Far Away - Romie & Édouard

Je grimace.

— Bof, c’est pas trop trop mon truc, les mariages et les enfants. Enfin peut-être dans dix ans mais pas maintenant. Alors ça va. T’as le temps, je suppose.

— Ça aurait vraiment été une bêtise de pas venir ici aujourd'hui. Ça m'arrange bien que t'ai pas envie de tout ça !

Je souris en levant les yeux au ciel. C'est rare dans mon milieu les filles qui ne sont pas intéressées par le mariage et les gamins : ça ramène forcément de l'heritage et des héritiers. Ca m'en a dégouté, alors encore une fois, Romie est la bonne.

— Je suis bien là, avec toi.

— Moi aussi. Je suis quand même fâchée, mais je t’aime trop pour te laisser partir. Alors je te garde. Pour moi.

Je dépose un baiser sur sa mâchoire.

— Est-ce que tu voyais des autres filles ? Enfin... je sais que t’as dit que t’avais pas menti sur les moments avec moi mais... enfin t’as attendu longtemps avec de m’avoir alors... ?

— Garde-moi pour toi, y'a pas de souci.

Je grimace quand elle me pose cette question. Elle mérite la vérité.

— Je comptais le faire, bien sincèrement. J'y ai songé, au fait que de toute façon je m'en doutais, alors que serrer des filles je pouvais le faire ailleurs. Mais la journée au château a tout changé. J'ai passé un moment tellement agréable que j'avais plus vraiment envie de te faire de la peine. Alors quand en plus t'es arrivé pour veiller sur moi le soir... Je sais pas, j'ai du me dire que quitte à connaître enfin une personne qui se souciait de moi, je voulais me soucier d'elle aussi.

Je lève les yeux au ciel.

— Tu me rends con Romie, sache-le.

Sa révélation me va droit au cœur et je lui grimpe à moitié dessus pour embrasser ses lèvres.

— C’était un premier rencard de rêve. T’es mon homme idéal, même si t’es pas parfait, c’est toi que je veux. Et mon frère peut bien plus me parler, ça changera rien. Il parle plus à ses parents parce qu’ils acceptaient pas qu’il soit avec des garçons... alors... enfin bref. Mon amoureux c’est ma priorité.

Il le sait déjà, mais le dire à haute voix me rassure.

— T’es le plus important et je vais prendre soin de toi et te poussee à être le plus heureux possible et je voudrais plus jamais te perdre donc... donc j’espère qu’il comprendra un jour que tu t’es jamais moqué de moi.

Ah oui quand même. Quand j'entends que son frère ne parle plus à ses parents à cause de sa sexualité, je me dis qu'il pourrait vraiment rompre contact avec elle à cause de moi. J'ai pas envie que ça arrive, parce qu'elle peut dire tout ce qu'elle veux, c'est chez lui qu'elle a couru quand elle ne savait plus où aller. C'est lui qu'elle estime tellement, au point de m'en avoir parlé mille fois.

— J'ai pas envie que finissiez fâché à cause de moi. J'espère qu'il apprendra à voir le Édouard qui est fou de sa sœur, et pas seulement le Édouard qui aurait pu lui briser le cœur.

Je souffle contre sa peau.

— Je m'en fous d'être parfait, si ça plaît à ma petite amie officielle.

Je rigole, taquin.

— Il l’a vu tout à l’heure. N’importe qui peut voir que t’es un amour avec moi. Si on oublie ton erreur. Mais n’importe qui peut le voir s’il en a envie parce que moi même je n’en doute pas.

Je n’oublie pas qu’il a été méchant. Mais si je le pardonne ce n’est pas pour t revenir toutes les deux minutes.

— Tu devrais te reposer,  mon cœur. Ça va ta tête ?

Ça me rassure qu'elle avoue ne pas en douter. Je veux lui prouver encore et encore qu'elle ne se trompe pas, mais partir sur de telles bases c'est encore mieux. Elle a confiance en moi et je l'en remercie du fond du cœur.

— Ça va mieux. Ça résonne moins.

J'avoue en riant.

— Tu restes ici avec moi si je m'endors ?

Je demande avec une petite moue.

Je souris avec bienveillance.

