La jalousie ne fait de mal qu'à celui qui la ressent. Et ça fait foutrement mal. — Austin & Gabriel

— Hm ?

Quand je vois qu’il a du mal avec sa crème, je viens directement l’aider.

— Dis-moi si je te fais mal.

Il prend la crème et je lui tourne le dos.

— Merci.

Je hoche la tête, j'inspire et je ferme les yeux, je suis crispé mais ce n'est pas douloureux, rien d'insupportable.

— J'aime sentir tes mains sur moi.

J’en profite pour le masser un peu. Il est crispé mais il se détend doucement. Quand il me dit ça, je souris et je dépose un baiser sur sa nuque. Il n’imagine pas á quel point ce genre de phrase peut me rassurer.

— Merci d’avoir accepté de me laisser une chance.

Il me masse et doucement je sens mes muscles se détendre. Je me retourne vers lui.

— On est ensemble parce qu'on devait l'être. Tu n'as pas à me remercier pour ça.

— Tu deviens croyant ?

Je demande avec un petit sourire.

Je lui fais un petit sourire en secouant la tête.

— Toujours pas.

Depuis toujours il ne comprend pas que je ne puisse pas croire en dieu et être complètement Athée.

Je soupire.

— Je crois et prie assez pour nous deux, de toute façon.

Je le masse encore un peu avant de l’aider à remettre son t-shirt.

— Aller, viens me faire un câlin maintenant.

Je dis en ouvrant mes bras pour qu’il vienne se blottir contre moi.

Il ouvre ses bras, je me blottis contre lui. C'est étrange d'avoir cette place là, j'étais habitué à prendre dans les bras, pas à être pris. C'est agréable. Après ça on s'installe dans mon lit pour regarder le film, contrairement à Darcy, je n'ai pas de chambre, il est installé dans un coin, mais nous avons pas l'intimité que j'aimerais avoir là tout de suite. Je joue avec ses doigts.

— Qu'est ce que tu voudras faire quand tu n'auras plus le bracelet ?

Je ne sais pas pourquoi, avec Austin, j’aime être câlin comme ça, mais ça me fait beaucoup de bien de l’avoir contre moi et d'être à son contact tout le temps.

— T’emmener au restaurant. Aller me balader avec toi. Aller à l’église aussi et voir la maison de mon frère. Mais sortir avec toi, t’accompagner au lycée, être avec toi tout le temps, en fait. Tu me manques la journée.

J’aurais préféré qu’il rentre le midi, mais j’ai peur de l’étouffer.

J'embrasse ses doigts. J'ai hâte de pouvoir faire tout ça avec lui, que tout ça soit derrière nous.

— La rénovation de l'église se passe bien ?

Je demande d'un ton détaché. Adam et moi on ne se parle toujours pas, mais je fais attention à tout ce qu'il se passe pour lui.

Je hausse les épaules. Je ne comprends pas quand il me demande des nouvelles car pour moi, s’il ne lui parle pas, c’est qu’il s’en fiche. Ça me fait énormément de peine car mon frère aimerait que ça s’arranger, je le sais.

— J’en sais trop rien, mais ça va bientôt commencer apparemment. Max et lui vont se marier. Max l’a demandé en mariage. Du coup, il emménage officiellement là-bas.

Ça aussi, c’est difficile pour moi. Ni mon frère ni ma sœur ne sont là. Ils font leur vie tout seul et ils me manquent tout le temps.

— Oh.

Je l'ignorais et ça me fait de la peine. Je sais qu'on ne pourra pas oublier ce qu'il s'est passé, mais je ne pensais pas qu'un fossé aussi grand c'était crée entre nous, et je ne sais pas comment le combler. Je réalise que ça fait mal d'être éloigné de sa vie comme ça.

— C'est une bonne nouvelle, ils étaient fait pour être ensemble.

C'est clairement mieux que mon kiné, marié et père d'une petite fille.

