Curiosités - Adam & Logan

— Parfait.

Quand je vois qu’il ferme les yeux malgré lui, j’arrête lentement avant de me coucher à ses côtés. Les gens ne réalisent pas à quel point la posture c’est important. Mais Adam se laisse faire et j’aime pouvoir prendre soin de lui comme ça.

— Partenaire. J’espère que tu parles pas de moi comme d’un partenaire, hein. On dirait un partenaire de j’sais pas quoi. C’est trop amical. Je suis ton conjoint. Ou ton mari, même, si tu veux prendre un raccourci.

Moi, ça m’arrive de par’er de lui comme étant mon mari ; les gens cherchent moins à comprendre.

Ça me ferait bizarre de l'appeler mon mari, alors que nous ne sommes, et ne seront, pas mariés. Je sais que pour lui ce n'est qu'un bout de papier, mais la signification de l'acte est tout aussi forte pour moi. Et pour ma famille. J'ai été élevé dans le respect et l'importance du mariage. Et si dans mon cœur Logan à la place de mon mari, c'est un peu plus compliqué dans les faits.

— Mais c'est chou partenaire ! T'en as qu'un partenaire tu vois, c'est ton autre moitié ! Mais si ça peut te rassurer, la plupart du temps je parle de toi comme de mon compagnon. Ça te va bien, je trouve.

Je grimpe à moitié sur lui, pour pouvoir embrasser ses lèvres à ma guise.

— Même si on sait tous les deux que ce qui te correspond le mieux, c'est L'amour de ma vie... Mais ça risquerait de faire un tantinet niais en public. Surtout à l'école. Alors imagine si je parlais de toi comme de mon mari. Ils sont encore bien trop nombreux à agir comme si on était au lycée... Je sais par avance que beaucoup se retourneraient sur moi en chuchotant dans les couloirs, en médisant sur le fait que Saint-Clair se raconte une vie parce qu'on a une alliance quand on est marié et blablabla. Le bonheur des autres, ça mets la rage aux aigris.

— Partenaire, j’aime pas.

J’insiste en basculant au-dessus de lui pour me retrouver entre ses jambes. J’embrasse ses lèvres, son cou. Mes mains caressent fiévreusement son corps.

— J’aime pas compagnon non plus.

Je murmure entre deux baisers.

— T’es plus que ça et je suis plus que ça. T’es à moi, tu comprends ? Et s’il faut que j’te colle une alliance à l’annulaire et qu’on aille à la mairie pour que tu m’appelles ton mari, j’vais le faire.

Mes mains attrapent les siennes pour les plaquer au-dessus de sa tête.

— Mais t’es à moi.

Et les autres, j’en n’ai rien à foutre. Qu’ils soient jaloux, ils ont bien raison de l'être. Plus les jours passent plus j’en suis dingue et plus c’est difficile de ne pas l’avoir sous les yeux toute la journée. Il ne réalise pas à quel point il m’a piqué avec sa réflexion son petit discours. À quel point il m’a donné envie de lui rappeler que si j’en ai envie, les autres pourront le voir rougir simplement parce qu’il se rappellera de la manière dont je lui ai fait l’amour ce soir. Et en attendant qu’il ai une alliance, je vais l’écrire sur son visage, qu’il a quelqu’un à qui il appartient, quelqu’un qui est son mari.

Ce regard quand il parle de bague, ce regard qu'il a en affirmant qu'il m'emmènera à la mairie s'il le faut pour que le monde entier soit au courant, ça me retourne complètement. Alors c'est ça la passion, le dévouement et l'appartenance totale à une autre personne ? Si c'est le cas, je signe tout de suite.

— Je suis à toi ! je gémis entre deux de ses baisers. Je n'ai plus jamais été à quelqu'un d'autre dans mon esprit que depuis que je t'ai rencontré.

Mon corps s'embrasse tout entier en répondant au sien et mon cœur bat la chamade. Il m'a suffit d'une pensée, d'une toute petite remarque, pour réveiller quelque chose en lui auquel je ne m'attendais pas. Sa voix, ses baisers, ses mains sur mon corps... Tout me hurle qu'il est sérieux et qu'il compte bien me prouver à cet instant précis que nous sommes un tout.

— Mon mari...

Je murmure contre ses lèvres alors que j'emprisonne son visage de mes mains quelques secondes. Mon regard à moi en dit long aussi et le brasier qui vascille dans nos yeux est si intense que je ne suis déjà plus sur terre.

C’est sans doute la première fois qu’on fait l’amour comme ça, mais certainement pas la dernière. Je crois qu’il ne réalise pas à quel point je l’aime. Je le lui dis, pourtant, mais il n’a pas l’air de réaliser comme c’est fort. Mais ce n’est pas important, ce qui est important, c’est qu’il le sache et que je le lui montre chaque fois que j’en ai l’occasion.

