Please, don’t leave me alone — Austin

Gabriel me lâche et tout de suite je ne me sens pas en sécurité, j'essaie de garder les idées le plus claires possibles, j'essaie de ne pas m'endormir. Quand j'aperçois leurs silhouettes revenir je me sens soulagé. Il m'aide à m'installer. Me dit que tout va bien, et que je peux m'endormir. Je hoche la tête et je crois que j'arrive à murmurer un merci. J'entends qu'ils se parlent, mais je ne comprends pas ce qu'ils se disent.

Quand on arrive à l’appartement, je m’occupe de coucher Austin, Balti vient se coucher près de lui. Je balance un oreiller à Jenny avant de retourner dans la chambre.

— Et tu pars pas tant qu’il t’a pas vu demain matin. De toute façon j’ai fermé à clé.

Je ne lui souhaite pas bonne nuit et je vais me coucher aussi. Je blottis Austin contre moi et je le serre fort pour qu’il se sente en sécurité.

— Tu me réveilles si ça va pas, mon ange.

Gabriel me couche, une fois allongé j'ai la tête qui tourne, vraiment. J'ai l'impression que je vais vomir, tout en sachant que non. C'est une sensation affreuse et horrible. Quand Gabriel me rejoint, je me blotti immédiatement contre lui.

— J-suis pas ivre...

Je le sais et je le sens, même si ce n'était que la deuxième fois que je goutais à de l'alcool ce soir. C'était seulement un shot, et je n'en ai même pas bu la moitié pendant que les autres l'avaler en une seule fois.

— Je sais mon ange, c’est rien. Ça va passer. Je suis là, je te protège.

Je dépose un baiser sur son front.

— Il ne t’est rien arrivé, d’accord ?

Puis de toute façon, demain il ne se souviendra de rien avec cette merde.

— Je ne te lâche pas et Balti est à nos pieds.

Il me rassure, et je me sens mieux, presque comme dans du coton. Il est là et je serre sa main, du moins j'essaie mais je ne suis pas certain d'y arriver.

— Merci...

Je murmure une dernière fois avant de sombrer complètement dans le noir.

Je peine à dormir, j’ai peur qu’il vomisse, qu’il se sente mal. Mais il dort d’une traite jusqu’au matin. Peut-être même jusqu’à tard. Quand il commence à bouger, il fait déjà jour et je vais devoir aller promoner Balthazar.

— Tu te réveilles, mon ange ?

J'entends la voix de Gabriel, j'essaie d'ouvrir les yeux, mais c'est dur. La lumière du soleil m'éblouie, je les referme rapidement et je pousse un grognement. J'ai mal à la tête, comme si un camion avait roulait sur mon crâne. J'entends qu'il me parle encore, je lutte pour me réveiller. Je le regarde, complètement dans le brouillard, je n'arrive pas à retrouver mes esprits.

— Tu peux dormir encore si tu veux, je sors Balti.

Je hoche la tête, et je réalise qu'il est parti. Je ne veux pas me rendormir, alors je me redresse dans le lit. Je n'ai jamais eu autant de mal à me réveiller de toute ma vie. Je regarde autour de moi, et c'est toujours le même brouillard dans ma tête. J'essaie de retrouver mes esprits, je revois Jenny, la boite de nuit et ce garçon. J'ai un vague souvenir, je suis dehors, il y a toujours ce mec, je crois qu'il m'embrasse, puis plus rien, c'est la seule image que j'ai. Un sentiment de malaise m'envahit. Je me lève dans l'espoir de trouver Gabriel, mais je tombe sur Jenny.

— Qu'est ce que tu fais là ?

Je ne me rappelle de rien, et c'est frustrant, je ne comprends pas ce qu'il se passe.

Quand je m’en vais, j’ignore Jenny. Je vois qu’elle est réveillée, mais je n’ai pas envie de lui adresser la parole.

. . .

Je suis fatiguée, mais je ne me sens pas à l’aise alors quand Austin arrive enfin je me lève immédiatement.

— Salut.. c’est parce que j’avais un peu bu alors... comme je vis à Londres.

Je sais que j'ai été la chercher, je me rappelle pratiquement de tout, avant le trou noir.

— Je ne me rappelle pas de comment je suis rentré.

— Gabriel est venu nous chercher... tu ne t’en souviens pas ?3

Je secoue la tête, je ne me souviens de rien et ça me fait me sentir encore plus mal.

— Gabriel n'est pas là ? Tu t'en souviens toi ?

— Il va rentrer, il promène votre chien.. et si, je me souviens un peu.

J'ai peur de demander à voix haute si j'ai été drogué, parce que je ne sais pas ce qu'il s'est passé et que j'en ai presque des sueurs froides dans le dos. Mais je ne comprends pas, si elle n'était pas droguée elle, pourquoi elle n'était pas avec moi. Là tout de suite, j'ai juste besoin de Gabriel.

