You are my sunshine, my only sunshine. — Austin & Gabriel

Elle s'installe sur la banquette à ses côtés et quand elle l'embrasse à pleine bouche, je ne peux pas m'empêcher de repenser à ce que Gabriel m'a dit par message, ce qu'il a ressenti quand moi, je lui ai demandé de m'embrasser. Je me sens mal, le sentiment que j'ai ressenti dans la voiture ne m'a pas quitté. Je me sens mal.

— Je crois que je vais y aller.

Je dis en attrapant ma veste.

Je me relève.

— Je... c'est pas important, elle va te faire une crise si tu pars maintenant.

J'aurais aimé qu'il vienne avec moi, mais à la place il me dit au revoir. Alors je lui fais un signe de tête avant de m'éloigner.

Je soupire et ça me fait de la peine. Vraiment. J'ai l'impression qu'on ne sait plus comment se parler, comme communiquer. Je crois que je reste un moment à fixer mon téléphone, car j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer. Je recommence à ranger mes affaires.

Je ne m'attendais pas à ce que ce soit Gabriel, je pensais qu'il resterait avec Polly.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Je réalise et je me sens stupide. Je lui tourne le dos pour recommencer à ressembler mes vêtements.

— J'ai dormi ici pendant que tu n'étais pas là. Tu n'es pas resté avec Polly ?..

Quand il me dit qu'il n'avait pas envie de rester avec elle, je me retourne vers lui.

— Vraiment ?

Je soupire aussi en m'asseyant au bord de son lit.

— Je peux être honnête avec toi ?

J’appuie mes fesses contre mon bureau et je croise les bras avant de hocher la tête.

— Oui, bien sûr.

— Donc j’arrête de la voir ?

Je secouant la tête en soupirant.

— Comme si j'avais mon mot à dire. Mais je ne comprends pas pourquoi tu as choisi cette fille. Parmi toutes celles de la ville, du lycée, c'est elle que tu as choisi, pourquoi ?

Je hausse les épaules. Je crois que c’est pour le faire chier, au fond. Vraiment. Mais c’était inconscient et ça me tord le ventre à tel point que je sors mon portable pour envoyer un message bref à Polly : Finalement, j’ai pas envie d’être en couple, on arrête là. Elle rappelle dans la minute et je l’envoie sur messagerie. J’ai presque envie de pleurer parce que, de nous deux, je suis toujours celui qui échoue, qui est nul et qui est seul.

— J’crois que j’ai envie d’être bénévole dans l’association que ma mère soutient.

Celle qui construit des écoles en Uganda et donne aux enfants l’accès à l’éducation. C’est évident que c’est ma place parce qu’à White Falls, tout le monde semble mieux s’en sortir quand je ne suis pas là. Puis... j’aime vraiment les gosses alors, ça pourrait être une expérience enrichissante.

Il prend son portable, je ne sais pas ce qu'il fait mais quand il m'annonce qu'il aimerait partir en Uganda, j'ai l'impression de faire une chute de 100 étages, même plus.

— Wow. Woah

Je regarde partout autour de moi.

— Non. Enfin, je veux dire pourquoi ?

Je crois que j'ai peur.

Je hausse les épaules.

— Au moins, je serai utile... j’y m’aavais pas pensé avant et... j’sais pas. Je suis majeur maintenant. Je crois que ma mère sera fière de moi.

Quand mon portable sonne encore, je le balance sur mon lit.

— Elle va m’appeler encore combien de temps après la rupture ?

Il ne me laisse pas le temps de reprendre mes esprits, qu'il balance son portable sur le lit et parle de rupture.

— Hein ? Wow, minute.

Je me relève.

— Ça va beaucoup trop vite là.

— Partir à l'autre bout du monde sur un coup de tête, c'est ça ton projet d'avenir ?

Je ne peux même pas lui dire que c'est quelque chose de mauvais, car c'est de l'humanitaire. Je ne supporterai pas qu'il parte, mais ça non plus je n'ai pas le droit de le dire.