Vacances surprises à la neige — Alessandro & Luca

Cette année, j’ai eu envie d’être un peu égoïste et de ne pas partager mon mari pour la nouvelle année. Ça comptait pour moi qu’on commence l’année tous les deux, dans un endroit un peu féerique. On a passé Noël en famille et c’était fantastique, mais je voulais faire un autre cadeau à Alessandro – et m’en faire un par la même occasion.

Je me dis que si on commence l’année tous le deux en bonne santé, c’est qu’on laisse enfin derrière nous cette année de malheur et qu’on peut enfin respirer et rattraper le temps perdu.

Alessandro dit toujours qu’être près de moi c’est jamais du temps perdu, mais moi j’ai très peu de souvenirs de tout ça et je veux que ça change. Je veux que ce début d’année reflète notre second départ dans la vie. Notre second souffle.

Alors on n’a pris l’avion mais je lui ai caché la destination tout le long. C’est seulement quand on est arrivé dans notre petit coin de Paradis que j’ai accepté de lui dire qu’on était en Norvège. J’ai loué une bulle en pleine nature. On est arrivés et il faisait déjà nuit alors on verra demain comment c’est mais il y a beaucoup de neige et je crois que ça lui plaît... j’espère, en tout cas. Pour l’instant, on n’a même pas posé nos affaires qu’il ne quitte pas le ciel des yeux.

— T’aimes bien...?

J’espère qu’on aura l’occasion de voir des aurores boréales.

On dit toujours souvent que les gens qui aiment la chaleur n’aiment pas les pays froids, et inversement. Pourtant en tout bon italien que je suis, je suis admiratif de ce qui se passe autour de moi. Il fait bien plus froid qu’en Angleterre, mais je suis tellement excité que Luca m’ai fait une telle surprise que je ne le ressens pas vraiment. On vient de marcher dans la neige pendant dix m’abonnes minutes et j’ai la sensation d’avoir dix ans de nouveau.

— J’adore.

Je souris en quittant le ciel des yeux pour poser mon regard sur lui.

— C’était une idée géniale ! L’année dernière on a commencé l’année à Hawai et là en Norvège ! En Norvège putain ! Regarde ce ciel ! On voit tellement d’étoiles !

Je relève les yeux au ciel encore une fois. C’est bien la première fois que j’ai du mal à reposer mes yeux sur mon étoile a moi.

— Ils ont dit qu’il suffisait d’allumer le poêle, c’est un chauffage, en fait, mais on peut le laisser tourner pendant les cinq jours et on sera bien au chaud. Enfin vu qu’il fait chaud, je pense qu’ils l’ont allumé pour notre arrivée...

Je vais me blottir contre lui pour lui faire un câlin.

— J’ai pris l’option avec les plateaux repas alors tous les jours, matin et soir, on va nous apporter des paniers repas. Pour ce soir comme c’est le réveillon, j’ai choisi des choses que t’aimes bien un peu festives.

Je vois l’énorme panier sur la table.

— J’ai prévu quelques activités mais sinon, beaucoup de rester au lit au chaud tous les deux à regarder le ciel. T’aimes bien ?

Quand j’ai vu la bulle au loin, la seule chose qui m’a inquiéter c’est le chauffage. Luca va bien maintenant, mais il n’en reste pas moins quelqu’un de frileux et j’aurais détesté qu’il ne profite pas a fond de son séjour à cause du froid. Mais non seulement la température quand on est rentré m’a rassuré, et ses mots finissent de le faire.

— On va laisser allumer alors ! Vaux mieux qu’il fasse un peu trop chaud et qu’on sorte la jambe de sous la couette plutôt qu’on ai froid.

Je le serre contre moi et je glisse ma main dans sa poche arrière.

— Je trouve ça génial ! En vacances j’ai pas envie de cuisiner, je préfère profiter de toi. Et vu le panier qu’on a, on risque de bien manger quand même !

Luca sait exactement ce que j’aime et je sais qu’il a du planifier chaque détails de ces vacances pour me plaire. J’ai aucun doute sur ça.

— T’as oublié faire l’amour au chaud sous les étoiles.

Je le taquine en lui volant un baiser.

— J’ai le droit de savoir les activités ou ça aussi c’est une surprise ?

— T’inquiète pas. J’ai pris un super pyjama et j’ai demandé des couvertures en laine.

Je rougis un peu.

— Non, j’ai pas oublié. Mais ça fait partie de rester au lit tous les deux. Y a pas beaucoup d’heures de jour ici, en hiver. Du coup... on va avoir plein de temps à tuer. Et t’as vu cette baignoire ? On va en profiter !

