Far Away - Romie & Édouard

— Bien sûr que j’ai essayé avec des filles parce qu’on me payait pour ça et en plus j’ai passé trois ans en centre avec seulement des filles. Pas besoin de t’énerver comme ça, chéri, t’es extrêmement virile.

Je dis en riant. J’aime pas les mecs efféminés alors... il m’attirerait pas. J’ignore le fait qu’il dise qu’il est encore con car j’ai pas envie de rentrer dans ce jeu-là. Il est revenu et c’est tellement un amour que j’ai aucun doute sur le fait qu’il ait changé pour de vrai. Même si c’est qu’avec moi, c’est trop important pour que ça n’ait pas d’impact sur sa vie entière.

— Le temps, ça se trouve. Moi je courais beaucoup pour passer le temps alors... si tu veux, on va courir tous les deux en amoureux. Et je pourrais même te dire que si t’avais vraiment, vraiment envie, mon frère arriverait à te remettre à niveau. Et moi aussi, je suivrais l’entraînement pour te soutenir et t’encourager. Et aussi pour rester bien foutu parce que tu mérites d’avoir une petite amie au top. Mon frère il me dit jamais non. Et t’es pas obligé de lui parler mais si c’est vraiment ce que tu veux, tu dois laisser aucune excuse se mettre entre toi et ton objectif. Logan a failli mourir. Il savait plus marcher et maintenant il est de nouveau entraîneur et il a à nouveau un excellent niveau. Parce qu’il n’a pas voulu abandonner. Tu peux être pompier, chéri, c’est évident. La question c’est : est-ce que t’en as vraiment envie ?

— Sérieux ?

Quand elle m'a laissé entendre pour son frère au début de notre relation, je pensais pas que c'était à ce point là. Putain. Et moi qui souhaitait à Adam tout le malheur du monde, je crois qu'ils ont eu pas mal d'épreuves à gérer, en fait.

— Tu crois qu'il pourrait vraiment m'entraîner ? Il accepterait ?

Je demande sans aucune ironie.

— Plus j'y pense et plus j'ai envie de m'y remettre. J'en ai même vraiment très envie, mais ça me fait peur parce que j'ai l'impression de plus être a la hauteur.

Je l'avoue à haute voix et c'est vraiment parce que c'est Romie...

— Ton seul frein, c’est toi. Si tu penses que tu as des limites alors forcément, t’y arriveras pas. Mais si tu te dis que tout est possible alors... tout est possible.

Je lui souris avec bienveillance.

— Je sais que mon frère dira oui et y aura pas meilleur que lui parce qu’il sait ce que c’est que de repartir de zéro. Et en plus... il est kiné alors tu vas même pas te blesser. Il est boxeur et il sait exactement ce qu’il faut manger, ce qu’il faut faire pour prendre du muscle et... je sais pas moi, devenir pompier !

Je caresse son visage.

— Je sais qu’il dira oui parce que c’est un amour et qu’en plus dans le travail il est vraiment sérieux et il mélange pas tout. Moi j’y crois. T’as même pas 25 ans. T’as largement le temps de faire ce que tu veux et t’as les moyens d’y parvenir.

Je réfléchis en silence quelques secondes. Je sais au fond que j'en suis capable, que si j'y crois c'est bon pour moi, surtout avec Romie auprès de moi.

— Mon père acceptera jamais que je plaque tout. Encore plus maintenant que je bosse dans son entreprise. Il verra ça comme une trahison...

Je soupire.

— Tu seras là, pas vrai ?

— Je serai là. À chaque entraînement, tout le temps. Et quand tu en parleras à tes parents, si tu veux. Chaque fois que tu en auras besoin et aussi quand t’en auras pas besoin parce que j’aime bien te coller.

Je dis avec un grand sourire.

— Et si ça peut t’aider dans ton choix, ma mère elle voudrait que je me prostitue encore. Elle me voit certainement comme une lâcheuse et une traître. Mais bon... faut savoir décevoir ses parents pour être heureux parfois, non ? Essayer de plaire à nos parents c’est pas toujours une bonne idée.

— Continue de la décevoir toute ta vie, s'il te plaît.

Je réponds très sincèrement en la serrant contre moi. Je ne veux plus jamais qu'elle se prostitue, rester collé avec moi c'est bien mieux. J'attrape ma main de Romie et je lie nos doigts avec tendresse.

— J'y arriverai avec toi. Dès que je peux me lever sans manquer de tomber, je m'y mets ! J'ai envie d'être pompier, je peux être pompier ! Pas vrai ?

