Papa où t’es ? - Luca & Alessandro

— Du coup pas besoin de prendre mes médicaments pour l’avion demain ? Après je vais être un peu abruti...

Mais vu sa tête, je n’insiste pas plus d’une fois et simplement une demi-seconde.

— Non, d’accord. Je les prends. Arrête de faire cette tête mon amour. J’te jure que je les prends.

Je dépose plusieurs baisers sur ses lèvres.

— Je les prends. On va faire notre sac ? Moi aussi, j’ai hâte que tu le rencontres. Mais tu vas voir, il aime bien tout contrôler et planifier. Et savoir.

Je préfère le prévenir parce que je sais qu’Alessandro a ses propres habitudes.

— Tu me remercieras demain d’être un peu abruti, mais de pas finir aux Urgences a peine le pied posé en Italie.

Je souris contre ses lèvres en le serrant fort contre moi. Il respire de joie et ça me touche au plus profond de mon être. Il est encore plus radieux que d’habitude et je sais que jusqu’à demain, ça va être extrêmement long pour lui.

— Et savoir ? Savoir quoi ?

Je demande en riant en l’entraînant avec moi dans notre chambre pour préparer nos affaires.

— T’en fais pas, ça ira. On mettra chacun de notre grain de sel et on trouvera un juste équilibre. Avec tout ce qu’on a tous vécu ces dernières années, je pense que ça viendra de nous meme.

On va découvrir une vie qu’on ne croyait pas avoir, chacun de nous trois et faudra tous les trois qu’on revoit nos habitudes. C’est normal.

— Tout savoir. Ce que je fais, pourquoi, comment.

Pourquoi j’ai un accent italien, pourquoi est-ce que je lis moins. Je suis vraiment content de le retrouver. J’ai l’impression que c’est impossible d’attendre demain.

— J’arrive pas à y croire ! J’ai trop de choses à lui raconter !

Je prends un sac pour choisir quelques vêtements.

— On reste seulement une journée ?

— Mais c’est normal mon coeur ! T’as même pas à me prévenir de ça ! Il t’aime et il a raté tellement de choses, forcément qu’il va vouloir tout savoir ! J’appelle ma mère toutes les semaines et elle veux aussi tout savoir, alors imagine après tout ce temps. Forcément que tu vas avoir plein de choses à raconter !

Peut-être même des deux côtés. Son père a pu faire plein de choses aussi en Italie.

— Euh... Bien sincèrement j’ai pas pris de billets de retour.

J’avoue en riant. J’ai même pas réfléchi à ça. J’ai juste demandé à Ania et Tristan de garder Roméo, mais sans même penser à leur dire pour combien de temps.

— Ça va surtout dépendre de ton papa et de toi. De s’il vient, de si vous préférez rentrer vite après ça, ou non. C’est votre moment alors moi, je vous suis ! Je vais juste avoir besoin de m’absenter quelques heures si ton père décide bel et bien de rentrer avec nous !

— D’accord alors on va voir mais moi j’ai très envie qu’il voit notre maison et Roméo et ce qu’on fait ! Et notre ville !

Je fronce les sourcils.

— Pourquoi t’absenter quelques heures...?

— Il va adorer te voir toi avant tout.

Je souris avec tendresse en venant lui faire un bref câlin.

— S’il rentre avec nous je vais être en charge de sa sécurité de Rome à Londres, le temps que les différents bureaux de protection se mettent en place. Faudra que je remplisse quelques trucs et que je prenne note de certaines choses certainement. Pendant quelques heures je serais son garde du corps à lui et je compte pas prendre ça à la légère.

— Roh non, pas lui.

Je dis en levant les yeux au ciel. J’aime pas tellement le garde du corps sérieux qu’il est. Mais je préfère en rire, au fond. Parce que je sais que mon papa sera vraiment en sécurité avec lui.

— Tu vas prendre l’avion avec nous ? Il aura peut-être pas beaucoup d’affaire, s’il a une nouvelle identité ?

Je suis obligé de rire de la remarque de Luca. Plus ça va, et mieux il maîtrise le second degré.

— Et si, lui ! Mais t’es un peu tombé amoureux de lui aussi, alors bon.

Je plaisante en l’embrassant.

— Évidemment que je vais prendre l’avion avec vous ! Je vais pas le lâcher d’une semelle, je serais comme son ombre ! Sauf s’il a racheté quelques petites choses, mais c’est comme quand on était tous les deux tu sais... Pas d’argent en dehors de ce qu’on lui donne, un appartement meublé payé par les services secrets tout ça tout ça. Il doit pas avoir plus d’une valise qui soit vraiment à lui.

Et encore.

— Bon bah il sera ravi de partir avec nous ce soir alors ! Enfin demain soir. Mais on prendra un billet d’avion le moment venu. Et on pourra aller au supermarché nous acheter des choses ! Ça nous évitera d’aller à l’épicerie de Londres, non ?

J’ai tout enfoncé dans mon sac.

— Voilà, je suis prêt !

— Aller au supermarché maintenant tu veux dire ? Pour être tranquille demain ?

Je demande pour être sûr.

— De toute façon, le temps qu’il s’installe et que la maison soit sympa je suppose qu’il va dormir ici !

Depuis que ma mère passe son temps chez mon père, elle n’a plus trop besoin de la chambre qu’elle avait ici.

— Non, en Italie. Pour nous ramener des choses qu’on aime chez nous... ? Pardon, je m’emballe, je suis pas clair.

