Islande

Je rougis un peu.

— Je sais que c'est toi, mais j'ai toujours pensé que ce qui se passait au lit ne regardait que nous, tout comme je ne me vois pas raconter à qui que ce soit ce qu'il se passe entre nous.

Je le regarde, et il a raison, si je ne peux pas en parler avec lui, je ne pourrais jamais en parler à personne. Et je crois que cette fois, c'est à mon meilleur ami que je m'adresse.

— Ce n'était pas qu'elle était nulle, si ça se trouve je n'étais pas doué non plus, c'est juste que j'imaginais que c'était ça faire l'amour, jusqu'à ce que je le fasse avec toi pour la première fois.

— Parce que vous en avez jamais parlé entre vous. C’est pour ça que je te pose des questions parfois. Maintenant je sais ce qui te fait réagir.

Je dis en souriant.

— Enfin d’façon, tant mieux pour moi, je suppose. Mais du coup, ce que raconte ses « amies » sur elle est vrai.

C'est vrai qu'il est très attentionné au lit, et au tout début il m'a beaucoup rassuré, et il m'a laissé apprendre avec lui.

Je fronce les sourcils.

— Ce que ses amies disent sur elle ?

— Qu’elle est coincée.

Je réponds simplement.

— C’est l’autre là... merde j’sais plus son nom ? Polly ! C’est elle qui m’avait dit ça. Comme quoi elles parlaient entre elles et que d’après ce qu’elle lui racontait, tu devais bien t’ennuyer.

Je soupire.

— Polly et sa bande lui ont fait beaucoup de mal. C'était vraiment des pestes.

— Oh, c’est des connes. Fallait pas faire attention. De toute façon, elle voulait pas se faire de copines alors... fin j’sais pas pourquoi elle traînait avec Polly de temps en temps si elle l’aimait pas.

Je hausse les épaules.

— Parce que c'était le lycée et que malgré tout, elle aurait aimé pouvoir se faire des amies.

Comme tout le monde. Je crois que j'aurais été comme elle si j'avais été une fille, seule. Moi c'était différent, j'avais les gars de l'équipe de natation, même si ce n'était pas des amis mais de simples copains, puis surtout j'avais Gabriel.

— Bah... j’t’avais toi. C’est tout. J’suis pas mort et pourtant tu passais pas tout ton temps avec moi.

Les autres, c’était pas des amis. Juste des gens comme ça.

— C'était différent, toi tu avais une vie en dehors de moi. J'espère quand même que les choses ont changées pour elle, même si je n'en suis pas certain. Il y a beaucoup de compétition dans la danse, ce n'est pas le meilleur endroit pour se faire des amies.

— C'était différent, toi tu avais une vie en dehors de moi. J'espère quand même que les choses ont changées pour elle, même si je n'en suis pas certain. Il y a beaucoup de compétition dans la danse, ce n'est pas le meilleur endroit pour se faire des amies.

— Et quelle vie.

Je réponds avec ironie. Comme si c’étaient des gens avec lesquels j’avais gardé contact. Y a que Romie. Mais bon, y a eu une pause détention et c’est carrément moi qui l’y a envoyé alors...

— T’as toujours envie d’être ami avec elle ?

Je secoue la tête.

— J'en avais envie oui, mais j'ai compris que ce n'était pas possible. Pas après ce qu'il s'est passé ce soir-là.

Un frisson me parcourt, en repensant à ce soir-là, à ce qu'il se serait passé s'il n'était pas intervenu.

— Pour la première fois depuis des années, je ne l'ai pas reconnu, j'ai eu le sentiment de ne pas le connaitre.

— J’la comprends. Je serai prêt à tout si je te perdais. Mais t’es à moi alors... y a rien de mieux.

Ce qu'il me dit me fait rougir un peu, car je n'aurais jamais cru qu'un jour des personnes seraient prêtes à se battre pour moi, enfin de cette façon là. Par amour.

- Et toi à moi.

Deux petites mamies rentrent dans le sauna. Je crois Gabriel du coin de l'oeil en repensant à ce qu'on a fait ici il y a quelques minutes.

- On remonte ?

Je hoche la tête et j’attrape sa main pour sortir.

— Je dois juste terminer un chapitre avant qu’on mange. Juste ça. Ça te gêne pas ?

— Bien sûr que non.

J'embrasse ses lèvres une fois qu'on est sorti.

— Prends tout ton temps.

Mais quand on sort de la salle de sport, on tombe nez à nez avec l'autre. Je soupire déjà agacé.

Je prends la main d’Austin pour le contourner sans prendre la peine de lui accorder la moindre attention. Il est en maillot de bain, il va aller dans le sauna et ne pas nous casser les couilles. Franchement, ça devient n’importe quoi.

— Eh, Gabi ! Tu veux pas savoir ce que t’as gagné tout à l’heure ? Un dîner en amoureux avec ton mec ! Ça te va ?!

Je lui fais un doigt d’honneur avant de sortir. J’ai honte. Vraiment. J’ai honte de mon passé, c’est insupportable.

Quand Gabriel prend ma main pour le contourner, je suis décidé à l'ignorer. Mais il l'ouvre, évidemment. Je lâche la main de Gabi et me dirige brusquement vers lui.

— Maintenant ça suffit. Tu as passé l'âge pour ces conneries, il t'a clairement fait comprendre qu'il n'était pas intéressé alors tu nous fout la paix.

— Mais Gabriel il aime bien qu’on ne lui laisse pas le choix.

Je vais tout de suite tirer Austin par le bras.

— Viens Austin. Il cherche juste à attirer ton attention. Rentre pas dans son jeu.

Au début je résiste quand Gabriel tire mon bras, pendant quelques secondes. Je lui jette un dernier regard noir avant de me laisser faire. Je suis Gabriel, on monte dans l'ascenseur.

— Putain mais c'est possible d'être comme ça ?

— Faut croire que oui.

Je dis dans un soupir.

— Je suis vraiment désolé. Il gâche tout.

Je soupire et je passe mes bras autour de sa taille.

— Il gâche rien du tout, mais il a vraiment l'air frustré sexuellement de ne plus pouvoir couché avec toi.

Je dis avec un petit sourire.

— C’est ça quand on dit jamais non. Le jour où ça arrive, les gens ne comprennent pas.

— Pourtant c'est important de savoir dire non. Pas que sur ça, mais sur tout.

— Ouais. J’ai appris maintenant. Avant... je sais pas. C’était comme ça.