J'ai l'impression d'être à peu de chose de pouvoir sortir de mon cocon et d'éclore, tout ça grâce à l'envie et à Romie.

— Tu crois qu'il faut que j'arrête tout dès maintenant ? Le boulot, je veux dire. Si je veux vraiment reprendre un entraînement et une alimentation digne de ce nom, ce sera plus facile en étant ici qu'en courant à faire ce boulot de merde. C'est pas comme si j'étais blindé de thune à m'en étouffer de toute façon ?

Je rigole. Je crois que je suis en train de me libérer.

— J’en sais rien... faudra demander à ton coach.

Je dis en riant.

— Mais pour l’instant l’important c’est de se remettre et après on verra ce qu’il te dit. Si ça se trouve ça va être compatible avec ton travail. Si tu te décides à faire de véritables heures de bureau...

Parce que j’ai pas tellement envie de le voir rentrer tard ou de ne pas le voir pendant des jours, comme avant.

— Si ton frère accepte, j'aurais les Wheeler au complet comme coach. Le frère pour le corps et la sœur pour la tête.

Je rigole en répondant. J'espère que son frère acceptera, sinon je sais qu'elle me soutiendra et qu'on trouvera un moyen de le faire tous les deux.

— C'est pas évident mon petit chat. La plupart du temps je me dis que je vais rentrer tôt et je me laisse emporter par ce que je fais. Et y'a toujours du boulot qui croule de partout. C'est l'inconvénient d'être son propre patron, on doit être présent en permanence. Mais je vais essayer, au moins en attendant de voir ce que tout ça pourrait donner.

— Mais tu peux rentrer et travailler à la maison ? Non ? T’es déjà rentré à une heure du matin... c’est pas des horaires de patron ça. C’est des horaires d’homme qui n’a pas hâte de rentrer.

Mais peut-être qu’avant il s’en fichait. Comme il voulait me larguer.

— Pompier aussi, c’est pas des horaires faciles. Tu seras entraîné, au moins...

— Tu crois vraiment que j'aurais envie de travailler si t'es là ?

Travailler, oui, mais certainement pas sur des dossiers. Ce sera un autre genre...

— On va faire un truc ! Si jamais je rentre plus tard que vingt et une heure, ici, tu me donnes un gage. Ça te va ?

— Vingt et une heure ? C’est déjà hyper tard ! Je te donne pas un gage, je boude. Sauf si c’est qu’une fois dans la semaine. Ou alors si ça tombe quand je travaille moi aussi !

Je dis avec un large sourire.

— Mais là, tout de suite, j’arrive pas à me projeter et à imaginer qu’on se sépare donc finalement... tant mieux que t’ailles pas travailler. Sinon je te harcèlerai de MMS. Où je serais pas habiller. Évidemment.

— On travaille pas tous a côté de chez nous mademoiselle ! Pour être à vingt et une heure ici, ça me fait partir du bureau à dix-huit heures trente. Je suis a l'opposé de la gare une fois à Londres, au cas où tu ne le sais pas !

Je rigole, mais pas vraiment. C'est vrai que y'a plus facile que d'aller bosser si loin, et si encore ça me plaisait.

— Je préfère que tu ne sois pas habillée en étant à côté de moi. C'est mieux de toucher que de regarder.

Mon sourire est charmeur et mes mains baladeuses.

Je réalisais pas qu’il était si loin du bureau. On met pas longtemps pour aller à Londres en train, mais s’il est loin de la gare, ça n’arrange rien. Je soupire un peu.

— Désolée, je me rendais pas compte.

Je frissonne parce qu’il a les mains froides mais c’est quand même agréable de le retrouver. Ça fait du bien de sentir qu’on plaît à son amoureux.

— Touche pas trop, t’es supposé te reposer.

— T'excuses pas, t'y es pour rien. Et si c'est pour te retrouver, je peux bien rentrer plus tôt.

Je sens que le sommeil commence à m'ecraser. Je me demande bien comment je vais pouvoir tenir encore pour aller manger. J'ai même pas faim, en plus.

— Et ? Je peux te toucher les fesses tout en me reposant. Ça m'apaise.

Je soupire en fermant les yeux, avant de rigoler.

— Oui mais moi ça m’apaise pas, ça m’allume, et je vois que tu piques du nez alors... doucement.

Je dis en riant.

— Je suis pas quelqu’un de chaste. C’était pas facile à croire avant mais maintenant que le cap est passé, tu vas vite t’en rendre compte.

