Life isn't that easy. — Charlie & Lexie

— Fait qu'on aille voir un médecin. On ne sait pas ce que ça a pu faire sur le bébé. On ne peut pas rester sans rien faire.

Erant donné que je n'ai jamais eu de réponse, j'imagine qu'elle agir ainsi depuis le jour où elle a appris quelle était enceinte. Pour ne pas grossir, pour ne pas se déformer, pour ne pas se haïr. Je le sentais, ça fait des mois que je me disais que si elle était enceinte ce serait horrible pour elle, et je n'ai rien vu. Sûrement autant parce qu'elle le cache bien que parce que c'était plus simple de ne pas voir. Je suis autant responsable qu'elle.

— Ça va aller, oui...

— D’accord, oui. Tu veux qu’on appelle pour aujourd’hui ? On peut prendre rendez-vous en urgence.

Je déteste le voir pleurer et je réalise peu à peu que j’ai vraiment mis la vie de notre bébé en danger. Je m’étais persuadé que non, mais à voir son état, je comprends que j’ai de la chance s’il vit encore et s’il n’a aucune malformation.

— Je te laisse prendre tous les rendez-vous qu’il faut pour que tu sois rassuré. J’irai partout.

— Si on appelle pour aujourd'hui on va forcément nous renvoyer vers l'hôpital. J'imagine que c'est pas là-bas que tu voudrais aller faire ça...

Je soupire, en espérant que tout aille bien et qu'on n'ai pas à souffrir plus que ça.

— Sinon on appelle ton gynéco en parlant d'urgences oui, mais je sais pas quand on aura un rendez-vous. On essaie ?

Je la remercie d'accepter tout ça en la serrant contre moi. J'espère qu'elle a réellement compris que c'était dangereux...

— Charlie, si tu expliques ma situation, tu sais très bien que n’importe quel médecin me prendra en urgence aujourd’hui. Parle de TCA et t’auras le médecin, la gynéco et le psy dans la même journée. Peut-être même la diététicienne.

Je dis alors que ça m’a arraché la bouche de prononcer ces trois lettres.

— J’ai pas envie de tuer nôtre bébé et je ne dormirais pas tant qu’on ne m’a pas dit que tout va bien.

J’ai tellement peur qu’il me déteste, c’est presque insupportable.

— J'appelle tout de suite.

Je réponds sans prendre la peine de faire autre chose. Alexis reste là, à côté de moi, et je l'oblige à s'asseoir dans le canapé. Je viens me mettre auprès d'elle, je lie nos doigts et je me lance.

Ça prends un moment, et en même temps elle avait raison. Dès que je parle de TCA à la secrétaire de son gynéco, elle me passe directement le médecin et je me retrouve avec un rendez vous en urgence dans l'heure. J'ai peur, je crois que lui aussi, et je ne parle même pas de Lexie. Elle semble toute vulnérable à côté de moi et j'ai envie de l'aimer jusqu'à en crever. On va le faire.

Quand je raccroche, je la prends dans mes bras et j'embrasse sa tempe longtemps. Très longtemps.

— On à rendez-vous dans 45 minutes. Si tu le souhaites je peux être présent, il n'y voit pas d'inconvénients. Mais si tu préfères, je pourrais aussi rester dans la salle d'attente. Je comprendrais, d'accord ?

Il arrive à avoir un rendez-vous et ça me soulage autant que ça me terrifie. Pour l’instant je suis incapable de dire si je veux qu’il soit présent ou non, mais quand on arrive dans la salle d’attente, je n’y arrive pas. J’ai beaucoup trop honte et surtout très peur.

Charlie reste à l’écart et ça me permet d’être honnête avec ma gynéco. À partir de ce moment-là, je serais honnête avec Charlie. Et transparente. Je lui autorise à tout lui raconter et à lui dire que ça a commencé certainement après le passage de ma mère à la clinique ; elle lui remettra le compte-rendu de notre rendez-vous, celui qu’elle écrit pour tous les medecins que je verrai ensuite. Elle s’est chargée d’appeler une diététicienne et m’a fixé un rendez-vous d’urgence aujourd’hui également. J’ai l’impression que quand on dit qu’on veut réussir et s’en sortir, alors les médecins se disent que c’est leur chance et font tout pour agir avant qu’on change d’avis.

