Paris, we love you — Edouard & Romie

— Je suis un peu comme Superman c'est pour ça !

Je souris en l'embrassant.

— T'as jamais été marié non plus ! J'aime bien être le premier sur certaines choses. Tu seras obligé de t'en souvenir si jamais un jour t'en as trop marre de moi !

Je rigole franchement.

— Comment je pourrais en avoir marre ? Franchement, je suis lucide, j’te vois tellement comme un héro. Je suis vraiment amoureuse alors viens pas saupoudrer du négatif là-dessus.

Je souris.

— C’esr qui la première fille avec qui t’as couché ?

Je soupire en levant les yeux au ciel. C'est pas hyper glorieux, mais bon, c'était exactement ce que j'étais à l'époque. Et encore y'a pas si longtemps. C'est Romie qui m'a calmé.

— Elle s'appellait Martha. Je vais pas vendre du rêve en te disant que c'était la bombasse du lycée ou la Terminale que tous les mecs voulaient, parce que je sais même pas qui c'est. J'avais quinze ans, pas plus, et on était en soirée. On a bu, on a fumé et à l'évidence, on a aussi baisé. Je l'ai jamais revue après, alors je suppose que c'était l'amie de l'ami d'un ami.

— Bon bah tu vois, les premières fois, c’est pas aussi important. C’est ce qu’on fait de l’événement qui compte. Ce truc de première fois, ça fonctionne pas quand y a quelqu’un tellement important qu’il fait oublier tout le reste.

— Et c'est moi le plus romantique ?'

Je hausse les sourcils en lui souriant.

— Laisse moi te dire qu'on se vaux. Deux gros niaiseux ! Ça doit dégouliner d'amour et en foutre partout.

Je l'embrasse et je pense à ce qu'elle vient de dire, à la véracité de ses propos. J'apprends à tout revivre avec elle et ça fait un bien fou. J'apprends à être un homme bien, mais aussi a être un homme qui assume ses choix.

— Je peux me servir de ton épaule à mon tour ? Je vais être mort en arrivant sinon et on a un gros programme !

Je demande en baillant sans le contrôler.

Je prends mon énorme échappe et je l’enroule pour la poser sur mon épaule.

— Viens là, mon amour.

On a déjà perdu Max. Je coince mon sac à main entre nous parce que je sais que moi aussi, je vais m’endormir.

Je me réveille en sursaut et je mets quelques secondes avant de comprendre où je suis. Max rigole en face de moi et je soupire en saisissant que c'est lui qui m'a secoué pour que je me réveille. On doit être proche du but. De nouveau je réveille Romie, mais avec beaucoup plus de délicatesse que tout à l'heure.

— Si tu ouvres les yeux, tu vas te réveiller pour la première fois hors de l'Angleterre. Alors prends ton temps, j'ai pas envie que tu me fasses une attaque !

— OH MON DIEU !!

Je dis en français avant de me redresser rapidement et de me coller à la vitre.

— Gare du Nord.

Je lis avant de me tourner vers Edouard.

— C’est Paris, mon amour !!! On est à Paris !!

J’ai presque envie de pleurer tellement je suis contente.

Tant pis pour l'attaque, elle est déjà excitée comme une puce alors qu'on n'est même pas sortis du train. Mais elle est radieuse et je pourrais la regarder comme ça des heures.

— Oui ! Tu vas manger la meilleure bouffe du monde, voir des endroits parmis les plus beaux du monde et on va se marier dans la plus belle ville du monde !

Je viens la prendre dans mes bras alors qu'on arrive sur les quais et je peux sentir son cœur battre à cent à l'heure.

— On va prendre un taxi pour aller jusqu'au commissariat, comme ça tu vas pouvoir voir un peu la ville quand même ! On pourra prendre le métro plus tard, on a le temps pour ça ! T'es prête à pleurer de joie à chaque coin de rue ?

Je demande en lui tendant son manteau.

Je suis tellement heureuse que j’ai du mal à me contenir ; j’ai envie de courir partout. J’enfile mon manteau et je vais patienter sur le quai le temps qu’ils sortent les valises. Quand ils arrivent, je m’accroche au bras d’Edouard.

On se sépare en deux taxis car Max va directement chez eux. Il va « prendre la température ».

— Tu me fais des commentaires, hein ! Et tu dis les noms en français. J’aime bien quand tu parles français.

Et comment faire autrement que parler français, là où tout le monde ne parle que ça. On traverse Paris à voiture et peut-être que j'ai expressément demandé au chauffeur de passer par certains grands axes. Quand on voit la tour Eiffel et que je l'informe, Romie pourrait presque sortir de la voiture en marche.

— On ira tout faire à pied, tu verras encore mieux !

Je guette de temps en temps si j'ai des nouvelles de Max, mais rien. C'est plutôt bon signe je suppose.

— Tu vois ça ? C'est la Seine. Le fleuve traverse tout Paris. Et on va même pouvoir prendre un bateau pour y faire un tour !

Je redécouvre l'endroit à ses côtés et tout n'en est que plus beau.