Je retire mon manteau et mes chaussures.

— Non, je peux te les dire.

J’ouvre ma valise pour sortir mes grosses chaussettes et mon jogging.

— Tu m’en veux pas si je passe le réveillon en jogging chaud...?

Là j’ai un peu froid, j’aimerais être bien à l’aise et je veux perdre zéro seconde du temps passé ici.

— T’es beau quand tu rougis.

Je lui fais remarquer en l’embrassant.

— Oh que oui je l’ai vu ! Je compte bien en profiter chaque jour qu’on a ici.

Ça me fait rire de voir Luca dire sans aucun mot qu’il a envie qu’on se pose tranquillement avant d’énumérer tout ce qu’on pourrait faire ici.

— Je t’en voudrais de quoi ? De te mettre à l’aise ? T’as pas besoin d’être en costume trois pièces pour me plaire, tu le sais déjà. Je vais pas te trouver moins beau en jogging à moumoute, alors ça reste une tenue de réveillon plus que convenable à mon sens.

Et je vais surtout faire la même chose.

— Je comprends mieux pourquoi c’est toi qui t’es occupé de faire ma valise maintenant !

Elle déborde de chaussettes et de pulls en tous genres.

— Ça t’aurais mis la puce à l’oreille... puis j’ai acheté des pantalons de ski. On n’aura pas froid comme ça.

Je me change rapidement et là je suis bien au chaud alors je vais sur le lit et quand il me rejoint sur le lit, j’hésite pas : je m’installe à plat ventre contre lui, une jambe entre les siennes et ma tête nichée dans son cou.

— On va faire du chien de traîneau demain. C’est une balade de deux heures. Et après demain, on va visiter les fjords en bateau. Le troisième jour, massage dans un spa et baignade en source chaude. Voilà. Que des visites privées, aucun touriste. On vient nous chercher à la réception et on nous y ramène quand c’est terminé. Le dernier jour, je pense qu’on peut rester ici à faire l’amour. Toute la journée. Peut-être même pendant deux jours. Parce que tu sais, ça fait longtemps que j’ai envie de voir ce que ça fait quand t’as vraiment envie, que moi aussi mais qu’on se contente de quelques caresses pour se donner encore plus envie, sans jamais aller au bout. Pendant au moins trois jours.

Je dépose plusieurs baisers dans son cou et je souris contre sa peau.

— C’est rien trois jours ?

Je l’ai déjà rendu fou comme ça. Mais pas aussi longtemps. Et pas en le tentant. C’était juste non.

— Ou alors moi je fais ce que je veux et toi, tu touches à rien. Surtout pas à toi-même. Ça c’est un jeu sympa, nan ?

Je dis alors que ma main trouve immédiatement son entrejambe. Simplement pour l’effleurer et le provoquer.

— Tu veux jouer ? Moi j’ai très envie de jouer à ça.

Je remonte mon genou assez fort entre ses jambes et je sens bien vite qu’il a envie de jouer. De toute façon, il saurait même pas me dire non. Même s’il va me détester et être de mauvaise humeur, parfois.

— Alors ? On joue ?

Je m’apprête à répondre avec des étoiles dans les yeux à la simple idée de penser à des chiens de traîneau. Pourtant il ne s’arrête pas là et si j’ai un moment de doute, je ne mets pas longtemps à comprendre de quoi il veux vraiment parler. J’ai jamais vécu ça avec quelqu’un, ce besoin d’appartenance et de dévotion totale. J’en n’avais jamais eu envie avec personne avant Luca. Il poursuit, mêlant gestes à la parole, et je sens déjà que tout mon corps se crispe sous le sien.

— Tu savais déjà que t’étais un monstre quand tu m’a dit qu’on passerait notre temps à regarder le ciel ?

Mes yeux se ferment dans un soupir. Trois jours dans les faits, c’est rien. Mais trois jours à devoir le regarder faire sans jamais pouvoir aller plus loin, il sait que ça va me rendre fou. Ça commence deja.

— Et si jamais c’est toi qui perds, ça se passe comment ?

Je demande dans une veine tentative de rependre le contrôle. Mais quel contrôle ? Il sait déjà qu’il l’a totalement et qu’il est bien plus fort que moi à ce jeu là.

— Moi je perds jamais.

Je dépose sur ses lèvres et je me redresse. Il veut bien jouer, tant mieux. J’aime bien.

— On va voir ce qu’il y a pour manger ?

