Papa où t’es ? - Luca & Alessandro

Depuis qu’on est rentré de Norvège, je me suis lancé dans une nouvelle mission. Je sais pas pourquoi j’ai eu envie d’y croire ni pourquoi je me suis dit que c’était pas complètement dingue.

Au fond de moi, tout ce que je voulais c’était faire plaisir à Luca si ça fonctionnait. J’ai embarqué Ania dans l’histoire, en lui faisant promettre de n’en parler à personne d’autre qu’à Tristan. Je savais qu’elle ne pourrait pas lui cacher, autant que je savais que Tristan ne dirait rien et qu’on pouvait lui faire confiance. Il bosse énormément et à peu de temps à lui, mais il a quand même donné beaucoup pour nous aider et nous soutenir.

— Trésor ?

Luca ne soupçonne pas la moindre chose. C’était impossible que je lui dise en prenant le risque de lui faire espérer l’impossible. Il est assis à son bureau quand je rentre de la salle de sport, ou je n’avais pas vraiment cours. Je réglais les derniers détails de ce qui va certainement être la plus belle chose que je pouvais lui offrir.

— Ça va ?

Je sais pas trop ce que ça changerait s’il n’allait pas bien. Je peux plus garder ça pour moi maintenant que je le sais.

— Hey salut ! Regarde ça, j’ai rajouté des pages à l’album de la Norvège. J’ai bientôt fini.

Alessandro était à la salle de sport alors j’en ai profité pour avancer dans mon album. Mais maintenant qu’il est là, je me lève pour aller lui faire un câlin.

— Ça va mon amour ? Moi oui, ça va.

Je regarde avec attention et je fonds devant ce qu’il a rajouté.

— J’adore celle là ! Ça colle trop bien avec la photo ! T’as mis celles où on a de la neige jusqu’aux genoux ?

On a prit la photo cinq secondes avant de s’exploser par terre. C’est un souvenir mémorable.

— Si tu vas bien je vais bien.

Je souris en cherchant ses lèvres.

— T’as fini la ? On va se poser un peu dans le canapé avec un bon thé ?

— Pas encore, j’ai prévu de la mettre dans la prochaine page ! Je n’ai pas encore terminé !

Je réponds à son baiser avec tendresse.

— Bah évidemment que je n’ai pas fini ! Mais j’arrête pour le moment si c’est ça que tu veux savoir. Maintenant que t’es là, je préfère être avec toi. Tu veux un thé au lait ?

— C’était ce que je voulais savoir !

Je rigole en le soulevant pour le prendre dans mes bras.

— Accroche toi, je nous emmène en cuisine ! Tu gères la boisson et je nous sors quelques cookies ? Je veux bien un thé au lait oui, ça va être trop bon avec !

Je veux qu’il se sente bien et minimiser les dégâts. Je veux surtout éviter la syncope.

Je nous prépare deux thés au lait bien sucré et je les pose sur un plateau pour les ramener au salon sans tout faire tomber ou me bruler.

— Et voilà !

— Merci mon Coeur.

Je souris en l’attirant contre moi dans le canapé dès qu’il pose le plateau. Les cookies sont là aussi, légèrement réchauffés. Je lui tends l’assiette pour qu’il en prenne un, avant de prendre la couverture pour la poser sur nous.

— Faut que je te parle de quelque chose Trésor.

Je sais pas comment me lancer, alors autant jouer franc jeu. J’attrape sa main libre pour lier nos doigts.

— Je pouvais pas t’en parler tant que j’étais pas sûr, mais ça fait quelques semaines que je vais pas dans la dépendance seulement pour faire du sport.

— Ah oui ? Et tu vas faire quoi ?

Je demande avec un sourire en mangeant mon cookie. Il a l’air très sérieux mais je ne suis pas inquiet. Je sais que ce n’est pas grave. Quand c’est grave, il me le cache. Enfin il essaie.

Il est solaire, comme toujours. Pas inquiet pour deux sous, parce qu’il sait pertinemment que si je lui ai caché c’est pour une bonne raison et pas parce que j’ai fais quelque chose de mal. Cette confiance qu’on a l’un envers l’autre, je la chérie plus que tout.

— Beaucoup de recherches. J’ai passé énormément de coup de fil, surtout. J’étais pas loin de vendre mon âme au diable par moment, mais ça valait le coup.

Je caresse sa main avec tendresse.

— J’ai retrouvé ton père. Enfin j’étais pas tout seul, on m’a pas mal aidé. Il est vivant, Trésor.

Je reste à le regarder avec un sourire béat parce que j’attends la suite. J’ai pas tout compris ; il a trouvé quelque chose sur mon père quand il était vivant ? Mais il dit pas la suite. Mon cœur tambourine malgré moi et je ne me sens pas très bien.

— Bah t’as trouvé quoi ?

Je demande, déconcerté.

Son sourire illumine toujours son visage, mais je sens son coeur battre la cadence plus vite qu’habituellement.

— J’ai trouvé qu’il est pas mort.

Je le tourne d’une manière différente, pour qu’il intègre doucement ce qui arrive.