Tout est encore plus beau que sur les photos. Je suis tellement contente d’être là que je n’arrête pas de lui faire des bisous et des câlins. Je retiens tout ce qu’il me dit et j’ai vraiment hâte de visiter tout ça avec lui.

Au commissariat, je le laisse parler et comme il se présente, les gens sont tout de suite très gentil et on en a pour seulement deux minutes.

— Ils vont bien notifier le commissariat de White Falls, hein ? C’est bon ?

Je demande en glissant ma main dans la sienne une fois dehors. Il ne répond pas tout de suite parce qu’il est hapé par son portable.

SMS de Max à Eddie
Les parents vous attendent pour bruncher. Enfin ils t’attendent parce qu’ils font comme si tu étais seul. Ils ont invité Marie-Charlotte et elle est là avec sa mère, bague de fiançailles au doigt. Je pense qu’ils ont l’intention d’ignorer Romie. Même maman. Papa l’a remonté.

— Edouard ? Qu’est-ce qu’il y a ?

— Je ne suis pas certain qu'on passe l'intégralité du voyage chez mes parents.

Je suis au bord de la crise de nerf, tellement je trouve ça irrespectueux et méchant de leur part de faire ça.

— Marie-Charlotte est déjà là-bas, avec sa mère apparemment. Je pensais vraiment pas qu'ils en serait capable, et aussi vite. Alors qu'ils apprennent qu'on va se marier ces connards.

Je serre fort la main de Romie avant de l'attirer contre moi.

— Si t'as pas envie qu'on y aille je comprendrais, on peut se prendre un bon hôtel des aujourd'hui. Ou alors, t'es la femme courageuse que je connais et on va leur exposer notre bonheur en pleine face. Mais ça risque de piquer un peu...

Je prends son portable pour regarder le message de Max. J’ai beaucoup de peine, mais surtout pour Edouard. Parce qu’il ne mérite pas ça du tout. Il mérite qu’on le soutienne dans ses choix et qu’on arrête de vouloir contrôler sa vie.

— Bah tu sais ce qu’on va faire ? Ils n’ont pas envie de me rencontrer ? Bah moi non plus, j’ai pas envie. Alors tu peux me conduire dans une boutique de robe de mariée, s’il te plait ? Toi tu y vas et tu t’énerves pas parce que c’est pas grave. Tu vas voir ta famille, tu passes un moment avec eux et tu vois combien de temps ils tiennent avant de te demander où est-ce que je suis. Vous allez bien rire, avec Max.

J’attrape son menton pour embrasser ses lèvres.

— Ils comptent m’ignorer ? Bah moi aussi, je vais les ignorer. Alors je veux pas d’eux à mon mariage. Je veux pas les voir. Tout pareil qu’eux. Et ils rencontreront jamais leurs petits enfants s’ils persistent. Mais en attendant, toi tu vas les voir, tu profites d’eux parce que ça sert à rien de s’énerver et tu parles pas de moi. Et on va attendre que ce soit eux qui demandent à me rencontrer. Voilà.

— Mais j'ai pas envie putain ! J'ai pas envie de te laisser toute seule ici, dans ma ville, dans ma vie. J'ai même pas envie de profiter d'eux. Et de voir la tête de l'autre connasse là !

Je soupire, blasé et blessé que mes propres parents agissent ainsi.

— Tu vas pas choisir ta robe toute seule mon Chat. Tout ça à cause de connard comme eux. Ils sont capables de mettre des heures avant que la curiosité dépasse leur putain de fierté. Et s'ils demandent jamais hein, on fait quoi ?

— Hey.. doucement. T’as besoin de t’énerver comme ça. Je peux bien rester toute seule une heure ou deux, ok ? Le temps que tu ailles dire bonjour, que tu annonces que tu vas être pompier, que tu récupères nos valises. Ça va. De toute façon, j’ai pas envie que tu sois là quand je choisis ma robe !

Je souris sincèrement.

— Pourquoi on irait pas chez tes grands-parents, hein ? Tu t’entends très bien avec eux. Max m’a dit qu’ils habitaient aussi à Paris. Tu les appelles et peut-être qu’ils seront contents de me rencontrer ?

Max m’a parlé d’eux plusieurs fois. Ce sont les parents de leur maman. Ils ont l’air vraiment gentils et ouverts d’esprit et ils adorent les jumeaux.

— Ils seraient ravis. Ma grand-mère te traiterait comme une Princesse juste parce que tu es avec moi.

Je souris niaisement. Je ne sais même pas comment j'ai pu ne pas y penser moi-même. C'est mon père qui a rendu ma mère aussi rigide, c'est pas ça l'éducation qu'elle a reçu, alors que c'est elle l'aristocrate.

Dans la foulée je leur passe un coup de fil et dès que ma grand mère apprends que c'est moi, elle est toute émue. Alors quand en plus je lui dit que je suis à Paris et que j'aimerais bien lui présenter quelqu'un, je l'entends appeler mon grand père comme si c'était la nouvelle du siècle. Je ne rentre pas dans les détails, on aura bien le temps de le faire une fois ensemble, mais ils acceptent sans hésiter qu'on passe chez eux et mamie insiste bien sur le fait qu'ils ont suffisamment de place et qu'il est hors de question qu'on paie un hôtel. Je l'embrasse fort en lui promettant de lui ramener une merveille et d'être chez eux dans quelques heures.

