Because it's you - Romie & Edouard

Je sens ma gorge se serrer.

— Comprendre quoi ?

Je suis complètement perdue. J’arrive pas à croire qu’il ait couché avec une autre fille. Je réalise pas, je pense. Je veux juste qu’il soit pas déçu de moi.

— J’ai dragué personne. J’te jure, j’aurais jamais fait ça. J’suis pas une traînée.

— Mais que j'en ai rien à branler de ma secrétaire ! Si j'avais envie de la sauter, tu crois pas que j'aurais continué de venir bosser ici plutôt que de partir à trois rues de la maison !

Je soupire, agacé sans même plus savoir à cause de quoi je le suis le plus.

— Bah la prochaine fois, montre le autrement qu'en laissant entendre à un mec que t'es plus préoccupé par lui que par ce que te dis ton mari !

Je hoche la tête, les larmes aux yeux.

— D’accord. Pardon d’avoir agi comme ça.

Je suis quand même soulagée qu’il se calme un peu. Il ne crie plus au moins.

— Tu vas quand même pas te mettre à chialer pour ça?

Je demande en la voyant agir comme si elle avait douze ans.

— Putain mais c’est quoi ton problème ce soir ? J’t’ai fait quoi pour que tu me fasses chier comme ça ?

Je demande après quelques secondes. Il est agressif gratuitement, ça commence à me fatiguer.

— J’aurais mieux faire de rester à la maison.

— Mais rien justement ! Rien à part faire les yeux doux à... Oh et merde ! Ça va pas recommencer !

Je demande en quittant la terrasse sans en demander plus. En effet, elle aurait mieux fait de rester à la maison. Et moi aussi. Parce que je n'ai aucune idée de comment je vais rentrer, mais sûrement pas en voiture.

Il se casse en plein milieu de la conversation et quand je rentre dans la salle de réception, tous les regards sont braqués sur moi, certainement parce que tout le monde tendait l’oreille. J’ai vraiment honte. C’est la première fois que je rencontre tout le monde, je voulais faire bonne impression et j’ai simplement l’air d’une conne.

Je passe au vestiaire chercher mon manteau et je prends les escaliers pour descendre pour rapidement. À cette heure-ci y a encore des trains alors je n’hésite pas une seconde à prendre le chemin du métro.

SMS d'Édouard à Romie
T'es où ? Aucun de ces abrutis est capable de me dire où t'es parti. Même pas ceux qui ont passés toute la soirée à te reluquer comme des porcs.

SMS de Romie à Edouard
Dans le métro. Je rentre. Je me sentais comme une merde. Je reviendrai pas à tes soirées. J’ai trop honte.

SMS d'Édouard à Romie
T'es sérieuse ? Comme ça, à cette heure là, sans prévenir ?

SMS d'Édouard à Romie
Honte de quoi ? De moi ? C'est bon, j'ai bu quelques verres, faut pas abuser non plus !

SMS de Romie à Edouard
Honte de moi. Tout le monde me fixait. Tout le monde a entendu ce que t’as dit. Tout le monde me prend pour une pute.

SMS d'Édouard à Romie
Ce que j'ai dis ? Que tu m'avais snobbé pour mon DRH ? C'est le cas, je vois pas où est le problème.

SMS d'Édouard à Romie
C'est de la faute de personne pour le coup.

SMS de Romie à Edouard
Je t’ai PAS snobé ! Putain t’es chiant, merde ! Le mec il le parle, excuse-moi d’être polie !!

SMS d'Édouard à Romie
Mais c'était compliqué de juste me le dire ? De juste me regarder, ou me sourire, ou j'sais pas. Ou de m'inclure dans la conversation putain ?

SMS d'Edouard à Romie.
Non, tant pis. Vaux mieux que je passe pour un con, pendant que toi t'as toute ton attention sur un autre que moi. C'est mieux !

SMS de Romie à Edouard
MAIS JE ME SUIS MISE CONTRE TOI !! C’est la première chose que j’ai fait quand t’es arrivé !!! Mais pardon la prochaine fois j’ignore mon interlocuteur et je te regarde dans les yeux tout le reste de la soirée ! Ça évitera que tu me parles comme à une merde devant tous tes collègues, que tu m’insultes devant eux. Que je passe pour une pute qui allume tout le monde.

SMS de Romie à Edouard
PAUVRE IMBÉCILE. Même ta secrétaire elle avait un sourire jusqu’au oreilles ! Si tu veux te vider les couilles t’as cas vraiment y aller parce qu’elle attend la bouche ouverte que t’y fourre ta queue !

SMS de Romie à Edouard
PS : en fait y aura pas de prochaine fois, je reviens plus à tes soirées pour faire la potiche. Me traiter en princesse à la maison et me payer tout ce que je veux te donne pas le droit de me traiter comme ça dehors. Je suis pas une pute.

