La jalousie ne fait de mal qu'à celui qui la ressent. Et ça fait foutrement mal. — Austin & Gabriel

— C'est toi le tombeur du lycée, pas moi.

Je lui rappelle toujours avec un petit sourire.

— Et Polly me harcèle pour savoir où tu es.

Je lève les yeux au ciel.

— Le tombeur, c’est toi. Le mec que tout le monde veut avoir, tout le monde veut te ressembler... moi j’suis juste le gars qu’on trouve pour un ptit coup rapide dans les chiottes. Enfin avant.

Je précise tout de suite.

— Je veux dire avant, hein. Maintenant ça m’intéresse plus.

Je hausse un sourcil.

— Tu l'as fait dans les toilettes du lycée ? Vraiment ?

— Ouais. Une fois. Mais t’sais, avec le gens du lycée c’était plus du flirt qui allait un peu loin... j’ai eu plus d’aventures avec des gens de la fac ou des adultes.

— Pourquoi ?

C'est vrai que je savais qu'il est bien plus intéressé par les étudiants, mais je n'ai jamais su pourquoi.

Je hausse les épaules.

— Ils font pas d’histoire.

Je suppose que c'est une bonne raison, la fac doit être complètement différente du lycée et j'ai hâte d'y être. Je ramasse tous les bouts de verre.

— Je vais aller mettre Darcy au lit, tu descends ce soir ?

— Tu veux bien quand même ?

- Plus que jamais.

Je dis en m'approchant pour embrasser ses lèvres et je caresse son visage.

- Je vais aller nous chercher prêt à manger.

Car quand je suis monté, tout le monde passait à table.

Je lui souris parce qu’il reste quand même alors que j’ai l’air d’un psychopathe.

— Je te rejoindrai quand ils auront rejoint le salon, d’accord ? Pas trop envie de croiser ma mère, là.

— D'accord.

J'embrasse encore une fois ses lèvres avant de descendre. Je prépare la douche de Darcy, je reste toujours de l'autre côté du rideau, parce qu'elle grandit et qu'elle commence à avoir sa pudeur, mais elle ne se rince pas encore très bien son shampooing, alors je l'aide. Après la douche, je lui raconte une histoire et elle s'endort rapidement. Je laisse la porte de sa chambre légèrement entrouverte. Je range / cache le sac que m'a porté Jenny. Et j'attends Gabriel, pour aller nous chercher à manger, de ne pas laisser Darcy toute seule.

Quand je n’entends plus de bruit dans la cuisine, je descends rapidement pour rejoindre Austin.

— Elle dort ?

Je chuchote en entrebaillant quand même la porte de la chambre de Darcy. Je fais doucement pour aller lui faire un bisou.

Je hoche la tête.

— Elle s'est effondrée. Depuis qu'elle n'a plus son plâtre, elle se dépense beaucoup.

Je fais un bisou à Darcy pour je ressors et remets correctement la porte.

— C'est chouette ! Puis elle s'est fait plein de copines à l'école apparemment, elle a l'air vraiment heureuse, ça fait plaisir.

Je le regarde lui faire un bisou, il a toujours pris soin d'elle alors qu'il n'y était pas obligé. Même plus jeune, quand Darcy est arrivé, c'était un bébé et Madeleine s'est beaucoup occupée d'elle et si lui ni Adam, ne lui en ont voulu pour ça. Ils auraient pu, mais ça n'a pas été le cas. Quand il ressort de sa chambre, je prends son visage entre mes mains et je l'embrasse tendrement.

Je suis un peu surpris par le baiser, mais je souris contre ses lèvres. Je passe mes bras autour de son cou.

— Qu'est-ce qu’il y a ? Ça va ?

Je passe ma langue sur mes lèvres, je caresse ses joues.

— Tout va bien.

Je le regarde quelques secondes encore et avant de me reculer.

— Je vais aller nous chercher à manger.

J’acquiesce, le cœur battant. C’est dur de le laisser partir. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose maintenant.

— Tu fais attention, ok ?

J’embrasse ses lèvres.

— N’hésite pas à m’appeler, d’accord ?

Quand il me dit de faire attention, mon coeur rate un battement, la dernière fois qu'il m'a dit ça, mon père m'a... c'est arrivé. Je ressens sa peur, elle déteint sur moi, mais j'essaie de ne pas le montrer. Je hoche la tête et je prends mon portable, je lui dis que je le garde avec moi.

Je roule jusqu'au centre ville, je réalise que depuis ce qu'il s'est passé, je n'étais pas ressorti le soir, pas quand il faisait nuit comme ça. On est en semaine, il n'y pas grand monde dans les rues. Quand je sors du prêt à manger, je sens une boule dans mon estomac, de l'angoisse, je regarde les coins sombres avec appréhension. Je ne pensais pas que je ressentirais quelque chose comme ça, je ne suis pas rassuré mais j'essaie de me résonner. Tout va bien. Je rejoins rapidement ma voiture et je lui envoie un sms.

— Je rentre.

Une quinzaine de minutes plus tard je suis de retour et j'ai retrouvé mon calme. Je me sens mieux une fois à l'intérieur.

Je patiente dans le jardin, juste devant la petite fenêtre qui donne sur le sous-sol. De là, je peux voir Darcy et fumer en même temps. Ma mère m’a dit qu’elle refusait de m’acheter des paquets, comme mon père et Marie. Il ne m’en reste plus que trois et je fume bien plus maintenant que je suis enfermé qu’avant. J’ai l’impression que ça m’occupe et que ça me détend.

Je n’aime pas qu’il soit seul le soir, loin de moi, alors quand il me dit enfin qu’il rentre, je me sens mieux et je rentre aussi pour l’attendre. Je mets la table, je choisis un film et je l’attends. Quand il arrive enfin, je pretexte l’aider à prendre les sacs pour pouvoir lui faire un câlin au passage.

— Tu commences à quelle heure demain ?

Il récupère les sacs et me serre contre lui en même temps. On commence à tout déballer.

— 8h. Tous les jours de la semaine, comme ça on a toutes nos après midi pour les activités et le sport.

J’acquiesce.

— Ok. Je me lèverai en même temps que toi. On mange ? J’ai tellement la dalle.

— On mange.

J'ai pris ce qu'il prend toujours quand on va là-bas. On s'installe, et vu comment il se jette sur la nourriture, il avait vraiment faim. Moi pas trop, mais je me force, j'essaie de faire revenir mon appétit.

— Tu auras le droit d'assister au procès tu crois ?

C'est ce week-end et on en a pas encore parlé, c'est moi qui ne voulais pas.

Je hoche la tête.

— Oui, bien sûr. Je suis concerné donc... j’y serai. Tu seras là aussi, hein ?

Je hoche la tête. Je compte tout faire, tout dire, tout raconter, même s'il ne pourra pas être puni pour ce qu'il a fait il y a presque 10 ans, ça ne jouera pas en sa faveur. Je veux envoyer mon père en prison, même si c'est dur à accepter, je le veux vraiment. Je passe à ma salade de fruits. Puis je lui parle des nouveaux emménagements qu'ils ont fait au lycée pendant l'été, pour changer de sujet. Après le repas je vais me doucher et quand j'ai terminé, j'enfile un bas de jogging et j'essaie de me mettre de la crème sur mon épaule, dans le dos mais je n'y arrive pas.

— Gabi ?