Finalement, on s’endort vraiment tard et quand son réveil sonne, Adam a vraiment du mal à ouvrir les yeux. Mais il est beau, comme ça, tout endormi. J’embrasse ses lèvres, son cou, son visage. Je caresse son dos, ses fesses.

— On va se doucher ?

Je grogne quelque chose de complètement incompréhensible contre l'oreiller. Et frissonne lorsque Logan atteint mes fesses avec sa main. Ça ravive doucement en moi notre fin de soirée et un léger sourire s'accroche à mes lèvres.

— Mais on s'est couché y'a même pas dix minutes... Pourquoi la vie est si cruelle ? On était bien là...

Je soupire, mais je finis par me lever quand même. C'est pas comme si j'avais le choix. Heureusement que Logan m'accompagne ce matin, j'aurais été capable de rester planté là à dormir debout. Mais la douche est grande et on y rentre largement à deux, maintenant. On peut même y faire l'amour.

— Tu crois qu'un jour on fera l'amour dans un endroit fou ?

J'ai encore la tête ensommeillée et je ne sais même pas où je vais chercher ça.

La journée va être longue pour lui ; moi, je sais que je vais retourner me coucher. Mais il enchaîne avec quatre jours de week-end, je suppose qu’il aura tout le temps de se reposer. Puis je ne vais pas dormir très longtemps, j’ai une montagne de chose à faire, aujourd’hui.

Je ris doucement à sa question et je relève son menton pour embrasser ses lèvres.

— Où tu veux. Peut-être même qu’on peut commencé par la cabine de douche, ce matin.

— Dans une cabine d'essayage. Ou dans un avion. S'envoyer en l'air dans les airs, t'imagines ?

Je rigole tout seul comme un con, mais la pression de ses lèvres sur les miennes me ramène à la réalité.

— La cabine de douche, c'est un très bon début.

Et c'est surtout le meilleur moyen de commencer cette longue journée qui m'attends.

— Où tu veux.

Je répète en souriant contre ses lèvres. Voir Adam s’épanouir fait partie des choses que j’apprécie le plus dans notre relation. J’espère qu’il réalise parfois le chemin qu’il a parcouru depuis notre première rencontre, sur n’importe quel plan.

C’était vraiment difficile de le laisser partir ce matin et je crois même qu’il s’est mis un peu en retard. Mais c’est pour la bonne cause. Puis le voir courir partout, complètement déboussolé, le rend encore plus attirant.

— Adam.. t’oublies ton ordinateur, là.

J’attrape la pochette pour la lui apporter dans l’entrée.

— T’as ton portable ? Tes clés ? Ta tête ?

Je demande avec un petit sourire.

— Merde les clés de la voiture !

Je fouille dans mes poches et finalement, je les vois sur le meuble de l'entrée.

— On va attendre que je sache faire du vélo pour aller à la gare sans voiture ok ? Mais promis, ça arrivera un jour.

Je lui souris tendrement, parce que j'ai vraiment envie de faire cette chose là pour lui, pour nous deux.

— Merci pour l'ordinateur mon cœur. J'aurais pleuré dans le train en m'en rendant compte je crois !

Mes lèvres s'accrochent aux siennes encore, et encore, et finalement je trouve je ne sais où la force de me détacher de lui. Non sans lui rappeler que je l'aime. Au cas où il avait oublié.

Il me dit qu’il compte passer au vélo un jour et ça me touche beaucoup. Ça me rassure aussi. Il s’en va sous une pluie de « je t’aime » et de « sois prudent » et quand j’ai l’intention d’aller me recoucher, Poisson fait la foire pour sortir. Alors ce sera promenade pour le chien avant d’attaquer cette journée sans fin.

La journée m'a semblé affreusement longue et ce n'est pas seulement parce que je suis fatigué.

Ce matin, j'ai du courir pour ne pas rater mon train tellement j'étais en retard. Puis je me suis endormi dedans et heureusement que Londres est le terminus, parce que j'aurais pu aller jusqu'aux frontières anglaises comme ça, sinon.

Les cours étaient intéressants, comme toujours pour moi, mais sept heures quand on est explosé, c'est long. Surtout que pendant ma seule heure de pause ce midi, j'ai dû aller dans Londres faire une course et que ça n'aide pas à se poser réellement. Logan me manquait encore plus que d'habitude, c'était inssuportable. Et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à notre conversation d'hier soir. Comment il voudrait que tout le monde ici sache que je suis à lui ? Les seules personnes de l'école dont on sait le statut, ce sont ceux qui sont élèves tous les deux ici.

