You are my sunshine, my only sunshine. — Austin & Gabriel

Quand il la prend dans ses bras, j'ai du mal à la quitter, je caresse son dos. Je crois qu'il le sent car il me rassure, je hoche la tête et je les suis à l'étage, sauf que je m'arrête à la chambre de Gabriel, je frappe avant d'entrer. Je me laisse tomber sur son lit sur le dos, à côté de lui en soupirant longuement. C'est éprouvant émotionnellement pour moi.

— Est-ce que tu es heureux d'être rentré ?

Je tourne la tête vers lui.

— Tu penses que ça te rendra heureux ?

— Je l’espère, oui... pourquoi ?

— Car si c'est vraiment ce que tu veux alors je te soutiens.

J'ai l'impression que ça m'arrache la bouche de dire ça.

— Je crois que ça me plaît vraiment. J’ai envie de partir. J’ai envie de me sentir utile quelque part et de ne plus être un fardeau.

— Ouais, faut le dire vite.

— Tunespasunfardeau.

Je dis vite.

Je lève les yeux au ciel quand je comprends ce qu’il prononce rapidement.

— Moi, je me sens comme un fardeau et comme un poids. Comme quelque chose dont on ne peut pas se séparer mais dont on ne sait pas quoi faire non plus. Je me sens en trop dans la vie de tout le monde et ma place n’est nulle part. Et je dis pas ça pour être dramatique, c’est ce que je ressens.

Ça me fait mal de m’en rendre compte d’ailleurs.

— Tout le monde trouve sa place. Dans sa famille, dans sa vie sociale, dans ses relations amicales et amoureuses et moi... moi j’ai pas de place. Peut-être que je vais vous manquer si je pars, mais ça ira.

Je me demande depuis combien de temps il ressent toutes ces choses, depuis combien de temps il pense que c'est un poids pour tout le monde. Il ne va pas bien, pas seulement parce qu'il a des sentiments pour moi, ça va plus loin que ça. C'est toute sa vie qu'il remet en question. Quand il parle de trouver sa place, je comprends ce qu'il ressent. Pendant longtemps j'ai eu du mal à trouver la mienne.

— Peut être que l'humanitaire sera ta natation à toi.

Je hausse les épaules. Il a la natation, son rôle de grand frère, ses notes à l'école, sa copine. Il a une place, il sait qui il est et les gens l'admirent pour ça. Moi, c'est différent. Il ne réalise pas.

— Peut-être, oui.

J'entends les pas de Paul passer dans le couloir, je me redresse.

— Je vais voir Darcy, je ne veux pas la laisser toute seule cette nuit.

— Oh.. d'accord, oui.

Il se redresse et c'est bizarre parce que j'ai envie qu'il reste. Mais je sais que je n'ai pas à lui demander ça et que, de toute façon, il ne restera pas. Parce que je ne suis pas sa priorité et que je ne le serai jamais.

— Bah... bonne nuit, alors.

Il se lève et je le suis. Puis quand il s'en va, pour la première fois depuis longtemps, je ferme à clé.

— Fais de beaux rêves.

Je sors de sa chambre et quand j'entends le verrou se tourner, je me retourne. Alors là, j'ai définitivement compris le message. La signification qu'il y a derrière, qu'il ne me veut plus dans sa chambre oui mais pas le pourquoi et c'est blessant. Je rejoins Darcy qui dort déjà et je m'allonge contre elle dans le lit, même si ce n'est un lit qu'une place, c'est ce que l'on a à la maison.