WE NEED TO TALK OK — Adam & Gabi

Je ne sais pas je n'ai pas croisé mon frère depuis combien de jour, mais ça commence à faire long alors quand, pour une fois, j'entends du bordel dans sa chambre, j'abandonne tout ce que je suis en train de faire pour le rejoindre. Je toque à sa porte et je rentre sans autorisation.

— Ça va Fantomas ? Putain ça fait genre une éternité que je ne t'ai pas vu depuis plus de trois secondes.

La dernière fois, il était tellement déprimé que ça m'inquiète un peu alors, même si je tourne ça en dérision, j'ai hâte de parler avec lui plus sérieusement.

— Tu fais une valise ? Tu pars où là ?

Quand Gabriel rentre dans ma chambre, un sourire s'affiche directement sur mes lèvres. On ne s'est pas vu depuis mille ans, parce que je passe mon temps chez Max et que les rares fois où je repasse ici, il n'y est pas où profite de ses vacances avec Austin.

— Trop de gens veulent de ma présence, je suis indispensable.

Je rigole, parce que je suis à mille lieux de penser ainsi pour de vrai.

Il m'interroge sur ma valise et je comprends qu'on l'a enfin notre moment pour parler. Le moment pour se confier, pour discuter, pour être joyeux.

— Je prépare des affaires pour aller passer quelques jours chez mon mec.

Et je le laisse mijoter la dessus, parce que sa tête vaux tout l'or du monde.

Je lève les yeux quand il me dit qu’il est indispensable et je pousse ses affaires pour pouvoir m’asseoir sur son lit.

— Hein ? Quel mec ? Pourquoi tu vas quelques jours chez lui ? C’est qui ?

Il est encore pire que ma mère et ça me fait rire.

— Si je déserte la maison depuis quelques jours c'est parce que je passe tout mon temps chez Max..., je souris comme un con, parce que même le quitter pour quelques heures ça a été dur.

Edouard doit arriver ce matin et si j'ai voulu rentrer chez moi pour quelques jours, Max a insisté pour que je reste malgré tout. Alors je viens me préparer quelques affaires, histoire de ne pas avoir à faire la girouette comme depuis la semaine dernière.

— Et on ne fais pas que regarder la télé et prendre des nouvelles, si tu vois ce que je veux.

— Vous êtes de nouveau ensemble ? Putain c’est vrai ? Hey mais c’est trop cool ! Ça va, t’es bien remis de ta rupture en fait. Moi j’étais inquiet pendant que tu prenais du bon temps avec ton ex. J’hallucine, quoi.

— Logan s'est foutu de ma gueule et m'a pris pour un con... Une fois que j'ai eu accepté ça, ça a été plus facile de me laisser aller.

Ça me soulage que Gabriel le prenne comme ça, qu'il ne me juge pas et ne trouve pas ça stupide. Même si j'en ai pas douté.

— Max et moi on a encore des choses à vivre, je ne me serai pas tant questionné quand il est revenu sinon, je soupire. Je sais que c'est pas un second choix juste parce que je suis malheureux d'une rupture. Je me sens bien, on est heureux, on a plein de projets et... C'est Max putain.

— Donc tu pars que quelques jours là, c’est ça...?

Je suis content pour lui, ça se voit et je sais qu’il le sait, mais je sais aussi que Max a une maison pour lui tout seul et je ne suis pas stupide.

— Pour l'instant, oui.

Je souffle, pas certain de la façon dont amener les choses. Je sais que ça va être un grand pas pour lui et moi, plus encore que pour nous tous.

— Mais il m'a proposé de venir vivre avec lui et j'ai accepté... Je lui ai dis que je voulais d'abord t'en parler à toi, et qu'après je verrais avec lui et les parents. Je sais qu'on a tout pour être heureux lui et moi ! Ça va forcément être parfait !

Comme un gros gamin égoïste, j’ai même pas envie d’être content. On est tout juste proche, lui et moi. Je vais commencer à vraiment bosser au lycée et j’ai trop besoin de lui et il s’en va vivre heureux ailleurs.

— Cool.

Je lève mon pouce et je me lève aussi.

— Bon bah... j'te retiens pas plus longtemps.

Sa réaction me tord le ventre et en quelques secondes, il vient de remettre en question tout mon bonheur. Je rêve de vivre là-bas maintenant, avec Max, mais pas à ce prix là... Pas si Gabriel doit réagir ainsi et que je dois perdre tout ce qu'on a construit.

— Gabou !

Je l'arrete avant même qu'il ne puisse faire trois pas.

— Je t'abandonne pas ! Je vais vivre dans la ville, a même pas quelques kilomètres. Je passerais ici tout le temps, je continuerais de venir manger ici aussi souvent que j'en ai envie et je serai toujours là en trois minutes si t'as besoin...

Je hausse les épaules.

— Bah j’sais, oui. Mais c’est quand même vachement soudain. Déjà que tu vas à l’école à Londres. J’me sens hyper égoïste, mais ça me saoule quand même. Mais j’suis content pour toi, hein. T’as l’air heureux, c’est le principal.

— On est tous égoïste à notre façon. T'as cru que j'avais réagi comment quand tu es rentré de Colombie, qu'Austin s'était installé au sous sol et que t'as passé chaque seconde de ta vie avec lui ? C'était nul, parce que je voyais bien que t'étais heureux aussi, mais ça se contrôle pas.

Je lâche tout ce que je fais, parce que c'est quand même foutrement important ce dont on parle.