SMS d'Édouard à Romie.
T'es vraiment en train de dire que je te traite comme une pute parce que je te paye tout ce que tu veux ? Tu te fous de ma gueule ? Je crois que t'as sauté des étapes là. Parce que si tu veux être traitées comme une pute, je peux toujours m'y mettre ! Et c'est pas moi qui vais finir par en pleurer !

SMS d'Édouard à Romie
Putain mais me dire ça par message c'est trop facile. Viens me regarder dans les yeux et me dire que je te traite pas comme une princesse ! C'était pas le cas quand on est arrivés peut-être ?

SMS d'Édouard à Romie
Accroche toi.

Je jette mon portable contre le mur du hall, avant d'appeler Laurène qui est encore dans la salle. Elle accoure aussitôt et putain, y'a quelques mois je l'aurais prise contre ce mur juste pour étoffer les faits et me canaliser deux minutes. La seule chose qui me retient c'est cette putain d'alliance, qui ne semble pas signifier la même chose pour tout le monde !

— Je me tire. Vous veillez à ce que ce soit le cas de tout le monde avant l'heure qu'on avait indiqué. Vous gérez les demandes et conneries en tous genres. Ceux qui se sont chargés de l'organisation feront le reste.
— Vous partez dans cet état là ? Vous êtes sûr ?

Elle demande en posant sa main sur mon bras. Elle sait qu'elle est bandante et que c'est déjà arrivé qu'on couche ensemble, elle a raison de penser qu'elle peut encore avoir sa chance.

— Je suis sûr. Et c'est vous qui m'appelez un taxi, tout de suite !
— Je peux vous raccompagner sinon ?
— Qu'elle charmante idée. On n'a qu'à aller à l'hôtel et envoyer notre sextape à ma femme quand on aura terminé !

Je réponds avec sarcasme devant son insistance.

— J'ai pas le temps pour ça Laurène. Je veux un taxi devant cet immeuble quand je serais en bas. Et si cette soirée se termine mal, je vous en tiendrais pour responsable !

Et sans lui laisser le temps de me répondre, je vais prendre l'ascenseur. Si j'arrive à la gare avant Romie, je la jette sur les rails.

SMS de Romie à Edouard
J’te parle pas des autres jours. J’te parle de ce soir. Tu m’as exhiber fièrement avant de me traiter d’allumeuse et de conne devant tout le monde tout ça parce que j’ai pas réagi exactement comme tu le voulais à la seconde où tu le voulais ! T’as pas besoin de me menacer j’ai pas peur de toi !

Nan mais quel pauvre con, quand il est bourré il est insupportable. Quand j’arrive à la gare, le prochain train annoncé est dans vingt-cinq minutes. Je prends un billet et je vais m’asseoir sur le quai en attendant le train. Je suis tellement frigorifiée que je tremble comme jamais.

— On s'arrête ici, merci.
— La gare est dans la rue juste derrière.
— Je sais, merci ! Mais on avance au ralenti et j'ai autre chose à foutre !

Je balance un billet au chauffeur et je me casse sans même attendre ma monnaie. Il fait un froid de dingue, mais je m'en bats complètement les couilles. La rage me réchauffe.

Je mets à peine cinq minutes à atteindre la gare et à peine deux à trouver le quai du train qui va à White Falls. Elle ne peut être qu'ici et je le sais, parce qu'elle n'aime pas prendre le taxi toute seule.

Je descends vers les quais comme un fou et quand je vois Romie au loin, j'ai toujours autant envie de lui faire manger le mur. Donc je la traite comme une pute ? Ok. La seule chose que je fais pour l'appeler, c'est de la siffler.

Quand j’entends siffler, je sursaute et quand je réalise que c’est Edouard, je retourne la tête dans l’autre sens. J’ai pas du tout envie de le voir. En plus il me siffle comme un chien, il peut aller se faire foutre.

— Hey par contre m'ignores pas encore parce que tu finis la tête sous le train !

Je gondre en m'approchant d'elle.

— Tu fais quoi là ? C'est pas comme que tu veux que ça marche ?

— Je t’ignore si je veux, t’as pas à me siffler comme un chien. Tu te calmes !

Je lève les yeux vers lui, sans me lever.

— Je fais quoi ? À ton avis ? J’attends le train pour rentrer.

— Faut savoir ! Je te traite comme de la merde ou pas ? Apparemment je fais ça bien, alors bon.

Je balance avec cette même rage au ventre.

— Merci Sherlock, j'avais pas remarqué. Mais tu t'ai pris pour qui à faire ce qu'il te chante quand ça te chante ?

— Ouais. Puis continue à mal me parler, tu vas voir.

Je le regarde de haut en bas.

— Ah parce que j’ai besoin de ton autorisation pour faire ce que je veux maintenant ?

— Je vais voir quoi ? Tu vas me faire quoi ?

J'hallucine la fille elle me menace.

— Ouais pour ce genre de choses t'en as besoin. D'où t'es parti sans prévenir en me faisant passer pour un con ?

— Bah comme ça on était deux à passer pour des cons ce soir. C’est bien.

Je me reconcentre sur le quai.