Hawai en famille #1

— Ah mais y a méprise, madame. J’ai jamais pensé que t’étais une chose fragile. Je dis juste qu’à chaque fois qu’on arrive en surprise t’es en train de ronfler avec de la bave sur l’oreiller quoi...

Adriel rigole. Ça aussi, c’est bizarre. Il rit, il parle beaucoup. C’est tellement agréable ! Même si l’avion ça a été un peu l’Enfer pour lui, j’ai l’impression qu’il a l’intention de passer de bonnes vacances.

— Surfer ? Mouais, je sais pas. Je verrais. Là j’ai envie de dormir à l’ombre après avoir manger des fruits.
— T’as pas trop chaud ?, je finis par demander.
— Ça va.

Du coup, si, je pense qu’il a chaud.

— Pourquoi tu te mets pas en t-shirt ?

Adriel me regarde un moment, comme s’il ne savait pas quoi répondre. J’ai l’impression que j’ai dit une énormité et qu’il va peut-être raler.

— J’aime pas mon corps.
— Pourquoi ?

Une nouvelle fois, il me jette un regard perplexe. Personne ne lui a jamais posé la question ou quoi ? Rah puis Alessandro qui dort au lieu d’être là à me faire de signes pour savoir si oui ou non je dois m’arrêter.

— Parce que j’ai des cicatrices et que ça me met mal à l’aise.
— Pourquoi ? T’es avec nous !
— Oui et bah...
— On a tous des cicatrices moches qu’on déteste parce qu’elles rappellent des moments difficiles.

Et je sais vraiment de quoi je parle. Je le lève pour lever mon t-shirt.

— J’avais trop trop honte car elle est affreuse. Mais elle est là alors si c’est pas à vous que je peux la montrer pour partager mon fardeau, à qui ? Je pense que t’as vu l’état d’Alessandro hier sur la plage. Ania aussi. Y a que toi qui te juge, nous on s’en fiche.
— Hm.

C’est tout ce qu’il repond. J’espère qu’il n’est pas énervé. Ou agacé. J’espère que j’ai pas gâché les vacances.

Luca part sur un terrain glissant et pourtant, je le trouve vraiment courageux. J’ai l’impression qu’ils essaient tous d’y aller plus ou mois avec tact avec Adriel, moi la première parfois, et c’est pas forcément toujours une façon de l’aider. Comme il réponds à peine, je décide de venir en aide à Luca en levant mon t-shirt à mon tour.

— Césarienne. Moi aussi j’en ai eu honte, je trouvais que ça me volait mon corps. Mais Luca a raison, elle est là, alors faut apprendre à vivre avec. D’accord la mienne a sauvé ma vie et celle de mon bébé, la sienne aussi. Mais certains ont fait la guerre et Kit s’est fait transpercé par une branche parce que l’ex de son ex a essayé de le buter.

Je lui souris doucement. Peut-être qu’il va se braquer, et ce sera tant pis pour lui. Mais moi je sais à quoi correspondent chacune de ses cicatrices et ce n’est pas à lui d’en avoir honte. Il a survécu, il a gagné.

— Chacun à notre niveau, c’est pas associé à quelque chose d’agréable. Mais ça fait parti de nous et on refuse tous que ces incidents dictent notre vie. Je sais que t’en n’a pas envie non plus. Et tu sais qu’avec nous, t’as pas besoin de te cacher.

J’avais oublié pour Kit ! Mais c’est un bon exemple aussi. Surtout que Norvina l’a quitté pour ce garçon ! Ça doit être difficile.

— Mouais. Je sais pas.

C’est tout ce qu’il dit avant de se lever.

— Je vais aller réveiller Keziah. Parce qu’il a trop ronflé, il mérite pas la grasse mat’.

Il sourit, sincèrement, mais il s’en va quand même.

— Tu crois qu’on l’a froissé ? J’espère que non...

— Je dirais pas qu’on l’a froissé, mais on l’a obligé à se confronter à la réalité et il en a besoin. Il nous a sourit, il n’aurait certainement pas prit la peine de le faire s’il nous en voulait.

C’est pas le genre d’Adriel. Il n’en a rien à foutre de mettre les gens mal à l’aise s’il l’a décidé. Il peut s’emporter très vite. Et ce sourire là il était sincère.

— Beaucoup de gens prennent des pincettes avec lui, Keziah le premier. Et c’est pas un reproche, il a besoin d’être entouré de gens qui l’aime et le protège. Mais de temps en temps, entendre la vérité ça ne peut pas lui faire de mal.

Il va aller réfléchir à tous ça dans les bras de la seule personne à qui il accorde tout son crédit et on verra dans quelques heures si ça a porté ses fruits ou non.

— D’accord. Tant mieux alors.

Ça me rassure, j’aurais eu trop peur d’avoir fait une boulette.