Quand dix huit heures est arrivé, j'aurais pu pleurer de joie. J'allais enfin retrouver mon amoureux, ma maison et mes animaux et ce pendant quatre longues journées de repos. Mais c'était sans compter sur la panne de train qu'il y a eu et le retard qui en a découlé.

Résultat des courses : il est bientôt 21h et je me gare seulement devant la maison. Bien entendu, j'ai prévenu Logan de l'avancée des évènements, mais le retrouver enfin me réjouit d'avance. Tout ce dont j'ai besoin, là, c'est de lui et d'un bon repas.

J’ai couru partout toute la journée et le fait qu’Adam ait eu du retard m’a beaucoup arrangé sur la préparation du repas. Mais je n’avais pas prévu de passer à la bijouterie, je n’avais pas prévu que ça prenne du temps et je n’avais pas non plus prévu que notre imprimante n’aurait plus d’encre.

Madeleine m’a indiqué qu’Adam adorait les courgettes farcies, mais qu’en vivant avec Gabriel, ça avait été compliqué pour lui d’en manger souvent, alors c’est ce que j’ai prévu de lui faire ce soir. Ce n’était pas très long, en soi, mais le temps de cuisson s’est avéré un peu plus lent que prévu alors cette panne de train tombait à pic. J’ai mis la table, sorti le chien, jouer avec le chat, téléphoné à ma fille. Une journée bien remplie, en somme. Alors quand Adam arrive enfin, je coupe la télévision et je vais directement le rejoindre dans l’entrée pour l’aider à se débarasser de son bazar.

— J’crois que t’as bien mérité ton week-end, non ?

Je dis en embrasant tendrement ses lèvres.

— Ça va ?

Je réponds au baiser de Logan avec amour, alors que je laisse littéralement tomber dans l'entrée et dans ses bras mes affaires.

— Je suis à bout de nerfs. Jamais je n'ai autant rêvé d'être en week-end. Jamais je n'ai eu aussi hâte de rentrer, de te retrouver et de ne rien faire d'autre que rien. Juste être assis, dans tes bras, à ne plus penser et à ne plus bouger.

Dans ses bras je me sens protégé et à l'abri, c'est ce qu'il me fallait ce soir, sans aucune hésitation.

— Et toi alors ? Cette journée ? J'espère meilleure que la mienne...

— Eh bien.. très bonne. J’ai couru partout, mais ça a été.

Je caresse ses cheveux avec tendresse.

— Tu veux aller te doucher vite fait ? Ou on passe à table, c’est comme tu veux.

— Ce sent méga bon ! Et j'ai super faim ! Mais c'est vrai qu'une bonne douche me tente bien.

Même sur ça, j'arrive à être indécis.

— Ça peut tenir encore cinq minutes à cuire ou c'est tout juste prêt ?

— Ça tiendra cinq minutes rien que pour toi. File.

Je le retiens tout de même avec un baiser avant d’aller mettre en place les derniers préparatifs sur la table : une enveloppe épaisse et un écrin posé dessus.

Quand Adam revient, je l’invite directement à passer à table parce qu’il doit mourir de faim, et je sors immédiatement le plat du four.

Je me dépêche de passer sous la douche, même si j'avance au ralenti. Quand je ressors, Logan ne cherche pas bien longtemps et m'indique qu'on passe à table de suite. Tant mieux, parce que mon estomac gargouille comme jamais. Je pourrais manger un sanglier.

— T'as besoin d'aide ?

Je demande alors qu'il est déjà la tête dans le four. Il ne réponds pas. Tant pis. Je vais me jeter directement sur la chaise, avant que mon regard ne voit ce qui n'est pas là habituellement. Mon cœur bat fort et j'ai peur de m'emballer trop vite face à ce que je vois au centre de la table.

— Mon cœur... ?

— Hm ?

Je me retourne avec le plat que je dépose sur la table. Je vois son regard fixé sur ce que j’y ai déposé il y a quelques instants.

— C’est pour toi oui.

Je dis avec un large sourire.

— C’est une alliance... Pour l’instant ça fera office de bague fiançailles. On la fera graver quand on aura la date, ça te va ?

Je demande avec tendresse. Je n’aurais jamais penser en arriver là un jour avec lui, et je dois avouer que ça me rend extrêmement heureux. Ça doit se voir sur mon visage, je suppose.

— Par contre... Juste ta famille, ton témoin s’il ne fait pas parti de ta famille et c’est tout. D’accord ?, je demande avec précaution. Quelques amis si vraiment tu en as envie, mais c’est pas la fete au village, ok ?, j’ajoute en riant. Juste nous. J’te laisse organiser ça comme tu veux, simplement j’aimerais que ce soit un week-end où Livie est là.

