Welcome Back — Jude & Will

— Oui, je les ai tous vus !

Je dis avec un sourire.

— Je l’avais bien aimé mais c’est le même genre que les autres.

Je préfère le prévenir, même si je crois qu’il aime bien maintenant. Pas tant les films, mais les habitudes que ça crée entre nous.

— Ouais j’imaginais pas que tout a coup y’avait pas un elfe qui allait les attaquer.

Je rigole en imaginant ce que ça donnerait. On se fait au goût de l’autre, on en rigole et on y prends plaisir. A force, ça devient même des choses qu’on apprécie je crois. J’adore cette dynamique qu’on a, même dans les choses simples.

— Ok bah allez, lance nous ça. Si y’a un détail que j’ai oublié j’te dirais !

— Tu vas pas galérer à comprendre, t’en fais pas.

Je dis en riant. On cherche comment lancer le film, on le trouve et, sur la petite télé de notre chambre, on mate un film. En plein vol.

— Cet avion est incroyable.

Je tire un peu sur son t-shirt pour le remonter et pas me tordre le poignet pour lui faire des calins.

— J’avais jamais vu ça, je pensais même pas que ça pouvait exister.

On dirait même pas qu’on est dans un avion. Je ressens même pas de secousses, rien. Peut-être que c’est parce qu’on est pas dans l’optique d’être dans l’avion.

— J’aurais pas dû remettre son t-shirt en fait, il m’embête autant qu’il t’embête toi.

Je rigole en faisant des bisous dans son cou.

— Pareil.

Je rigole quand il me dit qu’il aurait dû rester sans t-shirt.

— Mais c’est pas ça, ça me tord le poignet quand je suis comme ça. Je t’ai juste dit de pas attraper froid…

Je dépose un baiser sur sa joue.

— C’est bon là, je suis bien.

— Loin de moi l’idée de vouloir que tu te blesses au poignet. Je ferais comment pour m’endormir sinon ?

Je souris contre sa peau.

— Et pour d’autres choses aussi, d’ailleurs.

Je frissonne sous ses doigts, en essayant de garder mon attention sur le film qui commence.

Je rigole. Il n’arrête de me faire rire, ce con. J’ai jamais autant rigolé avec quelqu’un d’autre, d’ailleurs.

— Ce serait con, ouais. Vaut mieux que je me pète la cheville que le poignet. Comment je tatouerais……..?

Je demande en me retenant de rire.

Je relève les yeux vers lui, blasé, en lâchant un gros soupir.

— J’te jure parfois, je sais plus quoi faire de toi.

Je rigole malgré tout en levant les yeux au ciel.

— Je vais te demander de me tatouer la bite pour que tu comprennes mes sous entendus si ça continue chéri.

J’éclate de rire quand je vois sa tête de blasé.

— J’ai compris, va. T’en fais pas. C’est juste que j’adore la tête que tu fais quand tu crois que je comprends rien.

Je caresse son ventre. Il est chatouilleux par endroit. À d’autres, ça le fait frissonner différemment.

— Personne tatoue ta bite. Regarde le film maintenant, tu vas rien comprendre sinon.

Mes yeux se reportent sur l’écran avec un sourire.

— Pfff t’abuses trop. Mais j’accepte sans rien dire, moi aussi parfois j’fais ça.

Je rigole, pas tout à fait sûr de si c’est à cause de lui ou de ses doigts sur mon ventre. Je suis vraiment bien là.

— D’accord ! Tu la vois presque plus que moi, t’as le droit de choisir ce que tu préfères voir dessus. Mais ok ok. Je me tais ! Je regarde !

Je baisse aussitôt les yeux en cherchant un morceau de sa peau à toucher.

Pas sûr que je la vois plus que lui car on fait l’amour un peu moins souvent qu’il va pisser mais c’est évident qu’elle est très bien comme elle est et que les tatouages qu’il a, je trouve ça déjà bien suffisant. Il fair ce qu’il veut, au fond, mais bon… si j’peux émettre mes préférences avant, c’est bien aussi.

Je pensais que j’allais m’endormir durant la première demi-heure et, en fait non, j’aime bien le film donc je suis. Will a bougé quatre vingt dix-huit fois au moins, mais toujours à moitié en boule contre moi.

— Tu veux aller de l’autre côté ? On essaie si t’es pas bien, chéri.

Il trouve pas sa pose où j’en sais rien, un vrai ver de terre.

— Hum ?

Je suis pas entièrement concentré et j’ai l’esprit qui part ailleurs depuis tout à l’heure. Je tente de décrypter Jude et quand ce que j’ai entendu forme une phrase plus ou moins correct, je lui répond enfin.