— Il est en Italie, sous un programme de protection des témoins européen. Il a changé de nom et de mode de vie. Il a bel et bien failli mourir il y a deux ans et la meilleure façon de te protéger, c’était de te le faire croire jusqu’au bout.

J’arrive pas à intégrer l’information, je ne sais pas quoi en faire.

— Il me fait croire qu’il est mort...? Mais pourquoi il ferait ça ? Il sait que je peux mourir jeune. Tu dois te tromper.

— C’est beaucoup plus compliqué que ça Trésor.

J’essaie de pas parler trop vite, de pas lui jeter trop d’informations d’un coup.

— Il te l’a pas fait croire volontairement. On ne lui a pas vraiment laissé le choix, et quand on a finit par lui dire que c’était mieux pour ta sécurité, évidemment qu’il a accepté. Parce qu’il t’aime.

C’est un geste rempli d’amour qui les a séparé. Son père a préféré le perdre plutôt que de le mettre en danger.

— Il a changé d’identité, de pays. Comme toi quand t’es venu ici. Et puis finalement, comme à toi... Ils ont finit par lui faire croire que t’étais mort.

Peut-être qu’ils se seraient retrouvés bien avant si j’avais pas merdé et si j’avais pas fais passer mes sentiments avant mon travail.

— Je sais pas si tu te souviens en détails, mais pendant les quelques jours où je t’avais laissé avec cette fille là, cette espèce de débile, t’avais eu un accident. Ils ont dit à ton père que les types qui en avaient après lui avaient réussi à remonter jusqu’à toi, et jusque là c’était vrai. Mais ils lui ont dit qu’ils avaient réussis et que t’en étais pas ressorti en vie. Et c’est évidemment qu’on cherche pas quelqu’un qui est mort.

Hormis moi, parce que quand il a évoqué l’idée j’ai été incapable de me la sortir du crâne et que j’avais les moyens de le faire.

Je l’écoute avec attention et quand je comprends ce qu’il dit, ça me brise le cœur. Ils ont fait croire à mon papa que j’étais mort ! Ça a dû le terrasser et, rien que d’y penser, j’en ai les larmes aux yeux.

— Mais t’es sûr que tu t’es pas trompé er qu’il est vivant ?

Ma voix tremble et j’ai la gorge serrée.

— Est-ce qu’il est en bonne santé ? Il est tout seul, maintenant.

Le realiser, ça me tue. Littéralement. Et je fonds en larmes.

— Ça va aller Trésor, ça va aller.

Ses sanglots me brisent le coeur. Mais je sais que c’est une mauvaise passe qui sera bientôt derrière lui. Quand ils vont se retrouver, ils vont avoir un tel poids en moins sur les épaules. Je le sers fort contre moi, en caressant ses cheveux avec tendresse.

— Je l’ai eu au téléphone. Je voulais être sur de moi avant de t’en parler. Et il m’a parlé de certaines choses... C’est lui, c’est sûr et certain.

J’ai posé tout un tas de questions, demandé des détails intimes et indignes. Je sais que ça a été un choc pour lui aussi, et je m’en suis excusé après de ne pas l’avoir cru sur paroles, mais je devais le faire pour le bien de mon mari.

— Il se porte aussi bien qu’on le peut en croyant son fils disparu. Il est seul, dans un appartement du côté de Rome. Il est en Italie depuis qu’il a quitté les États-Unis. Et je sais que ça fait beaucoup d’informations, mais j’ai pensé... Lui il a peut-être plus accès à l’argent de votre famille pour pas éveiller de soupçon, mais toi si. Et la maison de Tristan est toujours en vente, et elle est tout à côté. Et comme ta maman a grandit ici... Je me disais que tu pourrais l’acheter cette maison, et lui proposer de venir vivre près de toi.

J’arrive pas à me calmer de pleurer parce que je réalise et en même temps je réalise pas. C’est complètement fouillis dans ma tête mais c’est pire quand il me dit qu’on peut le faire venir ici et lui acheter une maison.

— Mais c’est pour de vrai alors...

Je réalise que mon père est vivant et qu’Alessandro veut qu’il vienne vivre ici. Je pourrais le voir tous les jours. Mon cœur s’emballe, trop. C’est la première fois que ça arrive depuis mon opération et c’est vraiment bizarre. Je panique parce que j’ai pas envie de faire une syncope et plus je panique, pire c’est.

— Trésor regarde moi.

Je l’appelle doucement pour le focaliser sur autre chose que son coeur qui est en train de s’emballer beaucoup trop fort. Par habitude, ma main vient se poser sur sa poitrine et je l’allonge parce que je sais que c’est une position qui l’apaise plus facilement.

— C’est un trop plein d’émotions, c’est normal que tu réagisses aussi vivement. Mais je suis là, on est là tous les deux. Respire tranquillement.

J’ai provoqué moi même ce que je voulais à tout prix éviter.

Mon cœur fonctionne, je fais pas de syncope. Mais je connais pas cette sensation et j’aimerais qu’elle s’arrête. Alors j’écoute Alessandro et je me laisse faire. J’ai l’impression que ça dure une éternité mais je finis par me calmer. Et ça passe.

