Please, don’t leave me alone — Austin

— Je suis là. Je te protège autant que je peux, mon ange.

Je le berce doucement.

— On va retourner s’allonger un peu, t’as pas beaucoup dormi.

Je hoche la tête et il nous conduit dans la chambre, on se rallonge et une fois de plus je vais contre lui, j'en ai besoin.

— Je me sens tellement stupide.

Je remonte la couverture sur nous et je le blottis contre moi comme un bébé. Mon bébé.

— Pourquoi ? Avoir pris un verre ? T’y es pour rien, mon ange. Tu pouvais pas prévoir qu’il y aurait un connard qui profiterait de ta confiance.

Il remonte la couette sur nous et je sens de nouveau cette fatigue lourde me tomber dessus, une fois de plus je lutte pour garder les yeux ouverts.

— Tu l'as frappé ?

J'ai peur qu'il porte plainte... Car cette fois il finirait en prison.

— Oui. Mais il ne fera rien parce qu’il t’a drogué et qu’il le sait. J’aurais pas de problème, c’est promis.

Mais c’est parce que je l’ai frappé que j’ai su ce qu’il avait fait à Austin alors si je devais le refaire, ce serait sans hésiter.

— Repose-toi, je reste là. Finis ta nuit.

J'enfouie mon visage dans son cou et je hoche la tête, il a raison, il ne peut pas porter plainte. Je m'endors en à peine quelques secondes.

Quand je me réveille, la moitié de l'après midi est passée, même si j'ai encore vraiment mal à la tête, je me sens mieux. Je n'ai plus cette sensation de brouillard et étrangement je meurs de faim. Je cherche Gabriel du regard.

J’ai essayé de me rendormir mais je n’en ai pas été capable alors quand il dormait assez profondément, je me suis levé pour préparer un gâteau. Une tarte aux pommes parce qu’il adore ça. Avec de la cannelle.

Quand je la sors du four, je vais voir dans la chambre s’il dort encore.

— Mon ange ?

Je chuchote au cas où il dorme encore.

Je le vois rentrer dans la chambre, je me redresse avec un petit sourire timide. Ça sent bon jusqu'ici.

— Tarte aux pommes ?

Ça fait une éternité qu'il n'en avait pas fait, ça me fait prendre conscience qu'on avait réellement négliger notre couple. On ne partageait plus les moments qu'on pouvait partager au début.

Il est reveillé alors je vais entrouvrir les volets pour laisser un peu d’air frais rentrer, puis je le rejoins au lit pour lui faire un câlin.

— Tarte aux pommes, oui. On ne les avait pas mangé depuis un moment alors...

Je dépose un baiser sur son front.

— Tu as pu te reposer un peu ? Tu as faim ?

Il me rejoint dans le lit et me prend dans ses bras. Je hoche la tête, je me sens reposé, autant que je peux l'être avec la drogue encore présente dans mon corps.

— J'ai vraiment très faim.

Je ne sais pas si ça vient de ça. Je le regarde un peu plus sérieusement.

— Je réalise surtout la chance que j'ai eu que tu sois là. Tu avais vu mon mot ?

— Oui.. mais t’étais long alors je pense que ma jalousie t’as été bénéfique.

Je lui souris sincèrement.

— On va manger ? Tu veux un chocolat chaud ?

Je hoche la tête et j'enfile un gros pull en laine avant de le suivre au salon. Je m'assoie sur l'un des tabourets du bar pendant qu'il prépare les chocolats. Ça sent vraiment bon.

— D'ailleurs...

Je cherche mes mots.

— Je pense qu'il faut que je parle sérieusement avec Jenny.

— Moi je préférerais que tu lui parles plus du tout. Mais... pourquoi tu voudrais lui parler ?

Je demande avant delui servir son chocolat.

— Tiens. Serre toi de la tarte.

Je le remercie quand il me sert, et je sors deux assiettes et coupe la tarte.

— Je ne pense pas qu'elle était au courant, que les personnes qu'elle fréquente étaient comme ça. Et surtout même les choses aux clairs, car si elle m'a appelé volontairement... enfin si elle a fait tout ça pour, me récupérer ?

J'ai l'impression que ce que je dis est stupide, ça ne ressemble pas à Jenny.