Je demande avec un grand sourire. J’ai tellement hâte qu’on fasse du chien de traîneau demain ! Dans la neige, bien au chaud et dans ses bras. Ça va être trop bien !

— J’en ai bien conscience. Je me lance dans un jeu trop risqué pour moi, je le sais.

Il se lève sans demander son reste et déjà la, je sens que c’est dur. Je ne sais pas comment je vais tenir trois jours. Trois longs jours. Il va tout faire pour me rendre dingue.

— Tu me dis et je reste allongé sans rien faire ?

Je rigole en me mettant sous la couette tout en lui faisant les yeux doux.

— Bah... si tu veux. Ou alors tu viens là me faire un câlin pendant que j’ouvre ?

Je lui souris et je commence à déballer ce qui nous a été préparé.

— Hey y a du jus de pommes pétillants comme j’ai demandé ! Ça c’est trop trop génial. Deux bouteilles ! On peut les mettre au frais !

— Ok, ça me va aussi comme plan.

Je me défais pas de la couverture pour autant. Je fonce jusqu’à lui et je l’enroule avec moi dans un énorme câlin tout chaud.

— T’as vraiment fait les choses de A à Z ! Quand ? Comment ? On passe notre vie ensemble !

La majorité du temps on est tous les deux. Et j’ai pas encore repris le boulot pour de vrai, j’attendais la nouvelle année pour m’y remettre vraiment.

— Bah quand tu donnes tes cours je suis pas là. J’ai tout bien préparé. Sans aide ! J’aime bien organiser des voyages maintenant et te faire des surprises.

C’est surtout lui qui prend soin de moi et de notre couple en règle générale. Mais maintenant j’ai trouvé comment lui faire un retour. Je ne vais certainement pas m’en empêcher.

— J’ai trop trop hâte du chien de traîneau. Et j’espère qu’on va voir des aurores boréales. Y a pas de pollution lumineuse ici. C’est exprès. Juste toi et moi. En Norvège. Parce que t’es à moi et que j’ai pas envie de te partager. Genre pas du tout. Donc je te kidnappe.

Y a de la tapenade ! Je sors le pot et les toasts !

— Tu m’aides ? On prend l’apéro ? C’est quoi le plat, devine !

— Surprise réussie ! Entre ça et noel, tu pouvais pas faire mieux. J’aime beaucoup trop tes surprises.

Je lui vole un baiser en riant.

— Kidnappe moi quand tu veux ! Le temps que tu veux ! Je suis tout à toi. Tout entier. Juste à toi.

Je dépose plein de bisous dans son cou avant e le voir s’extasier sur la tapenade. C’est le rayon soleil de toute ma vie.

— En Norvège ? Ça pourrait être du saumon ! Du saumon fumé ?

Tout en essayant de deviner, j’attrape deux coupes et une des bouteilles de jus pétillant pour l’apéro. Je sens déjà que j’adore ces vacances.

— Hey oui ! C’est ça ! Des tagliatelles fraîches avec du saumon fumé !

Je souris, ça à l’air de lui faire plaisir alors je m’assois à table pour commencer à préparer les toasts.

— J’ai appelé ta mère hier, pour savoir, pour Pacques. Tu sais ? On a parlé d’aller en Italie pour les fêtes. Tu sauras jamais où elle était.

— J’ai déjà dit que j’avais faim ? Je vais même pas me gaver de tapenade pour être sûr de savourer le plat de fête qu’on nous a préparé !

Il est beau et tout son charme réside dans le fait qu’il ne le sache pas. Pas vraiment. Pas tout le temps, du moins. Je crois que je passe mes journées à avoir des étoiles dans les yeux.

— Oui oui je me souviens ! Elle est toujours partante ? Elle était où encore ? Au marché ?

Je demande en rigolant.

— Ouais, ouais. Elle est partante. C’est pas ça, le truc.

Je dis avec un sourire.

— Mais non, pas au marché ! Qu’est-ce que tu racontes ? Tiens, goûte ça mon amour.

Je lui tends le toast que j’ai fait.

— Elle était à Londres.

— Bah je sais pas moi ! Tu me dis ça comme si elle était à l’autre bout du monde, mais je l’imagine pas ailleurs que chez elle actuellement.

Je rigole en attrapant le toast avec plaisir. On peut même dire que je l’engloutis.

— A Londres ? Mais tu lui as dit qu’on n’y était pas ! La pauvre, elle voulait nous faire une surprise !

— On n’habite pas à Londres. C’est même pas nous qu’elle est venue voir.

Je dis avec un sourire.

— Je viens de le réaliser, en fait.

