Gabriel & Austin

Je regarde autour de nous et je prends des photos, de lui en même temps. Je hoche la tête et on avance.

— Pourquoi des gens déménageraient sans emporter leurs meubles ?

— Peut-être que ceux qui vivaient là sont morts et que personne n’est jamais rien venu réclamer ? Ça arrive souvent...

— Je trouve ça triste. Mais ça devait être beau avant.

C'est immense et ça devait vraiment être une belle maison quand des gens vivaient encore là.

— Regarde, il y a même des photos encore.

Je dis en désignant les cadres recouverts de poussière accrochés aux murs et posés un peu partout sur les meubles.

— On dirait qu’ils sont partis à la va vite en laissant tout.

C’est dingue. On regarde les photos, ça a l’air vraiment vieux.

— Je crois que j’aimerais bien retaper un endroit comme celui-là un jour. Pour nous.

J’ai toujours trouver ça cool, ce qu’avait fait Max pour Adam.

Quand il dit ça je me tourne vers lui.

— Vraiment ?

— Bah.. ouais. T’aimerais pas avoir un endroit à toi ? Loin de tout et à l’abris de ce monde de merde ? Moi j’aimerais vraiment.

À l'abri de ce monde de merde.

— Si, je crois que j'aimerais beaucoup ça. Mais pas dans un endroit où il y a eu des morts.

Je dis avec un petit sourire.

— Mais peut-être qu’ils sont pas morts ici. Peut-être qu’ils sont simplement partis ?

Je souris.

— Tu crois qu’on l’a trouvé par hasard cet endroit ?

— Tu parles de cette maison en particulier que tu aimerais rénover ?

— Bah.. tu t’y vois pas toi ? Au milieu de nulle part ? Enfin j’sais pas, certainement que c’est pas à vendre.

Je souris.

— Je n'ai absolument aucune idée d'où on est.

— À seulement 15 kilomètres de White Falls. À l’opposé de Londres.

Je porte l'appareil à mon oeil et je le prends en photos.

— J'imagine casser les murs et faire une immense pièce à vivre avec une cuisine ouverte, mais garder la cheminée et les poutres apparentes.

— Des grandes chambres lumineuses. Un cabinet pour des consultations parce que je serai médecin de campagne.

Je dis dans un sourire.

— T’aimes ça, faire des photos ?

Je souris parce qu'il veut vraiment devenir médecin, il a vraiment trouvé sa voiE.

— C'est mon modèle qui m'inspire.

Je prends une nouvelle photo de lui.

Je lève les yeux au ciel.

— N’empêche, c’est un beau métier photographe.

— C'est vrai, ça doit être passionnant.

Je lui désigne l'étage.

— Tu crois qu'on peut monter ? les escaliers n'ont pas l'air en bon état.

Je secoue la tête.

— Je peux essayer mais toi j’ai pas envie que tu te blesses alors non. Le bois c’est jamais une bonne idée quand c’est trop vieux.

Je secoue la tête.

— Si c'est dangereux pour moi, ça l'est aussi pour toi. Tu veux bien t'assoir sur le vieux canapé s'il te plait ?

— Et du coup, je me mets à poil et je prends la pose comme Rose dans Titanic ??

— Même si l'idée est tentante, il y a bien trop de poussière. En tailleur ?

Je mets l'appareil à mon oeil et je le prends en photos sous plusieurs angles, je zoom sur ses yeux, son sourire, la mèche de cheveux qui tombe sur son visage. Il est vraiment magnifique, ça me déstabilise.

Je le laisse faire, parfois il me fait rire, parfois je suis gêné. J’ai l’impression qu’il me trouve beau et c’est agréable.

— Je t’aime.

Mon coeur rate un battement et je prends une photo de lui sans le vouloir. C'est la deuxième fois qui me le dit, la première fois c'est quand je suis rentré de l'hopital. C'était un je t'aime de détresse pour me dire qu'il serait toujours là pour moi. Mais là c'est différent, j'ai l'impression que c'est un je t'aime, d'amour tout simplement, sans raison. Je baisse doucement l'appareil photo.

— Je t'aime.

Je lui adresse un large sourire avant de me relever pour le rejoindre et lui piquer son appareil pour nous prendre en photo pendant que je l’embrasse.

— T’es très beau et je te le dis pas assez, ça non plus. Mais je le pense tout le temps.

Je dis en souriant contre ses lèvres.

Il se lève et m'embrasse avant de nous prendre en photo. Je rougis un peu car je suis toujours mal à l'aise quand il s'agit d'être pris en photos.

— Toi aussi tu l'es, même si tu ne t'en rends pas compte.