— Bah la rappelle pas alors... y a pas de meilleur moyen pour lui faire comprendre que t’as pas envie qu’elle te récupère.

Je souris.

— Elle t’a mise en danger, je m’en fous pas mal qu’elle chiale ou qu’elle demande pardon. Elle t’a mise en danger. C’est plus quelqu’un que j’ai envie que tu aies dans ta vie. T’as pas besoin de ça, t’as grandi dans la merde et t’as toujours flippé pour toi ou ta soeur. Alors j’ai pas envie que ça continue avec des gens qui prétendent être tes amis.

Il vise tellement juste quand il parle de ma famille et de la vie que j'ai eu, que mon ventre se serre.

— Tu crois qu'elle aurait pu, pas me manipuler car le mot est fort, mais venir ici exprès pour m'appeler ?

— Qu’est-ce qu’elle fout à White Falls si elle n’a ni ami ni appartement ici ? La boîte du coin est complètement pourrie quand tu connais celles de la capitale, y a même des gamins de 15 ans là-dedans.

Je soupire.

— Peut-être qu’elle avait juste espéré tomber sur toi en venant ici. Sauf que non alors elle t’a appelé en pleine nuit alors que tu dors à côté de moi, genre aucune gêne, et qu’en plus par sa faute, t’as failli te faire agresser sexuellement. En fait, je m’en fous de ses intentions, je m’en fous de savoir que c’était pas ce qu’elle voulait : c’est le résultat qui importe et t’as été drogué putain. Je t’ai retrouvé sur le trottoir avec un putain de connard de merde et je t’ai promis de te protéger et juste parce qu’elle est égoïste, ça a failli être grave.

Agresser sexuellement. Il le dit, il dit ce que j'avais du mal à admettre, tout en en ayant conscience. Je crois que je blêmis, je sais ce qu'il aurait pu se passer mais pourtant ça me fait quand meme un choc et il a raison, même si elle ne le voulait et qu'elle n'est pas responsable, j'étais là-bas pour elle. Il a raison encore, je crois que je n'ai pas envie de lui parler, pas tout de suite du moins.

- Tu as tenu ta promesse, tu m'as toujours protégé.

— Mais si je ne m’étais pas réveillé ? Hein ?

Je me penche par dessus le bar pour embrasser ses lèvres.

— Je t’aime. Je n’ai pas envie qu’il t’arrive quelque chose. T’as déjà assez morflé comme ça. Alors je n’ai plus envie de la voir pour le moment.

Je prends sa main.

— Mais tu t'es réveillé et tu m'as protégé du pire.

Je baisse quelques secondes les yeux.

— Je crois que je n'ai pas envie de la revoir non plus. Surtout quand je réalise qu'elle pensait que j'allais la ramener à Londres. Ça ne lui ressemble tellement pas d'être comme ça, je ne comprends pas ce qui lui arrive.

— Ce qui lui arrive c’est qu’elle sait pas comment te récuperer. Mais ce n’est plus important, je suppose.

Je commence à manger.

— Comment tu te sens ?

Malgré tout ça me fait de la peine car je n'imaginais pas du tout que Jenny pouvait être comme ça. Je pensais la connaitre par coeur et c'est pas facile de réaliser qu'elle a changé. Je commence à couper ma tarte.

— Je ne sais pas trop.

Je réponds gêné car je n'arrive pas à savoir comment je me sens par rapport à ce qu'il s'est passé.

— Et toi ?...

— Là tout de suite ? Je suis en colère contre Jenny et ce mec, puis sinon... je t’aime comme jamais, je suis inquiet et j’ai envie de te coller et de t’avoir contre moi tout le temps. J’ai envie de te protéger jusqu’à ce que t’étouffe et un peu de te séquestrer ici. Et je t’aime vraiment très fort, c’est presque douloureux.

Je lui adresse un sourire sincère.

— Je crois que c’est à peu près tout ce que je ressens.

Mon coeur se met à battre plus vite.

— Je crois que j'ai envie que tu m'étouffes.

Et qu'il ne me laisse plus m'éloigner de lui, même quand je le fais sans le vouloir.

Je lui souris, les yeux remplis d’amour pour lui.

— Tant mieux, alors. Parce que j’ai l’intention de réparer toutes mes erreurs et d’être le meilleur petit ami que tu pourrais avoir.