Verona - Luca & Alessandro

Ce midi, on prends un avion avec Luca et j'adore le fait qu'il ne sache pas encore où on va. J'ai pris mes précautions, je l'ai déjà informé qu'on partait dans un endroit où il faisait plutôt beau et qu'il allait adorer, pour éviter une syncope dont il n'a pas besoin. Mais y'a plein d'endroit ou il aimerait aller, alors j'ai encore un peu de marge pour qu'il soit surpris. Je sais déjà que ça va lui plaire.

— Trésor, t'es prêt ?  Le chauffeur est là et nos valises sont dans le coffre.

La vie n'a jamais été plus belle que depuis que j'ai rencontré Luca et je sens mon cœur battre la chamade quand il se montre. Aujourd'hui, je crois que je peux affirmer que je suis pleinement heureux. Je ne fais presque plus de cauchemar, mon thérapeute m'a aidé à accepter le fait que Theo n'était pas mort par ma faute, Anastasia est vivante et Luca est là. Sa simple présence a été mon électrochoc et je sais que jamais je ne pourrais vivre sans lui. Jamais plus.

La dernière fois, j'ai dis à mon psy que s'il devait mourir avant moi, je le rejoindrais. Et ca ne m'effraie même pas. Je veux rester avec Luca, dans cette vie et dans l'autre, et je n'arrive pas à croire qu'on parte en voyage à Vérone pour que je puisse lui demander sa main.

— Si !

J’enfile vite la chaussure qu’il me reste et je trébuche avant de sortir.

— T’as pris Roméo ? Il est où ?

Je demande en réalisant que j’ai pas pris la laisse. J’arrive pas à croire qu’on parte à l’improviste comme ça. Enfin, ce n’est pas l’improviste pour Alessandro puisqu’il a tout organisé, mais pour moi oui. Et je suis aussi surexcité qu’angoissé.

— Là, dans la voiture ! On attends vraiment plus que toi !

Je rigole en le voyant trébucher, avant de rentrer de nouveau dans la maison. La vie serait tellement fade sans lui. Quelques secondes plus tard, il ressort avec la laisse de Roméo et j'acquiesce. On a failli l'oublier et on aurait été bien emmerdé.

— Je peux fermer c'est bon ? On a tout ?

Ca n'attends pas vraiment de réponses, je suis déjà en train de fermer la porte et des que c'est fait, je glisse ma main dans celle de Luca.

— Ca va être nos premières vacances tous les deux, j'ai vraiment hâte!

— Moi aussi. Je suis surexcité, j’ai pas dormi ! Enfin un peu mais pas beaucoup.

Je dis alors qu’on s’installe dans la voiture.

— J’ai hâte de savoir où on va, t’as pas idée. Ce sera forcément génial.

Je rigole en l'attirant près de moi autant que possible.

— J'espère que tu dormiras un peu dans l'avion alors, que tu sois pas trop fatigué en arrivant.

J'embrasse sa tempe, alors qu'on sort de la résidence.

— Je sais que tu vas adorer. Fais moi confiance.

— Bah... oui, c’est évident que je vais dormir. Avec l’altitude, je vais sans doute avoir une arythmie cardiaque.

Je sais qu’il a pensé à mes médicaments, mais je ne sais pas s’il a pensé à ça. Il n’a pas l’habitude parce qu’on n’a jamais voyager en avion tous les deux.

— Ne sois pas inquiet, d’accord ?

— Ne sois pas inquiet ?

Je rigole nerveusement et même le chauffeur se retourne vers moi, l'air de se demander ce qu'il m'arrive.

— Mais t'as déjà prit l'avion ! Je me suis pas dit que c'était dangereux ! On peut trouver un autre moyen. Je sais pas, le train, le bateau ? C'est mieux tu crois ?

Je sers Luca contre moi, tout à coup beaucoup moins serein.

— Je suis désolé Trésor. Pourquoi tu me l'as pas dit avant...?

— Parce que je peux voyager en avion... c’est pas un problème, Amore. J’t’assure. Je vais juste être fatigué, dormir. Tu connais ça déjà. C’est comme lorsque je fais du sport avec toi. Après je suis KO. Là, c’est pendant le vol. Et...

Je vois qu’il flippe et ça me fait mal au cœur.

— Et... bah... tu peux...

Je cherche quelque chose pour le rassurer.

— Tu peux regarder mon rythme cardiaque avec mon Apple Watch. Voilà. Ça va te rassurer, peut-être ? Tu sais le seuil le plus bas que je ne sois pas atteindre alors tu peux agir en conséquence. Je vais juste m’endormir, je t’assure. Comme après le sport. Et tu es là pour veiller sur moi.

Je l'écoute m'enoncer ce que je peux faire pour prendre soin de lui et je finis par me détendre petit à petit.

— Comme le sport, tu me le promets ?

J'arrive à gérer maintenant, ses crises, son cœur, les risques. J'ai pensé à plein de choses pour ce voyage, mais j'avais omis l'avion. Et je vois bien que ma panique à moi, engendre quelque chose de négatif chez Luca.

— Je regarderais régulièrement, promis. Je te lâche pas de toute façon. Je te lâche jamais.

J'essaie de sourire en caressant sa main.

Ça me rend triste qu’il soit inquiet parce que j’ai peur qu’on ne voyage plus après ça. Alors j’espère que je suis dans un bon jour. Je n’ai pas envie de lui mentir et cacher toutes nos chances d’un bon week-end.

— Ça va aller.