— Je ne demande que ça ! Mais ça parle beaucoup sans vraiment agir je trouve.

Je rigole en enfouissant mon visage dans son cou. Puis en la retirant en gémissant parce que ça fait mal.

— Si tu t’étais pas fait démonter par mon frère on n’en serait pas là, j’te signale. Aujourd’hui c’est câlins et bisous et dodo.

Quand il gémit je grimace un peu, ça me retourne le ventre.

— Ça va ? Les médicaments font effet au moins ? Tu veux quelque chose de frais sur ton visage ? Je peux aller chercher ça.

— Ouais je sais.

Je grogne, parce que c'est de ma faute et j'en ai conscience. Mais ça n'en reste pas moins chiant.

— Je veux bien quelque chose de frais s'il te plaît. Les médicaments font passer le mal de crâne, mais dès que je touche un peu ça fait mal. Putain mais comment ils font quand ils se font démonter la gueule à la boxe les types ? Je survis pas trois minutes sur un ring s'ils tapent tous comme ça.

— Ils ont la peau dur !

Je dis en riant avant d’embrasser ses lèvres avec tendresse.

— J’en ai pour cinq minutes.

Et c’est le cas. Juste le temps de descendre, de prendre des frites surgelées, des gateaux et de l’eau. Quand je remonte, Zombie a pris ma place.

— Heey.

Je râle en déposant le sachet de frites enroulé dans un t-shirt le plus doucement possible.

— Voilà, mon cœur. Tu veux autre chose ?

— Râle pas sur Zombie ! Il a comblé ton manque pendant quelques jours.

Je rigole, avant de le serrer lui dans mes bras. Mais comme Romie est adorable, je le délaisse vite pour elle.

— Merci mon petit chat. Mon petit chat Romie !

Je précise en souriant.

— Je crois que j'ai faim... Faim d'un sandwich trop bon. On peut peut-être aller manger un truc avec Max vite fait ? Et après on vient se coucher en amoureux ?

Je fais les yeux doux, mais je sais qu'elle est déjà convaincue.

— Oh c’est vrai ? D’accord alors je vais préparer ça. Tu veux rester couché en attendant ? Ou alors tu veux t’installer sur le canapé ?

Je demande en caressant sa main.

— Je peux te préparer un petit endroit douillet en bas ? Dis-moi ce que tu veux, je fais tout.

— Un endroit douillet en bas ? Mais pour nous deux ! Un cocon !

Je demande tout gentiment. On n'a rien à consommé, alors on peut profiter tranquille devant la télé. A deux ou à trois. Ça va faire plaisir à Max qu'elle soit là, je crois.

— Je viens avec toi pour t'aider !

— Ah non si tu viens tu t’assois. J’aime bien m’occuper de toi alors laisse-moi tranquille !

Je pique tous les oreillers sont son lit avant de descendre. J’avais oublié à quel point cet endroit était magnifique et apaisant. Un véritable havre de paix.

J’installe les coussins et je vais aussi voler ceux de la chambre de Max. Je module le canapé pour le transformer en lit et j’oblige Edouard à s’asseoir.

— Dès que tu te lèves t’es tout pâle. Tiens.

Je remets bien ses coussins et je le borde avec une couverture.

— On pourrait commencer une série ? Comme ça y a au moins un soir dans la semaine où vous serez obligé de prendre le temps de manger ? Enfin surtout ton frère mais on serait tous les trois ? Qu’est-ce que tu veux comme sandwich ?

Elle fait tout pour que je me sente bien et la voir faire ainsi me plaît. J'aurais pas cru ça, avant, mais quand c'est Romie j'aime qu'on prenne soin de moi. Elle change beaucoup de choses dans ma vie et j'ai la sensation que c'est toujours positif.

— Si ça peut obliger Max à passer du temps hors de son bureau, je dis pas non.

Je rigole en criant son prénom dans la maison.

— Celui a l'avocat de la dernière fois s'il te plaît mon chat. Mais ramène tout ici et on se fait à manger devant la série ! Ça t'évites de t'embêter. Et d'être loin de moi trop longtemps.

— Comme tu veux !

J’embrasse ses lèvres longuement avant d’aller tout préparer dans la cuisine. Max débarque quand j’ai terminé de préparer le plateau.

— On fête quelque chose ?
— Le fait que ton frère ne ce soit pas encore évanoui. Tu manges avec nous ? On lance une série.
— Euh...
— T’as pas le droit de dire non.
— Ok alors...