You are my sunshine, my only sunshine. — Austin & Gabriel

Quand il me dit qu'il va terminer l'année scolaire, je me relaisse tomber sur son lit. Et je soupire de soulagement, sans chercher à le cacher.

— Tu viens vraiment de rompre avec Polly ?

— Je crois aussi.

Et ça me fait mal au coeur. Je sais qu'on traverse tous des passages à vide, des remises en questions, mais là c'est différent et je le sens bien.

— Est-ce que...

Je baisse les yeux quelques secondes avant de le relever vers lui.

— Est-ce que c'est à cause de ce que tu ressens pour moi ?

J’hésite un long moment avant d’oser le regarder après la question qu’il me pose parce que les larmes me sont directement montées aux yeux. C’est vraiment difficile de lui faire face.

— J’ai jamais ressenti ça avant.

Je dis avant de relever les yeux vers lui.

— Je suis complètement dingue de toi, ça passe pas, c’est toujours pire. Mais j’ai conscience que c’est voué à l’échec et j’arrive même plus à réfléchir, putain. Je viens de larguer Polly parce que tu l’aimes pas. Tu pourrais me demander n’importe quoi, je dirais oui. Et te dire tout ça, cˋest... je devrais pas. Mais t’es mon meilleur ami putain, c’est toi qui me donnes les solutions normalement. Je suis perdu. J’y arrive plus.

Je ne m'attendais pas à ça, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi honnête. Quand je réalise qu'il a les larmes aux yeux, je me relève et m'approche de lui.

— J'ai vraiment eu la mauvaise réaction que tu me l'as appris, si tu savais comme je m'en veux. J'aurais dû être là, et te soutenir. Je n'ai pas envie que tu partes Gabriel, surtout pas à l'autre bout du monde, on peut traverser ça, ensemble.

— Mais non, on peut pas. On peut pas parce que ça ne se fait pas d’être amoureux de son meilleur pote.

Je crois qu’il ne réalise pas parce qu’il ne ressent pas ce que je ressens.

— Toi t’es avec Jenny depuis trois ans, vous comptez aller dans la même fac et reussir vos vies tout en gardant Darcy avec vous. Vous allez vous marier, avec une famille et je t’assure que je fais pas partie de l’équation. J’irai pas à la fac, moi. Je déteste l’école. Puis qu’est-ce que t’entends par traverser ça ensemble, d’ailleurs ? Traverser quoi ? Ma passade ? Ça passera pas alors j’crois vraiment que c'est mieux que je m’en aille.

— Je refuse.

C'est tout ce que je suis capable de répondre, tellement j'ai la gorge serrée.

— Je ne te laisserai pas partir à l'autre bout du monde, loin de ta famille, à cause de moi.

Le plus dur je crois c'est quand il a dit qu'il ne faisait pas parti de l'équation, je serai capable de quitter Jenny, pour qu'il ne parte pas et ça fout une claque de le réaliser, car je suis amoureux d'elle.

Je me retourne et m'approche de la fenêtre, je regarde dehors. C'est plus facile que de le regarder lui.

— La gêne qu'il y a entre nous, ce n'est pas ta faute.

C'est vraiment très dur pour moi de le dire à voix haute, car ça revient à l'admettre, me l'admettre, le reconnaitre. Mais si je ne suis pas honnête, je vais le perdre et ça je ne le supporterai pas.

— Bien sûr que si, c'est de ma faute Gabi !

Je me retourne et je parle en faisant des gestes sans m'en rendre compte.

— L'autre soir, quand je t'ai demandé de m'embrasser. Quand tu t'es reculé et que je me suis penché vers toi, c'est parce que j'en avais envie, OKAY.

Je secoue la tête, en relevant les yeux.

— J'ai l'air de rire tu crois ?

— J'en sais rien.

Je soupire longuement.

— Oui, je suis amoureux d'elle mais la gêne qu'il y a entre nous depuis ce soir-là, c'est de ma faute, pas la tienne.

— Bien sûr que c'est grave. Au delà du fait que j'ai une petite amie et que tu es mon meilleur ami, tu t'es senti sale après mon baiser.

Je ne voulais pas le dire à voix haute, c'est sorti tout seul et ça me déchire l'intérieur. Je me sens encore plus sale que lui, presque comme un violeur. Je recommence à ranger mes affaires à toute vitesse cette fois.

Il s'énerve, il me balance tout ça. Madeleine hurle depuis le couloir, je ne l'avais même pas entendu rentrer.

— Comment tu as pu sentir que tu me dégoutais alors que ça n'a jamais été le cas ? Pas même quand tu me l'a annoncé.

Je susi de nouveau de dos à lui, je fourre mes affaires dans mon sac. Je sais que j'ai merdé dans ma réaction, dans tout, mais jamais je n'ai pu lui faire ressentir un dégout de ma part.

Je me retourne vers lui.

— J'avais la trouille Gabriel, tu peux comprendre ça ? Je savais que tout allait changer, et je ne savais pas comment gérer. J'ai bêtement cru que tout pourrait redevenir comme avant.