Je dis simplement. Je m’en veux d’être malade, dans ce genre de moment. Je gâche tout. Je ne sais pas comment Norvina vit ça, parce que c’est certainement pire en plus, mais moi, je me sens coupable de l’inquiéter tout le temps.

Je sais que s'il ne me promets pas, c'est qu'il n'est pas sur que tout aille aussi bien qu'il le dit. Mais ce ne sera pas la première fois qu'il prendra l'avion et si on veux voyager autant qu'on l'a prévu, j'imagine que c'est une habitude de plus qu'il va falloir prendre.

— Y'a aucune raison que ça n'aille pas.

Je le serre contre moi et j'essaie d'être rationnel autant que possible. Rien ne peut venir gâcher notre séjour, ça va aller. Ça va forcément aller.

Je me blottis contre lui et j’embrasse son cou à plusieurs reprises. J’ai pas envie de laisser un silence s’installer parce que j’ai pas envie qu’on parte avec cette ambiance en vacances.

— Du coup, j’suis désolé si t’avais un fantasme haute altitude, il se réalisera jamais...

Je dis avec un petit sourire.

Je rigole, frissonnant légèrement face à ses baisers.

— T'inquiètes pas pour moi, j'en ai beaucoup d'autres qui peuvent être réalisés sans problèmes...

Je lis nos lèvres un instant, sachant pertinemment qu'il sera gêné si je vais plus loin.

— Et j'en ai un qui devrait bientôt se réaliser quand même, alors je vais survivre à l'altitude.

Je souris, taquin.

— Ah oui ? C’est quoi ?

Je demande avec un sourire malicieux. J’aime mieux le voir comme ça.

— Tu veux vraiment des détails alors qu'on n'est pas seuls ?

Je réponds avec le même sourire. Parler de sexe ça m'a jamais gêné, mais avec Luca j'ai appris ce que c'était l'intimité et je crois que ca me plaît bien. Ce qu'il aime, ce que j'ai envie de lui faire, ce que je ressens pour lui dans ces instants là... J'ai envie que ce soit entre lui et moi.

Je secoue la tête et le rouge me monte aux joues rapidement. Bien sûr que non, j’ai pas envie d’en parler devant quelqu’un, mais j’avais presque oublîé le chauffeur. Je me contente de lui faire un énorme câlin.

— Je t’aime, Amore.

Je me disais bien, aussi.

— Moi aussi je t'aime Trésor.

De tout le trajet, je ne le lâche pas et quand on arrive enfin à l'aéroport, l'excitation prends le dessus par rapport au stress. Je ne lâcherais pas Luca et avec moi, j'ai l'espoir que tout se passe bien. Je le connais par cœur, je sais gérer ses crises, ça ira.

— Tu geres Romeo et je gère les valises ?!

Je demande à Luca après qu'on ai remercié le chauffeur.

— Mission acceptée !

Je dis en faisant un salut militaire avec le sourire.

— Je vais savoir où on va ? Ça y est ?

Je demande avec excitation.

— T'es le plus beau militaire que j'ai jamais vu.

Je souris en trouvant ses lèvres. On arrive rapidement dans l'aéroport et une fois devant le tableau des départs, je souris tendrement.

— Sois je te dis l'heure exacte de notre départ et tu fouilles. Soit t'es encore courageux jusqu'à ce qu'une fille nous annonce le vol pour embarquer. Tu choisis quoi ?

— Dis-moi l’heure ! Vas-y !

Je dis en sautillant presque. Romeo tourne en rond parce qu’il est excité aussi. Il m’enroule avec la laisse et je manque de tomber à la renverse.

— Oups là, on va se calmer.

Je dis en riant.

Je rattrape Luca par la taille pour éviter un drame et je rigole à mon tour.

— On aimerait bien partir avant de se casser une jambe stp !

Romeo ne comprends rien, mais il continue de remuer dans tous les sens et je le caresse en couinant. Puis je reporte mon attention sur le tableau d'affichage.

— On part à 13h25 précisément. Tu peux pas le rater, on est les seuls.

Je lis ligne par ligne et quand j’arrive à 13 h 25, mon cœur loupe un battement. C’est douloureux mais ça passe vite car c’est remplacer par une joie immense : Vérone.

— On va à Vérone...?

Je demande quand même, histoire d’être sûr.

Son expression est magique. Je pourrais revivre cet instant indéfiniment juste pour revoir ce moment où il comprends. Je lâche les valises devant nous pour entourer sa taille de mes bras.

— On va à Vérone, oui.

J'embrasse son cou délicatement.

— C'est à la fois ta ville natale et à la fois l'une des villes les plus romantiques du monde, on ne pouvait pas rater ça.

Lorsqu’il confirme, c’est plus fort que moi : je fonds en larmes. Je suis tellement heureux que je m’accroche à son cou pour lui faire un énorme câlin.

— J’ai tellement de chose à te montrer. J’ai hâte. T’as pas idée...

Je me serre contre lui.

— Merci Amore. Je pouvais pas rêver mieux pour un premier voyage.

— Oh Trésor!

Je le serre fort contre moi, un sourire aux lèvres. Ses larmes ne sont pas douloureuses quand je sais pourquoi elles sont dues. C'est sa façon d'exprimer tellement de choses que ça me touche au point d'avoir les yeux humides moi aussi.

— J'ai hâte de découvrir tout ça ! De voir la ville avec tes yeux, d'en apprendre encore plus sur toi. De réaliser un fantasme en te faisant l'amour en Italie...

Je murmure au creux de son oreille, faisant écho à notre récente conversation.