Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade — Adam & Logan

— Les agressions, ça reste rare. Souvent les gens qui viennent ce sont des gens qui ont déjà été agressé parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment, soit parce qu’ils ont des problèmes chez eux, au travail. Souvent des femmes battues, harcelées.

J’attrape sa main pour le rassurer.

— On vit à White Falls, crois-moi, si j’avais peur pour toi, je t’accompagnerai tous les matins à la gare. Même jusqu’à ton école.

C'est rassurant de l'entendre dire ça. Parce que si certains pourraient en rire, je sais que ce n'est pas le cas de Logan. Il pourrait vraiment faire une telle chose s'il me considérait en danger.

— Je me sens en sécurité quand je suis avec toi.

Je lui souris, tendrement.

— Mais je crois que ça me donne envie de vivre à White Falls toute notre vie !

— Moi aussi, je me sens en sécurité avec toi.

Je réponds, sans une once d’ironie.

— J’aime cette ville, moi aussi. On est proche de tout, tout en étant tranquille. On voyagera, si on veut voir du pays.

— Ah oui ?

Je demande, sans trop saisir en quoi je peux être sécurisant pour lui. Mais je suis content qu'il le pense, je suppose

— On voyagera quand les enfants seront grands !

Je dis en rigolant.

— Je me suis toujours demandé ce que ça ferait de dire ce genre de chose ! C'est génial !

— Oui. Tu apportes une stabilité dans ma vie qui me fait me sentir en sécurité.

Je le regarde avec tendresse. Je sais qu’il ne réalise pas tout ce qu’il m’apporte, mais moi oui. C’est suffisant.

— J’ai l’impression de tout recommencer. Mais bien. En étant heureux sur tous les plans. C’est génial.

J'attrape sa main par dessus la table et si je n'étais pas aussi timide, je me leverais même pour l'embrasser.

— Je suis heureux d'être celui qui t'accompagne pour ce nouveau départ.

Je lui souris avec amour.

— On est en train de construire quelque chose qui nous plaît, avec la bonne personne. Je sais que c'était toi, avec qui je devais construire toute ma vie.

— Alors tant mieux, moi aussi, je le savais.

Je dis en souriant avant de continuer de manger ; j’avais faim, moi aussi.

— Bon appétit, mon bébé.

Je le fixe un instant, mais je me retiens de l'informer que j'ai déjà quasiment fini mon assiette.

— Bon appétit mon cœur.

Ma voix est tendre. Je me fous de tout. Je suis heureux et je n'ai besoin de rien d'autre, actuellement. Sauf peut-être du SMS que je reçois.

— Logan !

Il lève la tête vers moi et je suis sûr qu'il doit voir mon air béat.

— La seconde sélection pour le prix Booker vient de tomber ! Il ne reste plus que quatre ouvrages en lice et Danny est dedans ! MERCI SEIGNEUR !

— Mais non ?! C’est génial, ça !! Je suis sûr qu’il va le faire ! Tu vas voir ! C’est quand les résultats finals ??

Mon cœur est gonflé de fierté de le voir aussi heureux ; je sais à quel point c’est important pour lui.

— T’as bossé comme un dingue pour que le livre soit publié, vous le meritez tous ies deux !

— Dans trois semaines !

Je jubile devant Logan. Danny méritait tellement que quelqu'un croit en son bouquin et ça me rempli de fierté d'avoir réussi à le pousser assez loin pour qu'il arrive à cette journée précise.

— Le simple fait d'être sélectionné était déjà une victoire. Chaque nouvelle étape est une consécration de plus ! J'espère tellement qu'il va l'avoir ! Je croise tous mes doigts.

Et même si je n'en parle pas à haute voix, je pense aussi à moi. Si Danny gagnait ce prix, forcément que ma carrière à moi aussi decollerait. Et je crois que ça nous apporterait énormément d'avantages pour les filles, si je pouvais signer au plus vite pour un poste régulier. Si Danny gagne, je gagne aussi.

— Moi aussi.

Il est tellement fier de s’être battu comme que ce n’est que justice d’aller aussi loin dans les sélections.

— Je suis fier de toi.

— Merci mon cœur...

Je rougis une fois l'euphorie passé. Je vais attendre les trois prochaines semaines avec impatience je crois.

