Bahamas — Famille Saint-Clair

Je m’assois au bord de l’eau et même si Aria essaie de se débattre deux secondes, elle se rends vite compte qu’être assise entre mes jambes et avoir l’eau qui vient jusqu’à nous c’est trop bien aussi. Elle tape dès qu’une vague arrive et elle éclate de rire à chaque fois.

— Tu vas voir la super bouée qu’on t’as trouvé ! Une vraie princesse !

Je lui fais plein de bisous partout et quand Gabriel revient avec le flamand rose, j’éclate de rire.

— On n’aurait pas pu trouver plus gay !

— Mais quel gay, toi ! C’est une fille et son doudou c’est aussi un flamant rose ! Tu voulais que j’achète quoi ? Un transformers ? Un requin ? Pff. Boulet que t’es toi. Allez, debout.

Je dis en levant les yeux au ciel.

— Puis lache les gays un peu. Sérieux. Homophobe va.

Je dis en riant avant qu’on avance dans l’eau pour en avoir jusqu’à la taille et qu’Aria aille dans sa bouée. Au début, elle est septique et finalement, à la moindre vague elle rit aux éclats et elle a l’air vraiment contente d’être là.

— Elle a vraiment peur de rien. C’est fou.

— J’sais pas moi ! Un lapin ! Y’avait sûrement moins rose dans le magasin non ?

J’éclate de rire quand il dit que je suis homophobe et je lui vole un baiser avant qu’on aille dans l’eau.

— Avec nous fallait mieux pas, on l’aurait traumatisé la pauvre !

— Mais pourquoi moins rose ? Pff. Moins rose, c’est un cygne et pas un flamant rose. Voilà. Hein tu l’aimes ton flamant rose toi ?

Elle claque ses mains sur l’eau comme une folle donc j’en conclus que c’est oui.

— Voilà, tu vois ?

Je le laisse prendre la direction de la bouée pendant que je m’accroche à sa nuque et que j’enroule mes jambes autour de sa taille. Je dépose plein de bisous dans son cou.

— J’arrive pas à croire qu’on est là tous les trois.

— Maintenant j’ai une fille, et un mari koala ! Et en plus les deux sont ligués contre moi !

Je rigole en passant une main derrière le dos de Gabriel, alors que l’autre ne lâche pas Aria.

— J’arrive pas à croire qu’on ai cette chance ! Pas seulement d’être là, mais juste d’être tous les trois. Ma vie elle aurait vraiment pué à mort sans vous.

Je serais peut-être toujours en train de faire de la télé et à faire croire aux gens que je suis hétéro.

— Moi j’crois qu’elle serait finit depuis longtemps, ma vie.

Je dis en riant.

— T’es mon sauveur. Et maintenant, je suis heureux et je vous ai tous les deux. Je savais pas que je rêvais de cette vie de koala.

— Je suis un peu ton Jack ! Je t’ai sauvé de toute les manières dont tu puisses être sauvé !

Je rigole en imitant grossièrement la veille dans Titanic.

— Je savais pas non plus que je rêverais d’être un arbre. Mais c’est mon job préféré. Ça et être papa !

— Arrête, j’te dis des trucs mignons. Fais un effort.

J’embrasse ses lèvres et je le libère pour récupérer la bouée.

— On va aller manger, peut-être ? T’as faim, mon ange ?

On est arrivés, on est directement allés dans l’eau sans se poser de question.

— Moi, j’ai faim, un peu.

— Je crois que t’as plus faim qu’elle.

Je souris tendrement. Aria le regarde avec ses grands yeux, elle est magnifique.

— Mais je dois avouer que j’ai la dalle aussi. Alors on va imposer l’heure du repas écoute ! L’appétit vient en mangeant.

— Surtout qu’elle a pas dormi du vol, elle va nous faire un pétage de plomb tout à l’heure...

Enfin, elle a dormi, mais pas beaucoup. Je crois qu’elle a eu un peu mal aux oreilles. Puis comme j’étais au fond du trou, le temps que je me calme, ça l’a forcément affectée, je le sais.

— On se sèche sur la terrasse ? Y a une douche à l’extérieur en plus. T’as trouvé l’hôtel comment ? C’est un truc de fou. Merci encore, Mattie.

— On ira dormir tous les trois ! On a tous besoin de décompresser un peu.

Et moi j’ai aussi beaucoup envie de câlins avec mon mari.

