Yesterday is history, Tomorrow's a mystery. I can see you lookin' back at me - Adam & Logan

Quand je rentre de cours, j'ai le ventre noué. Depuis ce week-end, Logan ne quitte plus le lit et rien de ce que je peux faire n'y change quelque chose. Il mange à peine ce que je lui amène, il ne se lève même pas pour regarder la télé, il me calcule à peine quand je suis là... J'ai l'impression d'avoir tout essayé et à la fois d'être incapable de le faire sortir de sa torpeur.

— Je suis rentré !

Je m'annonce, espérant qu'il ira un peu mieux, mais je me rends bien compte qu'il n'en est rien quand le silence me réponds. Je dépose mes affaires dans l'entrée et en marchant sur des œufs, je file vers la chambre.

— Ça va mon Amour ?

Je demande en embrassant sa tempe, même si je m'attends déjà à la réponse.

@Logan Wheeler

Quand j’entends la porte, je me dis que la journée est passé sacrément vite. J’ai beaucoup dormi, je crois.

— Hm.

Je tente un sourire.

Il essaie d'esquisser un sourire, mais on dirait plutôt une grimace digne du Joker de Batman. Ça me fait tellement mal pour lui, à la fois de le savoir dans cet état, mais aussi de ne pas avoir la moindre idée de ce qui peut le plonger dans un tel silence. On dirait un véritable mur et c'est dur... Tellement que je crois que je ne suis plus en mesure de gérer ça tout seul.

J'appellerais bien Charlie, mais avec Maxine qui est tout bébé, je n'ose pas les déranger. Et pourtant je sais qu'il viendrait, mais est-ce que Logan accepterait qu'il le voit ainsi ? C'est même pas sûr. En même temps, y'a qu'à demander.

—Ca te dirait que Charlie et Lexie viennent manger un morceau avec nous ce week-end ? Où t'es pas trop chaud ?

Je préfère l'amener comme ça, que de lui dire que j'ai peur et que je n'arrive pas à m'en sortir.

Je hausse les épaules.

— Je suis fatigué.

— Tu t'es pas reposé aujourd'hui ?

Je demande avec un petit sourire. Charlie, next.

— T'as fais quoi ?

— J’ai réfléchi.

Faut lui tirer les vers du nez, mais j'ai au moins quelques réponses.

— A quoi t'as réfléchi pendant tout ce temps ?

— À pourquoi j’ai survécu. Dans quel but. Est-ce que c’était juste ou pas.

Je soupire avant de retirer la couverture sur moi et fermer les yeux.

Je le regarde se mettre sous la couette sans rien comprendre. Et puis une fois que je fais toutes les connexions, je peux sentir tout mon corps peser trente kilos de plus.

— Mon bébé...

C'est rare que je l'appelle comme ça. Je fais le tour du lit pour pouvoir le rejoindre sous la couette et je viens me coller contre lui, en prenant bien soin de rabattre la couverture sur lui après.

— Bien-sûr que c'était juste Logan. Si le Seigneur t'as permis de revenir parmi nous, c'est parce qu'il savait que tu avais encore tellement de choses à accomplir.

Je le prends dans mes bras.

— Comment elle aurait fait Livie, sans son papa ? T'es la personne qu'elle aime le plus au monde, rien que pour ça, tu devais survivre.

Ca me broie le coeur qu'il puisse en venir à penser de telles choses.

— Et puis il y a moi, il y a Charlie qui t'as veillé autant qu'il le pouvait, il y a Lexie qui s'est pris d'affection pour toi à force de n'entendre que des compliments à ton égard. T'es revenu parmi nous pour vivre la vie que tu méritais.

— Hm.

Mais tout le monde s’était bien organisé pendant tout ce temps, tout le monde avait appris à vivre sans moi. Sauf Charlie, c’est vrai, mais ils étaient bien. Surtout lui. Il avait tout et j’ai tout gâché par égoïsme. Il était riche, il allait avoir un bébé.

— Tu t’occuperas de Livie ce week-end ?

— On s'en occupera tous les deux Logan. Si tu veux te reposer, y'a aucun souci. Mais tu vas pas passer deux jours enfermé ici alors qu'elle vient à la maison et qu'elle te manque depuis qu'elle a mis un pied dans l'avion y'a deux semaines.

