La jalousie ne fait de mal qu'à celui qui la ressent. Et ça fait foutrement mal. — Austin & Gabriel

— Ce sont des affaires à toi. Elle ne sait pas ce qu’il y a dedans..

Elle soupire.

— Je voulais que tu les aies pour demain matin. Dedans, il y a aussi un véritable certificat médical qui stipule que tu as le droit de nager, malgré l’avis défavorable du chirurgien et à des fins thérapeutiques, entends par-là « psychologiquement parlant ». C’est pour un mois seulement. T’en fais ce que tu veux mais il est là. Je suis désolée, je pensais vraiment que tu étais chez toi. Je ne t’importunerai plus.

Elle s’avance pour lui faire un bref câlin, en toute amitié, elle l’a bien compris, avant de monter dans sa voiture.

. . .

Quand j’entends la porte s’ouvrir après l’arrivée d’Austin, je vais directement à la fenêtre de la chambre de mes parents pour regarder. Le câlin qu’ils échangent me retourne l’estomac, c’est comme un coup de poignard. Avant qu’il rentre, je vais directement m’enfermer dans ma chambre avant de réaliser que ma mère a retiré la serrure de ma porte, histoire et marquer le coup de mon arrestation. J’ai tellement de peine et de colère en moi que je renverse l’intégralité de mon bureau par terre avant de m’asseoir comme un con pour tout ranger.

Elle me parle du certificat, un légal. Je suis encore contrarié qu'elle soit venue ici. Personne n'est jamais venu chez moi quand je vivais à North Falls, et je crois que je n'aime pas le fait que n'importe qui puisse débarquer et frapper à la porte. Surtout pour ça, devant Madeleine et Paul. Elle s'approche et avant que j'ai le temps de réagir, il me prend dans ses bras. Je la regarde partir et rejoins l'intérieur de la maison.

Je monte directement à l'étage et frappe à sa porte.

Je ne réponds pas, je reste concentré pour retrouver tous les bouts de mon verre que j’ai cassé par la même occasion. En plus j’ai tapé avec mon plâtre et ça fait mal.

Il ne répond pas alors je rentre, je vois le bordel qu'il a mis. Il est par terre en train d'essayer de ramasser des morceaux de verre avec son platre. Je m'accroupie.

— Je vais le faire.

Je commence à ramasser.

— Je ne savais pas qu'elle allait venir ici.

Je le laisse faire et j’attrape mes cachiers pour les rassembler et les remettre sur mon bureau.

— C’est pas grave, c’est ton amie et tu vis là. Je vais m’y faire.

Je continue de ramasser les bouts de verre.

— Je n'ai pas apprécié.

— Hm, hm.

Je soupire.

— Je suis désolé. J’arrive pas à faire comme si ça me faisait eien que tu lui parles. Alors... bah je vais devoir prendre sur moi, mais là, j’ai juste l’impression que tu m’aimes et que ce que je ressens, tu t’en fous, alors j’arriverais pas à faire la conversation.

Rien que de dire tout ça, ça me serre complètement la gorge. J’ai presque envie de pleurer mais je ne le ferai pas. Je me sens déjà assez stupide d’être celui qui, une fois de plus, ne ressent pas les bonnes choses.

Je relève les yeux vers lui.

— Tu as l'impression que je ne t'aime pas ?

Je cherche dans ses yeux pour savoir s'il est sincère ou si c'est juste parce qu'il est contrarié qu'il dit ça.

Je n’ose pas répondre parce que c'est douloureux.

— T’es avec moi parce que t’avais pitié, non ? Fin j’sais pas, j’ai rien pour moi alors... enfin je comprends que tu veuilles rester en contact avec elle même si j’ai pas envie.

Je le regarde plusieurs secondes, ça n'a rien à voir avec une simple crise de jalousie, ou un pique qu'il m'a balancé juste parce qu'il n'est pas content. Je prends sa main non blessée et cette fois j'insiste pour qu'il s'assoit sur le lit avec moi.

— Je ne suis pas avec toi par pitié. Tout à l'heure quand j'ai voulu te rassurer, tu m'as limite envoyé chier et si j'essaye encore une fois, je n'ai pas envie que tu recommences.

