midi ? Génial.

— Bonne nuit.

Je dis après un moment de silence assez lourd.

— À toi aussi.

C'est distant, pesant je dirais même. Je reste sur le dos, sans oser bouger, ni respirer. Ça dure, mais je ne sais pas si c'est deux ou trente minutes. Tout ce que je sais, c'est que la respiration de Logan est toujours oscillante. Ça doit vouloir dire qu'il ne dort pas lui non plus.

— Logan ?

— Hm ?

— Je t'ai laissé une assiette dans le micro onde si tu veux, pour demain. Au cas où on se croise pas où que j'oublie...

Putain mais c'est vraiment ça que je viens de lui dire ?

Je soupire en me retenant de rire.

— C’est ça ton approche de réconciliation ?

— Je voulais te dire que je t'aime, mais c'est ça qui est sorti. T'as pas le droit de me juger ok ? J'ai essayé...

Je tends un bras pour l’attirer contre moi et lui faire un câlin. Je suis blessé par son geste, mais je n’ai pas envie d’être fâché plus longtemps.

— C’était une piètre tentative...

Je réponds en riant un peu.