This is where used to be my happy place.

Sans qu'il ai besoin d'aller plus loin je me prépare. Il a mal, vraiment très mal, et je regrette encore moins d'avoir confié les jumeaux à ma mère.

— T'es prêt ?

Il acquiesce et on y arrive plutôt pas trop mal. C'est un peu laborieux, j'ai perdu l'habitude il est vrai, mais on s'accroche tous les deux et les bons gestes reviennent rapidement. Suffisamment pour qu'il se retrouve debout.

— T'as besoin d'aide pour aller jusqu'à la salle de bain ?

Je demande alors que je le tiens toujours.

Au début j’ai du mal à me reposer entièrement sur lui mais quand je vois qu’il trouve la bonne posture, je le laisse entièrement faire. J’attrape mes béquilles et ça va mieux.

— Ça va. Tu peux préparer mes médicaments, s’il te plaît ? Je t’appelle si j’ai un problème.

Je me penche pour embrasser ses lèvres. Je suis touché qy’il soit là. Qu’il reste là. Ça me prend presque à la gorge.

Je réponds à son baiser avec tendresse. Ce n'est pas un baiser d'habitude, ça veux dire plus ce matin, je le sens. J'avais perdu cette sensation et ça me fait tellement de bien, à moi aussi.

— Au moindre besoin tu appelles. Je suis juste là.

Je passe une main dans ses cheveux, en souriant doucement.

— Je t'aime...

J'embrasse ses lèvres une dernière fois, avant de le libérer. Il a mal et envie d'aller aux toilettes, combo chiant.

Je ne galère pas trop parce que j’ai l’habitude, mais je retourne directement dans la chambre quand j’ai terminé. Avec les béquilles, c’est plus facile de m’allonger tout seul.

Quand Adam revient, il m’aide à prendre mes médicaments. Il y a carrément deux antalgiques.

— Je crois que c’est mieux si t’appelles avant, quand même. S’ils ont une chambre. Je peux pas rester assis plusieurs heures.

À le voir allongé sur le lit, je me suis douté qu'il avait moins mal ainsi, mais je ne pensais pas qu'il se sentait incapable de tenir plusieurs heures.

— Je les aient déjà appelé en rentrant de chez ma mère, pour les informer de notre venue, ils m'ont dit qu'ils essairaient de ne pas trop faire trainer les choses. Je leur repasse un coup de fil et on part !

Ça me touche de voir qu’il pense à tout même si je trouve ça étonnant ; ça n’était pas arrivé depuis longtemps.

— Merci, mon bébé.

Je lui souris, avant d'attraper mon téléphone et de rappeler l'hôpital. Je tombe sur la même secrétaire et elle comprends à mon ton que je suis encore plus inquiet que tout a l'heure. Elle m'assure qu'elle va faire en sorte de nous trouver une chambre, ou une salle d'auscultation libre si nécessaire.

— On y va maintenant ? Plus il sera tôt, et plus on a de chances de passer rapidement !

On va prendre ses béquilles avec nous. Je regrette presque le fauteuil.

— J'ai laissé un mot à Romie sur la table de la cuisine, avec mes clés de maison si elle a besoin. Les tiennes nous suffisent. On pourra toujours l'appeler de là-bas quand il sera un peu plus tard !

— Tu m’aides à m’habiller...? S’il te plaît.

J’ai peur de trop en demander mais aujourd’hui je n’y arriverai pas tout seul.

Ça me brise sincèrement le cœur de sentir son appréhension lorsqu'il me demande cela. Je n'ai plus envie de laisser de telles choses arriver...

— Évidemment mon cœur.

Je souris en allant lui sortir des affaires propres.

— Jogging ? Tu seras plus à l'aise qu'avec n'importe quoi d'autre.

J’acquiesce avec soulagement.

— Jogging, ouais. Et un t-shirt. Je mettrai mon sweat-shirt pour sortir. Désolé, c’est pas très attrayant.

C’est notre première journée seul depuis des mois et on va la passer à l’hôpital. Je me sens un peu nul.

— Tu peux juste me déposer si ça t’arrange. Si t’as envie de profiter des jumeaux pendant ton jour de congé.

— Le but d'aujourd'hui c'est de te soigner Logan. T'as pas besoin de sortir un costume trois pièces pour ça, tu m'as séduis y'a suffisamment de temps pour ne pas avoir a y penser.

Je sors ce qu'il faut et je viens m'assoir au bout du lit pour l'aider à enfiler son jogging. Rien qu'en touchant sa jambe, je peux le voir grimacer.

— Et puis, je me suis habitué à te voir habillé comme ça et t'es pas moins beau, ça à son charme aussi.

Je lui souris tendrement. J'ai jamais arrêté d'être fou amoureux de lui, j'ai juste arrêté de lui dire un jour.

— J'ai aussi envie de profiter un peu de toi, de nouveau. Y'a plus romantique qu'un hôpital, mais ça fait suffisamment longtemps que je passe des journées avec eux alors que toi, tu te retrouves tout seul là-bas... Tu crois pas ?