— Non ! Non ça va aller t’en fais pas. C’est gentil Chéri. Désolé si je suis chiant.

— T’es pas chiant, qu’est-ce que tu racontes ?

Je fronce les sourcils et je me tourne vers lui, un peu inquiet.

— Qu’est-ce qu’il y a mon ange, ça va pas ? Tu te sens pas bien ?

— Non mais j’arrête pas de bouger alors que toi t’es bien installé, ça doit pas t’aider à rester dans le film.

Je grimace un peu en cherchant ses doigts sous la couette.

— Mais si ça va très bien, je te le promets. Ok ? Tout va bien !

Manquerait plus qu’il panique parce qu’il pense que ça va pas.

— Tu m’as fait peur. C’est rien. Mets-toi comme tu veux, chéri, je m’en fiche. Je veux juste que tu sois à l’aise.

Je sens sa main chercher la mienne alors je lie nos doigts et je caresse sa paume avec douceur.

— On peut changer le film si tu préfères ?

— Je suis bien là, ça devrait aller.

J’affirme en soupirant d’aise en trouvant sa main.

— Et le film me plaît, ça va ! On peut rester dessus, on a encore pas mal à voir !

Je repose ma tête sur son torse en replongeant dans le film. Ou presque. Ça dure quoi ? Trois minutes avant que je rebouge.

— Chéri ?

Ça fait une heure que ça dure mon cirque, c’est plus possible.

Je dépose un baiser sur son front machinalement quand il m’interpelle.

— Hm ?

— Tu sais tout à l’heure quand on a parlé de ma bite ? Et que j’ai dit que tu la voyais plus que moi ?

C’est hyper difficile pour moi d’amener la conversation. Parce qu’exactement comme je lui ai dis il y a quelques semaines, j’ai aucune envie de le déranger ni qu’il se sente contraint à quoique ce soit. Mais je l’entend encore me dire qu’il peut me dire non et que dans ce cas, ça ne serait un drame ni pour lui ni pour moi.

— Bah il est possible que j’ai eu hyper envie que tu la vois de très près…

Tout s’éclaire et je me dis que ça fait une heure qu’il tourne en rond pour un truc aussi simple. Enfin, j’ai conscience que c’est pas simple pour lui et que ce qu’il vient de faire est un énorme pas en avant, alors c’est à moi de rendre ça vraiment simple.

— Ok.

Je me détache de lui assez pour embrasser ses lèvres avec un sourire et lui faire comprendre que, voilà, c’est aussi simple que ça. Son cœur bat dans tous les sens et, à mon avis, c’est bien plus lié à l’angoisse de la demande qu’à l’excitation.

Il a beaucoup de mal à se détendre et je sens bien qu’il est en conflit avec lui-même entre le bien que ça lui fait et la culpabilité de m’avoir demandé. Puis je crois qu’il finit par se convaincre que tout va bien, comme un déclic, ou que je l’ai à l’usure, parce qu’il se rappelle soudainement que c’est pas sa première fois et qu’il n’a aucune raison de stresser. Bien au contraire.

Lorsqu’il atteint l’orgasme, je suis hyper fier de moi. C’est bizarre mais j’ai vraiment adoré ça. Moi aussi, mon cœur bat à mille à l’heure et je le blottis contre moi, exactement comme tout à l’heure, ma main continuant de le caresser. Je dépose un baiser sur son front et je me replonge dans le film.

— Ça va ?

Je demande tout de même. Je sais pas ce qu’il ressent, si c’est bizarre pour lui, s’il a envie de debriefier. Peut-être qu’il va se mettre moins la pression la prochaine fois ?

— Y’a eu tout un tas d’émotions assez contradictoires, mais là je crois ouais, ça va plutôt bien.

Mon coeur bat à mille à l’heure, plus du tout à cause de tout le stress que je me suis imposé, mais par ce que Jude vient de m’offrir. Pas seulement un orgasme de fou, mais tout ce qui va avec. L’amour, la compréhension, le lien qui nous unit.

— J’ai eu du mal à me détendre jusqu’au moment où j’ai réalisé que c’était juste toi et moi, rien de plus.

Je lui fais un énorme câlin.

— Ce sera toujours juste toi et moi et rien de plus, ok ? Ce sera toujours aussi simple que ça.

Je caresse son visage avec tendresse. Il a les joues rouges, les yeux pétillants. Je suis hyper fier de l’effort surhumain qu’il vient de faire.

— Je t’aime. Vraiment, vraiment fort.

Cette fois-ci, c’est moi qui m’installe contre lui. À priori, il ne va plus avoir la bougeotte, et moi, j’vais me tenter une petite sieste.