Je caresse ses cheveux, même si ça semble ne servir à rien.

— On fera des crêpes ! Livie adore ça ! Et toi aussi ! Et moi aussi ! La famille Crêpe !

— La famille crêpe, oui.

Je me tourne vers lui après un moment. Il m’a manqué ces derniers jours, je crois. J’ai l’impression d’avoir été un peu dans le brouillard. Je lui souris.

— Salut.

Je ne le montre pas, mais je crois que ça me fait peur. C'est comme s'il venait seulement de remettre un pied dans la réalité, alors qu'on parle depuis dix bonnes minutes. Heureusement que j'ai un estomac solide.

— Salut toi.

Je lui souris tendrement. Je vais faire tout ce que je peux pour qu'il aille mieux. On est marié, je l'ai juré, et je ne le laisserai pas ainsi.

Je le serre dans mes bras et je dépose un baiser sur son front.

— T’as passé une bonne journée ?

Je profite de son étreinte comme d'une bouffée d'oxygène. Il n'en a sûrement pas conscience, mais c'est ça, le meilleur instant de toute ma journée.

— Ça a été. La fin de l'année approche à grands pas, le stress et les examens aussi. Ça court de partout dans toute l'école. J'aime bien cette ambiance.

Je viens attraper sa main et je lie nos doigts.

— Y a que toi qui aimes cette ambiance, je suppose ?

Je serre ses doigts, il tremble un peu.

— Qu’est-ce qu’il y a, mon bébé ? Ça va pas ?

— Évidemment. J'ai déjà presque suffisamment de point pour avoir mon Master et j'ai une promesse d'embauche chez l'une des meilleures maisons d'édition du pays. Ça me donne encore moins de raison de ne pas aimer.

Je rigole doucement. Quand je vois ma main trembler dans la sienne et que je l'entends me demander ce qu'il y a, je n'essaie pas de l'arrêter. Ce serait le meilleur moyen de lui montrer que quelque chose me tracasse. Lui, en l'occurrence.

— C'est rien. Une petite hypoglycémie je pense, j'ai pas beaucoup mangé ce midi et j'ai un peu souffert avec le vélo pour rentrer de la gare !

— Pourquoi t’as pas mangé ?

Je pose mes lèvres sur son front pour juger s’il a de la fièvre ou non. Il est tout fin, chaque fois qu’il mange à peine, il est sujet aux malaises.

— J’ignore pas la nouvelle du master et de la promesse d’embauche, pardon. Je suis vraiment fier de toi. Je n’aime pas te savoir pas bien.

J'essaie de trouver une raison rapidement et c'est là que je me rends compte que mentir, c'est pas mon truc.

— J'ai été à la librairie ! J'ai pas vu le temps passer et j'ai juste eu le temps de manger un petit truc.

Je suppose que ça me colle suffisamment à la peau pour que ça passe.

— Je comprends t'en fais pas, c'est jamais plaisant de voir les gens qu'on aime aussi fort aller mal.

Et je sais de quoi je parle, aujourd'hui. Même si j'aime aussi beaucoup l'entendre dire que je le rends fier.

— D’accord.

Je le serre contre moi un moment.

— Tu mangeras mieux ce soir, alors.

J'acquiesce.

— Tu mangeras un peu avec moi ? On pourrait se faire un plateau au lit, comme un petit dej, mais le soir ?

J’hésite un peu, j’ai l’impression de sortir d’une sorte de léthargie, c’est vraiment étrange. Je crois qu’on n’a pas parlé depuis longtemps parce que ça me fait bizarre d’aligner autant de mot d’un coup. Je crois que je ne sais même pas quel jour on est.

— Si tu veux.

— Ça me ferait plaisir, oui.

Je souris, en embrassant sa joue. Ça me fait du bien ces retrouvailles.

— Tu veux te reposer un peu avant le repas ?

— Ouais, je vais peut-être dormir un peu. Je suis confus, c’est étrange.

— T'es pas super en forme depuis quelques jours mon Cœur. T'as quasiment pas quitté le lit et tu manges sûrement autant que je l'ai fais ce midi...

Je le serre contre moi. Pas maintenant, on va attendre un peu, mais il faudra aborder à un moment les pensées qui l'obsedent. Les mauvaises pensées.