Hello, it's me. - Adam & Max

Je suis surpris d'apprendre que c'est le genre de personne qui l'attire ; Max a besoin de quelqu'un dans l'action, de quelqu'un qui le tire vers le haut, qui le sort de sa zone de confort parce qu'il a tendance à se rassurer dans les routines. Il a besoin de quelqu'un qui exploite son côté créatif, qui le bouscule. Il a besoin d'être mis en avant et quelqu'un doit l'aider à sortir de sa coquille parce qu'il est surprotégé par sa famille, même s'il ne s'en rend pas compte. Si on ne le pousse pas, il s'essouffle, ne croit plus en lui et arrête d'avoir des projets. Je le connais tellement que ça me révolte qu'il ne le réalise pas lui-même.

— Pour l'instant, il n'y a plus rien à visiter. Les escaliers du clochers sont trop dangereux. Et... les jardins, tu les connais. C'est ce que je ferai en dernier.

Je lui souris.

— Parce contre, c'est un choix que tu as fait, alors ce ne sera notre église que si tu t'y installes. Je n'ai pas l'intention de te partager, Adam. Alors... pour l'instant, c'est mon église.

Je sais qu'il ne dit pas ça méchamment et pourtant le rouge qui me monte aux joues est incontrôlable. C'est un mélange de honte et de gêne que je ne saurais pas expliquer. Il a raison, et je le sais, mais c'est tellement dur de l'accepter.

— Je suis désolé...

Je ne sais pas pourquoi je m'excuse. Ou plutôt, si, mais pourquoi est-ce que je me sens obligé de le faire alors que c'est mon choix et que j'en suis le seul décisionnaire.

— C'est simplement que j'ai toujours associé cet endroit à nous. Depuis..., je soupire faiblement. Depuis notre premier baiser jusqu'à après ton départ, j'ai vécu tellement de choses ici, toutes avec ou en rapport avec toi et... C'est difficile d'en faire abstraction. Surtout maintenant que tu es de retour.

Je m'en veux de lui dire que ma situation est compliquée alors que c'est lui qui est revenu ici pour moi et qui finalement est seul.

— Ouais. Je comprends ce que tu ressens parce que c’est exactement pour ça que j’ai cru que c’était une bonne idée de l'acheter. Mais...

Je lui adresse un petit sourire.

— Ne complique pas les choses, s’il te plaît. C’est difficile d'être ici sans toi alors j’aimerais m’approprier les yeux sans avoir de faux espoir.

C'est horrible de ressentir ça, mais à cet instant précis, je sais que si l'ombre de Logan ne planait pas autour de moi, je n'hesiterai pas un seul instant à m'avancer vers Max et l'embrasser. C'est niché là au fond de moi, c'est arrivé telle une envie soudaine, et ça me fait peur.

— Tu préfères que je parte ? Je t'en voudrais pas, je comprendrais...

Je crois que j'ai autant peur de sa réponse que de ce qui se passe dans ma tête.

— Non, ça ira.

Je réponds avec assurance. Parce qu'au fond, j'aime qu'il soit là. J'aime qu'il continue de vouloir faire partie de ma vie alors qu'il ne devrait pas en avoir envie, puisqu'il est passé à autre chose. Mais j'ai espoir qu'il se rappelle de nous et qu'il se souvienne.

— Tu veux visiter mon palace royal ?

Un sourire étire mon visage au complet, alors que je respire de nouveau. Je n'ai ni envie de partir, ni envie de le quitter à nouveau.

— Pourquoi maintenant ?

Il sait de quoi je parle, je le lis dans son regard.

— Je ne t'en parlerai plus jamais après, c'est promis. Mais j'ai besoin de savoir pourquoi maintenant, après tout ce temps.

Quand il me pose la question, j'ai du mal à percuter avant qu'il s'expliquer. Je crois que je n'y avais jamais pensé avant qu'il ne me le demande. Mais je l'ai, la réponse.

— Y a un peu moins d'un an, neuf mois, je dirais.. j'ai... en fait, j'ai rencontré quelqu'un. Ça se passait bien, je crois. Et je me suis disputé avec mon frère parce qu'il s'est fait passer pour moi au téléphone.

Si on ne se ressemble pas, on a exactement la même voix. C'est vraiment bizarre. Et il s'en sert souvent, d'ailleurs.

— D'habitude je m'en fous, mais là c'était trop grave. On s'est embrouillés comme jamais et parmi tout ce qu'il a pu me sortir, il a dit une phrase qui m'a marqué : il m'a dit que je lui faisais de la peine à toujours chercher Adam là où il n'était pas. C'était comme un électrochoc. J'ai réalisé que c'était vrai, que je te cherchais partout, tout le temps. Alors j'ai voulu reprendre contact mais je ne savais pas comment revenir parce que j'aurais l'air de quoi deux ans plus tard avec mon truc de "j'ai réalisé que je t'aimais encore". Enfin bon, j'ai cherché une excuse, j'ai trouvé cette église, j'ai bossé comme un chien pour prouver à mes parents qu'ils pouvaient me faire confiance et tu connais la suite. Ou, du moins, tu la devines.

— Tu l'as quitté parce que tu as réalisé cela ?

Jamais je ne me suis pris de claque aussi grosse. Je crois que le poing de Gabriel lui même ne m'a pas cogné aussi fort. Mon estomac est descendu tout entier dans mon corps et je continue de réfléchir à mille à l'heure.

C'est à ça que j'aspire dans ma vie ? C'est ça que je souhaite ? Laisser tomber mon premier amour qui a tout quitté pour moi - famille, vie, petit ami - et attendre comme un con que celui que j'aime prenne la peine de me montrer un intérêt autre que celui qu'il me porte actuellement. Les larmes me montent aux yeux sans que je ne puisse les retenir. C'est pas une situation normale ! C'est pas comme ça que ça devrait se passer ! Je ne devrais pas avoir à me poser de questions, pas de cette importance.

— Je suis désolé, je vais y aller...

Je ne veux pas que les choses empirent devant Max.

— Tu me gardes un ticket pour ton palace, d'accord ? Je reviendrais le visiter avec plaisir. Vraiment.

Je souris sans aucune conviction et tourne les talons en essayant de me calmer pour reprendre la route. Je dois faire le vide dans mon esprit pour tout mettre en ordre.

Il est sur le point de pleurer sans que je ne comprenne ce qui le bouleverse à ce point. J'aurais bien aimé le rattraper pour le prendre contre moi et le rassurer. Mais je pense avoir perdu ce droit, maintenant que quelqu'un d'autre peut le faire à ma place.

— Tu viens quand tu veux, Adam. N'hésite pas. J'aurais le wifi la semaine prochaine...

Je dis avec un petit sourire.

— Ne prends pas le volant tout de suite, d'accord ? T'as l'air bouleversé.

— Ouais, je vais faire attention t'en fais pas...

Je descends les quelques marches qui mènent à la grille et je la dépasse le cœur encore plus lourd que lors de mon arrivée. Je ne veux pas me retourner et pourtant, je le fais une dernière fois avant de presser le pas vers ma voiture.

Je crois que j'ai envie de voir la mer. Elle est qu'à une heure et demie d'ici, après tout.

SMS à Maman.
Je vais sûrement rentrer tard ce soir, voir cette nuit, m'attendez pas pour manger. À demain maman.