— Ca va pas changer tant que ça tu sais. La journée je serai en cours et si je m'installais pas là-bas, j'aurais été le voir tous les soirs. Là, c'est vous que je viendrais voir et tu me connais, au début je vais passer tous les jours limite.

Je souris sincèrement, il ne peut pas douter de tout ça. Il ne peut plus.

— Et puis tu viendras, non ? Je veux dire... Qui pourra t'aider avec tes devoirs si ce n'est ton grand frère qu'à eu une mention très bien au bac ?

Il ment parce que, contrairement à lui, Austin aime passer du temps seul avec sa sœur pour qu’elle ne se sente pas délaissée. Et je suis à table avec eux tous les soirs. Je ne passe pas chaque minute de mon temps avec Austin, même si j’aimerais bien. J’ai envie de lui dire que non, il ne viendra pas limite tous les jours et qu’on le sait tous les deux parce que là, actuellement, il ne peut pas se déskotcher de lui. Comme avant. J’ai peur qu’il ne comprenne pas alors je me tais et je lui souris.

— Ouais, je viendrai.

Même si c’est faux parce que je ne veux pas qu’il pense que je préfère Max.

— T’es content alors ? Vous vous aimez comme au premier jour ?

Question piège.

— Je l'aime, oui. J'ai toujours aimé Max. Mais je peux pas me mentir à moi-même et te dire que j'ai jamais aimé que lui. Parfois je pense à Logan et ca me rends triste... Parce que tu sais ce que je ressentais pour lui et que ça c'est pas envolé, c'est impossible, je souris malgré tout. Mais je suppose que c'est normal. Et puis, ça m'arrive quand je suis tout seul. Quand je suis avec Max, je pense pas à lui. J'y pense plus. Je pense qu'à Max, à nos projets, à la façon dont il me connait si bien et me fait sourire avec un mot.

Je soupire, parce que je me rends compte que je suis niais au possible.

— On va réaliser nos rêves lui et moi, ceux dont on parlait quand on avait 17 ans et qui nous ont tous exploser au visage de nouveau. Bien sûr que c'est de l'amour. Et c'est pour ça que j'ai pas peur de vous quitter...

— Alors c’est le principal. Je sais que ça va bien se passer. Tu t’ennuiras jamais avec Max.

Il était tellement heureux avant que ça me rassure de savoir que Max va de nouveau prendre soin de lui. Il va être la priorité de quelqu’un, le centre de son monde. Je crois que je l’envie un peu. Max, quand Adam est dans une pièce, il se fiche complètement du reste. Il a tout quitté rien que pour lui en se fichant bien de sa famille et de ses responsabilités.

— Attendez au moins de ne plus vivre dans le mobile-home pour nous faire un gosse.

Je lève les yeux au ciel, parce que même si je m'imagine père, et même si je vois parfaitement Max en papa, je ne pense pas que l'un comme l'autre, on ai envie d'enfant maintenant.

— Je compte pas avoir de gosses tant que je fais des études !

Je soupire, en songeant au gamin que je vais déjà me taper pendant une semaine.

— Déjà on va garder Édouard quelques jours, là. Ce sera pire qu'un enfant et on va vite être dégoûté, je rigole.

Quand il parle d’Edouard, j’écarquille les yeux.

— Edouard est là ? Ptin, c’est hyper gênant.

Je regarde ma montre et hoche la tête.

— Max allait le chercher à Londres directement. Vu l'heure, ils doivent être tout prêt d'ici !

Je n'osais pas me l'avouer, mais je crois que j'angoisse totalement à l'idée de voir Édouard et de ne pas savoir comment agir avec lui.

— Même si je panique à l'idée que ce con m'embrasse en se foutant de ma gueule comme il sait très bien le faire, j'irais pas non plus jusqu'à dire que c'est gênant, je rigole finalement.

— Euh... si, c’est gênant.

Je me mords l’intérieur des joues.

— En fait, faudrait que je t’avoue un truc, là.

Il n'a pas pour habitude d'etre gêné et ça m'interpelle très vite.

— Qu'est ce que t'as fais Gabou ?

— T’énerve pas, ok ? Mais il se pourrait bien qu’une fois, avant qu’ils partent, Edouard ait voulu essayer de coucher avec un mec pour voir ce que ça faisait et que ce mec bah... en fait, ce mec c’était moi. Mais j’croyais que j’allais jamais le revoir, tu vois ?

Je rigole comme un con, parce que je n'imagine pas du tout la scène.

— Dis pas des trucs comme ça ! C'est presque comme si t'avais couché avec mon mec putain ! Brrr... T'imagines si t'avais vraiment couché avec lui ? Merde, non je veux même pas y penser.

Je le regarde sans rien dire, les lèvres pincées. Il rigole nerveusement parce qu’il ne veut pas y croire, mais au fond c’est pas drôle.

— J’ai pas couché avec ton mec, j’ai couché avec Edouard. C’est pas pareil.

Son sérieux me désarme et ça me fait redescendre tout de suite.

— Non mais vous avez pas vraiment fait ça ?

Je n'arrive pas à croire que je pose vraiment la question.

— Pendant que nous on chialait parce qu'on allait plus se voir, nos deux frangins ont pas vraiment pu s'envoyer en l'air pour de vrai ?

— Mais j’ai pas pensé à ça, il voulait essayé et puis voilà. Je savais pas que vous alliez vous séparer avec Max ! Je pensais que vous auriez une relation à distance... fin j’sais pas moi ! C’était purement sexuel quoi.