Quand je raccroche Romie est pendue à mes lèvres, attendant sûrement que je traduise tout ce qu'il vient de se passer.

— On va passer notre séjour chez eux. Ils ont l'air euphorique et t'es déjà attendue comme la reine d'Angleterre là-bas. Peut-être que t'as raison et qu'arriver chez mes parents un sourire aux lèvres, juste pour faire semblant, récupér nos affaires et leur dire que je me tire, c'est bien aussi.

Je souris. S'ils veulent jouer, on va tous jouer. Romie semble autant partante que moi.

— Je t'aime. Quoiqu'ils disent, fassent ou pensent on va se marier avant de rentrer. Pour le meilleur et pour le pire.

Être seule ça pourrait aussi lui permettre d'appeler son frère et de voir ce qu'il pense de tout ça. Il n'a pas encore du répondre à son message, je le saurais sinon.

Je suis vraiment contente de pouvoir rencontrer un bout de sa famille. Tant pis si ce n’est pas ses parents, au moins, on passera un bon séjour et c’est tout ce qui m’importe.

— C’est génial ! J’ai hâte de les rencontrer ! Alors ne crée pas de dispute avec tes parents, d’accord ? Montre leur que t’es un adulte et que tu ne les laisseras plus t’imposer leur choix. Ils voulaient mal m’accueillir, ils ne vont pas m’accueillir du tout. Voilà. Ils finiront par changer d’avis, ne t’inquiète pas.

Je lui fais un câlin.

— Moi aussi, je t’aime. C’est tout ce qui importe. Alors ne t’inquiète pas, je ne suis pas blessée. Je suis heureuse d’être là.

Je la serre fort contre moi.

— J'ai quand même le droit d'ignorer Marie-Charlotte et sa mère ? Parce qu'elles aussi elles savent très bien ce qu'elles font et contrairement à mes parents, je compte bien ne jamais les revoir de ma vie.

J'en profite pour demander à un couple d'amis récemment mariés où est-ce qu'ils ont acheté la robe, parce que je sais qu'ils ont dû aller dans la plus belle boutique de Paris et que c'est là que Romie sera la mieux prise en charge.

— J'ai demandé conseille pour la boutique, tu vas avoir le choix entre mille merveilles, c'est sûr !

— Oui, t’as même intérêt à le faire ! Nan mais cette pétasse qui revient avec une bague de fiançailles elle s’est cru où ? Pauvre conne.

Je lève les yeux au ciel.

— Génial !!!!!!! C’est quoi mon budget ? Genre 400 ou 500 livres ? Ça fait quoi en euros ?

— Elle s'est cru chez les aristos. Mais elle va vite défaillir, t'en fais pas pour ça.

Je l'embrasse, avant de rire contre ses lèvres. 400 livres pour une robe de mariée ? Pour SA robe de mariée ? Naïve va.

— 500 livres c'est pas un gros budget mon chat. Ça fait en gros 550€. Mais on va bosser juste un peu plus, que tu puisses avoir quelque chose de vraiment beau.

Si je lui donne les véritables prix de la boutique dans laquelle je vais l'emmener elle va me faire une syncope. Alors on va être discret, et je vais m'arranger avec la vendeuse. Ce sera mieux.

— Ah bah Vincent vient de me répondre ! C'est pas très loin d'ici. On se prends un taxi ou tu veux qu'on marche un peu ? C'est à une vingtaine de minutes, à pieds.

— En taxi ! Plus vite on y est, plus vite tu reviens. Je veux bien qu’on soit séparés mais pas trop non plus. Puis j’ai hâte de rencontrer des grands parents, moi !

Je dis en riant.

On se retrouve rapidement devant la boutique et je peux voir les yeux de Romie briller quand on entre.

— J'aurais jamais cru dire ça, mais c'est magnifique.

Que ce soit le magasin, les robes, les vendeuses. Tout est beau, sophistiqué, bien dressé. On se présente et une fois de plus, je peux remarquer que mon nom aide vraiment beaucoup. Ici encore plus qu'en Angleterre. J'avais oublié à quel point ça pouvait être bon.

— Tu as déjà une idée de ce que tu veux mon chat ?

Je secoue la tête.

— Je veux juste que tu me trouves encore plus belle que d’habitude.

— C'est vraiment possible ça ?

Je demande en souriant.

Finalement, une des vendeuses parlant anglais se libère et la prends en charge, alors que Romie lui dit que je dois filer. Pendant qu'elle flâne un peu en regardant les diverses robes, je m'arrange avec la vendeuse. La robe que Romie choisira sera la bonne, peu importe son prix. Je la reglerais en revenant la chercher, d'ici deux heures. Trois si elles ont besoin de plus de temps. Tant que Romie ne sait pas combien elle coûte, c'est tout ce que je demande.

— Je file chez les malades, sur ce.

Je soupire en venant prendre Romie dans mes bras.

— T'es sûre que tu veux pas que je reste avec toi ?

Je redemande, au cas où.