Je vois qu’il est triste, lui aussi, de l’apprendre comme ça, alors je le blottis un peu plus dans mes bras.

— Tu sais... il aurait bien aimé te l’annoncer, mais je crois qu’il ne sait pas comment s’y prendre. Tu t’enfuis toujours quand il vient alors...

— Je ne m'enfuis pas...

Je soupire.

— C'est juste que- c'est juste que je ne peux pas me sortir de la tête que même s'il pense le contraire, il pensait quand même quelque part au fond de lui, ce qu'il a dit. Même inconsciemment. Et quand il est là je ne me sens plus à ma place.

Car il est bien plus légitime que moi dans cette maison.

— Il s’en veut d’avoir dit ça, Austin. Je t’assure... il te connaît depuis toujours. Il allait te chercher à l’école... il a attendu des heures avec toi dans la voiture pensant que maman récupérait des affaires... il t’a protégé autant que moi et à un moment donné, vous étiez bien plus proches que je ne l’étais avec lui. Il a simplement voulu prendre ma défense... et je suis désolé. Je voulais pas... mais vous étiez tellement proches.

— Pourtant il n'est pas venu me voir quand mon père-

Je ne continue pas car il a compris et que j'ai la gorge serrée. Mais je crois que ça m'a blessé, car je sais que si c'était à lui à qui il serait arrivé quelque chose je n'aurais pas rester éloigné. Je ne sais pas, peut être que j'ai crée un vrai gouffre entre nous et que je continue sans m'en rendre compte.

— Il n’est pas venu parce que tu pars chaque fois qu’il arrive... mais il a demandé de tes nouvelles tous les jours. Il s’inquiète pour ton épaule, la natation, ta bourse... je t’assure qu’il pense à tous les trucs de grand frère auxquels il a l’habitude de penser. Il est triste mais il ne veut pas te forcer la main.

Je hoche ma tête parce que j'entends ce qu'il me dit, mais j'arrive pas à en parler plus.

— Il te manque ?

Je caresse ses cheveux, car je sais que c'est dur depuis qu'il n'est plus à la maison.

J’acquiesce en silence. Je crois que si je n’avais pas eu Austin, ça aurait été tellement difficile que je lui aurais demandé de rester. Je sais qu’il l’aurait fait et je m’en serai voulu vis à vis de Max mais... j’aurais préféré être égoïste.

— Mais ça va.

J'embrasse sa tempe.

— Il faut que tu t'accroches, ce n'est que quelques mois et après tu seras libre, tu pourrais aller le voir autant que tu veux. Même Maximilien, je suis certain qu'ils vont prévoir un endroit rien que pour toi où tu pourras dormir.

Je hausse les épaules.

— Je peux aller voir ma sœur autant que je veux et ils ont une chambre d’amis aussi mais c’est différent. C’est... on ne vit plus ensemble. C’est tout. Il fait sa vie de famille.

Je comprends ce qu'il veut dire, je n'imagine pas le jour où je serai séparé de Darcy. Je ne sais pas si je le supporterais, je crois que c'est pour ça que j'ai du mal à projeter dans l'avenir. Je joue toujours avec ses doigts.

— Toi aussi tu vas faire ta vie, tu vas aller à la fac, avec un peu de chance tu auras même un job d'étudiant archi nul qui te fera râler.

Je dis avec un petit sourire.

Il ne s’inclue pas dedans et ça me fait peur.

— Mais tu seras pas là ? Tu voudras pas vivre avec moi ?

Si je n'obtiens pas ma bourse, j'ai du mal à imaginer ce que je vais faire de ma vie. Pour l'instant je n'arrive pas à penser à ça, mais dans tous les cas je sais que je serai auprès de lui.

— Je serai là.

Son enthousiasme fait peur à voir alors je préfère me taire. Je sais très bien qu’il va me quitter un jour, c’est juste que parfois, j’oublie.

— D’accord.

Mes yeux se reportent sur l’écran pour suivre le film.