Elle m’ausculte et me pose mille questions. Est-ce que j’ai toujours des nausées ? Est-ce que j’ai de la fièvre ? Est-ce que je suis excessivement fatiguée ? J’en ai presque assez, mais j’aurais voulu qu’elle pose encore plus de question quand elle m’annonce qu’on va voir comment ça se passe. C’est là, qu’on va savoir si je l’ai tué et le visage fermé de ma gynéco n’est pas rassurant du tout. C’était pas comme ça que j’imaginais les choses pour une première échographie et je sais que j’ai tout gâché. Ce bébé n’est pas né que je suis déjà une mauvaise mère. S’il est mort, ce sera de ma faute et Charlie ne me le pardonnera jamais.

— Son cœur bat !
— Hein ?

Mon cœur s’emballe, j’ai du mal à comprendre et je regarde l’écran pour la première fois.

— Son cœur bat, vous entendez ?
— C’est ce bruit ??
— Oui, tout a l’air d’être en ordre, on va quand même faire des analyses mais...

Je ne l’entends plus. Je vois mon bébé sur l’écran et son cœur bat. J’essuie rapidement les larmes qui coulent sur mes joues.

— Est-ce qu’on peut dire à Charlie de rentrer ? Je veux qu’il entende ça lui aussi.
— Je vais le chercher.

Alexis a préféré que je reste à l'écart. Et comme je le lui ai dit, je je lui en veux pas le moins du monde. Je serai toujours là pour elle, jusqu'à la fin, mais je comprends qu'elle ai besoin de se retrouver seule avec la gynéco aujourd'hui. C'est un rendez vous autant important que déterminant, et ça risque de découler sur plein de choses qu'elle a essayé de cacher depuis un moment.

Je tourne en rond, le cœur battant à chaque bruit que j'entends. Est-ce que Lexie va bien ? Est-ce qu'elles savent déjà pour le bébé ? Qu'est-ce que la gynéco pourrait faire si ça ne va pas ? J'ai peur, encore et toujours.

— Charlie Milton ?

Je sursaute lorsque j'entends mon nom. Le visage de la gynécologue est complètement fermé et je n'ai aucune idée du pourquoi on vient me chercher maintenant.

— Elle va bien ?

Elle ne me dit rien, sans doute parce que je ne suis pas seul dans la pièce. Alors je la suis, la boule dans ma gorge aussi grosse que celle que j'ai dans le ventre.

Elle m'emmène auprès d'Alexis et quand je la vois les larmes aux yeux, j'ai envie de m'effondrer. On ne peut pas avoir perdu notre bébé... C'est pas possible...

— Mon cœur. Est-ce que ça va ?

Je demande avec une toute petite voix, incapable de demander la moindre autre chose.

Quand il entre dans la pièce, il est complètement paniqué et j’attrape sa main. Je ne réponds pas à sa question parce que j’ai envie qu’il découvre comme moi je l’ai découvert et je lui dis de regarder l’écran. Il serre ma main et quand ça s’affiche à nouveau, on entend rapidement le cœur de notre bébé battre. Je crois que c’est le son le plus rassurant que j’ai jamais entendu.

Charlie reste béat. Je sais qu’il comprend mais qu’il n’ose pas y croire sans confirmation de qui ce que soit alors je lui souris.

— Tu l’entends ? Il va bien !
— Aucune malformation, aucune anomalie de détectée, même s’il semble un peu petit. Tout semble être en ordre et nous allons suivre ça de prêt.

J'ai l'impression de sortir de mon corps pendant quelques secondes. J'ai peur de mal interpréter, de trop espérer et j'attends qu'on me confirme quelque chose. Juste un mot. Et quand c'est Alexis qui les dit, je pleurs pour la seconde fois de la journée. C'est moins intense, mais tout aussi émotif.

