Gabriel & Austin

Un large sourire s’affiche sur mon visage et l’illumine complètement.

— Tu sais que je serais partant pour concrétiser ces envies.

Et impatient, surtout.

— Ma sœur serait ravie d’emmener Darcy en vacances pour jouer avec les filles. Si jamais... je sais que tu voudrais partir avec elle, c’est pas ça, hein. Mais voilà, vous faites partie de là famille alors je sais qu’elle te l’a déjà proposé. Tu as le droit de dire oui.

— Je sais.... mais

Je cherche mes mots.

— J'ai toujours peur qu'ils se sentent obligés. Je sais bien que ce n'est pas le cas, mais je n'arrive pas à m'en convaincre.

— Franchement.. ma sœur elle a des JUMELLES. C’est un boulot de ouf alors si elle pouvait pas.. elle proposerait pas. Sinon ce ne serait pas des vacances pour elle !

J'ai conscience qu'en plus à côté des jumelles, Darcy est calme mais ça ne reste pas évidement pour moi. J'ai toujours l'impression que c'est de la charité ou de la pitié, alors que je sais que ce n'est pas le cas.

— Je sais...

Je tourne la tête vers lui.

— C'est vrai, tu serais tenté par l'Islande ?

— Oui, vraiment. Ça doit être magnifique. Surtout les aurores boréales.

— Quand j'étais petit, Darcy n'était pas encore née, j'espérais que si je mourrais, je me transformerais en aurores boréales.

— C’est beaucoup plus poétique que le paradis.

- Quand tu étais petit, tu m'avais soutenu qu'il y avait deux soleils,

Je souris en y repensant.

- Je t'ai cru pendant des années.

— Mais j’y croyais vraiment aussi ! Comment il pouvait être de l’autre côté du monde alors qu’il était aussi chez nous ?

Je dis en riant.

Je souris amusé.

—Pendant des années j'ai dessiné deux soleils sur mes dessins à l'école.

Je me rappelle aussi qu'un soir mon père était tombé sur l'un d'eux et qu'il m'avait traité d'attardé et de gamin débile.

— J'aimais bien l'idée qu'il y ait deux soleils.

— Mais il y en a deux. L’astre et toi. T’es mon soleil. Ça compte, non ?

Je rougis, il n'imagine pas combien de fois il m'a aidé sans même le savoir. Je change de position pour poser ma tête sur son épaule.

— Non, c'est toi mon soleil. Où est ce qu'on va ?

Je souris et je dépose un baiser sur le sommet de son crâne.

— Aucune idée. On fait un jeu ? Tu ne regardes pas la route et tu me dis où tourner, où sortir... et on voit où ça nous mène ?

Je souris et je ferme les yeux, j'attends un peu.

— La prochaine à droite.

— Ok. Alors du coup on s’engage sur une voie rapide. Je sors dans combien de sortie ?

Je souris comme un con. Je ne sais pas où on va et je trouve ça génial.

— Sept.

Je crois que moi aussi j'ai envie de m'éloigner de White Falls pour la journée. Après la sortie je lui indique d'autres directions.

— Tu me dis quand je peux regarder ?

Je compte, je suis concentré. Quand je sors, on se retrouve au milieu de nulle part, dans la campagne anglaise. Je suis ses indications tant bien que mal et on se retrouve sur la route qui mène à une ferme.

— Tu peux regarder.

Je dis en riant.

Je rouvre les yeux et me redresse pour regarder autour de nous. Il n'y a rien à part les ruines d'une ancienne ferme.

— C'est.... on est perdu ?

— Alors j’irais pas jusqu’à dire perdu... mais on est près d’une ferme..... ! Une ferme abandonnée qui serait une très belle maison familiale alors... allons la visiter.

Je dis avec un petit sourire en coin.

On descend de la voiture et je fouille dans mon sac pour récupérer l'appareil photos prêté par le lycée pour le cours. Je le porte à mon oeil, je règle le zoom et je le prends en photos.

Quand il me prend en photo, je suis un peu gêné mais je ne dis rien. Lui me sourit et c’est ce qui compte. J’avance jusqu’à la porte mais elle est verrouillée alors on fait le tour.

— Viens, on passe par-là.

Je désigne une fenêtre où les quelques planches fixées sont faciles à retirer.

La porte est verrouillée, on fait le tour et il trouve une fenêtre, il commence à enlever les planches.

— C'est pas une violation de propriété privée même si c'est abandonné ?

— Ben.. si. Même qu’on risque £10 000 d’amende et que si on me voit là j’vais faire une petit séjour en prison mais... y a personne.

J’attrape sa main pour lui faire sentir mon cœur palpitant.

— Ça c’est de l’excitation, le bonheur de faire un truc interdit.

Je sais que ce n’est absolument pas son genre alors je décale nos mains sur son propre cœur qui bat tout aussi fort.

— Tu rentres ?

Je me décompose quand il parle de tout ce que l'on risque, surtout lui. Il pose ma main sur son coeur, il bat vite, puis sur le mien. Je regarde autour de nous, hésitant mais il n'y a personne. Je pense à toutes les photos que je pourrais faire de lui à l'intérieur.

— D'accord.

Je le laisse finir d'enlever les planches car avec mon épaule je ne peux pas, puis on se faufile par l'ouverture. Il y'a plein de poussière et même des vieux meubles.

— C'est abandonné depuis longtemps.

— Depuis vraiment très longtemps ! La vache mais t’as vu tous les meubles qu’il y a ? C’est dingue !

Je en avançant doucement.

— On va visiter ?