C'est rhétorique, bien entendu, mais c'est dit.

Je l’écoute avec attention et son discours me perturbe parce que j’ai l’impression que quelque chose a changé. C’est vraiment étrange. Je suis heureux de l’entendre me dire tout ça, ça me fait du bien, mais c’est bizarre.

— T’as parlé avec Charlie, récemment...?

Je demande malgré tout alors qu’il m’habille presque entièrement sans que je ne lui vienne en aide. Même ça, c’est différent. Quand il m’aidait avant, il le faisait de la même manière qu’il le faisait avec Olivia et c’est pour ça que j’avais arrêté de lui demander. Aujourd’hui, il m’aide moi. Son mari.

Je laisse mon regard sur mes mains qui l'habille, à la suite de sa question. Ça, ça veux dire que lui, il a parlé avec Charlie de la même manière dont j'ai parlé avec Gabriel. Sauf que si moi je me suis fait remonter les bretelles, je suppose qu'eux ont dû voir les choses sous un autre angle. Logan doit en avoir gros, depuis un moment, et moi j'ai jamais rien vu. Comment c'est possible.

— Non.

Je réponds simplement en terminant de l'aider.

— Mais j'ai pas mal discuté avec Gabriel, quand on a déjeuné ensemble. De son ex, et de nous.

Je réponds en soupirant un peu, en relevant enfin mes yeux vers lui. Il faut affronter la réalité des choses.

— De nous ?

Nos regards s’accrochent et je réalise que ça faisait un moment que ce n’était pas arrivé de cette manière.

— Tu me manques, Adam. Je ne sais pas si c’est possible parce qu’on vit ensemble, qu’on dort ensemble... Je sais que t’es très occupé depuis que tu travailles, qu’on a les bébés. C’est pas un reproche, je suis fier de toi et ça ne change rien au fait que je t’aime, mais c’est un fait : tu me manques. Et le fait que tu restes aujourd’hui ça me soulage beaucoup.

Ça me tord le ventre de l'entendre me dire ça, comme s'il était enfin libéré de quelque chose dont il voulait parler depuis longtemps.

— J'ai arrêté d'être un mari pour devenir un papa et avant que Gabriel ne me fasse mettre le doigt dessus, je voyais pas que c'était ça le problème. Et je t'aime pas moins, je suis toujours fou amoureux de toi, rien n'a changé, mais je me suis perdu dans je ne sais quel rôle à la con...

Je hausse les épaules, incapable de lui donner une raison cohérente.

— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je le voyais même pas, et c'est encore pire je crois. Ça fait combien de temps que ça dure...?

Je hausse les épaules.

— J’en sais rien, je ne le voyais pas non plus avant que tu me répètes que la présence de ma sœur nous empêcherait d’être intime et que toi tu pensais d’abord à notre famille contrairement à moi parce que... j’en sais rien, en fait. Ça m’a peiné car j’y pense aussi à notre famille, mais je considère que t’en fais partie et en en parlant avec Charlie, j’ai réalisé que ça faisait des mois que tu partageais ton temps entre les enfants, ton travail et tes parents. Puis voilà. Moi je suis, c’est comme ça. J’ai l’impression d’être un sac à main.

Rien que d’en parler avec lui, ça me fout les boules. J’ai pas du tout envie qu’il me voit chialer pour ça parce que c’est débile, mais entre la douleur de ces derniers jours et mon impression d’être un meuble, le fait d’en parler me libère autant que ça m’effraie parce que je ne veux pas le blesser, qu’il se braque ou qu’il pense que je l’aime moins.

— Il faut me le dire si je ne t’attire plus, si jamais finalement tu regrettes d’être avec un vieux ou... ou si t’as envie d’être avec quelqu’un d’autre..? Danny ? Je sais que vous passez beaucoup de temps tous les deux, vous avez beaucoup de choses en commun.

Le dire m’arrache les tripes. S’il partait pour quelqu’un d’autre, je sais que ce serait un coup du karma mais je n’y survivrai pas.

— J’ai l’impression qu’être marié ne t’intéresse plus et même si ça me fait peur, je préférerais être au courant parce que c’est difficile de gérer tout ça. Je me sens seul et c’est la première fois en dix mois que tu prends une journée pour m’accompagner. Enfin tu ne l’avais pas prise pour ça, mais que tu la sacrifies pour moi. J’ai pas envie de me dire que t’es là à nouveau si c’est pas le cas. J’arrive pas à encaisser mes problèmes de santé, c’est vrai, mais je me suis habitué à supporter ça tout seul comme un con sans que tu ne t’en inquiète vraiment alors si c’est juste pour aujourd’hui parce que t’as un peu parlé avec ton frère et que t’as mauvaise conscience, c’est pas grave. Je préfère que tu passes la journée avec les enfants comme tu l’avais prévu parce moi j’arriverai pas à encaisser un autre abandon.

