Please, don’t leave me alone — Austin

Il y a tellement d'amour dans ses yeux quand il me regarde, que ça me chamboule complètement. Je pose ma main sur sa joue.

— Tu es déjà le meilleur petit ami que je pourrais avoir.

Je mange un bout de ma tarte.

— On pourrait inviter Darcy à dormir ce soir ?

— Je sais que je peux faire mieux.

Je fais un bisou sur sa main avant d’attraper mon chocolat.

— Ouais, on irait prendre McDo, en plus. Puis y a pas un truc au ciné pour elle ? On pourrait l’emmener. Ou au théâtre.

Je souris qu'il accepte, parce que depuis que ça n'allait pas entre nous, Darcy même si elle n'est au courant de rien, a ressenti toutes mes émotions. Ça a toujours été comme ça, depuis toute petite, elle est comme une éponge émotionnelle, ou alors c'est parce que l'on est très fusionnel.

— Cette soirée lui fera du bien. Merci beaucoup.

— À toi aussi. D’ailleurs, tu devrais même l’emmener au ciné tout seul. Et on dînera tous les trois. Vous avez besoin de passer du temps rien que tous les deux. On se voit toujours en famille et elle peut à peine profiter de toi.

Je le regarde touché.

— Vraiment ? Ça ne t'ennuierai pas ?

— Non, au contraire. Emmène-là au restaurant, même. Moi je vous attendrai ici avec Balti. Prends du temps avec elle, moi j’aurais aimé passer avant Max, parfois.

Ou avant Logan.

— Profite tant que tu le peux.

— Merci beaucoup.

Car je sais que ça fera du bien à Darcy et je crois qu'à moi aussi.

— D'ailleurs en parlant de ton frère... tu ne lui adresses toujours pas la parole ?

Ça me fait vraiment de la peine pour lui toute cette histoire.

Je hausse les épaules.

— Si, mais bon. J’ai un peu honte, en fait. Parce que je sais ce qu’il pense.

— Il a eu une relation avec un homme marié, pendant plusieurs mois. Il s'est remis avec Max pour le laisser tomber en suite... je ne le juge pas car c'est sa vie et qu'il a fait le mieux pour lui, mais je pense qu'il n'est pas bien placé pour te juger sur quoi que ce soit. C'était différent toi, tu n'étais pas conscient de que tu faisais mon coeur.

Je m'en veux de parler comme ça d'Adam, mais Gabriel doit réaliser qu'ils ont tous les deux fait des choses qui n'étaient pas bien, alors Adam n'est pas le mieux placé pour le juger comme il l'a fait.

Je l’écoute attentivement et je sais qu’il a raison sur de nombreux point.

— Pourquoi j’étais pas conscient ?

Je demande après un moment de réflexion.

Ce n'est pas facile de repenser à ce soir-là, devant la maison de ses parents, la discussion qu'on a eue.

— Parce que quand je t'ai dit que tu m'avais trompé, tu m'as dit non. Tu n'avais pas conscience que c'est ce que tu faisais, tu ne voyais pas le mal. Qu'Adam lui a toujours eu conscience de ses actes et des conséquences.

Je soupire.

— Ça ne m’excuse pas pour autant. Puis Adam s’est excusé, c’est juste moi... j’ai du mal parce que je sais ce qu’il a pensé. Et mes parents et tout le monde.

Je prends une grande inspiration.

— J’ai honte de moi et j’ai peur de le voir dans leurs yeux. C’est tout. Alors je suis bien ici, avec toi, notre chien, mes cours. Je suis bien.

Ça me fait mal au coeur car je sais à quel point il a besoin de sa famille.

— Mais tu ne peux pas rester comme ça Gabriel... tu as besoin de ta famille, et ils ont besoin de toi. Ta mère et ton père n'ont jamais porté de jugement sur ce qu'il s'est passé.

— Mais moi j’en porte, un jugement. Moi je sais que je t’ai blessé, que je t’ai trahi. J’arrive pas à me pardonner.