Parce que c’est quand même assez important pour qu’elle participe à ce genre d’evenement. J’y tiens beaucoup. Peut-être même qu’elle pourrait apporter nos alliances.

— Et l’enveloppe, j’aimerais assez qu’on en parle tous les deux, sérieusement.

Pendant quelques secondes, je le regarde en attendant qu'il rigole en me disant qu'il deconne. Mais quand je percute et que je réalise que son sourire et son regard sont tout sauf ironique, les larmes me montent aux yeux. Ce n'est pas l'explosion de joie à l'extérieur, mais c'est simplement parce que je suis plus touché que je ne l'ai jamais été et que ça me clou sur place.

— Juste eux, personne d'autre. Eux, toi et moi, c'est tout ce qu'il nous faut. Et quand je dis eux, j'entends ma famille. Il est évident qu'Olivia en fait partie depuis le jour où tu m'as demandé d'assumer le rôle de beau père. On ne peux pas faire ça sans elle... Et t'as vraiment cru que je pourrais avoir un autre témoin que Gabriel ?

Je rigole, essuyant la larme qui roule sur ma joue. Puis enfin je retrouve ma motricité et je me relève vivement pour me blottir contre lui.

— Je t'aime. Je t'aime tellement fort que tu peux même pas imaginer.

Je l'embrasse avec toute la précaution du monde, un mélange de tendresse, d'avidité et de reconnaissance. Le tout surplombé d'un amour évident. J'espère qu'il ressent tout ça. En plus de l'eau, parce que je pleure un peu plus qu'au départ.

— Je croyais que tu ne voulais plus jamais te marier ?

J’accepte de le prendr contre moi volontiers. Sa réaction est tellement belle qu’elle m’émeut moi aussi. Je ne regrette absolument pas cette demande, au contraire.

— Moi aussi. Et j’ai beaucoup réfléchi aujourd’hui et si je ne voulais plus me marié, c’était à cause des conséquences d’une séparation. Mais je réalise bien qu’on ne va pas se séparer.

J’attrape l’écrin et je l’ouvre. Il y a nos deux alliances, parce qu’il n’y a pas de raison qu’il soit le seul à en avoir une.

— J’ai pris les plus simple, mais.. enfin j’espère que ça te plaît ?

— On ne se séparera pas. C'est écrit quelque part, j'en suis convaincu.

Je me mords la lèvre machinalement, complètement envoûté par l'instant que je suis en train de vivre. Ça me prends tout mon corps et tout mon cœur, je suis dévoré par l'amour incommensurable que je porte à Logan. Et ça n'en est que plus fort lorsqu'il laisse voir à mes yeux les alliances qu'il nous a choisis.

— C'est parfait, je murmure malgré moi à cause de l'émotion. L'important c'est que toi et moi on sait ce que notre Histoire signifie et ces alliances c'est... C'est nous. C'est pas la simplicité de ces anneaux qui fait qu'on s'aime moins. Au contraire.

J’acquiesce et je suis soulagé de voir que la bague lui va parfaitement quand je la lui passe. Je connais ses mains par cœur et c’est la première fois que je porte une alliance avec fierté.

— Je t’aime mon bébé.

J’embrasse ses lèvres avec tendresse.

— On mange ? On parlera de l’enveloppe au dessert, tu veux bien ?

J'acquiesce, pas encore vraiment remis de ce qui arrive. Nous sommes la, tous les deux, nos alliances autour de nos doigts, et ça me fait quelque chose. Je crois que Logan peut aisément le comprendre. Dans mon état normal, jamais je n'aurais pu attendre ne serait ce que quelques instants pour savoir ce que contient cette enveloppe.

— J'ai hâte de savoir ce qu'elle renferme. Ça à l'air sérieux.

Je souris et reprends ma place sur la chaise non sans un dernier baiser.

— Oh des courgettes farcies ! J'adore ça ! T'es tombé juste mon cœur ! Tu ne pouvais pas faire un meilleur repas que ça ! Ça t'as pas pris trop de temps ?

Il accepte de patienter et je le reconnais à peine, mais il n’en est que plus beau et j’en tombe encore plus amoureux. Au fond, j’ai toujours su qu’il était ce genre de personne, mais avec l’achat de Poisson, j’avais pris peur, un peu. Et là, il sait parfaitement me montrer à quel point il est mature et à quel point nous ne faisons pas fausse route.

— J’avoue que ta mère m’a un peu aidé sur ce coup-là.

Je lui souris.

— Ça m’a pris le temps qu’il faut pour espérer te faire plaisir.

Il se saisit de sa fourchette et, malgré moi, mes yeux se posent sur son alliance. Je suis fier. Vraiment très fier. Plus que je ne l’ai jamais été.