— J’ai cherché dans les hôtels de luxe, puis j’ai dévié sur ceux qui sont luxueux et tranquille ! J’ai finis par tomber sur celui ci et j’ai pas hésité une seconde. On va vraiment être bien ici, c’est exactement ce qu’on aime. Et même Aria va être super à l’aise.

Heureusement aussi que son frère et Logan sont géniaux et qu’à la dernière minute ils ont acceptés de nous garder les chiens dix jours. Ça va être un capharnaüm là-bas, alors que nous on va se dorer au soleil !

— Oui, je pense. Je suis mi-stressé mi-détendu.

J’ai toutes mes émotions entremêlées et c’est jamais une bonne chose parce que ça finit toujours mal. Mais il sait s’y prendre avec moi, mon mari. Bien mieux que n’importe qui au monde. Bien mieux que moi-même. C’est juste que je dois accepter de l’alarmer quand ça va pas. Comme hier.

— Plus à l’aise que ça tu peux pas. T’as vu le lit de princesse qu’ils ont préparé ? Juste... on le ramène dans notre chambre, nan ? J’ai pas envie qu’elle soit en panique.

En arrivant sur la terrasse, on va directement se doucher à l’eau douce tous les trois. Aria ronchonne un peu mais une fois propre, on l’enroule dans sa serviette et là, c’est gros câlin avec son papa : son moment préféré. Depuis qu’elle est avec nous, on a tenté de lui créer des points de repère en se fixant des habitudes pour que ce soit rassurant pour elle. Et y a quatre câlins dans la journée auquel elle a vraiment accrochée et qui sont de vrais repères, même au bout du monde : la sortie du bain, toute emmaillotée dans sa serviette, le câlin du matin dans le lit des papas pour prendre le biberon, le calin pour se réveiller doucement de la sieste, bien au chaud dans sa couverture, et le câlin avant de dormir la nuit où écoute les bruits de l’océan pour s’apaiser. Et là, elle a très bien reconnu le câlin de la sortie du bain. Et je fonds d’amour en les voyant tous les deux comme ça.

— On commande un truc pour nous ? Un truc frais genre toast saumon avocat ? Nan ?

Sans m’en rendre compte, je chuchote. Pour ne pas briser l’instant. Ils sont beaux mes amours.

— Ça me tente bien, oui ! On demande un petit apéro avec ? Pas de quoi finir defoncé, mais un petit cocktail ou un truc comme ça. Ça te dis pas ?

Je réponds en murmurant à mon tour. Aria est pourtant bien réveillée, mais c’est un moment calme et apaisant pour elle comme pour nous et ça nous fait vraiment du bien.

— Tu crois qu’ils auraient aussi quelque chose pour elle ? Où on regarde ce qu’il y a déjà ici ?

J’ai demandé une ce ambre avec un frigo déjà prérempli, c’est plus facile avec Aria.

— Moi sans alcool. Le décalage horaires plus mon état et les médicaments, tu veux que je fasse un truc de ouf ou quoi ?

Je jette un œil à Aria et je la vois écouter la voix de son père avec grande attention. Elle est toute calme maintenant, c’est bien.

— Je regarde.

J’ouvre le frigo et y a des plats bébé tout prêt. Je grimace. En dépannage c’est pratique mais franchement, elle mange pas ça chez nous. La pauvre.

— On lui prend des tagliatelles au saumon ? Quoi que je m’en prends et je lui en donne. Avec l’apéro, ça ira. Mais c’est des plats tout prêt, je préfère qu’elle mange des vrais morceaux qui ont du goût, non ?

On s’est très peu galéré avec le lait en poudre nous. Maintenant elle boit du lait de croissance le matin et ça, on a pris dix petites bouteilles avec nous pour être sûr de ne pas être emmerdé. Mais du reste... elle n’est pas difficile et elle mange vraiment très bien. Elle préfère mâcher que manger liquide.

— T’es avec moi, je te laisserais pas faire et prendre un truc qui finirait mal. Je fais attention, quand même.

Je lui rappelle en le regardant fouiller dans le frigo. Ça annonce rien de bon et je le comprends vite.

— Prends en pour tout le monde à la limite, ça me va aussi moi. Toasts et pâtes au saumon c’est bien comme premier repas ! On verra plus tard si y’a des trucs un peu plus locaux qui se font.

Là j’ai vraiment juste envie de dormir. Si je m’écoutais, je pourrais même m’endormir dans le canapé avec Aria dans les bras.

— Oh de la mousse au chocolat aussi ! J’ai envie de chocolat ! Je les appelle ou tu gères ?

Même si actuellement, je ne peux et ne veux pas bouger.