— Est-ce que tu veux aller faire un tour sur la plage ? On peut faire quelques brasses et revenir ? Ou juste se tremper les pieds. D’ici une petite heure, ils seront réveillés, je pense ?

— Se tremper les pieds ça me va ! Si je dois aller chercher un maillot, je risque de réveiller Will ! Je crois qu’ils se sont endormis un peu tard Tommy et lui.

Je rigole en levant les yeux au ciel. Ils ont fait des pieds et des mains pour pouvoir dormir tous les deux et on a finit par céder.

— Oh et mince allez pour la brasse, ça va me faire du bien ! Et au pire s’ils se lèvent avant qu’on revienne, ils viendront nous chercher là-bas !

Je dors en brassière, donc ça et un slip, c’est jamais qu’un maillot de bain plus pratique.

— Ils vont passer de bonnes vacances ! Ils ont une chambre rien que pour eux. Et puis Annie sera ravie de s’occuper d’eux s’ils se réveillent et qu’on n’est pas là.

Elle m’en a parlé, elle a même prévu quelques activités s’ils le souhaitent.

— Allez ! C’est parti !

On se lève et je prends des serviettes au passage pour qu’on ne rentre pas sans rien. Mais je laisse quand même un mot sur le frigo, sinon Alessandro va faire une crise cardiaque.

— T’inquiète que jusqu’au dernier bisou hier soir, on n’a pas pu le rater qu’ils avaient une chambre tous les deux ! Rien que ça, c’est un des plus beau truc de leur vacances ! Ils feront peut-être les timides avec elle deux minutes, mais une fois lancés j’ai pas de doute sur le fait qu’ils s’entendent.

Il prends le temps de laisser une note à Alessandro alors je me dis que ça suffit, pas besoin d’en faire en plus pour Kit.

Quand on arrive au bord de l’eau, on se déshabille très vite et j’ai à peine le temps de m’habituer à la température de l’eau que je me jette la tête la première.

— Je suis prête à la brasse, c’est bon !

Je rigole de bon coeur en remontant à la surface. J’aime déjà beaucoup ces vacances.

Moi, je mets un peu plus de temps à rentrer dans l’eau, mais une fois dedans, c’est un vrai régal ! On nage un moment avant se sortir pour aller se sécher. C’est trop agréable et pour une fois que c’est moi qui fait du sport au saut du lit !! J’ai hâte de raconter ça à mon mari. Il va être tout fier, je le sais.

— Ah ! Il y a du mouvement !!

Je dis alors qu’on arrive au bas de la maison. Je crois qu’il y a presque tout le monde debout. Et je remarque bien vite qu’Adriel est en marcel. Ça me touche beaucoup.

— Les voilà nos sportifs du matin !

Clame Alessandro avec un énorme sourire en nous voyant arriver. Il est fier de Luca, ça se voit dans son regard et c’est beau. J’imagine que dans le mien il y a aussi beaucoup de fierté de voir qu’Adriel nous a écouté. Luca a vraiment eu raison d’oser tâter le terrain parce que grâce à lui, Adriel va bien mieux vivre ses vacances.

— C’était génial ! L’eau est hyper bonne et quitte à être debout, on aurait eu tort de s’en priver !
— Moi aussi je voudrais bien aller faire du sport dans la mer !

Réclame Will en s’accrochant à moi quand j’arrive auprès de Kit et lui.

— T’en fais pas mon coeur, on ira tout à l’heure.

Je lui souris avant d’embrasser Kit. Il a encore la tête dans le cul, il est trop adorable comme ça.

— Annie a ramené tout ce qu’il faut de la boulangerie ! Vous voulez allez vous changer avant ?

Alessandro demande en n’ayant d’yeux que pour son mari.

Je vais directement faire un câlin à Alessandro. Il s’est réveillé y a un moment, je pense. Parce qu’il est bien réveillé, même s’il a encore ses bouclettes du dodo.

— Moi ça va !

Je suis déjà sec, de toute façon.

— Pareil ! On sèche vite avec cette chaleur. Et ça m’a ouvert l’appétit !

J’avoue en sentant les bonnes odeurs de viennoiseries.

— On attends pas Ania et Tristan ?
— Ils sont déjà réveillés papa et maman ! J’ai été les voir avant de descendre avec tonton ! Mais ils mettent trop longtemps, je vais mourir de faim si on les attends !

Je retiens mon éclat de rire face à Tommy et ses grands gestes. Il a déjà les talents d’acteur de son père.

— Mais non, tu vas pas mourir !, ronchonne Tristan alors qu’ils arrivent à leur tour.

J’adore voir Ania comme ça, à la cool, sans téléphone portable et sans stress. Ces vacances vont faire beaucoup de bien à tout le monde. J’espère qu’on pourra transformer ce voyage en tradition et venir chaque année tous ensemble, loin de tout.

Ce serait vraiment fantastique.