— Tu as un moyen pour rentrer chez toi ?

Je n’avais pas le cœur à laisser Austin trop longtemps alors j’ai juste attendu que Balti pisse en bas et je suis remonté.

Austin est réveillé et il a rejoint Jenny au salon. Balthazar lui court dans les jambes immédiatement.

— T’aurais pas dû te lever mon cœur, comment tu te sens ?

Jenny était certainement sur le point de parler parce qu’elle fait mine d’être blessée d’avoir été coupé.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Austin me demandait si j’avais un moyen pour rentrer et non, j’en n’ai pas...
— Bah l’amex de papa va te payer un taxi, alors. Parce que j’espère bien que t’imaginais pas qu’Austin allait te ramener quand même ? Déjà que tu abuses de sa gentillesse pour le faire boire... alors je pense que tes faux airs de petite perdue, tu peux aller les faire ailleurs.

Jenny s'apprête à me répondre, mais Gabriel arrive et je lutte pour ne pas aller me blottir contre lui. Je suis perdu face à ses paroles. Je me tourne vers Jenny, et je réalise qu'il a raison, qu'elle espérait que je la ramène jusqu'à Londres, alors que je ne me sens vraiment pas bien.

— Tu l'as vu me faire boire ?

— On a bu tous ensemble ! On a tous bu !

J’ai envie de la tarter.

— Sauf que ton pote il a mis du GHB dans l’un des verres et Austin l’a bu. Et tu l’as laissé tout seul alors qu’il s’est déplacé en pleine nuit pour venir te chercher. Alors maintenant tu rentres chez toi. T’as vraiment de la chance que je sois arrivé parce que s’il lui était arrivé quelque chose, je retournais en prison pour t’avoir défoncé la gueule sur le trottoir.
— J’en savais rien ! Je voulais pas !
— Je m’en fous, Jenny. T’as pas à jouer sur la pitié pour avoir son attention parce que pour une fille qui n’a pas de pote, apparemment t’as réussi à venir en boîte jusqu’ici avec toute une bande. Appelle un taxi et va-t’en.

Gabriel le dit, du GHB, j'ai l'impression de recevoir un coup, mais il dit aussi qu'il ne m'est rien arrivé. Je réalise que j'avais tellement peur, que j'en ai mal au ventre. Je m'appuie contre le bar. Il a raison, si elle n'a pas de voiture pour rentrer, ça veut dire qu'elle est venue avec eux depuis Londres. Et à son silence, j'ai l'impression qu'elle confirme, qu'elle avait tout prévu, enfin de m'appeler pour que je vienne la chercher. J'ai du mal à l'imaginer aussi manipulatrice, ce n'est pas la Jenny que je connais.

— Je sais que ce n'était pas de ta faute, mais tu ferais mieux d'y aller, s'il te plait.

Elle jette un regard suppliant à Austin et je vais lui ouvrir la porte. Elle n’est plus la bienvenue. Elle s’en va en pleurant à moitié et je referme rapidement la porte.

— Ça va mon ange ? T’es blême.. viens t’asseoir.

Quand je vois son regard suppliant, je m'en veux, mais je ne peux pas penser à ce qu'elle ressent maintenant. Là tout de suite je me sens trop mal. J'ai conscience que ce qu'il m'est arrive n'est pas de sa faute, elle avait bu et ce n'était pas son rôle de prendre soin de moi, mais si elle m'a vraiment manipulé pour que je vienne la chercher... j'en sais rien, j'en sais plus rien. La porte se referme et Gabriel vient vers moi. Je secoue la tête. Non, ça ne va pas, j'ai été drogué.

— Il ne m'est rien arrivé ?

Je demande encore.

Je secoue la tête.

— Un mec te tournait autour mais je lui ai passé l’envie de te faire quelque chose. Si je n’étais pas venu, je ne sais pas où est-ce que tu te serais réveillé ce matin... je suis désolé mon ange. Mais ça va. T’as somnolé et je t’ai ramené et couché. Je ne t’ai pas quitté de la nuit.

Je réalise que s'il n'était pas venu, ça aurait pu être grave et je crois que rien que d'imaginer ce qu'il aurait pu se produire, ça me fait trembler.

— Je ne l'ai pas dragué, je te le jure. C'était un des amis de Jenny.

— Bien sûr que tu ne l’as pas dragué, je le sais.

Je m’approche pour le prendre dans mes bras.

— Les gars qui ont du GHB sur eux n’ont pas besoin de se faire draguer. Ce sont juste des connards.

Il me prend dans ses bras, je me blotti contre lui.

— Merci d'être venu, sans toi je... merci.