— Merci je sais qu’on n’habite pas à Londres ! Quand même ! Mais y’a personne à part nous qu’elle viendrait voir en Angleterre. A part mon père, elle connaît personne.

Ça n’a pas de sens. Elle est repartie en Italie parce que toute sa famille est là-bas. C’est moi qui ai choisit l’Angleterre quand j’ai été en âge de le faire alors que la moitié de mes proches est en Italie.

— De réaliser quoi ?

Lui, il ne percute pas. Je pose une main sur sa joue que je caresse avec mon pouce. Puis j’embrasse ses lèvres.

— Bah... ton père. C’est lui qu’elle est venue voir. Comme tu dis, y a que lui qu’elle connaît là-bas.

Luca devient plus doux encore qu’il ne l’est habituellement et c’est bizarre. Ça me laisse sans armes et ses mots me percute encore plus fort.

— Tu crois vraiment qu’elle est venue le voir lui ?

J’ai peur de comprendre et en même temps, peur de rêver à un truc que j’ai souhaité des dizaines de fois quand j’étais plus jeune.

— Genre... Pour passer le réveillon tous les deux ?

— Bah... tu devrais faire une visio pour montrer où t’es ? Non ?

En Italie, ça se voyait qu’ils avaient des étoiles dans les yeux tous les deux et qu’ils étaient tout contents de se retrouver. Peut-être qu’ils étaient trop jeunes pour être vraiment amoureux la première fois ? Mais qu’ils ont réalisé qu’ils ont fait la meilleure personne au monde tous les deux et que maintenant, ils ont envie de faire un bout de chemin tous les deux ? C’est ça l’amour aussi. Se dire qu’on peut finir ses jours avec quelqu’un qui va prendre soin de nous et dont on va prendre soin aussi.

— Appelle, mon amour. Vas y. Moi je prépare notre repas. Comme ça vous pourrez parler tous les trois.

Parce que je mettrais ma main au feu qu’ils sont tous les deux pour de vrai. Et puis c’est sa famille, il redevient un peu un enfant quand il est avec eux alors ça c’est leur moment.

— Moi, je viendrais leur faire un coucou plus tard.

— Tu restes pas loin, hein ? C’est ta famille à toi aussi.

Il le sait que mes parents sont sa famille, il a pas besoin que je lui dise pour s’en souvenir. Mes parents l’aiment bien assez pour ne pas avoir besoin de moi pour le lui dire. Mais je suis comme un enfant et ça me fait presque peur de me dire que je délire peut-être et qu’on s’est peut-être enflammé pour rien.

J’embrasse ses lèvres avec douceur avant de me lancer et d’appeler ma mère, et de tomber sur mon père. Ça me fait rire, parce que je sais déjà qu’il ne l’a pas fait exprès. Il a entendu un téléphone sonner et il s’est dit qu’il allait décrocher en voyant mon prénom, sans se demander si c’était le sien ou non.

— T’as perdu des cheveux maman. T’as un peu plus de barbe que la semaine dernière aussi.
— Solidarité masculine ! Tu lui dit pas que j’ai fais une connerie, tu te contentes de...
— Contrairement à toi j’ai reconnu la sonnerie de mon portable. Allez pousse toi !

Je vois ma mère arriver à côté lui, un bras autour de son cou, et ça me fait quelque chose que je ne saurais pas décrire.

— Je voulais vous montrer où je suis. Luca nous a organisé un voyage surprise. Y’en a beaucoup ce soir !

On passe une bonne vingtaine de minutes au téléphone, sans jamais que nos sourires quittent nos visages. Mes parents se sont retrouvés et c’est quelque chose qui me comble de bonheur. Ils m’ont promis de m’en parler de vive voix quand on seras rentrés, mais ils ne mentent pas pour autant. Ils se sont retrouvés et ils sont heureux, ça me suffit amplement comme raison.

— Comment t’as deviné ? T’as pas eu l’air surpris quand j’ai décroché !
— C’est Luca, c’est ça ?

Demande ma mère avec tendresse. Par automatisme, je relève les yeux vers lui et je le couve d’amour.

— Évidemment que c’est Luca.

Maintenant qu’ils ont discuté tous les trois et que j’ai préparé les assiettes pour les faire réchauffer, je vais me blottir contre lui pour saluer ses parents.

— En tout cas, moi je trouve ça beau. Vos retrouvailles.

On discute encore un peu et on se promet de se rappeler plus tard dans la semaine pour se souhaitez véritablement la bonne année. Quand Alessandro pose son téléphone, j’embrasse ses lèvres avec tendresse. Il est tout ému.

— Ça va mon amour ?