Islande

J’ai la tête dans les bouquins et quand je lis le SMS, je ferme tout et je quitte la chambre comme une fusée. Par le plus grand manque de chance de tous les temps, l’ascenseur s’arrete à notre ancien étage et l’autre relou monte dedans.

— Tiens, salut. Vous avez changé de chambre alors ?
— Non. On t’ignore mieux qu’hier.

Il semble confus mais ne relève pas.

— Bon alors ?
— Alors quoi ?, je demande avec agacement.

Je tourne les yeux vers lui et j’ai à peine le temps de réaliser qu’il se jette sur moi pour m’embrasser. J’ai du mal à me défaire mais je le repousse fort alors que les portes s’ouvrent.

— Putain ! Mais t’es vraiment qu’un con !
— J’espère qu’on se recroisera. Et qu’on restera coincer quelque part tous les deux. Ça pourrait être sympa.

Pauvre connard. Il descend à son étage et moi je poursuis ma route. Heureusemer quand j’arrive, Austin est toujours seul.

— Surprise !

Je dis avec un petit sourire.

Je suis en train de faire des tractions quand il arrive, je le vois dans le miroir. Je retombe sur mes pieds et me retourne en souriant. Je viens l'embrasser même si je suis rempli de sueur.

— Tu es venu.

Je murmure contre ses lèvres.

— Bah ouais. Le sauna vide, moi j’me suis dit qu’on pourrait trouver un moyen de l’occuper.

Je dis en passant mes bras autour de son cou.

— T’es très sexy, quand tu fais du sport.

Je passe mes bras autour de lui, et je l'embrasse encore, en marchant à reculant jusqu'au sauna. Je referme la porte derrière nous.

Je ne suis pas comme ça, avant lui je n'aurais jamais imaginé faire l'amour dans un lieu comme celui-là où l'on peut nous surprendre à tout moment. Je n'aurais jamais osé. Avec lui, je dépasse mes limites. Quand on a terminé, on remet nos sous-vêtements et on s'installe comme si de rien n'était. Mon coeur bat encore vite, je passe mon bras autour de ses épaules et j'embrasse sa tempe.

— Je t'ai empêché d'étudier.

Je dis avec un petit sourire coupable.

— Oui là, je pense que tu peux avoir sur la conscience le fait que je ne serais jamais pédiatre...

Je dis en riant. Quelque chose a changé, je le vois bien. Mais quelque chose de bien. J’ai l’impression qu’il est moins sur la réserve avec moi et ça me soulage vraiment. On avance pour de vrai tous les deux. Et dans la même direction.

— J’ai recroisé l’autre, là-haut. Il trainait à notre ancien étage. On devrait prendre les escaliers pour remonter.

Je souris, mais quand il me parle de l'autre, je me crispe automatiquement.

— Qu'est ce qu'il t'a dit ?

— De la merde. Il pensait qu’on était parti. Je suppose qu’il a fait chier quelqu’un d’autre cette nuit...

Je dis en riant.

— On a bien fait de laisser la voiture au même emplacement. Il sait pas où on est.

— J'espère quand même qu'il va partir, que son séjour est bientôt fini.

Je lui fais un petit sourire.

— Tous tes ex sont des psychopathes, où c'est seulement lui ?

— J’ai souvent eu des gars bizarres.

Je reconnais avec une grimace.

— C’était souvent pour un soir ou comme ça, occasionnellement donc j’étais pas vraiment regardant...

- Bizarre eux dans leur personnalité ou bizarre sexuellement ?

— Les deux. Dans leur vie personnelle, aussi. T’sais quand tu te poses pas de question, tu tombes un peu sur tout. Une fois y a une fille avec qui j’ai couché qui m’a dit hyper serieusement : « voilà, j’suis enceinte de quatre mois et j’ai pas de père pour mon bébé alors si tu veux... ».

Je rigole.

J'écarquille les yeux. Il y a vraiment des personnes qui sont perdues dans leur vie. Dans ce cas-là, ça ferait presque de la peine, car pour en arriver là faut être tombé vraiment très bas. Je ne peux pas m'empêcher de penser au bébé de cette fille.

— Ce n'était pas étrange de coucher avec une fille enceinte ?

— Bah avant qu’elle me le dise, j’en savais rien et, à ce moment là, ça se voyait à peine.

Je dis en riant.

— Je sais même plus son nom.

— Et c'est combien le maximum de partenaires que tu as eu, en même temps ?

Je suppose qu'à trois, il l'a déjà fait. C'est la première fois que j'ose lui poser toutes ces questions, mais c'est agréable. J'ai envie de connaitre toute cette partie de lui.

— Euh...

J’essaie de me souvenir.

— Bah... je sais pas trop. J’ai participé à une soirée libertine, une fois. On était une vingtaine. J’ai pas couché avec tout le monde, mais je sais pas... peut-être qu’on était six à un moment. Mais plus de quatre c’est plus vraiment ensemble. Enfin, j’sais pas si tu vois. Y a rapidement un problème d’espace.

Je ne peux m'empêcher de rire, quand il parle de manque d'espace. Puis je perds un peu mon sourire.

— Est-ce que ça te manque parfois ?

— Non.

Je réponds simplement.

— Je suis bien avec toi. Vraiment. Satisfait et tout. Faut pas t’en faire, j’ai tout essayé et c’est toi qui me convient le mieux.

Même si j’ai déconné, c’est vrai.

J'embrasse sa tempe.

— Je ne voulais pas dire, avoir quelqu'un d'autre que moi.

J'ai entièrement confiance en lui.

— Mais les-

Je rougis un peu.

— Les choses sexuelles que tu faisais.

— Bah... j’en sais rien. Non. C’est pas des choses que je ferai avec toi alors, non, non. Ça me manque. Ça te manque les filles ?

Après tout, s’il demande, c’est peut-être pour ça.

— Pas du tout. Je pense que tu t'en doutes, mais avant toi je n'ai connu que Jenny.

— Ouais, j’le sais. Mais c’est quand même pas pareil Jenny et moi alors... enfin j’sais pas. Ça pourrait te manquer. Les sensations et tout.

Je secoue la tête.

— Rien ne me manque, je suis très bien avec toi. Je respecte trop Jenny pour dire quoi que ce soit, mais...

Je dis avec un petit sourire en embrassant sa tempe.

— Mais quoi ? C’est quoi le rapport avec le respect ?

Je demande en fronçant les sourcils.

Je frotte ma main sur ma jambe.

— Ça me met un peu mal à l'aise de le dire à voix haute, mais je ne sais pas comment l'expliquer, avec toi c'est un million de fois les sensations. Je n'ai pas envie de la, pas la dénigrer, mais tu comprends.

J'ai toujours été très pudique sur tout ça.

— C’est moi. T’sais, j’te vois à poil et dans tes pires moments de faiblesses alors... enfin, j’sais que t’es pudique mais c’est moi. Si tu peux pas en parler avec moi, bah t’en parles avec qui ?

Je sais que pour ça on est les opposés et que je suis un peu trop pas pudique mais ce sont juste des mots. Rien de plus. J’ai du mal à comprendre sa gene. On parlait de tout ça quand on avait 11 ans puis ça s’est arrêté et on n’a plus rien partagé.

— Mais en gros, elle était nulle quoi ? Ou alors t’osais pas lui dire ce que tu préférais donc elle était nulle ?