Parce que je sais à quel point il a du mal à faire comme si de rien n’était. Lui non plus, ne m’a pas vraiment pardonné, je crois. Alors tant que je n’arrive pas à me voir en face, j’ai du mal à m’imaginer me tenir devant les autres.

— Et moi je t'ai blessé le jour où tu m'as avoué tes sentiments, je ne me suis jamais pardonné, mais toi tu l'as fait. Et moi je t'ai pardonné. On fait tous des erreurs, et on est les juges les plus durs quand il s'agit de nous-même.

Je pose ma fourchette.

— Avec ce qu'il s'est passé hier soir.... si tu n'avais pas été là... je ne peux pas vivre sans toi et j'espère que tu le sais.

— J’ai pas envie que tu vives sans moi. J’ai pas envie que tu sois avec quelqu’un d’autre ou que tu m’aimes moins. Plus jamais je ne te causerai du tort. Plus jamais.

J'ai tellement besoin de lui et de câlins, d'être dans ses bras que je contourne le bar pour aller me blottir contre lui.

— J'ai pas envie que tu changes pour moi ou que tu sois parfait, je t'aime comme tu es.

Je dis avant de poser mes mains sur ses joues et l'embrasser.

Je réponds avec tendresse à son baiser avant de le serrer dans mes bras.

— Moi aussi, je t’aime. T’as pas idée à quel point.

— Tu peux me le montrer ?

Je demande dans un murmure. Je n'ai pas envie de rester sur ce qu'il s'est passé hier soir, je sais que c'est stupide, mais je n'ai pas envie de prendre le risque que ça me crée un blocage.

— J'ai attendu trop longtemps.

Je crois que de lui dire ça, c'est ma façon de m'excuser de ne pas l'avoir touché ces derniers temps.

— Vraiment ?

Je demande en glissant mes mains le long de son dos. Malgré moi, mon cœur s’emballe. On n’a pas fait l’amour depuis tellement longtemps que je ne m’y attendais pas et j’ai peur de mal comprendre.

— Vraiment.

Je murmure encore une fois en passant mes bras sous ses cuisses pour le soulever. Ça aussi c'est quelque chose que je ne pouvais plus faire, jusqu'à mes derniers examens, soulever du poids. Et je ne peux pas m'empêcher de sourire fièrement en l'emmenant dans la chambre.

— Je redeviens fort.

On se retrouve dans la chambre et je souris contre ses lèvres.

— C’est génial, mon cœur.

Mais je ne veux pas qu’il se blesse alors je fais en sorte qu’on bascule rapidement sur le lit. J’attends depuis tellement longtemps que j’ai du mal à contrôler mes ardeurs. Je m’excuse même plusieurs fois. Mais quand on se retrouve enfin, j’ai la sensation qu’il me fait de nouveau confiance et il n’y a pas meilleure sentiment au monde. Je crois que j’ai dû lui dire que je l’aimais une centaine de fois ce soir.

Il nous fait rapidement basculer sur le lit. Il y a tellement d'ardeur et d'impatience dans ses gestes que je me sens vraiment désiré. Je ne comprends pas comment j'ai pu rester loin de lui aussi longtemps. Quand on ne fait plus qu'un je me sens de nouveau entier et ça fait un moment que je n'avais pas ressenti ça, j'ai l'impression qu'au delà de le retrouver, je me retrouver moi même. Je me sens bien dans ses bras. Nos coeurs battent encore vite quand je remonte la couette sur nous et qu'on se blotti dans les bras l'un de l'autre.

— Moi aussi je t'aime, vraiment.

Je dépose un baiser sur son front et j’éclate de rire quand Balti saute sur le lit pour se coucher à nos pieds.

— Tu crois qu’il attendait depuis longtemps ?

Je souris quand Balthazar saute sur nos jambes.

— Il vient d'assister à un film pour adulte.

Il rampe pour se glisser entre nous.

— Ce soir j'annoncerai à Darcy qu'on part en Islande.

C'est la première fois que je vais m'éloigner d'elle comme ça, aussi loin et aussi longtemps.