Please, don’t leave me alone — Austin

— Tant mieux, parce que ça ne va pas changer.

Je dis avec un petit sourire en retirant mes chaussures pour m'allonger. Non, ce n'est vraiment pas près de changer, je l'aime beaucoup trop pour ça.

Je termine de manger vite pour le rejoindre sur le canapé. Je le blottis directement contre moi. Aujourd’hui, c’est la meilleure journée que j’ai passé depuis un moment. J’ai vraiment aimé le retrouver et ne rien faire. Enfin... réviser avec lui contre moi.

— J’ai bientôt les partiels, j’ai l’impression que j’arriverai jamais à tout assimiler.

— Je peux t'aider.

Je dis en embrassant son menton. Je l'ai aidé pour son bac partout où on allait, tout le temps, que ce soit au sous-sol, en voiture, dans sa chambre, même au cinéma ou au restaurant, je lui posais des questions.

— Mais là il me faudrait des fiches.

Car je ne connais absolument pas ses cours.

— J’arrête pas d’en faire, des fiches. Je les fais le soir même du cours. Je ne sais même pas comment j’ai pu devenir aussi studieux.

Je caresse tendrement son visage.

— Je veux bien que tu m’aides, oui.

J'embrasse sa main qui caresse mon visage.

— Tu es devenu studieux parce que tu as trouvé quelque chose qui te passionne. Et comme on a une enfant dans la pièce d'à côté, qu'on ne peut rien faire d'interdit aux moins de 18ans, autant commencer tout de suite ?

— Ah non, hein. Là on va juste se faire des câlins chastes et s’endormir. J’arriverai plus à rien assimiler à cette heure-ci.

— D'accord.

Je remonte la couette sur nous et j'allume la télévision. Le mot chaste me fait penser à l'église, il n'y va plus et ça me fait de la peine car je sais que c'est quelque chose d'important pour lui.

— On pourrait aller à la messe dimanche ?

Quand il en parle, je réalise que ça me manque vraiment.

— J’en sais rien... tu crois qu’on va me juger si j’y vais ?

Je caresse son bras.

— Tu m'as toujours dit que les jugements n'avaient pas leur place dans une église. Et qui pourraient te juger ? Tous ces gens ne connaissent pas notre vie privée.

— Ouais. Je crois que c’est surtout moi qui me juge... mais on pourrait essayer ?

Je caresse tendrement son visage.

— Oui, tu es le seul à te juger mon coeur. On va y aller tous les deux.

Et peut être qu'après il aura envie d'assister au repas de famille du dimanche.

— Ok, alors. Va pour dimanche. On se mettra au fond.

Je m'endors apaisé parce que j'ai l'impression qu'il vient de faire un grand pas en avant en acceptant de retourner à l'église. Mais le repos est de courte de durée, en plein milieu de la nuit on est réveillé par des cris. Je me redresse immédiatement, allume la lumière et fonce dans la chambre. Darcy est en plein cauchemar. Je suis obligé de la secouer pour la réveiller et quand elle ouvre les yeux, elle me regarde et elle se met à pleurer. Je la prends dans mes bras et je regarde Gabriel, complètement désemparé. J'ignorais qu'elle avait encore des terreurs nocturnes.

Moi aussi, je suis bien obligé de me lever pour aller voir ce qu’il se passe. J’affiche un air vraiment désolé.

— Reste avec elle cette nuit... elle ne dort quasiment jamais ici, ça joue forcément. Elle ne doit pas se sentir en sécurité.

Je hoche la tête aussi désolé que lui et je m'allonge en serrant Darcy contre moi.

— Je suis là, je reste avec toi.

Ça me broie le coeur de la voir dans cet état, à chaque fois.

— Tu peux laisser la porte ouverte ?

Je murmure à Gabriel.

— Bien sûr, oui. Et ne t’inquiète pas, c’est le changement d’environnement. C’est rien.

Je dis avant de retourner me coucher dans le canapé. Seul.

Le reste de la nuit a été difficile, je n'ai pas réussi à me rendormir, même quand Darcy s'est calmée et qu'elle s'est rendormie. Je suis resté à la veiller. J'étais persuadé que ses cauchemars s'étaient calmés, le psychologue m'avait confirmé qu'elle allait mieux. Je me lève avant elle, Gabriel est encore endormi lui aussi, il est encore très tôt. Je m'assoie à côté de lui et je caresse son visage.

J’ai presque un sursaut en pensant que Balti me touche le visage mais lorsque je réalise que c’est Austin, je me pousse un peu pour qu’il s’installe avec moi. Il n’a plus été tendre comme ça depuis plusieurs semaines et ça me fait un bien fou.

— Elle dort ?

Je demande avec une voix endormie, sans être capable d’ouvrir les yeux.

Il se pousse et je m'allonge en le prenant dans mes bras. J'embrasse son front. Je hoche la tête.

— Elle semble épuisée, je ne sais pas si elle doit aller à l'école aujourd'hui.

Je me sens en sécurité dans ses bras ; il n’imagine pas le bien que ça me fait.

— Tu sais qu’elle déteste rater l’école alors mets-là et préviens ma mère qu’ils risquent d’appeler si elle tombe de sommeil ou qu’elle n’est pas bien. Non...?

Mes doigts jouent doucement dans sa nuque.

— Tu as raison.

Je murmure puis j'embrasse son front.

— Rendors, il est encore tôt, pardon de t'avoir réveillé.

Je réalise que je ne sais pas pourquoi je l'ai fait, je crois que j'en ai besoin.

— Essaie de dormir aussi, mon cœur.

Je dis en déposant un baiser contre sa mâchoire.

Je hoche la tête mais je sais que je ne me rendormirai pas. Si je le fais maintenant je serais encore plus fatigué. À la place je le regarde dormir. En 24h il s'est passé tellement de choses que j'ai besoin de tout accumuler et le regarder m'apaise.

Je ne sais pas combien de temps après Darcy apparait toute endormie et en se frottant les yeux. Je me relève et la prends dans mes bras, elle somnole contre mon épaule.

— Pardon pour cette nuit...

Elle chuchote presque comme si elle avait honte. Je caresse son dos.

— Hey... tu n'as pas à t'excuser d'accord ?

Je la berce dans l'appartement. On parle doucement.

— Tu fais souvent des cauchemars ?

Je la sans hausser les épaules.

— Des fois, mais pas beaucoup.

On discute un moment, j'essaie de savoir de quoi elle a rêvé, mais elle est incapable de me le dire. En faisant le moins de bruits possibles on prépare le petit déjeuner, elle est contente de faire ce qu'aimes Gabriel.

Je suis réveillé par une bonne odeur. J’ouvre les yeux sans pour autant me lever. Je m’étire. Je n’ai pas passé une bonne nuit alors j’aurais bien dormi encore mille ans.

Darcy est la première à voir que Gabriel est réveillé. Elle court lui faire un câlin.

— On a fait tes panne caques (elle le prononce pas bien) au chocolat, tes préférés !