Je m'en fous de son gynéco, je m'en fous qu'on soit pas franchement dans l'endroit le plus approprié pour faire ca. Notre bébé va bien.

— On va être tous les deux mon cœur. Je te laisserais pas tomber. On aura ce bébé en bonne santé ! Tu seras pas toute seule...

Je murmure à Alexis, avant d'embrasser sa tempe avec tendresse. Je reste ainsi cinq, peut-être dix secondes, avant de me reprendre.

— Pardon, excusez-moi.

Je dis envers la gynéco sans lâcher Lexie pour autant.

Elle sourit sans rien répondre et je crois qu’elle est aussi émue que nous. Bon sang, ce bébé a vraiment, vraiment envie de vivre. Et ça c’est plutôt une bonne chose. Je me sens soulagée et prête à faire tout ce qu’il faudra pour lui. C’est comme un déclic et c’est fou le bien que ça me fait !

— Vous voulez connaître le sexe du bébé ?
— Vous le savez déjà ??
— Oui, oui. C’est assez net, d’ailleurs.
— C’est un garçon ? C’est pour ça ?
— Vous voulez savoir ?

Je me tourne vers Charlie parce que je sais qu’il saura quoi faire. Si elle m’annonce que c’est une fille, j’vais pleurer. Elle va croire que j’en veux pas. Mon Dieu. J’en sais rien.

Putain... Je ne m'attendais pas à devoir gérer ça en plus de tout ce que nous venons de vivre aujourd'hui. Lexie essaie tout juste de prendre le dessus et si la gynéco nous annonce que c'est une fille, tout risque de s'effondrer avant même que les efforts n'aient commencés.

Mais en même temps, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de garder la surprise. Si c'est pour qu'elle rejette l'enfant à l'accouchement parce que c'est une fille. Quoiqu'on fasse, il y aura un drame. Autant qu'on le gère ensemble, maintenant...

— On veux savoir, pas vrai ?

Je demande à Lexie en reserrant mes doigts sur les siens.

— Ce que je vais faire...

La gyneco nous interrompt et elle a toute notre attention.

— C’est que je vais mettre le sexe sur un papier, dans une enveloppe. Si vous voulez l’ouvrir, vous l’ouvrez, sinon, vous gardez la surprise.
— Ah oui, c’est super ! Merci !
— D’accord, je vais noter ça. Vous pouvez vous rhabiller !

J’essuie mon ventre, je me rhabille pendant que Charlie récupère tous les papiers, la précieuse enveloppe, et elle lui parle de mon rendez-vous de tout à l’heure.

— Est-ce que je pourrais faire du sport ?
— Si c’est encadré, quand vous aurez repris oui. Vous avez pensé au yoga ? Il y en a pour femme enceinte et c’est très bien.
— Et le fitness ?
— Ce sera en fonction de votre santé à vous, toujours. Mais c’est possible. Toujours encadré.
— Ok. Merci beaucoup.
— On se revoit dans deux semaines pour un contrôle, d’accord ? Je vous arrête pour au moins ce temps-là et on reverra la prochaine fois comment votre état évolue.

Charlie la remercie mille fois de nous avoir reçu pendant qu’elle imprime les échos et lorsqu’elle nous remet la pochette, on peut enfin partir.

Alexis pose quelques questions concernant le sport avant qu'on parte et moi, je ne sais toujours pas comment je me sens. Ça va beaucoup mieux, mais j'ai entre les mains plein de choses qui pourraient encore changer bien des choses.

— Je t'aime...

Je souris à Lexie lorsqu'on sort enfin du bureau. On va y aller étape par étape, tous les deux.

— T'as rendez-vous chez la diététicienne, la gynéco m'a rapidement dit. Je t'y dépose dès maintenant ? C'est à quelle heure ?

— Là... il faut que tu viennes avec moi. Tu pourrais ?

Je demande quand même.

— Je veux bien faire des efforts mais on n’est jamais à l’abris d’un petit mensonge...