Je réclame un énorme câlin et je le serre fort contre moi.

— Je t’aime tellement, tellement fort. T’as pas idée. Je t’aime. T’as retrouvé mon papa, pour moi. Mais on peut le voir ? Ou pas ?

Je m’allonge à côté de lui et je nous recouvre de la couverture avant de l’entourer complètement de mes bras.

— Je veux pas avoir idée, je veux jamais m’y habituer et trouver ça aussi magique pour toute ma vie. Parce que je t’aime tout aussi fort, et t’as pas idée toi non plus.

Je chuchote à son oreille avant d’embrasser sa tempe.

— J’ai déjà nos billets d’avion pour Rome, on décolle demain matin.

Je souris à son attention.

Je me remets à pleurer, mais c’est de joie. J’arrive pas à y croire !

— Mais il faut faire la valise ! Il faut prendre les albums photos ! Surtout celui du mariage !! Mais il fait que t’es mon mari ? Tu lui as dit ? Il a dit quoi ? Est-ce qu’il t’a cru que je me suis marié ?

— Va pour celui du mariage ! Et les autres, ce sera l’occasion de le faire venir non ?

A priori, si on achetait la maison en notre nom et que son père venait y vivre sous sa nouvelle identité il ne devrait pas y avoir de soucis. Et vu l’engueulade que j’ai eu en apprenant ce qu’ils avaient osé leur faire, je pense qu’ils peuvent bien gérer entre pays et établir la sécurité de son père en Angleterre au plus vite.

— J’ai été obligé de me présenter comme étant ton mari. Il a eu du mal à y croire. Au mariage, et au fait que je sois un homme ! Mais il était content que tu sois pas tout seul.

Luca avait jamais eu de réelle histoire avant moi, alors ça a fait beaucoup d’infos pour son père également.

— J’en ai dit le moins possible ! C’est important que ce soit vous deux qui puissiez partager toutes ces choses là en vous retrouvant, je voulais pas vous priver de ça.

— Mais on va le chercher ? Si c’est la maison de Tristan, il peut nous la prêter le temps qu’on l’achète ? Non ? Il revient avec nous ?

Je sais qu’il doit pas trop y croire au mariage, mais il va vite réaliser que c’est vrai. Je suis surexcité et en même temps j’ai envie de pleurer toutes les trois minutes.

— C’est pour de vrai ? C’est à quelle heure ?

— Tristan et Ania m’ont aidé, j’étais pas tout seul. J’ai eu besoin des contacts et de l’aide d’Ania et Tristan nous a apporté tout le soutien moral qu’il a pu. Quand j’ai évoqué la possibilité de racheter la maison pour ton père, Tristan a carrément proposé de nous la laisser comme ça. Il a dit que si elle restait à son nom, ça éviterait que le notre ou celui de ton père ai besoin d’apparaître de nouveau. Alors nous la prêter le temps qu’on puisse l’acheter, ça lui irait sans problème.

On a des amis formidables. Une famille formidable. C’est un geste énorme, rempli de sincérité et d’amour. On n’acceptera pas, parce que nous on peut se permettre d’acheter cette maison, mais si on en avait eu besoin ca aurait été notre bouffé d’oxygène.

— Du coup, j’imagine que si l’idée plaît à ton père, il pourrait rentrer avec nous, oui ! Il pourrait être là dans deux jours !

Il doit pas avoir beaucoup de choses à emporter avec lui, il est parti sans rien.

— C’est vrai ? Il faut qu’on leur fasse un cadeau ! J’arrive vraiment pas à y croire ! J’ai tellement envie de le voir ! Pourquoi on part que demain ? Tu vas rencontrer mon papa ! Tu vas le voir ! Tu lui as dit pour l’opération ? Hein ? Tristan nous prête la maison ! Je suis sûr qu’il va vouloir venir ! Comment il fait pour vivre ? Tu crois qu’il a dû travailler ?

Je n’ai plus de souffle à force de parler autant.

— J’ai pas la réponse à la moitié de tes questions mon Coeur je suis désolé.

Je souris avec tendresse en entendant autant de joie dans sa voie.

— La seule chose que je peux te dire, c’est qu’on part demain parce que j’ai eu ton père au téléphone pour la première fois seulement ce matin. J’étais sûr de rien avant ça et j’ai tout organisé à la dernière minute. Ce soir y’avait plus aucune possibilités de vol et pour la sécurité de tout le monde, je me suis dit qu’un vol privé c’était pas une bonne idée.

On sait jamais ce qui pourrait se passer. Je préfère prendre les précautions.

— Et je lui ai dit pour l’opération, oui ! Il avait l’air complètement sonné ! Je lui ai dit que c’est pour ça qu’on pouvait venir aussi vite et que j’avais pas de craintes pour l’avion. Il a tellement hâte de te voir, de pouvoir voir de ses propres yeux que tu es en vie. J’ai vraiment hâte que tu puisses le serrer dans tes bras de nouveau.

J’arrive pas moi même à croire ce qui est en train d’arriver. C’est magique.

— Et j’ai vraiment hâte de rencontrer mon beau-père.

Je souris en lui volant un baiser.