— Non, c’est toi. Je mets le haut-parleur. Après on fera un menu de trucs qu’on veut pour Aria, nan ? On est dans un truc de riche où on peut claquer des doigts pour avoir ce qu’on veut ? Dans le respect.

J’ajoute avec un sourire. La plupart du temps, le service, on s’en fout, mais si ça peut nous aider pour Aria, je ne vais pas râler sur un peu de luxe.

— Mousse elle va en manger, et là y a une corbeille de fruit donc on est bon.

Je compose le numéro et je mets le haut-parleur. J’ai pas envie de parler à quelqu’un d’autre qu’eux aujourd’hui.

C’est Gabriel qui tient le téléphone mais c’est moi qui parle tout du long et ça me fait rire. On est vraiment complémentaire sur pleins de choses.

J’en profite pour demander s’il est possible qu’on fasse des menus en avance pour notre fille et leur réponse rassure Gabriel en deux secondes. On est vacances, on a tout pour que ça se passe bien et je veux pas qu’il panique pour des trucs inutiles.

— T’as besoin de rien d’autre ? Y’a pas un truc qui te fait envie ?

Je demande quand même à Gabi avant qu’il ne raccroche.

— Vous pouvez nous rappeler aussi souvent que nécessaire si vous le souhaitez.
— On fera ça alors, merci à vous.

Il raccroche sans attendre et ça me fait rire.

— On n’allait pas taper la discussion pendant dix minutes tu sais !

— Oui et bah c’est bon. Ils vont pas venir te savonner le dos, non plus.

Avant de poser mon portable, j’envoie la vidéo d’Aria qui marche dans le groupe WhatsApp « FAMILY PORTRAIT » en écrivant en gros : PREMIERS PAS DE NOTRE POUPÉE !!!! Matthew est sorti à poil pour pas rater ça JOUR 1. Je sens que ça va être mouvementé. PS : on est aux Bahamas.

Ensuite, je jette mon téléphone. Adieu les cons et les patients (sauf si c’est un membre de ma famille, genre Edouard qui appelle tous les jours).

— C’est prêt dans une demi-heure, c’est ça ? On a le temps de s’habiller alors. Hein mon ange ?

— Ça dépends. C’est moi ton ange ou c’est elle ?

Je demande avec un sourire qui s’etends d’une oreille à une autre.

— Arrête, tu sais bien que c’est elle. Toi t’as pas de surnom comme ça.

Je dis en levant les yeux au ciel.

— Dommage, je suis sûr que j’aurais pu trouver ça grave excitant.

Je souris en me levant, Aria toujours dans mes bras.

— On va s’habiller alors, l’ange de ses papas ?

Elle a droit à plein de bisous en prime.

— T’inquiète pas va, t’aurais bien d’autres occasions d’être excité.

Je dis en allant ouvrir la valise d’Aria. Elle est toute petite mais on a quand même pris plein de choses.

— Whoaa regarde, c’est tata Romie qui t’a acheté ça. On va le mettre. Juste avec la couche c’est bien. Elle aura pas trop chaud.

— J’ai hâte de voir comment tu vas t’y prendre.

C’est un endroit de rêve ici, qui sait ce qui peut arriver.

— Tata Romie elle a vraiment l’œil ! À chaque fois c’est plus mignon que la fois d’avant ! Josephine et elle vont faire de ces virées shopping plus tard !

Je rigole en imaginant la scène.

— Et toi t’auras avec elles ma puce ! Avec ta cousine Jo !

— Pff nous aussi on fera des virées shopping avec Aria. T’es fou ou quoi ? T’as envie de raté ça toi ? Moi non.

Mais on va pas trop y penser parce que l’imaginer avoir 15 ans me met une pression d’un coup et je manque presque d’air. Je saurais pas gérer. Je serais nul. Elle va même pas vouloir aller avec moi parce qu’elle va me détester. C’est sûr.

— Évidemment qu’on en fera ! Mais quand t’avais seize ans t’aurais préféré faire du shopping avec ta mère ou avec tes cousins ? La réponse est limpide !

Je rigole, mais seul. Gabriel est sur pause derrière nous et en une enjambée, je suis de nouveau à côté de lui. Aria touche ses cheveux en souriant.

— Mon bébé on n’y est pas, d’accord ? C’est encore une petite fille et nous deux, on apprends à être de bons pères. On apprendra toute notre vie, on fera des erreurs en même temps qu’elle. Mais on sera soudés, je le sais. C’est évident.