— Et où est-ce que tu veux que j’aille ?

Je demande en me relevant pour qu’il soit bien installé. Je replace les couvertures et je nous enfouis dessous. Il fait plus chaud ici que dans l’église, mais j’ai laissé la fenêtre ouverte trop longtemps ce matin.

— Endors-toi. Je ne bouge pas. De toute façon, j’ai du sommeil à rattraper.

Je dis en glissant mes mains sous t-shirt. Heureusement que Logan n’était pas tout seul, il ne lui aurait pas mis qu’un seul coup.

Quand j'ouvre les yeux j'ai un mal de crâne affolant et je ne sais pas où je suis. C'est seulement quand je sens Romie bouger contre moi que tout me revient et en fin de compte, je ne trouve pas ma vie si pourrie que la migraine le laisse entendre.

J'entends des gamins derrière la porte et c'est facile de comprendre qui ils sont. Ça veux dire qu'il est quelle heure ça ? Je ne me pose pas la question longtemps, je m'en fous dans les faits. Je laisse mes bras entourer la taille de Romie et j'embrasse sa tempe.

— T'es magnifique...

Je murmure sans trop savoir si c'est à elle que je le dis, ou juste parce que ça doit se savoir.

Ce câlin pour me réveiller est le meilleur que j’ai reçu depuis des semaines. Je me sens tellement bien à nouveau que je pourrais rester comme ça toute la vie. Je me serre contre lui et quand je lève les yeux, je me redresse vivement.

— Oh non, la vache !

Son cocard s’étend sur tout sa tempe et presque sous sa pommette. Je n’imagine même pas la douleur qu’il doit ressentir.

— Peut-être qu’on devrait aller aux urgences, là. Juste pour être sûr que tout va bien. S’il faut te réveiller toutes les heures, surveiller... je sais pas. T’es tout gonflé et violet. Ça me fait mal au ventre.

Et c’est de ma faute.

— J'ai tellement mal au crâne que ce serait inconscient de conduire je crois. J'ai pas envie qu'il nous arrive un truc.

J'avoue sans aucune honte. J'aime bien, ne pas avoir ma fierté qui me dévore quand je suis avec elle.

— Ou alors je demande à Max s'il peut passer nous prendre pour nous y emmener ? Je sais pas s'il est libre. C'est vraiment si moche que ça ? T'as un miroir pas loin ?

Je demande pour me faire une idée, même si je ne doute pas de la gueule que son frère a dû me faire.

Je secoue la tête.

— Pas de miroir. Tant que tu vois pas, tu peux pas avoir plus mal.

Je soupire et je me lève pour préparer rapidement un sac avec quelques affaires. Logan est vraiment une brute parfois, c’est insupportable.

— Ne dérange pas ton frère, il va paniquer. On l’appelera quand on sera sûrs que tout va bien. Là, on va... on va appeler un taxi. Ça te va ? Essaie de t’asseoir et tu me dis.

C'est pas faux. Si j'appelle Max, il va de suivre paniquer alors que c'est sûrement pas grand chose. Les boxeurs ils en prennent tous les jours des coups et ils meurent pas. Hein.

— Taxi c'est très bien, ça me va ! J'ai l'application dans mon portable, on va être tranquille comme ça.

J'essaie de m'assoeir et ça va plutôt bien, mais quand j'essaie de me lever c'est autre chose. Je ne tangue plus, mais j'ai des nausées dégueulasses et je suis obligé de me rassoir pour que ça passe.

— Assis ça va, mais debout j'ai tout de suite envie de gerber. T'aurais un médicament pour ça ? Avec les gamins, ça doit pouvoir se trouver facilement dans la maison non ?

— Envie de vomir ? Quoi ? Non, prend rien ! On va appeler les pompiers parce que c’est peut-être que t’as une commotion.

Ce qui ne m’étonnerait pas.

— Je suis tellement désolé, mon cœur. Reste assis, j’appelle.

Je dis en cherchant mon téléphone.

— Tu crois ? Je pense pas à ce point, j'ai pas aussi mal que ça.

Si elle appelle les pompiers, là, ma fierté va en prendre un coup. Et si Adam est rentré, ce sera encore pire. J'ai pas envie de lui donner ce plaisir.