Je vais lui faire un câlin, un peu pour me recentrer.

— Oui, si ça ne t’ennuie pas de l’avoir avec nous.

— C’est rien Trésor, je te pardonne. On y passera avant de rentrer, tranquillement. Tu mets nos affaires dans ton sac et je prends une valise vide ?

Je demande en riant. Je le serre contre moi et ça nous fait du bien à tous les deux.

— Bien sûr que non. Je l’ai pas cherché pour te l’arracher à peine retrouvé. Il peut passer autant de temps qu’il veux ici.

— Oui mais t’as jamais eu de beaux parents, quand même. Alors tu vois, je préfère te demander quand même. T’es mon mari. Et je t’aime.

J’aurais compris qu’il ne veuille pas de lui à la maison, s’il était inquiet que ça le mette en danger, par exemple. Ou moi.

— J’arrive pas à croire que t’aies fait ça pour moi...

— C’est vrai que ça va être une première ! Je vais apprendre des choses ! Mais ton père n’a jamais eu de gendre non plus, alors...

Je souris de toutes mes dents. J’aime tellement être cette personne qui l’a éveillé à l’amour, c’est grisant.

— Moi aussi je t’aime. Et c’est pour ça que je l’ai fais. Je l’aurais fait avant si j’avais eu l’idée qu’il soit pas mort, mais quand on en a parlé en Norvège... Je sais pas, j’ai eu l’intime conviction que je devais m’en assurer moi-même.

— C’était juste un rêve, jamais j’aurais pensé que c’était possible...

J’arrive toujours pas à y croire. C’est effrayant.

— C’est long d’attendre...

— Je savais pas trop ce que j’espérais quand j’ai commencé. Puis j’ai eu tellement d’infos d’un coup, c’était dingue. Plus ça avançait plus j’espérais pouvoir t’apporter une bonne nouvelle.

Je me suis mis à pleurer quand j’ai eu son père au téléphone.

— Je sais mon coeur, mais je voyais vraiment pas comment partir aujourd’hui. Ou alors faudrait prendre un vol privé jusqu’à Florence, comme d’habitude. Emprunter la voiture de ma mère qui a l’évidence ne lui sert pas comme elle est à Londres. Aller en voiture à Rome. Puis refaire la même chose pour que ça ne paraisse pas suspect qu’on rentre pas de la même façon.

Je suis beaucoup trop carré, je prendrais pas le moindre risque. Surtout pas avec eux.

— Je sais que tu as fait le bon choix. T’en fais pas.

Je réponds sincèrement.

— C’est juste que c’est difficile. Mais je sens que je suis un peu fatigué.

Quand ça va me tomber dessus, ça va être radical. Trop d’émotions forte d’un coup.

— J’ai pas fait de syncope.

— Le bon je ne sais pas, mais le meilleur pour notre sécurité à tous. Tu peux me faire confiance.

Et je sais que c’est le cas, qu’il ne m’en veux pas le moins du monde.

— J’ai essayé de tout faire pour l’éviter et t’as vraiment assuré mon coeur. On s’améliore tous les deux !

Je préfère en rire qu’en pleurer, maintenant que c’est derrière nous.

— Tu veux qu’on se repose un peu ? Et après on voit avec Ania et Tristan pour aller leur porter Roméo dès ce soir, qu’on ai juste à se lever et à partir demain ?

— Oh non... tu préfères pas qu’ils viennent le récupérer quand on est partis ? Je déteste le déposer quelque part, il fait que pleurer. Là... au moins, il sera content de les voir et d’aller en balade. Non ?

Rien que d’y penser, ça me fait trop mal au cœur.

— Bah... Si on rentre des demain soir et qu’on part sur place juste pour aller chercher ton père, ils peuvent même ne faire qu’une ballade. Nous on part tôt le matin, eux ils lui font une petite ballade avec Pégase et le soir on le retrouve à la maison en rentrant !

Comme ça c’est encore plus vite fait. Et si jamais on reste sur place un peu plus, on peut compter sur eux et leur laisser.

— Oui, ce serait bien... alors on va leur dire ça. Ou alors... Adriel et Keziah ? Parce qu’ils sont à côté et puis Tristan et Ania ont déjà fait beaucoup... non ?

J’ai pas envie de surcharger les gens. Ils ont d’autres choses à faire. Surtout Tristan et Ania.

— Oui aussi ! C’est vrai qu’ils sont tout prêt et que ça va pas les déranger. On peut leur filer un double de clé au passage !

Ania et Tristan ont le leur. Ils en ont un depuis l’AVC de Luca l’année dernière. Au cas où.

— J’avais pensé à eux parce qu’ils savent qu’on part, mais ce serait l’occasion de dire à Adriel et Kezi qu’on part retrouver ton père !

— Je préfère qu’on attende qu’il soit avec nous... peut-être que c’est superstitieux mais... tu veux bien ? On leur demande juste s’ils peuvent sortir Roméo demain ?

— Oui, c’est toi qui voit ! Mieux vaux être trop superstitieux que pas assez.

Je plaisante pour le détendre. Il a tellement d’émotions en lui qu’il pourrait exploser.

— Juste Roméo et le reste on verra une fois tous les trois ici.

C’est étonnant à dire, et encore plus bizarre à imaginer.

Je me blottis contre lui pour un énième câlin.

— Je suis un peu fatigué... je me sens pas très très bien...