Il ne comprend pas qu’il peut me rassurer autant qu’il veut, ça ne changera rien. S’il continue d’être ami avec Jenny, ça me fera de la peine. Mais je ne m’exprimerai plus dessus parce qu’apparemment, c’est signe que je ne lui fais pas confiance.

— Je t’écoute.

Je réponds simplement.

Je secoue la tête, parce que non, il ne m'écoute pas. Il m'entends mais ça ne rentre pas, et ce ne sont pas des choses faciles à dire pour moi. Je me relève et reprends ses mots.

— Tu n'as plus envie que j'ai de contacts avec elle ?

— Non. Même si c’est égoïste et injuste pour toi, j’ai pas envie. C’est pas juste une fille, c’est une fille avec qui tu voulais faire ta vie.

— Très bien.

Je fronce les sourcils.

— Quoi très bien ?

Je hausse les épaules.

— Très bien, je n'aurais plus de contacts avec elle.

— Vraiment ?

Je ne comprends pas parce que tout à l’heure il m’a clairement dit qu’il voulair toujours être son ami parce qu’elle n’avait plus que lui, et maintenant, il ne va plus lui parler.

— Est ce que j'ai le choix ?

— Oui. Bien sûr que oui, t’as le choix.

Je soupire.

— Putain mais tu me fais dire ce que j’ai pas dit et maintenant je suis un gros connard parce que je choisis tes fréquentations mais merde quoi !

J’ai pas du tout une bonne image de moi, j’en ai conscience. Mais là, c’est encore pire.

— Tu sais quoi, oublie la conversation de tout à l’heure. C’est pas grave. T’es quelqu’un de libre et ça changera jamais ce que je ressens pour toi.

— Bien sûr que non j'ai pas le choix, parce que si je passe du temps avec elle, tu ne seras pas bien, et ce n'est pas ce que je veux. Et non je ne pense pas que tu cherches à contrôler mes fréquentations, mais oui, c'est dur parce que tu n'as pas assez confiance en moi pour ne pas avoir peur qu'il se passe quelque chose avec Jenny.

— C’est pas que j’ai pas confiance en toi, Austin ! C’est pas ça, c’est en moi que j’ai pas confiance.

Ça me tord le ventre de le dire à haute voix.

— Tu as le choix, Austin. Je t’assure. Je suis désolé. J’ai peur de te perdre et ça me rend con. J’ai pas envie d’être ce genre de petit ami. Je sais que tu me tromperas, je le sais, mais si jamais tu réalises que je suis nul finalement ? En plus j’ai un bracelet électronique, je redouble... je suis pas une fille. Tu pourrais tomber amoureux de n’importe qui. Ça me fait peur. Sans toi, je meurs.

Je dis dans un souffle, en baissant les yeux.

Je l'écoute et ça me fait mal au coeur qu'il ait si peu d'estime pour lui-même.

— Je suis raide dingue de toi Gabriel, complètement.

Je dis, totalement impuissant, parce que j'ai l'impression que ça ne suffit pas.

— Je ne pourrais même pas te l'expliquer, c'est comme ça en moi, je sais que je ne pourrais pas tomber amoureux de quelqu'un d'autre, quand je compare ce que je ressens pour toi à ce que je ressentais pour Jenny, c'est tellement différent que je me dis que j'avais juste de l'affection pour elle. Je ne sais pas quoi faire ou quoi dire pour te rassurer, pour que tu prennes confiance en toi parce que tu es tout sauf nul.

Je l’écoute et je crois qu’une petite partie de moi à envie de le croire et c’est elle qu’il faut que j’écoute. Alors je vais me blottir dans ses bras quelques secondes pour lui montrer que je l’ai entendu.

— Je suis désolé.

Je lève la tête vers lui pour l’embrasser avec tout l’amour que j’ai pour lui.

Il vient se blottir contre moi et me dit qu'il est désolé. Il m'embrasse, je dégage les cheveux qui tombent devant ses yeux.

— Tu n'as rien à craindre de personne. C'est moi qui devrais m'inquiéter plutôt.

Je dis avec un petit sourire.

Il me dit que je n’ai rien à craindre et ça m’apaise un peu pour ce soir. Même si je sais que je serai toujours inquiet avec Jenny, je n’aurais plus ce genre de réaction excessive. Je ne veux pas qu’il pense que je ne lui fais pas confiance.

— Pourquoi ? T’inquiéter de quoi ?

Je demande en fronçant les sourcils.