Il connaît la suite, de toute façon, il l’a déjà vécu. Il va devoir faire les courses et faire à manger, aussi. En fait, le rendez-vous, c’est surtout pour lui.

— On doit y aller d’ici une demi-heure... le temps d’y aller quoi. Comme elle me prend en urgence, elle aura déjà tout préparé. C’est la même qu’avant, elle nous connaît alors... tu seras pas perdu.

Moi, j’ai pas tellement envie de lui parler pour l’instant, mais je veux bien l’écouter, pour notre bébé.

J'acquiesce et lui souris.

— Bien sûr que je peux Bébé

Une fois en bas je lui ouvre la portière et je la laisse monter en voiture. Si on passe en urgences, mieux veux être en avance qu'en retard.

— On se connait déjà un peu elle et moi. J'imagine que les repas seront assez similaires, tu connais déjà mes talents au moins !

J'essaie de détendre l'atmosphère, même si c'est compliqué. On sait au moins que ça va bien, mais on a encore du chemin à parcourir pour que ça persiste.

— Tu voudras l'ouvrir ? L'enveloppe ?

Je demande finalement, incapable de me contenir plus que cela.

Je suis rassurée qu’il prenne les choses en main au niveau de la nourriture. C’est important pour moi parce que sans lui je n’y serai pas parvenu la première fois.

— Je sais pas... toi tu veux, hein ? Mais si c’est une fille ? De toute façon, je préfère qu’on découvre ça tous les deux.

Je soupire un peu.

— Je sens que c’est une fille. Je sais pas pourquoi, je sens que c’est une fille. Tu veux que j’ouvre ?

— Si c'est une fille, ça ne changera rien mon Bébé, tu le sais ? Elle t'aimera autant et tu l'aimeras autant. On la protégera, comme on protégera notre fils si c'en est un. D'accord ?

J'essaie d'être rassurant, autant que je le peux malgré mon appréhension à moi aussi.

— Tu veux pas attendre qu'on soit à la maison ?

Au cas où...

— Et attendre une heure encore alors qu’on a l’enveloppe ?

Je la prends de sur le tableau de bord et je me dépêche de l’ouvrir pour ne plus faire machine arrière. Quand je tire un peu sur le papier de l’enveloppe, mon cœur s’emballe jusqu’à voir que, en effet, c’est une fille. C’est plus fort que moi, je me mets à pleurer sans aucune retenue et, contrairement à ce que je pensais ce n’est pas de la tristesse ou de la déception. Je m’en fiche parce que notre bébé est vivant et bonne santé et c’est tout ce qui compte.

Je me tourne vers Charlie, en souriant sincèrement à travers mes larmes de joie.

— On va avoir une petite fille !

Je dis avant de lui montrer fièrement le papier.

— Et c’est déjà une battante.

Je ne comprends absolument pas ce qui arrive. Lexie pleure. De tristesse au premier abord, mais en fait non. Ce sont des larmes accompagnées d'un sourire énorme.

— Une fille ?

J'arrive à peine à croire qu'elle puisse être heureuse d'attendre une fille, mais quand je lis ce mot précis que le papier, je ne cherche plus à comprendre. Lexie est heureuse et c'est tout ce qui compte. Je crois qu'elle vient de tisser le premier lien mère/fille avec notre bébé.

— Une battante, exactement comme sa mère.

Mes lèvres trouvent celles de Lexie avec un mélange d'avidité et de tendresse.

— Je la jetterais quand même dans la boue, sache le !

— Pas grave !

Je dis en l’embrassant plein de fois.

— Elle est vivante et en bonne santé, c’est tout ce qui compte.

Je l’embrasse encore et quand on se fait klaxonner, je grimace.

— Pardon. Conduis, fais attention.

— Mais t'as quoi toi ?

Je cri au gars derrière nous, qui n'est pas content pour pas grand chose.

— On va avoir une petite fille ! On fait ce qu'on veux !!!

Et je klaxonne comme un perdu, sans en avoir rien à foutre de pouvoir gêner des gens alentours.

Je rigole, certainement nerveusement.