— Faut qu'on fasse attention à l'heure, quand même ! Ce serait bête que j'arrive en retard alors qu'on est à côté.

— Attends, mais c’est déjà l’heure là ??

Je demande en regardant ma montre. Il nous reste une demi-heure. Le temps d’un dessert.

— Y a un stand de crêpes à l’angle, on s’en prend une le temps de retourner à ton école ?

On demande rapidement l'addition et on file à l'extérieur, pour prendre notre petite crêpe.

— C'est spécial d'être ici avec toi. Quand je viens dans le coin, c'est toujours seul ou avec quelques potes de l'école. J'aime bien !

Je finis en passant mon bras autour de sa taille. Je me sens plus à l'aise de lui tenir la taille ici que certains jours dans notre propre église. C'est quand même triste.

— Alors faut que ça reste occasionnel.

Je dis en souriant. Quand on s’habitue à quelque chose, ça perd son charme et son exception.

— Moi aussi, j’aime bien.

Je reconnais quand même. Charlie avait raison de me parler de week-end, ça va être vraiment sympa !

— Alors qu’est-ce que tu veux ?

Je demande alors qu’on s’arrête devant le stand.

— J'espère bien !

Je lui souris en regardant ce que le marchand propose.

— Juste du sucre ! Oh non, avec un peu de coco aussi !

Je m'exclame en riant.

— T'as choisis ? Tu prends la commande ?

J’acquiesce et à sa crêpe j’en ajoute une à la compote de pomme. On patiente quelques minutes à peine avant de les récupérer.

— Par contre pourquoi t’as pas de veste alors qu’on est en novembre ?

Je demande en réalisant qu’il fait vraiment froid aujourd’hui.

— Parce qu'on a improvisé une soirée comme si on avait quinze ans et que je ne suis pas parti de la maison avec une valise entière hier soir ?

Je lui souris, heureux qu'on soit capable de vivre de manière spontanée comme ça. Comment on pourrait un jour s'ennuyer de l'autre en vivant ainsi ? Jamais ce ne sera le cas, j'espère.

— Ouais. Tu prendras ma veste, ok ? Moi je vais courir, ça ira. T’es incorrigible.

Je dis en souriant.

— Mais quand t’es malade, t’es pas mignon du tout alors on s’abstiendra.

— Moins je serai malade et plus notre vie de couple sera paisible.

Je souris, parce qu'il le faut, mais au fond je n'oublie pas à quel point j'ai eu honte de mon comportement ces jours là. J'espère bien ne plus agir comme ça de nouveau, même malade à crever.

— Tu vas venir me chercher tout dégoulinant de sueur ? C'est ça que t'es en train de me dire ? Tu voudrais pas enlever ton t-shirt si t'as chaud, histoire que l'autre de tout à l'heure matte encore plus ?

Je grogne en croquant un bout de ma crêpe.

— Je t’attendrais deux rues plus loin, si tu veux.

Je dis en passant mes bras autour des ses épaules pour l’attirer contre moi.

— Après... je peux faire comme j’avais prévu et aller prendre une douche avant de revenir ? Y a des tas d’endroit dans Londres où on peut le faire. Ça te va ?

— Non tu viens me chercher ! Je veux te voir des que je sors !

Je minaude en me blotissant dans ses bras.

— Douché ou pas, fais ce que tu veux ! Mord juste la première personne qui te regarde avec un peu trop d'insistance. Merci !

— D’accord. Je serais là. Mais c’est à quelle heure ?

Les autres, je ne leur accorderais même pas d’attention parce qu’Adam est le seul que je chercherai des yeux.

— Dix-sept heures trente...

Je grimace. Pas que les cours m'ennuient, mais j'ai l'impression de faire attendre Logan longtemps et c'est pas plaisant. Heureusement qu'il court de nouveau et que ça peut l'occuper un long moment.

— On file directement à la maison après ? Où t'auras besoin d'autre chose ?

— Non, on rentre après.

On termine à peine nos crêpes qu’on est déjà devant son école. Je retire ma veste pour la passer autour de ses épaules et je le garde contre moi pour lui faire un câlin, bien au chaud.

— Je te garde encore un peu.