J'ai vraiment été un mari affreux. Et plus Logan parle, plus j'ai envie de me fracasser la tête contre un mur. Comment j'ai pu le laisser encaisser et penser à toutes ces choses là ? Je sais ce que ça fait d'être mis de côté pourtant, d'être un second choix, et l'être au détriment de ses enfants ça doit être encore plus dur à comprendre.

— Je m'en fous des autres, de Danny ou de ton âge. Il m'intéresse pas, personne m'intéresse à part toi ! Je me suis battu en espérant que tu m'accorderais de l'intérêt, que je te plairais suffisamment pour que tu me donnes un centième de ton temps, c'est pas pour vouloir partir maintenant que je t'ai épousé !

Mais j'ai arrêté de me battre. J'ai pris notre couple pour acquis et j'ai laissé la vie faire.

— J'ai arrêté de te voir comme un défi, je suppose. T'es à moi maintenant, et je m'en fous que ça fasse psychopathe, mais t'es à moi. Et je veux pas te regarder partir, mais j'ai du me dire que j'avais plus rien à craindre. J'ai arrêté d'espérer te séduire, comme tu l'étais déjà. Enfin tu vois...

Je soupire, en levant les yeux au ciel.

— T'es la première relation sérieuse et sincère que je vis, t'es mon premier tellement de choses... Et je sais que c'est pas une excuse, mais je me rendais sincèrement pas compte que mon comportement pouvait avoir un impact sur notre couple. Mon frère m'a pas donné envie de faire bonne figure aujourd'hui, il m'a fait ouvrir les yeux sur la façon dont ça se passait vraiment, la vie à deux. C'est pas seulement ce que moi je veux, mais aussi ce que toi tu désires. C'est pas seulement les enfants, mais aussi toi. Cette journée de repos je l'ai posé hier après-midi, pour être avec toi, pas avec eux. Je pensais pas qu'on irait à l'hôpital, je te l'accorde, je pensais qu'on serait en famille, mais c'est peut-être le Seigneur qui a fait les choses ainsi.

Je rougis.

— Enfin non ! Pas de te faire mal ! Doux Jésus qu'est-ce que je raconte... Juste de faire en sorte qu'on soit ensemble, tous les deux.

Quand il me dit tout ça, je l’écoute avec attention et je ne doute pas une seconde de sa sincérité. Je vois qu’il ne s’est rendu compte de rien, tout comme moi. On a laissé la vie faire les choses et, en effet, cette journée fera peut-être du bien à notre couple.

J’ouvre mes bras pour qu’il vienne s’y blottir et lorsqu’il le fait, je n’ai ni envie de le lâcher, ni envie d’aller à l’hôpital.

— Je t’aime, mon bébé. J’espère que t’en doute pas malgré tout. Je crois que c’était bien qu’on ait cette conversation.

Je n'ai plus envie de quitter ces bras. J'ai l'impression de retrouver tout un tas de sensations que j'avais perdues, sans même le savoir vraiment. C'est ici ma place, je le sais depuis que j'ai rencontré Logan, il y a des années de ça.

— Je crois aussi...

J'embrasse sa joue avec douceur.

— Je veux pas que tu sois malheureux. C'est pas ça que j'imaginais du mariage. Je vais chasser les peurs irrationnelles qui sont nées de je ne sais où et on va se retrouver tous les deux, comme au premier jour. Enfin... Avec quatre enfants en plus, mais on peut gérer ça !

— Je suis pas malheureux, mon bébé.

Je dis en caressant ses cheveux avec tendresse.

— Tu me manques, c’est tout. Ça me fait du bien de t’avoir avec moi, même si c’est pour m’emmener à l’hôpital.

— On va faire en sorte que je te manque plus.

Je réponds doucement.

— Plus quand je suis sous tes yeux, dans tes bras ou dans notre lit, du moins. On a traversé plus dur que ça toi et moi !

Ma main vient caresser sa joue.

Je dépose un baiser sur son front.

— Merci de venir aujourd’hui. Je pense que j’ai besoin de toi.

Parce que j’ai pas eu aussi mal depuis l’accident.

— Je te laisserais plus être seul quand je peux être présent. J'aime prendre soin de toi moi aussi, et dans ces conditions là, tu mérites que je sois encore plus présent.

J'embrasse ses lèvres tendrement.

— Tu te sens prêt à y aller ?

Je fais un peu la moue ; j’ai peur qu’ils me gardent cette nuit.

— Mouais. Je pense que tu peux prendre un livre pour t’occuper.

C’est en le disant que je réalise qu’il ne m’a plus jamais rien lu depuis longtemps. Alors que j’adorais ça.

— Un livre ? Entre les enfants, la maison et le travail, j'en n'ai pas lu depuis des semaines. Les soirs où j'ai la foi pour lire, je suis sur des manuscrits. C'est même pas des lectures plaisir.

Je réponds en riant.

— Mais ça ira pour aujourd'hui, t'en fais pas. Tu vas plus avoir besoin de soutien que moi de bouquin.

Je vois qu'il n'est pas serein et ça me fait peur.

— Ils vont faire ce qu'il faut mon Cœur.