— Oui enfin si tu conduis comme ça, on va surtout avoir une place au cimetière.

Trop d’émotions se bousculent en moi et quand on se gare, je ne sais pas si je suis contente d’être là ou pas. J’ai vraiment envie d’avoir un bébé en bonne santé, mais j’ai très peur d’avoir l’impression de manger trop, tout le temps. Mais la première fois qu’on est venus, c’était super – d’après Charlie. Au début c’était difficile, mais j’ai fini par manger de la glace sans me soucier de rien. Mais là, je ne me vois pas manger de la glace. Ni même un repas complet.

— Heureusement qu’on est là aujourd’hui. Demain j’aurais pas voulu.

Je reconnais honnêtement.

Alors remercie je ne sais quelle divinité d'avoir eu un rendez-vous aussi rapidement. Je lui souris et sans attendre, je sors de la voiture et lui ouvre la portière une fois avoir fait le tour.

Dans un geste protecteur, je passe un bras autour de sa taille. Je vois le léger mouvement de recul qu'elle a lorsque ma main s'aventure trop près de son ventre, alors je fais attention de respecter ses limites. C'est dur, comme depuis plusieurs semaines, mais je ne la brusque pas. Je me contente de déposer un baiser sur sa tempe.

— Je m'occupe de ce rendez-vous là, t'en fais pas. Je ne bougerais pas, j'ecouterais et tu n'auras qu'à penser à notre petite fille. D'accord ?

— Ok. Super équipe dans laquelle t’es tout seul !

Je dis en riant un peu, histoire de détendre l’atmosphère. Je me sens en sécurité avec lui, c’est vraiment agréable. Je crois que j’avais perdu ça depuis quelques semaines, mais aujourd’hui, j’ai réalisé qu’il n’était pas contre moi.

Quand on rejoint le cabinet, la diététicienne nous prend entre deux clients. La première chose qu’elle fait c’est fixer un second rendez-vous dans plusieurs semaines pour vérifier l’avancée. Je crois qu’elle demande discrètement mon poids, je n’en sais rien, et elle confie à Charlie un programme. En fait, j’écoute un peu. C’est pour moi, surtout, ce programme. Si je mange ça, le bébé aura ce qu’il faut, d’après elle. On ne reste pas longtemps, un quart d’heure, et Charlie pourra l’appeler chaque fois qu’il a besoin. Je crois que c’est pour ça que j’aime cette ville, on s’y sens bien, soutenue. Même quand on a failli tuer son bébé.

On ressort et je prends le temps de faire un énorme câlin à Charlie.

— J’ai vraiment besoin de m’allonger.

De toute façon, il commence à se faire tard.

— On ira chez le médecin genre... dans deux semaines ? Il me dira pour le sport comme ça.

Aujourd’hui, il me dira non et je serais déçue.

— Merci d’avoir fait tout ça. J’avais pas réalisé, je crois. Je voyais que ma petite personne, mais je ne peux plus maintenant. Tu veux faire des courses peut-être ?

Je demande quand même. Je le connais, maintenant qu’il a la liste, il va avoir du mal à se dire que ce soir on mange rien. Enfin, moi. J’espère qu’elle a gardé les soupes, pour le soir. Je ne me vois pas manger autre chose de consistant aujourd’hui. Toute la pression retombe et c’est vraiment difficile, d’un coup.

— Il est tard, j'imagine qu'on peut rentrer à la maison. J'aurais le temps d'aller faire des courses demain !

Je la serre contre moi. Ça me rassure de l'entendre dire à haute voix qu'elle réalise tout ce que ça pourrait impliquer si elle continuait de se laisser aller.

Moi je suis stressé, mais je peux bien la laisser se reposer. Avec ce qu'elle vient de traverser, elle le mérite amplement. Ce soir, une fois de plus, elle sera ma princesse.

— Je suis sûr qu'en fouillant bien dans le frigo, j'ai de quoi te faire une super soupe maison pour ce soir !

Je souris tendrement, conscient qu'elle n'aurait rien pu manger d'autre que ça ce soir.