— Non mais le taxi c'est bon mon chat ! Vraiment ! Je t'assure.

Je réponds alors qu'elle s'apprête à appeler, son téléphone en main.

Je fais une petite moue et je m’approche pour embrasser ses lèvres à plusieurs reprises.

— Ok. Alors appelle tout de suite. C’est vraiment trop affreux. J’ai préparé mon sac et je suis prête. Je reste avec toi jusqu’à ce que ça aille mieux.

Je réponds à ses baisers puis j'appelle la compagnie de taxi. C'est rapide et bref, et j'informe tout de suite Romie qu'il sera là dans dix minutes, quinze au plus tard selon le chauffeur.

— Je suppose qu'il va falloir descendre affronter ton frère.

Je grimace alors qu'elle récupère son sac, prête à sortir.

— On va descendre à la dernière seconde parce que tu peux pas rester debout. Et t’affronte plus rien du tout. Enfin pas mon frère. Je sais que tu pourrais me défendre et tout. Je me sens en sécurité avec toi.

Je tiens à ce qu’il l’entende quand même.

— Mais bon... c’est vrai que y a pas grand monde qui peut se dresser contre mon frère. Alors... t’es quand même mon héros.

Je dis en souriant.

Je l'embrasse pour toute réponse, j'aime l'idée d'être son héros.

— J'ai cru voir que c'était pas simple de se dresser contre lui, ouais.

Je marmonne.

— J'espère qu'il se serre pas de ses poings chaque fois qu'il est énervé, sinon ça doit pas être facile à vivre. Surtout avec des enfants et un mari du gabarit d'Adam.

Je lève les yeux au ciel.

— Non, il s’en serre que pour les imbéciles qui me brise le cœur. Alors tu l’as pas volé, n’oublie pas quand même pourquoi il t’a frappé. Je t’aime, mais j’suis pas complètement stupide. Mets ta veste là, au lieu de fanfaronner. Je suis fachée contre mon frère mais t’es quand même obligé de respecter ma famille. Alors tu sous-entend pas qu’il frappe Adam.

Je sais pourquoi Adam refuse de parler à Max, Charlie me l’a raconté. Alors c’est pas le sujet sur lequel on peut faire des blagues.

— Je sais que ça se voit pas toujours mais il est gentil, mon frère.

Je lève les yeux au ciel, sans trop en rajouter. Max m'a laissé entendre une fois qu'il avait entendu Logan et Adam se disputer en pleine rue et lui le premier, il avait bien cru que Logan aller lui en mettre une. Alors ca ne m'étonnerait qu'à moitié, mais bon. C'est vrai que là, je l'avais peut-être un peu mérité.

— Ah c'est sûr que pour le moment, j'ai pas super eu l'occasion de m'en rendre compte.

Je soupire.

— Mais je vais essayer de faire des efforts, oui, ok.

— Merci, mon cœur. Et si t’as un truc à dire à mon frère, tu peux lui dire en face.

Je dis avec un petit sourire amusé.

— T’es beau même comme ça.

Je dis en allant me blottir contre lui.

— J’ai tout le temps envie de te coller. Hey tu crois que tu peux quand même faire l’amour où il t’a vraiment mis KO ?

Je demande en riant.

— J'attendrais qu'on se connaisse un peu mieux pour ça, lui et moi.

Je souris exagérément en retour.

— Je suis jamais KO pour ça.

Je réponds en riant, avant d'embrasser ses lèvres avec douceur. J'ai énormément de choses à lui prouver et à lui montrer, quand ça arrivera.

— Tu verras ça dès qu'on pourra se poser tous les deux !

Mon téléphone vibre et je regarde de suite.

— Le taxi est tout prêt. Tu me proteges au besoin ?

Je demande en souriant.

— Ah ouais ? Genre aux urgences ?

Je demande avec un sourire malicieux. Il ne réalise pas que maintenant qu’on a déjà passé le cap, qu’il ne pouvait pas me faire pire que ce qu’il a déjà fait, il va falloir rattraper le temps perdu.

— Soit juste poli. Au revoir et à bientôt, c’est suffisant. S’ils sont dans le salon.